Problèmes de l’Apostolat face à l’Islam dans l’Occident Déchristianisé

Depuis de nombreuses années, force est de constater que les débats théologiques concernant l’islam ou la Bible sont largement le fait de controverses entre « pasteurs » protestants et apologistes musulmans. C’est du moins l’observation que l’on peut faire aux Etats-Unis et dans le monde anglo-saxon en général.

Où sont les catholiques dans tout ceci ?

Il est certain que leur voix, comme dans d’autres domaines, a été diminuée en raison de la pastorale syncrétiste et moderniste de Vatican 2.

Certes, dans un pays comme la France, de tradition catholique malgré tout, ce sont des clercs comme l’abbé Pagès qui tinrent longtemps le pavé haut en matière d’apologétique. Avant lui, il y avait le Frère Bruno de Jésus de la CRC. Depuis, il y a eu d’autres personnalités, principalement des laïcs évangélisant sur Youtube avec plus ou moins de visibilité, tels que Clarisse de l’Orient ou encore Verax Fidelis.

Problèmes de Méthode et de Philosophie

Ces voix catholiques font plaisir à entendre, mais je constate aussi que depuis une petite dizaine d’années en France, la méthode apologétique directe a largement été déclassée par la méthode historico-critique.

De là, beaucoup de personnes semblent n’avoir plus porté d’attention qu’à cette méthode historico-critique, en pensant qu’il s’agissait là de la seule méthode valable pour réfuter ou critiquer l’islam. C’est une grave erreur.

En effet, la méthode historico-critique est une méthode scientifique. Elle a certes son utilité, mais elle a aussi ses limites. Et surtout, elle n’est pas une méthode apologétique à proprement parler. L’apologétique est un sport théologique et moral avant toute chose. Or, on ne convainc pas un croyant, qu’il soit musulman ou catholique, par des méthodes purement scientifiques. Pire encore, en mettant trop l’accent sur la méthode scientifique, on finit par prendre le risque de se ranger du côté des rationalistes qui attaquaient jadis la Bible selon les mêmes procédés. Encore une fois, la méthode historico-critique a son utilité, mais elle doit uniquement servir de complément secondaire à la méthode apologétique directe.

C’est d’ailleurs pourquoi, sur le Fide Post, nous favorisons une méthode apologétique classique, en suivant l’exemple des grands théologiens de l’Eglise tels que Saint Jean de Damas, Pierre le Vénérable, Saint Alphonse de Liguori et bien d’autres encore. Nous partons à partir de ce que croient les musulmans, de ce que l’on trouve dans le Coran et dans la Tradition islamique, puis nous procédons un travail comparatif afin de leur prouver par des arguments théologiques et moraux, que l’islam ne peut pas être la vraie religion.

Naturellement, nous nous efforçons également de nous adapter aux temps, au lieu et au public auquel nous nous adressons, en l’occurrence à une population de musulmans francophones, qui vivent pour la plupart en France et dont beaucoup d’entre eux sont passablement « désislamisés » comme d’autres français peuvent être « déchristianisés ».

Toutefois, il est évident que la forme que nous mettons ne peut en aucun cas être une excuse pour transiger sur le fond de notre propos et sur le but que nous cherchons, à savoir la conversion de nos amis musulmans à la sainte foi catholique. Et ceci implique également pour nous d’être totalement fidèles à la foi et à la morale catholique, et de rejeter tout libéralisme dans nos propos.

En effet, il me semble que beaucoup de catholiques, notamment conciliaires, partagent avec les protestants un certain nombre de défauts, en particulier celui du libéralisme.

Les Apologistes Protestants : Entre Libéralisme, Progressisme et Sionisme

Comme dit, un certain nombre d’apologistes protestants se sont fait les spécialistes des controverses avec l’islam. Tout d’abord, il faut reconnaitre que certains d’entre eux ont permis de rendre facilement disponibles un très grand nombre de ressources documentaires et académiques que nous utilisons nous-mêmes fréquemment pour produire nos travaux apologétiques.

