[Prophéties] Saint Béatus de Liébana : commentaire sur l’identité de la Synagogue de Satan

Le roseau, c’est la mesure de la foi. Personne n’adore devant l’autel sacré sinon celui qui confesse cette foi : car ce ne sont pas tous ceux qui l’accompagnent qui L’adorent, selon qu’il est écrit: Le parvis extérieur du Temple, ne le mesure pas, il a été abandonné aux nations. Le parvis semble appartenir au Temple ; ce n’est cependant pas le Temple, ne faisant pas partie du Saint des Saints ; ce sont ceux qui semblent faire partie de l’Église et n’en sont point. La cour est nommée parvis, espace vide entre les murs. A ceux-là, étant inutiles, il est ordonné de les expulser de l’Église. Car le parvis a été abandonné aux nations et elles fouleront aux pieds la ville sainte durant quarante-deux mois. Ceux qui auront été exclus ainsi que tous les autres, c’est-à-dire les méchants de ce monde, piétineront l’Église […]

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L’évêque Karol Wojtyla siégeant au concile Vatican 2.

On voit à présent des ennemis dans l’Eglise, (…) en d’autres temps, c’eut été un blasphème que de dire qu’ils se trouvent au sein de l’Eglise et que ce sont eux qui la persécutent […] Le serpent donna son pouvoir à la Bête, ayant des faux frères au sein de l’Eglise, qui semblent en faire partie, mais lui sont opposés. C’est par ceux-ci que le diable réalise ses menées contre ceux qu’il prétend séduire et qui, eux, appartiennent à l’Eglise. [Le diable] celui qui, en simulant la sainteté semble faire partie de l’Eglise mais ne lui appartient pas en réalité ; le diable a inventé cette supercherie afin de pouvoir mieux parvenir à en imposer aux religieux au nom de la religion. Il maintient dans l’Eglise tous ceux qui, déguisés en brebis, ont l’air vertueux mais au-dedans ce sont des loups rapaces. Voilà la raison pour laquelle ils ne sont pas découverts comme le sont les autres hommes ouvertement mauvais, mais encore les considère-t-on comme des saints ; co-intéressés à la même intrigue, ils sont maintenus par le diable au sein de l’Eglise, parmi la multitude, sous une apparente sainteté […]

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Toutefois j’ai dit qu’on les accusait à tort parce qu’ils ne s’élevaient pas ouvertement contre l’Eglise à laquelle ils affirment être unis, se disant fils de Dieu, ils tendent des pièges aux fils de Dieu (…) ne proférant pas ouvertement des imprécations contre l’Eglise, ils font cependant partie du mystère d’iniquité, sous couleur de sainteté. Nonobstant, lorsque viendra le temps où l’Antéchrist se manifestera, quand aura lieu la dispersion, c’est-à-dire alors que la désagrégation de l’Eglise sera clairement visible, que l’homme de péché se sera manifesté au monde entier, alors seulement on comprendra, on découvrira, on comprendra et on connaîtra tous ceux qui auparavant sous le simulacre de religion, cachant sous des paroles occultes des imprécations contre Dieu, mais qui à présent parleront comme [s’ils étaient] l’Eglise catholique. […]

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Une autre bête surgit de la terre. Surgir de la terre signifie être plein de soi-même et de la gloire terrestre. Telle la Bête de la Mer, de même la Bête de la Terre. Le mot autre concerne la mission, mais c’est la même. La mer accomplit certaines choses, la terre d’autres ; la mer se berce, la terre est tranquille ; par la mer on sous-entend la multitude franchement mauvaise ; la terre, ce sont les évêques, les prêtres et la fausse religion qui, sous une apparence de sainteté, ne semblent pas s’agiter dans le monde, mais œuvrer calmement en simulant être l’Eglise et n’en étant pas… […][L’antéchrist] se faisant passer pour un agneau, afin de mieux inoculer, à la dérobée, le venin du serpent. Il feint présentement être un agneau, pour pouvoir dévorer plus sûrement l’agneau ; parlant de Dieu, avec l’intention d’éloigner du chemin de la Vérité ceux qui cherchent Dieu. C’est pourquoi Notre Seigneur, avertissant Son Église, dit: « Gardez-vous des faux prophètes qui viennent à vous sous des vêtements de brebis, mais qui au-dedans sont des loups ravisseurs » (Matth.7,15) […] C’est le même antéchrist qui actuellement règne d’une manière subtile dans l’Eglise par le truchement des faux prêtres et qui détruira alors, sans déguisement l’Eglise.

Beato de Liebana, Œuvres complètes, Commentaire de l’Apocalypse de Saint Jean, éditions B.A.C., Madrid, 1995, pp.453-507.


