Comme contraste à la notion du bon gouvernement, il convient de placer celle de la tyrannie, que la science chrétienne expose avec une clarté entière et une noblesse incomparable.

Il est peu de mots dont on ait plus abusé que celui de LIBERTÉ.

Rien de plus facile que d’asservir le peuple en lui parlant continuellement et de le dépouiller de tout, en lui promettant le bonheur et l’abondance. Grâce à ce système, nous en sommes arrivés à voir le spectacle attristant que présentent des masses nombreuses applaudissant leurs tyrans, acclamant leurs spoliateurs et leurs bourreaux.

La fourberie révolutionnaire a réussi à leurrer le nombre infini des ignorants en affectant de confondre la tyrannie avec le régime monarchique ; et les insensés se croient libres parce qu’on les laisse jouer la comédie électorale ou plutôt lorsqu’on se joue d’eux.

En quoi consiste la tyrannie ? Le mot tyran, du grec τύραννος, signifie un homme qui abuse de la force dans le commandement. On peut être un tyran de deux manières : de nom, quand on usurpe le commandement contre le droit ; de fait, lorsqu’on l’exerce d’une façon injuste. Écoutons là-dessus les maitres.

Selon Saint Grégoire le Grand, « le tyran est celui qui commande dans un État sans en avoir le droit ».

Saint Augustin a répété après Cicéron que « la tyrannie consiste dans l’injustice, soit du roi, soit des grands, soit du peuple ».

D’après Saint Thomas, « le tyran se distingue du roi en ce que celui-ci exerce son autorité pour le bien du peuple qu’il gouverne, faisant des lois et des ordonnances en vue de l’utilité commune, tandis que le tyran n’agit que dans son propre intérêt ».

Balmès n’a fait que copier ce saint docteur quand il a écrit :

La véritable tyrannie consiste en ce qui celui qui gouverne n’a soin que de ses propres interêts, et non de ceux du public. – Balmès, Le Protest. Ch. L.

D’après Don Alphonse, roi d’Espagne :

Le mot tyran s’applique à l’usurpateur qui s’est emparé d’un royaume ou d’un pays par la force, par la fraude ou par la trahison….et quand bien même quelqu’un aurait obtenu la souveraineté du royaume…s’il abusait de son pouvoir, il pourrait être appelé tyran, et son pouvoir, de légitime, deviendrait illégitime.

Les tyrans ont l’habitude d’opprimer leurs sujets par des lois injustes, de les charger de tributs excessifs, de les dépouiller de leurs propriétés, de les laisser sans défense devant leurs ennemis, d’instituer des magistrats injustes qui exploitent les peuples.

Oui, c’est en cela que consiste la tyrannie ; que ce soit l’œuvre d’un monarque, d’un gouvernement républicain, d’une chambre populaire ou des foules et des tribuns.

Il importe peu que les gouvernants qui agissent ainsi aient une origine légitime, ou qu’ils se soient emparé du pouvoir par l’usurpation ou la violence. Ils sont tyrans, dès qu’ils ne remplissent pas les vues de Dieu, Lequel a institué les pouvoirs publics pour le bien général des États, leur conférant le rôle éminent de ses ministres : minister Dei in bonum.

Ils sont tyrans toutes les fois qu’ils emploient pour détruire, le pouvoir qu’ils ont reçu pour édifier ; que, se faisant les ennemis de la tranquillité publique, de la morale et de la religion, ils agissent dans un sens diamétralement opposé au but pour lequel ils ont été institués. Car les rois et tous ceux qui gouvernent occupent ces positions élevées afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille en toute piété et honnêteté, ainsi que l’enseigne Saint Paul (I Timothée 2).

Dieu n’institue pas les tyrans ; Il ne fait que les tolérer. Ce sont des gouvernements de fait, mais que Dieu n’a pas reconnus. Il le dit Lui-même par la bouche du prophète Osée : Ils ont régné par eux-mêmes ; ils ont été princes et Je ne les ai pas reconnus.

Chanoine Joaquin Torres Asensio, Le Droit des Catholiques à se défendre, XB Éditeur

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