Je pense notamment aux sites « Answering Islam » ou encore à la chaine YouTube « Islam Critiqued », qui se signalent par une méthodologie académique et sérieuse.

D’autres personnalités protestantes choisissent plutôt la voie de la vulgarisation, comme le célèbre youtubeur David Wood. D’autres encore se situent à mi-chemin entre le terrain de la recherche scientifique et de l’apologétique, comme le Dr. Jay Smith.

Signalons également la chaine du CIRA International, animée par l’ex-musulman Al Fadi, désormais converti au protestantisme. On y retrouve de nombreux apologistes protestants célèbres, comme David Wood, Sam Shamoun, Jay Smith et bien d’autres.

À côté de cela, on trouve également d’autres chaines YouTube protestantes, dont la qualité et la pertinence laissent vraiment à désirer. Je pense en particulier aux chaines du « Christian Prince » et de « Rob Christian ». Animées par des arabophones convertis au protestantisme, ces chaines surfent essentiellement sur la culture du « online bloodsports » et leur contenu consiste essentiellement en des livestreams où l’animateur reçoit des appels de musulmans pour débattre avec eux de tel ou tel passage du Coran ou des hadiths. Mais en fait de débats, ces échanges tournent souvent au pugilat, avec des animateurs qui se mettent rapidement à insulter leur interlocuteurs de « Abdoul » ou de « donkeys » (ânes).

Cette culture du clash se retrouve également chez un certain nombre de chaines d’apologistes musulmans. Il semble que cette pratique trouve son origine dans les controverses de rue qu’on appelle « speaker’s corner », un phénomène qu’on retrouve essentiellement dans les pays anglo-saxons, notamment le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Inutile de dire que ces débats, qui s’apparentent souvent à des sortes de battles de rappeurs, produit bien peu de fruits spirituels et moraux. Nous sommes loin des prêches inspirés de Saint Vincent Ferrier dans les mosquées et les synagogues d’Espagne.

Quoiqu’il en soit, et malgré les qualités individuelles que l’on peut reconnaitre chez ces différents apologistes protestants, force est de constater chez eux plusieurs défauts extrêmement graves :

Premièrement, ils sont protestants, et donc hérétiques. À partir de là, on déplore dans leur discours et même dans leurs méthodes, des tares qui découlent directement de leur position hérétique, peu importe la secte protestante à laquelle ils adhèrent.

La tare la plus significative est probablement leur libéralisme moral. Pour les protestants, il est tout à fait acceptable de défendre la liberté d’expression absolue, ainsi que le libre-examen, ce qui conduit un certain nombre d’entre eux à soutenir par exemple le principe même du droit au blasphème, chose évidemment inacceptable pour un catholique.

Ce libéralisme moral les conduit également à attaquer l’islam avec une approche extrêmement progressiste : oppression des femmes, oppression des homosexuels, antisémitisme, etc. Une fois le discours apologétique passé, ces protestants se mettent rapidement à défendre les principes essentiels du laïcisme et du « progrès » moderne. Ceci s’explique facilement, puisqu’ils rejettent la Tradition catholique, ainsi que l’existence d’une morale objective.

On note également que l’immense majorité de ces apologistes protestants sont d’ardents sionistes et complices du Judaïsme talmudique, ce qui rend leur discours hypocrite et biaisé. En effet, tandis qu’ils n’hésitent pas à consacrer tout leur ministère à attaquer l’islam et à dénoncer toutes les erreurs et horreurs de cette religion, ils sont absolument muets en ce qui concerne les erreurs et les horreurs tout aussi énormes que l’on retrouve dans le Talmud des Juifs. En effet, tout ce que l’on peut considérer comme immoral dans la doctrine de Mohammed, on peut le retrouver partout dans le Talmud.

