Objection n°16 : Quand bien même on admet que les papes de Vatican 2 ont enseigné l’hérésie lors du concile et dans leurs actes magistériels, on peut légitimement refuser d’obéir à ces enseignements, tout en reconnaissant ces individus comme vrais papes, car ces papes, de Jean XXIII jusqu’à François, n’ont jamais rien enseigné qui relevât du magistère infaillible. On peut donc également légitimement rejeter leurs disciplines, leur droit canon, leur catéchisme, leurs liturgies et leurs canonisations.
Réponse à l’objection : Hormis ce que nous avons déjà amplement prouvé par ailleurs concernant la nature et le champ d’application de l’infaillibilité pontificale, deux preuves notoires viennent réfuter cette attitude adoptée par certains. Ces deux preuves sont la promulgation par Paul VI du rite « Novus Ordo » et la canonisation des « papes » de Vatican 2 par François. En outre, selon cette opinion, il faudrait croire que depuis l’élection de Jean XXIII ou depuis la promulgation de Vatican 2, aucun des « papes » modernistes n’aurait jamais rien enseigné, en soixante ans, qui obligeât les fidèles qui les reconnaissent comme chefs de l’Eglise catholique.
Preuve n°1 : Tous les « papes » de Vatican 2 ont tous publié des encycliques, des lettres pastorales, des exhortations apostoliques, des motu proprio dans lesquels ils traitent de doctrine. Ils ont tous enseigné dans leur présumée charge de « pasteurs suprêmes » par leurs audiences générales, par leurs allocutions, ou encore par les documents par lesquels ils ont approuvé telles ou telles doctrines de différents synodes, ou telles ou telles doctrines enseignées par les congrégations qu’ils ont mis en place au Vatican. Toutes ces choses publiées, enseignées et approuvées par eux, y compris le Code Canon et le Catéchisme de Jean-Paul II, relèveraient du magistère infaillible s’ils étaient de vrais papes. L’attitude des catholiques traditionnalistes en union avec les papes modernistes est réfutée par Jean-Paul II lui-même dans son motu proprio Ecclesia Dei, dans laquelle il condamne ces procédés tout en réaffirmant l’autorité magistérielle de Vatican 2.
A la racine de cet acte schismatique, on trouve une notion incomplète et contradictoire de la Tradition. Incomplète parce qu’elle ne tient pas suffisamment compte du caractère vivant de la Tradition qui, comme l’a enseigné clairement le Concile Vatican II, «tire son origine des apôtres, se poursuit dans l’Eglise sous l’assistance de l’Esprit-Saint: en effet, la perception des choses aussi bien que des paroles transmises s’accroît, soit par la contemplation et l’étude des croyants qui les méditent en leur coeur, soit par l’intelligence intérieure qu’ils éprouvent des choses spirituelles, soit par la prédication de ceux qui, avec la succession épiscopale, reçurent un charisme certain de vérité ». Mais c’est surtout une notion de la Tradition, qui s’oppose au Magistère universel de l’Eglise lequel appartient à l’évêque de Rome et au corps des évêques, qui est contradictoire. Personne ne peut rester fidèle à la Tradition en rompant le lien ecclésial avec celui à qui le Christ, en la personne de l’apôtre Pierre, a confié le ministère de l’unité dans son Eglise. – Jean-Paul II, Ecclesia Dei, n°4
Preuve n°2 : Le 3 Avril 1969, dans sa « constitution apostolique » Missale Romanum, Paul VI a promulgué le rite de la « messe » Novus Ordo, affirmant en faire le rite obligatoire pour toute l’Eglise latine. Dans cette « constitution apostolique », Paul VI introduit le texte par la formule typiquement magistérielle « Paul Évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, en perpétuelle mémoire de cet acte », il compare sa promulgation à celle du rite de Saint Pie V dans Quo Primum, il rappelle que la constitution Sacrosanctum Concilium du concile Vatican 2 a été « établi comme la base de la révision générale du Missel Romain »
