Louis David : Bergoglio et la manipulation du sage Hillel (3)

Avec ce deuxième chapitre, Bergoglio dans la plus pure tradition moderniste (depuis le temps qu’ils agissent, ils ont droit aussi à des usages pérennes…) fait une analyse très naturaliste et sommaire de la parabole du Bon Samaritain. Parabole dans laquelle comme nous le verrons NSJC est figuré par ce Bon Samaritain.

Donc le but essentiel de cette parabole est de nous amener à plus de fraternité avec nos semblables pour créer une société plus juste à la senteur d’un communisme christianisé.

Ainsi selon lui :

« La parabole nous montre par quelles initiatives une communauté peut être reconstruite grâce à des hommes et des femmes qui s’approprient la fragilité des autres, qui ne permettent pas qu’émerge une société d’exclusion mais qui se font proches et relèvent puis réhabilitent celui qui est à terre, pour que le bien soit commun. »

« La narration est simple et linéaire, mais elle a toute la dynamique de cette lutte interne qui est menée dans la construction de notre identité, dans chaque existence engagée sur le chemin de la réalisation de la fraternité humaine. »

« Il n’y a plus de distinction entre l’habitant de Judée et l’habitant de Samarie, il n’est plus question ni de prêtre ni de marchand; il y a simplement deux types de personnes : celles qui prennent en charge la douleur et celles qui passent outre. »

Il va même jusqu’à critiquer le magistère de l’Eglise par une assertion infondée :

 « Parfois, je m’étonne que, malgré de telles motivations, il ait fallu si longtemps à l’Église pour condamner avec force l’esclavage et les diverses formes de violence. Aujourd’hui, avec le développement de la spiritualité et de la théologie, nous n’avons plus d’excuses. Cependant, il s’en trouve encore qui semblent se sentir encouragés, ou du moins autorisés, par leur foi à défendre diverses formes de nationalismes, fondés sur le repli sur soi et violents, des attitudes xénophobes, le mépris, voire les mauvais traitements à l’égard de ceux qui sont différents. »

Comme si les Papes, à l’instar du pape Eugène IV le 13 janvier 1435 dans l’encyclique Sicut Dudum, n’avaient pas condamné formellement l’esclavage. Certes, d’autres textes, dans des conditions particulières autorisaient la mise en servitude des captifs de guerre. Il ne s’agissait aucunement d’une disposition universelle.

Il y eut aussi des ordres religieux comme celui de Notre dame de la Merci qui ont œuvré pour racheter des esclaves aux barbaresques et délivrer des indiens d’Amérique du sud.

Quant à la violence, l’Église a toujours tenté de la réduire en instaurant par exemple la trêve de Dieu ou en proposant ses bons offices en matière diplomatique. Que des hommes aient abusés d’un droit temporaire ou abandonné des principes pacificateurs me met aucunement en cause l’Église.

Mais heureusement que la lumière de la théologie moderne a sauvé l’Église des ténèbres des docteurs antérieurs (sic !).

Puis Bergoglio va utiliser l’illustre personnage du sage Hillel pour conforter son analyse et insister sur l’enseignement de la fraternité à pratiquer.

Et nous pouvons lire : « Cependant, surtout dans le judaïsme qui s’est développé hors de la terre d’Israël, les frontières se sont élargies. L’invitation à ne pas faire aux autres ce que tu ne veux pas qu’ils te fassent est apparue (cf. Tb 4, 15). Le sage Hillel (Ier siècle av. J.-C.) disait à ce sujet : « Voilà la loi et les prophètes ! Tout le reste n’est que commentaire ».Le désir d’imiter les attitudes divines a conduit à surmonter cette tendance à se limiter aux plus proches : « La pitié de l’homme est pour son prochain, mais la pitié du Seigneur est pour toute chair » (Si 18, 13).

Pourquoi utiliser des citations de ce rabbin qui d’après Daniel Rops aurait rencontré NSJC au temple lors de son 12ème anniversaire ?

Ce rabbin faisait partie de la secte des pharisiens mais avait mis en exergue l’amour du prochain comme loi supérieure et admettait des païens à la conversion au Judaïsme. En cela, il s’opposait à Shammai, rabbin plus rigoureux dans l’application des préceptes. Le petit-fils de Hillel, Gamaliel, se convertira au Christianisme.