Or, les apologistes protestants n’ignorent pas que l’auteur du Coran s’est massivement inspiré de la glose talmudique. Comment se fait-il donc qu’ils ne soient pas capables de faire la connection logique ? Si l’islam est en grande partie fondée sur le Judaïsme Talmudique, est-ce que cela ne signifie pas que le judaïsme talmudique doive être condamné tout aussi radicalement que l’islam ? Ceci d’autant plus que, si le Coran blasphème en niant la divinité du Christ, le Talmud en fait de même, en ajoutant l’injure au blasphème.

Il existe également chez eux une propension très hypocrite à critiquer la violence de Mohammed et de l’islam, comme s’il s’agissait d’un argument absolument essentiel. Cette approche s’explique une fois encore par le pacifisme hypocrite des libéraux. Nous disons hypocrites, puisque ces mêmes apologistes n’auront pas de mal à valider les guerres impérialistes contre des états souverains et pas du tout islamistes, comme l’Irak de Saddam Hussein ou la Syrie de Bashar-Al-Assad.

Mais cette approche s’explique également par l’hypocrite agnosticisme des apologistes protestants vis-à-vis de l’histoire de la Chrétienté. Mais nous entrons ici dans le champ des nombreuses incohérences et aberrations des sectes protestantes. En effet, pour nous autres catholiques, en suivant l’enseignement du Magistère de l’Eglise, nous savons qu’il existe une guerre juste, c’est-à-dire, non seulement la guerre qu’on fait pour se défendre des attaques extérieure, mais aussi une guerre juste qui consiste à étendre le règne social du Christ en allant conquérir et subjuguer des peuples mécréants et idolâtres. Telle est l’histoire de la Chrétienté, pour le pire et pour le meilleur.

Mais puisque les protestants sont adeptes du libéralisme, l’idée d’un état fondé sur les lois chrétiennes ou d’une guerre menée au nom du christianisme, est extrêmement dérangeante dans leur système de pensée. C’est pourquoi ils reprochent à l’islam son idée de jihad et de guerre de conquête. Mais comme nous l’avons souvent dit, cette approche libéral et laïcarde est une approche de faibles, d’impies et d’irréalistes, qui n’est pas celle du Christianisme authentique.

Mais cette approche libérale chez les protestants s’illustre aussi par leur détestation de l’Eglise catholique, ou du moins de son « passé obscurantiste ». Ainsi, l’apologiste protestant Sam Shamoun (issu d’une famille nestorienne) avait un jour expliqué qu’il refusait de se convertir au catholicisme parce que « l’inquisition catholique aurait causé entre 50 et 70 millions de morts ». Il semble que Sam Shamoun se soit par la suite sérieusement informé sur le sujet et ait rejeté cette affirmation ridicule.

Néanmoins, l’opinion de Sam Shamoun est tout à fait typique de l’impiété des protestants et de leurs arguments grotesques contre l’Eglise catholique. Dans sa déclaration originale, Sam Shamoun résumait ainsi ses raisons de rejeter l’Eglise catholique :

Je ne crois pas que l’Eglise catholique romaine soit l’église fondée par Jésus-Christ. De plus, même si vous affirmez que l’Eglise catholique a converti plus de gens que quiconque au christianisme, elle a aussi assassiné et persécuté encore plus de gens au nom du Christ que tout autre institution. Par exemple, il est estimé que l’Inquisition de Rome a causé la mort de 50 à 68 millions d’individus. Demandez aux Juifs comment ils étaient traités par l’Eglise catholique. Donc, en somme, il n’y a pas de dénomination ou d’institution qui ait causé plus de dégâts en détournant les gens du Christ que l’Eglise catholique romaine. – Cité par Dave Armstrong

On voit donc que Sam Shamoun colporte les lieux communs qu’on retrouve typiquement chez les protestants ignorants de l’histoire de l’Eglise. La chose peut paraitre surprenante de la part de personnes qui connaissent par cœur des passages entier du Coran ou des hadiths. Ils semblent être plus déterminés à étudier l’histoire islamique, que l’histoire de l’Eglise.