Nous voulons donner force de loi à tout ce que Nous avons exposé plus haut sur le nouveau Missel. En promulguant l’édition officielle du Missel romain, Notre prédécesseur saint Pie V présentait celui-ci au peuple chrétien comme un instrument de l’unité liturgique et un témoin du culte authentique dans l’Église. Tout en laissant place dans le nouveau Missel « à des différences légitimes et à des adaptations », selon la prescription du IIe concile du Vatican. Nous ordonnons que les prescriptions de cette Constitution entrent en vigueur le 30 novembre prochain, premier dimanche de l’Avent. Nous voulons que ce que Nous avons établi et prescrit soit tenu pour ferme et efficace, maintenant et à l’avenir, nonobstant, si c’est nécessaire, les Constitutions et Ordonnances apostoliques données par Nos prédécesseurs et toutes les autres prescriptions même dignes de mention spéciale et pouvant déroger à la loi. – Paul VI, Constitution Apostolique Missale Romanum, n°14, 15
Tout l’ensemble et chacun des points qui ont été édictés dans cette Constitution ont plu aux Pères du Concile. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que Nous tenons du Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons, arrêtons et décrétons dans le Saint-Esprit, et Nous ordonnons que ce qui a été ainsi établi en Concile soit promulgué pour la gloire de Dieu. – Paul VI, Constitution Sacrosanctum Concilium
Preuve n°3 : Les catholiques qui rejettent et considèrent ce rite comme « impur », « favorisant l’impiété » ou même comme « invalide », tout en reconnaissant Paul VI comme un vrai pape, vont à l’encontre de l’infaillibilité pontificale. Certes, il est hautement probable que le rite Novus Ordo de Paul VI soit invalide. Or, il est radicalement impossible que l’Eglise donne aux fidèles un rite « impur », « favorisant l’impiété » ou « invalide », car, comme l’enseigne Pie XII dans Mediator Dei, « le Saint Sacrifice de la Messe est la somme et le centre de la religion chrétienne ». De là, il est absolument impossible qu’un pape promulgue un rite de la messe qui ne soit pas valide, c’est-à-dire, qui ne soit pas en accord avec la Révélation et la Tradition, et qui ne confère pas de Sacrement effectif.
Les défauts dans la forme surviennent lorsque quelque chose manque dans la formule complète requise pour l’acte de consécration. Si le prêtre abrège ou charge la forme de la Consécration du Corps et du Sang, de telle façon que cette altération dans la formulation des paroles ne signifiât pas la même chose, il ne confère pas le Sacrement. – Pape Saint Pie V, De Defectibus, Concile de Trente
Si quelqu’un dit que les rites reçus et approuvés de l’Église catholique, en usage dans l’administration solennelle des sacrements, peuvent être ou méprisés ou omis sans péché, au gré des ministres, ou encore être changés en d’autres nouveaux par tout pasteur des églises : qu’il soit anathème. – Concile de Trente, Session 7, canon 13
Comme si l’Eglise, qui est régie par l’Esprit de Dieu, pouvait constituer une discipline, non seulement inutile et trop lourde à porter pour la liberté chrétienne, mais encore dangereuse, nuisible, et conduisant à la superstition et au matérialisme. – Pape Pie VI, Auctorem Fidei
Est-ce que l’Eglise qui est la colonne et le soutien de la vérité et qui manifestement reçoit sans cesse du Saint-Esprit l’enseignement de toute vérité, pourrait ordonner, accorder, permettre ce qui tournerait au détriment du salut des âmes, et au mépris et au dommage d’un sacrement institué par le Christ ? – Pape Grégoire XVI, Quo Graviora
Preuve n°4 : Les « papes » de l’église moderniste ont procédé à plusieurs canonisations de modernistes et d’autres hérétiques notoires, à commencer par trois d’entre eux : Jean XXIII, Paul VI et Jean-Paul II. Certains catholiques traditionnalistes refusent ces canonisations, les considèrent comme sans effet ou choisissent simplement de les ignorer. C’est une attitude absurde. Les canonisations sont des actes magistériels infaillibles, car il serait impossible que l’Eglise déclare saints et permette qu’on élève sur les autels, des individus dont il est absolument clair et avéré qu’ils furent toute leur vie des ennemis radicaux de la foi catholique.
