[Documents] David M. Goldenberg : les sources kabbalistiques et néo-gnostiques des légendes sur Noé, Ham, Kush et Canaan

Résumant ici notre développement sur ces étiologies, nous avons passé en revue un certain nombre de légendes sur les Origines, mentionnant des couleurs de peau particulières, aussi bien des peaux claires dans un milieu de peaux sombres, que de peaux sombres dans un environnement de peaux claires, ou de peaux claires et sombres dans un milieu habité par des gens de pigmentation intermédiaire. Plusieurs de ces légendes proviennent de milieux juifs, musulmans ou chrétiens [l’auteur, juif lui-même, ne fait pas de distinction entre les catholiques et les dénominations chrétiennes néo-gnostiques ou schismatiques qu’il va évoquer, ndt] et furent construites autour de personnages bibliques qui commirent péché et furent punis par une couleur de peau particulière. Nous avons retracé la transmission de l’une de ces légendes sur les Origines, celle de Ham et de son mauvais comportement sexuel avec sa femme dans l’Arche. Nous avons vu que cette légende apparaît pour la première fois dans la littérature rabbinique du 6e siècle et plus tard, dérivant vraisemblablement de ces sources juives, dans divers textes musulmans ou chrétiens orientaux [l’auteur évoque des sectes schismatiques d’Orient, ndt] datant du 7e siècle. En Occident, nous retrouvons une référence à ces légendes de l’arche pour la première fois dans le Extractationes de Talmut (1245) puis dans l’ouvrage espagnol Libro del Caballero Zifar (1300) en deux versions, l’une visiblement issue d’une source musulmane, l’autre d’une source juive. Cette légende est mentionnée par Postel (1561), citant les traditions juives. Qu’il ait eut connaissance de cette légende à Paris ou au cours de ses voyages, la ligne de transmission dans l’Europe chrétienne [l’auteur n’étant pas chrétien, il parle ici de l’Europe de l’ouest] débute avec Postel [lequel était l’un des plus grand kabbaliste de l’époque, voir notre commentaire plus bas, ndlr], lequel est cité par Bodin (1565), Brahe (1574), Best (1578), Genebrard (1599), et, indirectement via Genebrard1, Possevino (1603). Six auteurs du 17e siècle reprennent cette histoire, quatre d’entre eux (Heylyn, Purchas, de Villars, Bayle) sans en mentionner la source, et deux (Eisenmenger, Calvör) en mentionnant la source juive. Les références à l’histoire de l’arche, dans l’Occident, semblent être confinées aux 16e et 17e siècles. […] Je reviendrai à ces auteurs, de Postel à Bayle, dans le chapitre 10, lorsqu’il sera question d’éclaircir les débuts de la confusion entre les légendes rabbinques sur l’Arche et la réalité biblique de la condamnation de Noé. ( p.66)

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Le célèbre kabbaliste Guillaume Postel

[…]

Dans mes travaux précédents, j’ai exposé le fait que lorsqu’il s’agissait de gloser sur les récits bibliques de la condamnation à l’esclavage lancée par Noé, les auteurs juifs et chrétiens [nous allons voir que l’auteur parle ici de sources schismatiques et néo-gnostiques, et non catholiques, ndt] présument souvent, en dépit de ce qui est indiqué dans la Bible, que c’était Ham, et non Canaan, qui fut maudit ou que Ham était inclus dans cette malédiction qui concernait Canaan. J’ai suggéré plusieurs explications pour cela, y compris le fait que dans la généalogie biblique, les Noirs ne descendent pas de Canaan, mais de Ham, par Kush. Cette déformation du récit biblique correspondait éventuellement avec l’environnement social de cette époque, dans laquelle les Noirs africains commençaient à être identités comme des esclaves2, ce qui correspondait aussi à la croyance, préconçue, sinon incorrecte, que l’étymologie du mot « Ham » signifiât « sombre » ou « noir ». Ainsi, bien que ces sources n’affirment pas que celui qui fut puni par Noé fut noir ou l’ancêtre des Noirs, la substitution de Ham et Canaan dans cette légende l’impliquent. Au delà de ces implications, un lien direct entre les Noirs et l’esclavage dans le contexte de ce récit apparaît dans un ouvrage chrétien syriaque (sic) connu sous le nom de Cave des Trésors3, datant sous sa forme actuelle du 6e ou du 7e siècle au plus tard, mais provient d’une source originale datant du 3 ou du 4e siècle. Traitant de l’histoire biblique, l’ouvrage cite le texte de l’Écriture « Que Canaan soit maudit, qu’il soit l’esclave des esclaves de ses frères » et explique pourquoi Noé punit Canaan par l’esclavage, bien que ce soit Ham qui ait péché. La raison invoquée est que Canaan aurait inventé les instruments de musique, par lesquels le mal se serait multiplié dans le monde, par les chants, « la musique forte et la lascivité ». Le texte poursuit :