Or, si on comprend bien l’esprit de ces protestants, il faudrait croire que l’Eglise catholique n’a pas pu être la vraie église fondée par le Christ, car elle a persécuté les hérétiques et les Juifs. Mais aucun catholique ne conteste qu’il y a pu exister dans la hiérarchie de l’Eglise ou chez les princes chrétiens, des personnes mal inspirées ou des personnes corrompues. Or, cela ne contrevient en rien au fait très réel que l’Eglise catholique est l’unique du Christ. Et c’est précisément pour ces raisons qu’elle a le droit et le devoir d’exhorter le monde à la conversion, et de conseiller aux princes chrétiens de réprimer l’hérésie et l’immoralité sur leur territoire.

Naturellement, ces notions de suprématisme et d’intégralisme échappent totalement aux protestants. Mais de plus, leur refus d’accepter l’Eglise catholique comme l’unique Eglise fondée par le Christ s’explique par leur croyance en la doctrine de l’église invisible et du sacerdoce universel, une hérésie largement partagée par tous les grands chefs de la révolution protestante aux 15e-16e siècles.

Cette hérésie est bien pratique, puisqu’elle permet aux protestants d’esquiver plusieurs questions fatales, que feraient bien de leur poser leurs contradicteurs musulmans, par exemple :

  • Si Jésus a fondé une église dans l’Evangile, où se trouve donc cette église aujourd’hui ?
  • Si la Bible est la seule révélation de Dieu, qui vous l’a transmise et comment pouvez-vous garantir son authenticité et sa préservation ?

Les apologistes protestants sont toujours très gênés par ces questions, puisque pour y répondre, ils sont forcés de se tourner vers les textes des premiers chrétiens, c’est-à-dire les Pères des temps apostoliques. Or, ces Pères de l’Eglise professaient tous le catholicisme. De plus, les protestants n’auraient pas de Bible aujourd’hui sans l’existence de l’Eglise catholique, qui en a fixé le canon et qui a préservé et transmis ses textes.

Il y aurait encore beaucoup de critiques à faire sur les apologistes protestants, mais ces quelques observations suffisent à démontrer la grande faiblesse de leur doctrine et donc la fragilité de leurs méthodes face aux musulmans.

Libéralisme et manque de zèle chez les Catholiques face à l’islam

Cela dit, certaines des critiques que nous avons fait ici à l’endroit des protestants, nous pourrions aussi les faire à l’encontre d’un certain nombre de catholiques impliqués dans les controverses avec l’islam, non seulement des catholiques conciliaires, mais également des catholiques conservateurs ou tradis.

Il y a tout d’abord, bien sûr, le clergé moderniste, qui applique les doctrines et les méthodes indifférentistes et syncrétistes de Vatican 2. Ils sont pour ainsi dire, hors catégorie, à tel point qu’il est difficile de qualifier ces gens de véritables catholiques.

Il y a ensuite un certain nombre de catholiques conciliaires, parfois même conservateurs, mais passablement atteints par le virus du libéralisme. Bien souvent, certains motifs de leur critique de l’islam n’est pas tellement différente des motifs revendiqués par les athées, les laïcards, les libéraux et les protestants. Cet état d’esprit déplorable touche même parfois certains catholiques tradis.

À cette critique défaillante s’ajoutent aussi parfois des considérations temporelles, politiques, voire des préjugés raciaux ou culturels, qui sont tout à fait au détriment de la question centrale, qui est d’ordre théologique.

En clair, beaucoup de ces catholiques sont atteints de la maladie de l’amnésie identitaire, ainsi que d’une certaine décadence anthropologique. Certes, il ne faut pas trop leur en vouloir, car les vrais responsables de cette lamentable condition sont plutôt les artisans et les promoteurs du modernisme de Vatican 2.

En effet, qu’on l’admette ou non, il est un fait que la méthode pastorale de Vatican 2 est en complète rupture avec la méthode apologétique catholique traditionnelle, qui consiste à affirmer la foi sans détours, avec charité et sérieux, et dans le but avouer d’amener le musulman à la conversion.