Pour autant ce rabbin Hillel sorti de son contexte historique est souvent utilisé au 19ème ou au 20ème siècle pour rapprocher la Synagogue infidèle de l’Eglise et faire de Jésus un quasi disciple de Hillel. Par exemple Josef Klausner (militant sioniste proche de Jabotinsky) fit de Jésus un juif réformateur et le mis en parallèle avec Hillel. Ernest Renan, dans sa « Vie de Jésus » va jusqu’à écrire : « Par sa pauvreté humblement supportée, par la douceur de son caractère, par l’opposition qu’il faisait aux hypocrites et aux prêtres, Hillel fut le maître de Jésus, s’il est permis de parler de maître quand il s’agit d’une si haute originalité ».

Donc ce choix n’est pas innocent de la part de Bergoglio : il veut lui aussi maintenir un pont avec le Judaïsme actuel.

Mais revenons à notre parabole et laissons-nous porter aujourd’hui par Louis Veuillot qui dans son ouvrage intitulé « La vie de NSJC » nous en fait l’interprétation authentique :

« Cet homme qui descendait de Jérusalem, la vision de la paix, vers Jéricho, la cité du mal, c’est Adam, c’est le genre humain. Il a quitté la patrie pour l’exil, il descend des hauteurs lumineuses, il s’engage dans les régions de l’ombre, il y rencontre les anges de la nuit qui le dépouillent, le couvrent de plaies et le laissent à demi mort. Il est à demi-mort, et ce qui lui reste de vie ne lui suffit pas pour se relever. Avec son libre arbitre blessé et entamé, il ne peut retrouver la vie éternelle qu’il a perdue. Le voilà donc gisant, souillé, couvert de plaies. Le prêtre Aaron le voit et ne fait rien pour lui ; il passe. Le lévite Moïse le voit, et ne peut rien ; il passe. Ni la Loi ni les Prophètes ne peuvent guérir le genre humain, et parce qu’ils ne peuvent guérir, ils doivent passer. La Loi fait connaître le péché, elle ne l’abolit point. Elle n’a pas d’ ailleurs été donnée dans cette prévision, parce qu’au commencement l’homme ne pouvait recevoir le mystère du Christ. Que si le prêtre et le lévite ont eu une première pensée de compassion , elle a été bien vite étouffée par leur dureté , et ils passent avec la Loi inaccomplie qui leur dit en vain d’aimer leur prochain comme eux – mêmes . Ils n’aiment pas leur prochain parce qu’ils n’aiment pas Dieu, et à cause de cette dureté, sans le savoir, ils sont ennemis d’eux – mêmes. Il vient un Samaritain. Celui-là, étranger par la race, est prochain par la compassion. Jésus lui-même est ce Samaritain. Samaritain veut dire gardien. Il est écrit de lui : Celui qui garde Israël ne sommeillera ni ne dormira point. Lorsqu’on le traita de Samaritain et de possédé du démon, il nia qu’il fût possédé ; il ne réclama point contre l’injure qui lui donnait un de ses titres, celui de gardien des infirmes. Or, ce Samaritain était en voyage : Jésus fut réellement un voyageur ; il descendit pour nous sur la terre, et ne dévia pas. Le but de son voyage était de venir au genre humain blessé, dépouillé, à demi-mort. Il se fit notre prochain en prenant notre nature, notre voisin par sa miséricorde ; il eut compassion et s’approcha. La distance à franchir était grande ! Qu’y-a-t-il de plus séparé que Dieu et les hommes ? La sagesse divine, pour approcher l’homme, créa le miracle de Jésus. Possédant en lui la justice et l’immortalité, voyant en nous le péché et la mort, Jésus ne prit pas nos deux maux, qui l’eussent rendu notre égal, ayant besoin d’être délivré avec nous. Afin d’être près de nous et de n’être pas ce que nous sommes, il ne se fit point pécheur, il devint mortel ; prenant le châtiment sans prendre la faute, il abolit la faute et le châtiment. Le Samaritain bande les blessures après y avoir versé de l’huile et du vin ; l’huile de la miséricorde, qui adoucit les plaies, le vin de la justice qui en ronge la corruption ; l’huile qui est la consolation de l’espérance, le vin qui est l’exhortation à la ferveur. L’huile représente encore la nature humaine du médecin, le vin sa nature divine. Car Jésus – Christ a agi tantôt