« Canaan fut puni parce qu’il avait osé faire cela ; lui et ses descendants furent réduits à l’esclavage : ce sont les egyptiens, les mysiens, les kushites, les indiens et les abominables (musraye).4»

Les versions arabes et éthiopiennes de l’ouvrage incluent tous les Noirs comme descendants de Canaan :

« [Noé] fut en colère contre Ham et dit, « Que Canaan soit maudit, et qu’il soit l’esclave de ses frères…[Noé] s’éleva dans sa malédiction contre Canaan. Ainsi ses fils devirent esclaves. Ce sont les coptes, les kushites, les indiens, les Musin (mûsin) et tous les autres noirs (sûdân). »

Dans ces versions de la Cave des trésors, l’histoire biblique est réécrite, Canaan est puni d’esclavage et c’est alors qu’en addition au récit biblique, nous apprenons que la descendance de Canaan était composée de divers peuples à la peau sombre et « tous ceux dont la peau est noire ». Ici, pour la première fois, nous voyons une association explicite de la noirceur avec la servitude dans le contexte de l’histoire de Noé. Ce qui est étrange dans le récit de la Cave des trésors, c’est que c’est Canaan, et non Ham, qui est présenté comme l’ancêtre des peuples de peau sombre. La chose est très étrange car, comme je l’ai indiqué, la généalogie biblique des nations n’indique par Canaan comme étant l’ancêtre des peuples de peau sombre (voir Genèse 10;15-19). […]

De tels établissements de liens généalogiques entre Canaan et les Noirs (Kushites), indépendamment de toute connexion avec l’histoire de Noé et au mépris de la généalogie biblique, se trouvent communément dans la littérature islamique attribuée aux autorités du début du 7e siècle. Ainsi, Ibn Sa’d (mort en 845), Tabari (mort en 923), Mas’udi (10e siècle), Qazwini (mort en 1442), se réfèrent à Kush comme étant le fils de Canaan. D’autres encore, inversent l’ordre et font de Canaan le fils de Kush : Ka’b al-Ahbar (mort vers 652), cité par al-Kisa’ï (8e-11e siècle), Tabari citant Ibn Mas’ud (mort en 635) et « d’autres compagnons du prophète 5» et Dimashqi (mort en 1327). La tradition musulmane selon laquelle Nimrod (un « garçon noir au nez épaté ») fut le fils de Canaan est également liée à cette association Canaan-Kush. Dans la Bible (Génèse 10:8), Nimrod est le fils de Kush, et non Canaan.

David M. Goldenberg, Black and Slave, : the origins and history of the curse of Ham, éditions Walter de Gruyter GmbH, 2017, pp.66 ; pp.76-78

Commentaire : cet extrait de la très instructive étude de M. Goldenberg permet d’exposer quelques ramifications philologiques permettant de comprendre de quelle manière s’est transmis, par la littérature et la philosophie, un préjugé racial bien connu sous le nom de ‘malédiction de Ham’ (Cham), récit qui, dans les croyances profanes modernes, a parfois fait des peuples Noirs et/ou de couleur sombre, des sujets naturellement et essentiellement frappés de la malédiction lancée par Noé à la descendance de son fils indigne, Ham. Ce que remarque Goldenberg, est que les spéculations autour des thèmes des Origines des races furent constantes, depuis les traditions païennes de toutes les nations, jusqu’aux considérations d’auteurs protestants ou ésotérisants à partir du 16e siècle. Or, rien dans la Sainte Écriture n’indique que Ham ou Canaan, l’un de ses quatre fils, aient été punis par une noirceur de peau, ni quelle celle-ci fut liée à une condition de perpétuel esclavage. De même, contrairement à ce mythe, l’Écriture ne désigne pas du tout Canaan comme étant l’ancêtre des peuples de peau sombre en Afrique ou en Inde. La Table des Nations, dans le 10e livre de la Génèse, indique bien que :

« Chanaan engendra Sidon, son premier-né, et Heth, 16.ainsi que les Jébuséens, les Amorrhéens, les Gergéséens, les Hévéens, 17.les Aracéens, les Sinéens, les Aradiens, les Samaréens 18.et les Hamathéens. Ensuite les familles des Chananéens se répandirent dans le pays, 19.et le territoire des Chananéens alla depuis Sidon, dans la direction de Gérare, jusqu’à Gaza ; et, dans la direction de Sodome, Gomorrhe, Adama, et Séboïm, jusqu’à Lésa. » – Génèse 10;15-19

Carte du monde en « T et O » extraite de la première version imprimée de l’Etymologiae d’Isidore (Kraus 13). Ce livre fut écrit en 623 mais ne fut imprimé pour la première fois qu’en 1472 à Augsbourg par un certain Guntherus Ziner. Le dessin d’Isidore doit être considéré comme la plus ancienne version imprimée d’une carte de l’Occident. Notez que ce type de carte typiques de l’iconographie chrétienne, décrivent l’Orient en haut, et l’Occident en bas, Jérusalem étant le centre du monde et le paradis se trouvant au-delà de l’Orient.