Saint Beatus de Liébana (vers 730 – 19 février 798) est un moine, théologien et abbé léonais du monastère de Santo Toribio de Liébana, auteur d’un célèbre Commentaire sur l’Apocalypse. Ce chef d’œuvre décrit de façon prodigieuse la révolution moderniste de la secte Vatican 2 et la contre-église qui naquit de cette mésalliance impie. Il ne s’agit pas à proprement parler de prophéties de la part de ce grand théologien du haut Moyen-Âge, mais bien d’une œuvre d’exégèse biblique catholique traditionnelle telle qu’on peut la retrouver dans l’œuvre du père Sylvester Berry au XXe siècle.

Beato de Liebana a écrit son commentaire eschatologique à une époque bien particulière, puisque l’hérésie adoptianiste, réminiscence de l’arianisme wisigoth, menaçait la Foi catholique en Espagne. En outre, le pays était également menacé, comme la chrétienté d’Afrique du Nord, par la conquête militaire des partisans de Mohammed. Grand théologien, il fut également le précepteur de la princesse Adosinda, la fille du roi Alphonse le catholique, lequel mène à la suite de son beau-père le roi Pélage, une énergique croisade contre les ravages des mahométans qui, depuis plusieurs décennies, avaient envahi militairement une grande partie de la chrétienté méditerranéenne.

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Alphonse des Asturies, dit le Catholique.

Le moine Beatus, quant à lui, armé de l’armure de la Foi et des épées de la Sainte Ecriture, se lance dans une redoutable croisade contre l’hérésie adoptianiste, notamment répandue par deux puissants apostats : l’évêque Félix d’Urgelll et l’archevêque de Tolède, Elipand, qui doit sa nomination aux chefs mahométans. C’est contre ce dernier que Saint Beatus s’élève avec une juste fureur. C’est aussi dans la situation terrible de cette chrétienté d’Espagne menacée à tous points de vue que Beatus rédige son Commentaire de l’Apocalypse. A la suite de l’hérésie arienne, qui était la croyance des Visigoths d’Espagne et d’Afrique du Nord, la doctrine hérétique de l’adoptianisme niait la divinité et la nature de Jésus-Christ, et professait un Jésus, simple fils adoptif et symbolique de Dieu par une simple grâce du saint Esprit, le réduisant à un simple homme. Il n’est pas difficile de comprendre que les thèses ariennes et adoptianistes sur la personne de Jésus-Christ, se conciliaient particulièrement bien avec les doctrines impies de Mahomet et de ses disciples, qui faisait lui aussi de Jésus un simple prophète, certes important, mais uniquement humain. Il n’est donc pas difficile de comprendre pourquoi, dans le sud de l’Espagne comme en Afrique du nord, la conquête des territoires par les armées arabes se jouait parallèlement à une nouvelle infestation d’hérésies dans des territoires où vivaient des communautés chrétiennes isolées et sans grand moyen de défense, sinon par la foi.

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Il faut remarquer aussi qu’à l’instar de pratiquement toutes les sectes hérétiques qui ont cherché à usurper les qualités de la Sainte religion catholique, ariens et adoptianistes refusaient l’autorité de certains livres de la Sainte Écriture, en particulier du texte final, à savoir l’Apocalypse de Saint Jean, lequel expose si clairement la divinité de Jésus-Christ, mais expose également tous les plans de la Synagogue de Satan, c’est-à-dire la contre-église de l’antéchrist. A ce titre, les raisons, le contexte, ainsi que la clarté et l’orthodoxie frappantes du Commentarius de Saint Beato résonne de façon particulièrement forte, dans le contexte qui est le nôtre. L’orthodoxie de l’eschatologie de Beato rejoint d’ailleurs l’œuvre exégétique non moins importante du père Sylvester Berry au début du XXe siècle, en l’occurrence, son célèbre Commentaire sur le livre de l’Apocalypse. Beato fut largement soutenu dans sa juste croisade, par les papes (notamment Hadrien Ier, puis Saint Léon III), par l’empereur Charlemagne, mais aussi par les grands théologiens catholiques de l’époque, comme Alcuin, qui fut son élève, ou Saint Paulin d’Aquilée, eux aussi champions de l’orthodoxie catholique contre les adoptiannistes.

Beatus de l’Escorial, f°142v, Adoration divine et Théophanie finale. Produit vers l’an 1000, le Béatus de l’Escorial est l’un des nombreux manuscrits enluminés compilant le commentaire de l’Apocalypse de Béatus.
Beatus de Facundus, f°224v La Grande Prostituée s’enivre avec un Roi, d’une coupe pleine de ses abominations.

 

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