Supposer que l’Eglise puisse errer en canonisant, est un péché, ou une hérésie, d’après Sts. Bonaventure, Bellarmin, et d’autres ; ou au moins une chose proche de l’hérésie, d’après Suarez, Azorius, Gotti, etc. ; parce que le Souverain Pontife, d’après St. Thomas, est guidé par l’influence infaillible du Saint-Esprit d’une façon spéciale lors de la canonisation des saints. – Saint Alphonse de Liguori, Les Grands Moyens du Salut et de la Perfection, 1759, p. 23
Quiconque oserait prétendre que le Pape s’est trompé dans telle ou telle canonisation, ou que tel ou tel saint canonisé par le Pape ne doit pas être vénéré par un culte de dulie, celui-là, disons-nous, s’il n’est hérétique, doit être considéré comme un téméraire qui scandalise toute l’Eglise, outrage les Saints, favorise les hérétiques qui nient l’autorité de l’Eglise dans la canonisation des Saints, sent une odeur d’hérésie en ce qu’il donne aux incrédules occasion de se moquer des fidèles, soutient une proposition erronée et mérite les plus graves censures. – Cardinal Prospero Lorenzo Lambertini, futur pape Benoit XIV, De Servorum Dei beatificatione et beatorum canonization, Livre 1, chapitre 45, n°28
Les choses étant ainsi, affirmer que l’Eglise puisse errer dans la canonisation des Saints est non seulement erroné, téméraire, scandaleux et impie, mais même formellement hérétique. – Cardinal Lépicier
Bien que Nous ayons manifesté Notre désir de décerner à ce Bienheureux (André-Hubert Fournet) les honneurs souverains de l’Église triomphante, […], cependant, comme la chose est très grave, car elle est liée au magistère infaillible du Vicaire du Christ, Nous jugeâmes bon de surseoir à cette canonisation, afin de demander, selon la coutume de l’Église romaine, dans un Consistoire semi-public, leur avis, pour la seconde fois, à Nos vénérables Frères les cardinaux, ainsi qu’à tous ceux qui devaient prendre part à ce Consistoire, les patriarches, les archevêques, les évêques et les abbés nullius. […] Nous, après avoir imploré de nouveau et avec plus de ferveur les lumières d’en haut, avons, en qualité de Chef suprême de l’Église catholique, prononcé l’infaillible sentence en ces termes : « En l’honneur de la Sainte et indivisible Trinité, pour l’exaltation de la foi catholique et pour l’accroissement de la religion chrétienne, par l’autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul, et par la Nôtre ; après mûre délibération, et ayant imploré souvent le secours divin, de l’avis de Nos vénérables Frères les cardinaux de la Sainte Église Romaine, les patriarches, archevêques et évêques présents dans la Ville, Nous décrétons et Nous définissons Saint le bienheureux André-Hubert Fournet et Nous l’inscrivons au catalogue des Saints ; statuant que sa mémoire devra être célébrée tous les ans avec une pieuse dévotion dans l’Église universelle le jour de sa naissance au ciel, c’est-à-dire le 13 mai, parmi les saints confesseurs non pontifes. Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. – Pape Pie XI, Lettre décrétale Inclita Pictavorum, 4 juin 1933
Et Nous ne pouvons passer sous silence l’audace de ceux qui, ne supportant pas la saine doctrine, prétendent que : « Quant à ces jugements et à ces décrets du Siège Apostolique dont l’objet regarde manifestement le bien général de l’Église, ses droits et sa discipline, on peut, du moment qu’ils ne touchent pas aux dogmes relatifs à la foi et aux mœurs, leur refuser l’assentiment et l’obéissance, sans péché et sans cesser en rien de professer le catholicisme. » À quel point cela est contraire au dogme catholique sur le plein pouvoir, divinement conféré par le Christ Notre Seigneur lui-même au Pontife Romain, de paître, de régir et de gouverner l’Église universelle. – Pape IX, Quanta Cura
La plus grande ruse dont on se sert pour couvrir le nouveau schisme, c’est le nom de catholiques que ses auteurs et ses sectateurs ont l’audace d’usurper, malgré les condamnations dont ils ont été frappés par Notre autorité et Notre jugement. En effet, les hérétiques et les schismatiques n’ont jamais manqué de s’appeler ainsi catholiques et de publier les plus belles choses en leur honneur, afin d’attirer à l’erreur les princes et les peuples. – Pape Pie IX, Quartus Supra, n°6
Preuve n°5 : Cette objection est donc aussi invalide que les précédentes. Ce n’est pas aux fidèles de décider ce qu’ils peuvent accepter ou non dans un document magistériel, ou d’affirmer de façon péremptoire que tel ou tel passage d’un enseignement magistériel portant clairement sur la foi et les mœurs, serait erroné ou n’obligerait pas leur assentiment. De même que ce qui relève de la liturgie, de la discipline ou du droit oblige tous les fidèles. Les catholiques qui reconnaissent les « papes » de Vatican 2 comme de vrais papes n’ont donc pas de réelle justification pour refuser leurs enseignements, liturgies et disciplines.