L’étude de M. Goldenberg est sérieuse et pleine de détails forts utiles pour les spécialistes, mais il faut lui reprocher, comme il se doit, de ne pas être assez franc, ou précis, lorsqu’il évoque certaines sources de transmission de ces croyances. Par exemple et comme nous l’avons rapporté, il ne distingue pas toujours correctement les dénominations chrétiennes, comme si les sectes et églises schismatiques orientales qui avaient conservé ces croyances gnosticistes, pouvaient être amalgamées avec l’Église catholique qui les a condamnées dès les Actes des Apôtres. Comme le montre très bien M. Goldenberg, ces légendes rabbiniques construites autour des événements sur l’arche de Noé furent popularisées de façon vulgaire au 16e siècle par Guillaume Postel. Or, Postel était un éminent occultiste très lu, versé dans la théosophie et l’étude de la Kabbale, qui eut alors une considérable influence sur toute une génération de libre-penseurs, physiciens, astronomes, philosophes, voyageurs, « moralistes », etc. Comme le note Goldenberg : 

« De façon certaine, Postel n’affirme pas faire remonter la noirceur de teint de Kush à l’Ethiopie de grecs, mais bien de l’association de la noirceur de Kush basée sur le récit talmudique. Comme l’écrit Postel : « Toutefois, pour signifier la désobéissance et le mépris du divin, Dieu voulut que son fils Chus naisse avec une couleur noire, fils duquel descendent les éthiopiens ainsi que les autres de ce genre. » […] La mention spécifique de Kush dans les légendes construites autour du récit des actes sexuels commis dans l’arche, se retrouve tôt chez Wahb Ibn-Munabbih (mort vers 654), cité plus bas, p.46, et est également mentionné par Rashi (mort vers 1105), l’un des principaux commentateurs juifs du Talmud, dans son commentaire sur ce passage, lequel était très certainement connu de Postel. […] De façon intéressante, l’histoire de l’arche contenue dans le Talmud (aussi bien celui de Babylone que celui de Palestine) n’est pas en araméen comme l’affirme Whitford, mais en hébreu. De plus, le talmud n’utilise pas le terme « Aethiopia » ou « Kush » comme le dit Whitford, mais plutôt « Ham ». « Kush » est l’interprétation que fait Rashi [qui était aussi un grand kabbaliste, ndt] de ce récit.»

En réalité, le fait que l’on retrouve les mêmes contradictions anti-bibliques et autres interprétations manifestement erronées dans les sources gnosticistes (3e-6e siècles), talmudiques (6e siècle), islamiques (7e siècle), puis néo-gnostiques (16e-17e siècles) concernant ces légendes autour de Noé, Ham et les races issues de Ham par Canaan et Kush, cette question de la malédiction de l’esclavage et de la pigmentation de la peau, indique à l’évidence le non-fondé de ces croyances, mais aussi les considérations métaphysiques qui y sont fatalement liées. Toutefois, l’influence de cette philosophie fut d’une grande importance, notamment à l’époque des grandes découvertes, puisqu’elle servit bien souvent, chez certains auteurs de cette époque, à justifier l’immense trafic d’esclaves qui s’était mis en place entre l’Afrique atlantique et les Amériques, d’abord par certains trônes d’Europe et des côtes d’Afrique, mais aussi et surtout par une nouvelle classe de spéculateurs typique de ce nouveau modèle d’économie globalisée, dont la limite n’était plus le Créateur, mais la créature faisant fi de vérités de foi et de vérités morales, que l’Église, là encore, fut la seule à l’époque à rappeler au monde face à cette nouvelle fièvre de spéculations internationales. Aussi, les procès qui sont parfois lancés à l’encontre de l’Eglise pour « complicité avec le trafic d’esclaves » sont parfaitement absurdes, hypocrites et cyniques. L’Eglise fut la seule a clairement condamner l’esclavagisme, surtout économique, et à en donner les raisons, non seulement sur des bases de foi, mais aussi de morale naturelle. Elle fut également la seule a pouvoir donner avec vérité et réalisme, la juste mesure dans ces questions.

En effet, la sujétion ou l’esclavage en lui-même, n’est pas nécessairement un mal, ni un abus. Il y a là maintes clarifications étymologiques à fournir d’urgence, car l’esprit du monde, esclave des passions, est capable d’une grande hypocrisie à ce sujet. Donnons cet exemple simple pour montrer que l’esclavage existe bel et bien dans toutes les sociétés actuelles, y compris occidentales et démocratiques, et que personne n’y trouve à redire :

  1. Quiconque est fait prisonnier devient l’esclave du jugement qui lui est rendu et du pouvoir politique en représenté par la juridiction ayant rendu le jugement. Ce prisonnier peut alors être condamné à des travaux forcés, à une réclusion, etc. Il perd dès lors une certaine liberté dans ce monde, il devient la disposition d’un autre. Il est physiquement assujetti à un régime social qui ne lui accorde pas les mêmes libertés que le citoyen libre. Or, cette mise en sujétion doit nécessairement être justifiée par une cause juste et vraie. Si l’homme en question est coupable d’un crime ou d’un délit, il peut mériter en effet cet esclavage, car, d’une façon ou d’une autre, il est redevable à sa victime de ce qu’il lui a extorqué. Aussi, Le Seigneur Jésus enseigne-t-il en Matthieu 5 ; 24-25 :