humainement, tantôt divinement ; il a versé l’huile et le vin en nous sauvant par son humanité et par sa Divinité ; et il a enseigné à mêler la sévérité et la douceur afin que nous ne fussions ni ulcérés par trop de rigueur ni amollis par trop de condescendance. Et ayant pansé nos blessures, il les a bandées en nous imposant le frein d’une Loi plus sévère, sans laquelle nous ne pourrions retrouver notre première santé. Le Samaritain met le malade sur son cheval, le bon Pasteur porte sur ses épaules la brebis retrouvée, Jésus Christ détruit l’infirmité de notre chair en la prenant lui-même. Sous la figure du Samaritain, le voici déjà qui ouvre ces bras, entre lesquels nous serons non pas conduits, mais portés au sein de l ‘ Église, où s’achèvera notre guérison. La Loi ne recevait pas tous les hommes ; il est écrit que le Moabite et l ‘ Ammonite n’entreront pas dans l ‘ Église de Dieu ; mais maintenant l ‘ Église est l’hôtellerie ouverte à quiconque veut croire. Venez de toute nation, venez chargés de toute misère, venez blessés, venez souillés ; venez au baptême de Dieu, au festin de Dieu, à l’hôtellerie et à l’amitié de Dieu ! Car le Samaritain ne se contente pas de déposer le blessé dans l’hôtellerie ; il entre avec lui, demeure et prend soin de lui ; duxit in stabulum, et curam ejus egit. Cependant ce Samaritain ne pouvait rester. Le jour suivant donc, il donne à l’hôtelier deux deniers d’argent et lui dit : « Aie soin de cet homme. Ce que tu surajouteras, à mon retour je te le rendrai. » Ces deux deniers sont les deux Testaments, qui retracent l’image du roi éternel et dans lesquels l ‘ Église trouve le prix infiniment précieux de sa charité ; ils sont les deux commandements d’amour de Dieu et d’amour du prochain, que les Apôtres reçurent pour évangéliser la terre ; ils sont la promesse de la vie présente et de la vie future : Hoc fac et vives. Ces deux deniers sont encore, dit Origène, la connaissance du mystère par lequel le Père est dans le Fils et le Fils dans le Père. L’Église reçoit cette clarté en récompense des soins qu’elle donne à l’homme qui lui a été confié et que le Sauveur lui-même a soigné quelque temps. « Et ce que tu surajouteras, je te le rendrai à mon retour. » Car cet hôtelier, ce prêtre nouveau n’est plus le mercenaire qui ne rend que les services dont le prix est débattu et payé, ni l’instrument quasi machinal qui ne va pas au delà de ce qui lui est marqué. Les Apôtres, pleins de l’esprit de Dieu, ont surajouté. Au précepte ils ont ajouté le conseil, sur le devoir ils ont mis la couronne de la perfection. Quoiqu’il leur fût permis de vivre de l ‘ Évangile, ils ont vécu du travail de leurs mains ; ils ont cherché la croix quand ils pouvaient l’éviter. Mais il n’est pas possible à l’homme d’être plus généreux que Jésus : « A mon retour je vous le rendrai. » Ce retour sera le jour du jugement. Il payera sans mesure ceux qui l’auront servi sans mesure. Après ce récit, Jésus interroge le docteur : Qui a été le prochain ? Et le docteur, enflé de sa science de la Loi, doit convenir que ni le prêtre ni le lévite, qui vivaient sous la Loi, n’ont su faire ce qu’ordonnait la Loi. Le Samaritain seul en a rempli les prescriptions. Jésus lui dit : « Allez, et faites de même. » Quand vous verrez un malheureux, qu’il soit Juif ou Gentil, voilà votre prochain. La dignité du sacerdoce n’est rien, la science de la Loi n’est rien si les bonnes œuvres manquent. Celui qui exerce la miséricorde, c’est celui-là qui remplit la Loi. »

Nous sommes donc très au-dessus de la version enfantine de Bergoglio et ici Louis Veuillot puise à la source de Saint Thomas d’Aquin qui dans « la chaine d’Or » cite les Pères de l’Eglise et Saint Augustin.

Comme à l’accoutumée notre image à méditer :

 

 

A l’occasion, je souhaite à mes lecteurs un bon et saint Noël 2020.

Louis David, Commentaire du 2ème chapitre de la lettre Encyclique Fratelli Tutti.

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