De nos jours, les catholiques conciliaires eux-mêmes doivent admettre qu’une partie considérable de leur clergé constitue très souvent un obstacle aux conversions. Que ce soit à cause de leurs doctrines modernistes, qui consistent à considérer la foi islamique comme moralement valable aux yeux de Dieu et vis-à-vis du salut, ou de leurs pratiques lâches et faussement prudentes, qui consistent bien souvent à refuser d’administrer le baptême aux musulmans qui désirent se convertir. Nous vous renvoyons à l’excellent reportage de l’ECLJ sur cette question.

Cependant, des critiques peuvent être également adressées aux congrégations catholiques traditionalistes, lesquelles semblent bien peu se soucier de produire le moindre apostolat sérieux et structuré à l’attention des musulmans, des Juifs ou d’autres religions. Certes, là encore, la critique doit être raisonnable : les congrégations traditionnalistes ont bien souvent déjà du mal à gérer l’afflux de personnes qui reviennent à la foi catholique ou qui se convertissent d’une façon ou d’une autre. Leurs prêtres sont souvent débordés et ces congrégations n’ont pas forcément les moyens de se lancer dans des apostolats aussi spécifiques. Et je n’ignore pas que parmi les prêtres de ces congrégations, un grand nombre d’entre eux ont une vocation missionnaire et seraient tout à fait partants pour évangéliser les musulmans en masse.

Mais il faut bien voir que les catholiques traditionnalistes, comme les autres, sont également victimes de Vatican 2. En d’autres temps, il ne fait aucun doute que l’actuel clergé traditionnaliste compterait un grand nombre de fervents apologistes qui consacreraient leur ministère à la conversion des musulmans. Hélas, la situation actuelle de l’Eglise fait que nous sommes dans une sorte de punition générale, qui affecte tout le monde, y compris les musulmans. En effet, je suis convaincu que si Vatican 2 n’avait pas eu lieu dans ces conditions, ou que si Dieu permettait que nous nous débarrassions enfin des doctrines de Vatican 2, un nombre considérable de musulmans de France se seraient déjà convertis.

Les gens se plaignent en permanence de l’islam, mais l’islam n’est que le reflet de leur apostasie ou de leur manque de zèle.

Et ceci se vérifie à notre humble niveau. Certes, notre média est relativement jeune, mais il est l’un des rares médias catholiques français à produire un travail apologétique pour réfuter les revendications de l’islam. Or, sans prétendre que notre travail soit d’une qualité absolument irréprochable, notre audience reste tout à fait confidentielle. Nos vidéos font quelques centaines de vues, tout au plus et nous comptons moins de 2000 abonnés.

Même des chaines catholiques plus anciennes, comme Fidelis Verax, n’ont jamais compté plus de quelques centaines d’abonnés. Seule la chaine de « Clarisse de l’Orient » est parvenue à atteindre plusieurs milliers d’abonnés. Mais là encore, la chose reste négligeable en comparaison des chaines francophones d’apostolat musulman. Nous ne parlons pas ici de la chaine d’Arnaud Dumouch, car il ne s’est jamais vraiment spécialisé sur le sujet de l’islam. De plus, Arnaud Dumouch est considéré par tous les catholiques sérieux comme un hétérodoxe diffusant régulièrement des doctrines tout à fait hérétique.

En comparaison, les chaines d’apostolat musulman en France comptent des dizaines, voire des centaines de milliers d’abonnés et les imams les plus médiatiques produisent chaque semaine des vidéos qui sont visionnées par des millions de personnes.

En clair, l’apostolat catholique contre l’islam est quasiment invisible en France. Dans ces conditions, comment voulez-vous efficacement lutter contre l’islam et convertir les musulmans ?

La carence spirituelle de l’Occident déchristianisé

Selon moi, au-delà des raisons invoquées plus haut, à savoir les effets de Vatican 2, cette carence s’explique aussi par le contexte particulier de l’Europe et de la France actuelles. L’ancienne Chrétienté est en effet devenue complètement apostate après plusieurs cycles de révolution anthropologique, de 1789 à Vatican 2, en passant par les Lumières, le Communisme, le Libéralisme ou encore Mai 68.