«Accorde-toi au plus tôt avec ton adversaire, tant que tu es en chemin avec lui, de peur que l’adversaire ne te livre au juge,que le juge (ne te livre) à l’appariteur, et que tu ne sois jeté en prison. En vérité, je te le dis, tu n’en sortiras pas que tu n’aies payé le dernier sou. »

C’est d’ailleurs exactement de cette manière et uniquement de celle ci que pouvait être justifié l’esclavage dans l’Ancien Testament, l’autre exception étant le fait de guerre, mais qui est totalement lié à cette situation et de cette question de cause légitime. La guerre entre hommes est souvent injuste, mais la guerre pour la vraie justice de Dieu est toujours juste. Or, pour ce qui est du trafic d’esclave interne à l’Afrique, lequel existait certainement au début de notre ère, et existe toujours à l’heure où j’écris ces lignes, rien, dans la plupart des paganismes locaux, ne pouvait servir d’argument théologique stable pour interdire ce trafic, lequel prit une autre dimension à partir de la fin des 7e – 11e siècles avec les débuts de ce qu’on a appelé la traite transsaharienne ou arabo-musulmane. Là encore, la doctrine islamique, loin de réprouver l’esclavagisme, en régulait avec précision les conditions, intrinsèquement libérales comme il se doit. Mais cette secte hérétique, manifestement inspirée du fatras de gnosticismes à prétention chrétienne et de pré-kabbalisme ambiant en Orient aux 6e-7e siècles, ne pouvait nullement ordonner une quelconque justice, ni en temps de paix, ni en temps de guerre, étant elle-même un état de fait illégitime. Or, on sait que non seulement le Coran, mais aussi les hadiths, démontrent l’influence profonde de divers thèmes talmudiques et kabbalistiques dans le mohamadisme dès les 7e-10e siècles. Une autre influence notoire du corpus islamique essentiel, Coran, Sîra et hadiths hasan, est évidemment le corpus littéraire et liturgique de diverses sectes dites « judéo-chrétiennes » tardives ou tout simplement des milieux nestoriens, lesquelles, comme nous l’avons vu, ont également transmis certaines légendes depuis des sources apocryphes, ou des sources issues de la littérature rabbinique tannaïtique. 

Or, comme nous savons que ces sources gnostiques et kabbalistiques sont remplies de concepts panthéistiques provenant des mystères païens que quelques groupes d’hébreux infidèles ont perpétué en particulier depuis l’exil babylonien, il ne faut pas nous étonner de retrouver dans un grand nombre de traditions populaires païennes, depuis les tribus amérindiennes, aux Dogons du Mali, jusqu’aux grecs antiques, qui glosent toutes de façon plus ou moins amusante pour expliquer par des arguments métaphysiques comment tel ou tel déité ou démiurge a crée les gens de couleur sombre, ou comment tel peuple peut être blanc et un autre noir. On comprend alors que ces théories raciales païennes, de tous temps, ont souvent servi à justifier l’asservissement illégitime d’un voisin. D’autre part, Goldenberg rappelle à juste titre que du temps de l’Ancien Israël, les nations de Kush, de Canaan et d’autres, étaient physiquement voisines et aléatoirement ennemies/alliées sur le plan politique et militaire. Il ne faut pas perdre de vue aussi que l’Ancien Israël représentant un type encore non-accompli de l’Eglise, était tout d’un ensemble religion, peuple et nation. 

Ces légendes talmudiques ou kabbalistiques autour du thème des Origines remontèrent comme nous l’avons vu, dans la nouvelle philosophie moderne qui se développe entre le 14e et le 16e siècles. Or, ce sont principalement ces légendes qui servirent parfois de justification théologiques aux spéculateurs du trafic transatlantique pour constituer l’industrie esclavagiste qui fut celle des Amériques jusqu’à l’extrême fin du 19e siècle. Pourtant, l’Église, dès le XVe siècle et comme elle le fit au Moyen-âge, n’hésita pas, malgré la fragilité de sa position temporelle, à s’élever contre les princes qui autorisèrent ces trafics qualifiés d’abominables et surtout à souligner les principes erronés qui conduisaient à ce type d’agissements. La fameuse instruction du Saint-Office du 20 mars 1686 indique :

S’il est permis de capturer par la force et la duperie des noirs ou autres indigènes qui n’ont porté préjudice à personne?

Réponse : non.

S’il est autorisé d’acheter, de vendre ou de faire des contrats en tout respect des noirs ou autres indigènes qui n’ont pas porté préjudice à personne et n’ont rien fait et qui ont été faits captifs par la force de la duperie?

Réponse : non.