L’obéissance (au Magistère) doit être parfaite, parce qu’elle est exigée par la Foi elle-même, et elle a cela de commun avec la foi qu’elle ne peut pas être partielle. – Pape Léon XIII, Sapientiae Christiane
Saint Thomas enseigne que ceux-là sont appelés schismatiques, qui refusent de se soumettre au souverain Pontife, et de communiquer avec les membres de l’Eglise qui lui sont soumis. – Pape Pie VII, Bref du 16 septembre 1818 à Mgr. Poynter
Et pour prouver qu’ils sont catholiques, les néo-schismatiques invoquent une certaine déclaration de foi, comme ils disent, produite par eux le 6 février 1870, et qu’ils déclarent ne s’écarter en rien de la foi catholique. Mais quand donc a-t-il été permis à quelqu’un de prouver qu’il est catholique en rédigeant à son choix des formules de foi où l’on a coutume de cacher ce qu’il ne plaît pas de découvrir ? Pour être catholique, l’histoire de l’Eglise tout entière en fait foi, il faut au contraire souscrire absolument tout ce qui est professé par l’Eglise. – Pape Pie IX, Quartus Supra, n°7
Lorsqu’on trace les limites de l’obéissance due aux pasteurs des âmes et surtout au Pontife Romain, il ne faut pas penser qu’elles renferment seulement les dogmes auxquels l’intelligence doit adhérer et dont le rejet opiniâtre constitue le crime d’hérésie. Il ne suffirait même pas de donner un sincère et ferme assentiment aux doctrines qui, sans avoir été jamais définies par aucun jugement solennel de l’Église, sont cependant proposées à notre foi, par son magistère ordinaire et universel, comme étant divinement révélées, et qui, d’après le concile du Vatican, doivent être crues de foi catholique et divine. Il faut, en outre, que les chrétiens considèrent comme un devoir de se laisser régir, gouverner et guider par l’autorité des évêques, et surtout par celle du Siège apostolique. – Pape Léon XIII, Sapientiae Christianae, n°34
Aux seuls pasteurs fut donné tout pouvoir d’enseigner, de juger, de diriger ; aux fidèles, fut imposé le devoir de suivre leur enseignement, de se soumettre avec docilité à leur jugement et de se laisser gouverner, corriger et guider par eux dans les voies du salut. Ainsi, il est absolument nécessaire que les simples croyances se soumettent, d’esprit et de cœur, à leurs pasteurs, et en l’occurrence, de se soumettre avec eux au Pasteur Suprême. – Pape Léon XIII, Epistola Tua
Il s’agit en effet, vénérables frères et bien-aimés fils, d’accorder ou de refuser obéissance au siège apostolique; il s’agit de reconnaître sa suprême autorité même sur vos églises, et non seulement quant à la Foi, mais encore quant à la discipline: celui qui la nie est hérétique; celui qui la reconnaît et qui refuse opiniâtrement de lui obéir est digne d’anathème. – Pape Pie IX, Quae in Patriarchatu
Quand on aime le Pape, on ne discute pas au sujet des mesures ou des ordres qu’il donne ; on ne recherche pas jusqu’où doit aller l’obéissance, et quelles sont les choses dans lesquelles on doit obéir. – Pape Saint Pie X, Aux prêtres de l’Union Apostolique, 1912
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[…] Objection n°16 : Quand bien même on admet que les « papes » de Vatican 2 ont enseigné l’hérésie lors du concile et dans leurs actes magistériels, on peut légitimement refuser d’obéir à ces enseignements, tout en reconnaissant ces individus comme vrais papes, car ces « papes », de Jean XXIII jusqu’à François, n’ont jamais rien enseigné qui relevât du magistère infaillible. On peut donc également légitimement rejeter leurs disciplines, leur droit canon, leur catéchisme, leurs liturgies et leurs canonisations. […]
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