Du coup, l’approche de la plupart des français vis-à-vis de l’islam n’est pas une approche catholique, spirituelle, théologique, donc totale, mais plutôt une approche laïciste, libérale, purement temporelle et charnelle, qu’il s’agisse d’ailleurs de défendre l’islam ou de le vouer aux gémonies.

Mais cette approche irréligieuse et impie est une approche faible et irréaliste. C’est précisément cette idéologie libérale et laïciste qui a persécuté le catholicisme au 19e siècle et qui a permis à l’islam de se réveiller, d’abord en Algérie, puis de prospérer en France et en Europe.

On note d’ailleurs que la situation est légèrement différente aux Etats-Unis, pays qui n’a pas subi de vague migratoire massivement musulmane du fait de son éloignement géographique et de ses politiques particulières. De plus, jusqu’à une période récente, le public américain d’opinion conservatrice maintient généralement au moins une sorte d’identité chrétienne, à défaut d’une sérieuse conviction spirituelle. Afficher sa foi, parler du Christ dans l’espace public, est quelque chose de normal pour les Américains. Cependant, cette apparente fierté chrétienne des américains est fondée avant tout sur leur constitution libérale, en particuliers les amendements qui protègent la liberté d’expression et de religion. Ces amendements permettent donc également à n’importe quelle secte, protestante, islamique, bouddhiste ou mormone, de faire du prosélytisme dans la rue ou dans les médias.

En France, le modèle laïciste visait essentiellement à extirper le catholicisme des lois, de la société, des familles, en somme, de l’anthropologie de la nation. Tout ceci a rendu beaucoup de français étrangers au zèle religieux ainsi même qu’à l’observation de la loi naturelle.

Aujourd’hui, ce qui marche sur YouTube et sur les plateaux télévisés, ce sont les sempiternels rabâchages sur l’immigration, sur l’islamisme, sur le burkini, sur le grand remplacement, etc. Voici ce qui fait le « buzz », voici ce qui fonctionne et qui est propre à hystériser les foules.

Mais qui pose les bonnes questions ? Qui permet aux catholiques de proposer les solutions de l’intégralisme politique et surtout, les solutions de l’apostolat ? Personne, hélas. Et personne ne s’intéresse donc aux chaines catholiques qui essayent de faire le travail.

Que les français ne s’étonnent donc pas de leurs malheurs. Ils ont été prophétisés depuis longtemps par les saints prêtres catholiques. En conclusion de ce billet d’humeur, je recommande aux uns et aux autres de méditer sur cet extrait d’un texte du Révérend Père Johann Zollner :

Tous ces royaumes du monde antique dégénérèrent au cours du temps et s’enfoncèrent dans une mare de vices, et c’est la raison pour laquelle ils ont été abandonnés par Dieu et périrent. La parole du prophète fût ainsi vérifiée : « Seigneur, qui êtes l’attente d’Israël, tous ceux qui vous abandonnent seront confondus ; ceux qui se retirent de vous seront écrits sur la terre, parce qu’ils ont abandonné le Seigneur, la source des eaux vives » – Jérémie 17 ; 13. Une preuve éloquente de la façon dont Dieu rejette des nations entières si celles-ci Le rejettent, nous l’avons dans le cas du peuple juif qui, depuis dix-huit cents ans, est privé de son pays, est dispersé sur toute la terre, et vit sans temple et autel, sans prophètes et rois, sans vérité et sans repentir.

Le Christ a envoyé Ses apôtres dans toutes les parties du monde, l’Évangile a été prêché partout et les nations se sont rassemblées autour de la bannière de la croix, du lever au coucher du soleil. Voyez comme le christianisme jadis prospéra glorieusement en Asie et en Afrique ! Voyez combien de saints compte l’Église dans ces pays ! Et maintenant, ces deux continents sont en grande partie plongés dans l’obscurité du paganisme et de l’hérésie, et pas seulement dans quelques régions, mais dans des pays entiers, la religion chrétienne s’y est éteinte.