Si les propriétaires de Noirs et autres natifs qui n’ont porté préjudice à personne et ont été capturés par la force ou la ruse, doivent les remettre en liberté ?

Réponse: Oui.

Ce jugement est d’une brièveté et d’une subtilité que seule l’Eglise de Dieu pouvait fournir aux hommes, car elle précise bien qu’il n’y a aucune justification religieuse pour faire esclaves, par ruse ou par force, des individus qui ne se sont pas eux-mêmes rendus coupables d’une quelconque agression. Or, il ne faut pas perdre de vue que l’immense majorité des trafiquants occidentaux visés par le Saint Siège, pouvaient également se dédouaner en rappelant, non sans raison, qu’ils n’organisaient pas eux même de chasse aux esclaves en Afrique, mais que la grande majorité des personnes qui furent déportés étaient des captifs africains, vendus par des trafiquants africains. Les trafiquants européens et américains achetaient donc de façon légale et même souvent contractuelle ces esclaves auprès de trafiquants africains, au terme de négociations et d’établissement d’une entente sur les prix. En réalité, c’est surtout les justifications moralement inacceptables de ce trafic qui sont condamnées par l’Eglise, car il n’y en l’espèce, aucune justification à ce que des hommes, même par un achat légal, puissent réduire en esclavage perpétuel d’autres hommes qui n’étaient redevables d’aucune dette, ni coupables d’un quelconque crime, ni fait de guerre. Et d’ailleurs, ce trafic d’esclaves n’aurait jamais pris cette ampleur, si des tribus ou royaumes africains s’y étaient opposés aussi bien fondamentalement que physiquement. Or, personne ne peut ignorer la chose.

De ce point de vue, et c’est là un avis personnel, il me semble que les personnes raisonnables devraient pouvoir pointer du doigt la nature réelle du châtiment de l’Afrique païenne, par une perspective bien plus réaliste et saine, que les spéculations rabbiniques. Pour connaitre quelques uns des abominables paganismes d’Afrique Noire, et pour connaitre de près certains réflexes de tribalisme encore ancrées dans ces sociétés, il me semble que beaucoup de nations médiévales d’Afrique noire qui prospérèrent pendant des siècles grâce à ce trafic tout en glorifiant la sorcellerie et les rites initiatiques, ont mérité leur décadence. Il suffit de considérer la totale impréparation et l’incapacité de beaucoup de ces royaumes et nations à survivre à la prostitution qu’ils firent des richesses prodigieuses de l’Afrique, à commencer par leurs hommes. Cette responsabilité du côté africain est de nos jours dangereusement occultée et même excusée par une certaine réécriture simpliste de l’histoire. Ceci explique en partie l’aveuglement et l’orgueil presque grotesque des groupes afrocentristes qui ont conclu à des thèses souvent délirantes, mais parfois sérieusement considérées par la crédulité populaire. Ces thèses afrocentristes ne sont rien de moins que la reproduction attardée des comportements adoptés pendant les siècles précédents par d’autres nations, qui elles aussi, ne sont même plus capables de s’apercevoir sur quelle pente les a conduit leur orgueil et leur impiété. Il faudrait résumer la question raciale à peu près comme ceci : chaque nation devrait se souvenir qu’elle est égale devant Dieu dans la mesure où aucun homme ne peut prétendre être libéré du péché originel tant qu’il n’a pas adopté et tenu fermement jusqu’à sa mort la sainte foi catholique, qu’il n’en a pas propagé la doctrine autour de lui, dans la société, à la mesure de son état. Nous le voyons d’ailleurs, ainsi que l’a bien expliqué Pie XII : c’est l’impiété qui cause cette décadence de la nature humaine, qui elle-même précède ou suit la ruine de la civilisation. Ainsi, on peut considérer l’inégalité des races, prioritairement dans leur aptitude à demeurer fidèles à Dieu. En cela, il existe indubitablement des complexions nationales, raciales, ethnologiques, de même qu’il existe des complexions individuelles qui portent tel ou tel sujet à être disposé plus ou moins aisément à réaliser, comprendre et souscrire aux réalités de la loi naturelle et de la Révélation. Je crois aussi, mais c’est une opinion personnelle, que c’est l’une des raisons qui ont expliqué pourquoi, lors de la proclamation de l’Évangile aux Nations par Notre Divin maître, lors de l’Ascension et surtout après, par l’action de Ses saints apôtres et des 70 disciples qui furent envoyés évangéliser ce qu’étaient devenues les 70 nations citées dans la Genèse, on peut vraiment remarquer que l’Eglise latine est celle qui produisit le plus de fruits, qui fut (géographiquement) la plus fidèle, justifiant ainsi tout ce que le Seigneur promit à Son apôtre Pierre qui fut guidé par la Divine providence jusqu’à Rome pour y établir spirituellement et temporellement la Nouvelle Jérusalem sur terre, la porte des cieux. Le génie particulier de l’Occident greco-romain, mais aussi les dispositions raisonnables des différents peuples qui vivaient dans les périphéries ou au cœur de ce monde, les disposaient certainement à recevoir et conserver la pureté de la foi de façon suffisamment durable pour les plans divins, y compris par des établissements temporels, dont certains, comme le royaume franc, nation singulière et relativement moderne quand on y pense, sont très objectivement des réalisations originellement marquées par une vocation spirituelle hors du commun. Or, bien d’autres peuples, illustres et conscients de l’être à cause de leur antique présence dans l’Ecriture, bien qu’ils formèrent eux aussi dans leurs nations des églises catholiques qui firent souvent l’honneur de la sainte religion dans les premiers siècles de l’Eglise, certains d’entre eux, tels que syriaques ou éthiopiens, s’illustrèrent tôt par leur rébellion contre les dogmes christologiques et tombèrent dans le schisme dès les premiers siècles de notre ère. De même, la belle chrétienté d’Afrique du Nord, mélange original de culture latine, berbère et grecque, produisit une société catholique antique et hors du commun, pleine de héros ordinaires et de saints martyrs auxquels catholiques africains comme européens sont tout spécialement attachés. Cette chrétienté, malgré l’immense qualité de ses martyrs et de ses saints évêques, connut très tôt les troubles des donatistes, puis les massacres terribles des envahisseurs ariens, avant d’être pratiquement éradiquée par l’envahissement brutal et soudain des armées des compagnons de Mohamed. Ce qui manqua souvent aux églises de ces régions, fut bien souvent la protection d’un régime fort, mais aussi la stabilité d’une société ordonnée à des principes sociaux chrétiens, qui ne seront imposés par les pouvoirs publics que dans les deux empires d’Europe. Cette stabilité était également dépendante d’une certaine cohérence de l’établissement social et national. En un mot, le génie national de l’Ethiopie, malgré son passé glorieux, n’assagit pas nécessairement les puissants de ce royaume, qui s’obstina dans le schisme. Or, il faut remarquer que bien que les éthiopiens, notamment ceux du nord, constituèrent historiquement l’une des premières nations à se convertir officiellement au christianisme, elle n’en demeure pas moins aujourd’hui au rang des dernières, étant toujours majoritairement dans le schisme (les catholiques de rite éthiopiens réunis à Rome au cours des derniers siècles sont peu nombreux et hélas, captifs de la secte moderniste).

Au delà de la question de l’esclavagisme, qui finalement n’est ici qu’accessoire : c’est une question métaphysique qui est posée, une question touchant aux Origines de l’Homme. L’Église ne s’est pas seulement élevée contre l’esclavagisme, mais surtout contre les théories raciales que ces légendes kabbalistiques convoyaient. En effet, ces légendes n’exposent rien de moins qu’une métaphysique émmanentiste et ne peuvent se soutenir sans contredire complètement le récit biblique, comme nous l’avons déjà vu. Le plus frappant, comme l’a fort bien exposé Mgr. Meurin, est que la plupart des anciens paganismes exposent tous un restant, même infime, des vérités révélées ou connues avant le Déluge, mais toutes les ont évidemment corrompu jusqu’aux dernières bribes. Ainsi, page 28, Goldenberg rapporte cette tradition amérindienne :

« Le mythe des indiens Creek (muscogee) du sud-est des États-Unis affirme que trois personnes se sont baignées dans une mare. La première se leva parfaitement propre et fut l’ancêtre des blancs. Le second en sortit plutôt sombre, car l’eau était devenue un peu plus trouble. De là, virent les natifs d’Amérique. Puis la troisième personne sortit alors que l’eau était totalement trouble et cette personne en sortit noire. Il devint l’ancêtre des africains.6 »

Goldenberg rapporte également les nombreuses théories raciales et etiologiques contenues dans différentes traditions païennes africaines. Les gens du royaume du Dahomey racontaient par exemple que la couleur des arabes était dû au fait que leurs ancêtres étaient tombés dans l’huile de friture et en auraient gardé la marque. Si l’on y regarde bien, essentiellement, les théories darwiniennes sur l’origine des espèces ne sont pas moins stupides et infondées que ces fables païennes, n’étant dissimulées que par le masque de la science, tout comme les kabbalistes se dissimulaient sous le marque d’une connaissance d’initiés. La plupart des théories racialistes biologistes modernes proviennent des théories darwiniennes, lesquelles sont pourtant enseignées par la société globaliste et multiculturaliste actuelle. Il ne faut pas confondre l’inégalité des nations, des individus et des situations civilisationnelles, avec ce qu’on appelle indistinctement « racisme » de nos jours. En réalité, tout le monde est raciste, à commencer par les anti-racistes autoproclamés, qui ne s’aperçoivent pas que nier les races ou combattre les différences raciales, c’est déjà admettre qu’il existe des races et des différences raciales. De même, il faut avoir de la mesure lorsqu’on évoque le sujet de l’esclavage. Pour l’une et l’autre questions, seule la mesure de la Vraie foi peut conduire à la véritable intelligence, à la justice et au traitement humain de ces problématiques.