Et quel est l’aspect de l’Europe ? La sainte Eglise catholique n’y a-t-elle pas perdu des millions de ses enfants, en partie à cause du schisme grec au 9e siècle, et en partie par la grande défection du 16e siècle ? Même de nos jours, l’enfer n’a-t-il pas envoyé ses émissaires dans toute l’Europe afin d’extirper le christianisme et de construire une tour de Babel d’incrédulité et de vice ? À moins que les nations d’Europe ne renoncent à leur mentalité mondaine et ne deviennent plus zélées dans les affaires du salut, il est à craindre que Dieu ne les abandonne et qu’elles ne perdent entièrement la grâce de la foi.

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1 commentaire

  1. Bonjour,

    Vous ne mettez pas assez en avant le fait que, pour bon nombre de néo-catholiques, qui ont été ante-conciliaires, comme Massignon, avant d’être conciliaires, et qui sont aujourd’hui post-conciliaires, ce qui compte le plus n’est autre que la construction ou le déploiement de « l’-u-n-i-t-é » dans la paix, entre le christianisme et les religions non chrétiennes en général, et entre le catholicisme et l’islam en particulier (cf. Casablanca et Tibhirine).

    Or, à partir du moment où l’on met en avant un tel objectif, d’une manière aussi prioritaire, dans le cadre de ce qu’il faut bien appeler l’idéologie du dialogue, l’on handicape son esprit chrétien, au point ou au risque de rendre difficile, sinon impossible, voire impensable,
    – d’une part, toute apologétique qui serait à la fois au service de la vérité révélée et critique sur les religions non chrétiennes,
    et
    – d’autre part, tout apostolat clairvoyant, courageux, éclairant et exigeant, en vue de l’annonce aux personnes musulmanes et de la conversion des personnes musulmanes.

    Le préalable ou, en tout cas, l’un des préalables à toute renaissance d’un apostolat catholique face à l’islam, réside donc à l’intérieur d’une critique catholique, pour ainsi dire néo-tridentine, des fondements philosophico-théologiques, du contenu magistériel et des débouchés pastoraux et spirituels de cette l’idéologie du dialogue, interreligieux en général et islamo-chrétien en particulier, étant précisé que cette critique ne pourrait qu’une critique des expressions, mais aussi des omissions fréquentes, voire constantes, et volontaires, voire systémiques, qui sont présentes à l’intérieur du « dialecte interreligieux ».

    Au terme de ce qui précède, je rappelle ce qui suit. En effet, comprenez donc la chose suivante : les clercs néo-catholiques post-conciliaires la veulent, la veulent vraiment, la veulent vraiment de tout leur coeur, la transformation du christianisme catholique, conversif, en l’espèce de panchristisme postmoderne auquel ils aspirent profondément.

    Sous Jean XXIII, il en a été assez peu question, et, sous Paul VI, nous avons avant tout eu droit à une certaine forme de diplomatisme interreligieux, mais, depuis le début du pontificat de Jean-Paul II, le doute n’est plus possible sur ce que les papes néo-catholiques post-conciliaires, y compris Benoît XVI, ont en tête : ils sont et, sauf s’il y a revirement, seront toujours plus pour le dialogue consensuel et inclusif que pour l’annonce dissensuelle et conversive,
    – souvent dans le cadre d’une certaine forme de concordisme anthropo-axiologique interreligieux, centré sur l’homme et sur les valeurs morales, et
    – parfois dans celui d’un certain type de syntonisme pneumato-théologique, centré sur Dieu et sur les symboles spirituels.

    En définitive, puisque, en toute chose, il convient de commencer par le commencement, il convient de commencer par la critique catholique des origines intellectuelles, des composantes magistérielles et des conséquences pastorales et spirituelles de l’idéologie du dialogue, afin et avant de continuer davantage à développer l’apostolat face à l’islam.

    Bonne journée.

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