Quant à la question du métissage, qui fait rage de nos jours : Là encore, tout est question de mesure et nous savons qu’il n’y qu’une seule mesure de sagesse indépassable. Les sociétés ségrégationnistes d’Amérique étaient pleines d’hypocrisie et ne purent plus tard que subir les conséquences de la fondation criminelle et maçonnique de leur nation. Elles étaient, d’une certaine façon, dans un excès analogue à celui de la propagande multiculturaliste et indifférencialiste qui a cours dans l’Occident en ce moment. Dans les deux cas, ces phénomènes impies causent des phénomènes d’hystéries, de haines et d’oppositions terribles entre les hommes, toutes choses qui nuisent au Règne Social du Christ, et c’est bien pourquoi les papes, dans leurs condamnations de l’esclavage et de leurs justifications, ont toujours rappelé que suprémacisme et esclavagisme, dans toutes les races du monde, étaient avant tout provoquées par l’ennemi du genre humain. Il est assez intéressant de voir métissolâtres et anti-métissage rabiques, développer toutes sortes de rhétoriques pour justifier leur essentialisme. Mais qui fait attention au fait que Saint Moise, notre grand patriarche, avait pris pour épouse une femme éthiopienne, une Noire kushite, comme on le lit dans le douzième livre des Nombres ? Nous allons conclure cet article en publiant l’intégralité de ce court passage de l’Écriture, lequel devrait suffire à faire réfléchir ceux qui ont la foi catholique, mais qui manquent parfois d’intelligence ou de prudence. Il nous faut considérer le monde tel qu’il est et considérer la Sainte Religion telle qu’elle est. Toute la mesure en toute situation, si dure soit-elle se trouve dans cet équilibre. Notez que dans le passage du livres des Nombres que nous allons lire, celui qui reproche à Moïse d’avoir pris une femme éthiopienne n’est autre qu’Aaron, lequel, malgré son zèle naïf, était aussi celui qui fut faible lorsqu’une partie du peuple hébreu apostasia au pied de la montagne sainte et construisit le veau d’or. Je rappelle aussi que ce passage du livre des Nombres causa d’infinis débats dans la littérature rabbinique et talmudique, à cause de l’orgueil obstiné des juifs apostats à se croire encore aujourd’hui un peuple élu de Dieu. Pourtant, comme nous le verrons peut-être dans un autre article, l’exclusivisme racial du peuple élu de l’Ancien Israel, ne signifiait pas une essentialisation de cette exclusivisme, lequel était une préfiguration typologique de l’exclusivisme spirituel de la foi du Nouvel Israel, qu’est l’Eglise catholique. Notre Seigneur a choisi de distinguer un seul peuple parmi tous les autres pour être la forteresse de la foi au milieu des nations, en attendant la venue du Messie. Mais ceci n’impliquait évidemment pas qu’un hébreu était « essentiellement » un croyant par le fait même de sa race : tout au contraire, nous l’avons vu, une partie des hébreux montra très tôt son infidélité et son impatience coupable lorsque Moïse recevait la Loi sur le mont Sinaï. Bien d’autres exemples d’infidélités graves émaillèrent l’histoire de l’Ancien Israël, jusqu’au parti des pharisiens, les précurseurs des Talmudistes, que Notre Seigneur, ainsi que Ses saints apôtres, démasquèrent enfin devant le monde comme il est écrit dans l’Évangile. D’un autre côté, l’Ancien Testament nous montre en plusieurs endroits que des nations ou des individus qui n’étaient pas racialement hébraïques, se convertirent à la foi d’Israël, les Ninevites en étant sans doute les plus connus. L’autre interêt de l’ouvrage de Goldenberg est de recenser tous les auteurs, notamment à partir du 16e siècle, qui s’emparent, parfois inconsciemment, des légendes rabbiniques autour de l’histoire de l’Arche de Noé. Au delà des purs kabbalistes comme Postel, on trouve aussi quelques prélats typiques du grand siècle et on pourra retrouver ces influences dans les écrits de quelques ecclésiastiques jusqu’au début du XIXe siècle. D’autre part, Goldenberg met bien en exergue le rôle capital que jouèrent les différentes sectes protestantes d’Europe ou d’Amérique dans la diffusion de ces légendes para-bibliques. Nous traiterons de ces quelques exemples dans un prochain article.

Paradoxalement à tout ce qui a été inventé par les apocryphes et les kabbalistes autour de la race noire condamnée à l’esclavage, le fait est que dans le livre des Nombres, Dieu punit Marie, la sœur de Moïse et d’Aaron, à cause de sa médisance et de son incrédulité…en changeant sa couleur de peau, la rendant encore plus blanche en la frappant de la lèpre :

1. Marie, avec Aaron, parla contre Moïse au sujet de la femme couschite qu’il avait prise; car il avait pris une femme couschite.

2.Ils dirent: «Est-ce seulement par Moïse que Yahweh a parlé? N’a-t-il pas parlé aussi par nous?» Et Yahweh l’entendit.

3.Mais Moïse était un homme fort doux, plus qu’aucun homme qui fût sur la face de la terre.

4.Soudain Yahweh dit à Moïse, à Aaron et à Marie: «Sortez, vous trois, vers la tente de réunion.» Et ils sortirent tous les trois;

5.et Yahweh descendit dans la colonne de nuée et se tint à l’entrée de la tente. Il appela Aaron et Marie, qui s’avancèrent tous deux;

6.et il dit: «Écoutez bien mes paroles: si vous avez quelque prophète de Yahweh, c’est en vision que je me révèle à lui, c’est en songe que je lui parle.

7.Tel n’est pas mon serviteur Moïse; il est reconnu fidèle dans toute ma maison.

8.Je lui parle bouche à bouche, en me faisant voir, et non par énigmes, et il contemple la figure de Yahweh. Pourquoi donc n’avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur, contre Moïse?»

9.Et la colère de Yahweh s’enflamma contre eux; et il s’en alla; la nuée se retira de dessus la tente.

10.Et voici, Marie devint lépreuse, blanche comme la neige. Aaron se tourna vers Marie, et voici, elle était lépreuse.

11.Et Aaron dit à Moïse: «De grâce, mon seigneur, ne mets pas sur nous ce péché que nous avons follement commis, et dont nous sommes coupables.

12.Ah! Qu’elle ne soit pas comme l’enfant mort-né qui, en sortant du sein de sa mère, a la chair à demi-consumée!»

13.Moïse cria à Yahweh, en disant:

14.«O Dieu, je vous prie, guérissez-là!» Yahweh dit à Moïse: «Si son père lui avait craché au visage, ne serai-elle pas pendant sept jours couverte de honte? Qu’elle soit séquestrée sept jours hors du camp; après quoi, elle y sera reçue.»

15.Marie fut donc séquestrée sept jours hors du camp, et le peuple ne partit point, jusqu’à ce que Marie eût été reçue.

16.Après cela, le peuple partit de Haséroth, et ils campèrent dans le désert de Pharan. » 

Fichier:Jacob Jordaens-Rubenshuis-Moïse et Séphora.jpg
Moïse et sa femme Séphora d’Ethiopie, par Jacob Jordaens, 17e siècle, Musea en Erfgoed Antwerpen.

1Mgr. Gilbert Génébrard était un évêque français de la fin du XVIe siècle. Partisan de la Ligue, considéré comme l’un des plus grands savants de son temps, il fut l’auteur d’une œuvre remarquable, notamment d’exégèse biblique et d’un commentaire des Psaumes qui fait encore autorité. Sachant l’hébreu classique, il traduisit aussi un certain nombres d’auteurs talmudiques et publia les travaux d’Origène.

2En effet, remarquons que ce qu’on appelle la traite « transsaharienne » est un phénomène historique qu’on attache souvent à l’avancée de l’islam en Afrique septentrionale, mais en réalité, tout indique que cette traite eut débuté avant même l’établissement temporelle de cette fausse religion. Tout d’abord, comme la plupart des autres nations païennes de l’antiquité, les nations d’Afrique noires, alors très éloignées du Levant ou de Rome, pratiquaient communément l’esclavagisme. De fait, et tout spécialement entre le 3e et le 9e siècle, l’Église fut la seule voix dans le monde a condamner le trafic d’esclaves. La transmission des métaphysiques païennes et kabbalistiques dans les fausses religions de l’époque permit de continuer de justifier ses abus, en particulier au moyen d’une exégèse fausse et donc d’une compréhension faussée des origines.

3Il s’agit d’un apocryphe gnostique très répandu dans les sectes schismatiques orientales, en particulier les jacobites et les monophysites d’Ethiopie. Cet apocryphe, qui traite notamment des questions des origines, ce qui est caractéristique des écrits gnostiques, fut un temps faussement attribué à Saint Ephrem le syrien, mais il est plus probable qu’il fut rédigé, dans sa forme tardive, par un individu influencé à la fois par les sources gnosticistes, et par l’enseignement de Saint Ephrem.

4Su-Min Ri, La Caverne des trésors : les deux recensions syriaques, CSCO 486-487, Scriptores Syri 207-208 (Louvain, 1987), 21.16, pp.62-63.

5Tabari, Ta’rikh, édition de Goeje, 1:254

6John R. Swanton, Myths and Tales of the Southeastern Indians, Bureau of Bulletin 88 (Washington, 1929), pp. 74-75

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2 commentaire

  1. Bonjour très bon article merci pour vôtre travail. J’ai cependant une question et une remarque… avez vous écouté la conférence de l’Abbé Grossin sur la Gnose? L’Abbé Grossin ce base sur un livre pour traiter du sujet et commenter par la même occasion et il cite un passage où est abordé le sujet de la couleur noire de la peau (la malédiction que jette Noé sur son fils et la répercussion sur sa descendance) et l’Abbé Grossin ne réfute pas cela mais au contraire agrée et confirme ce fait.

  2. Rappelons en plus que le premier nom cité après Postel, celui de Bodin, désigne un marrane.

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