[Magistère] Innocent IV : Dei Patris Immensa, lettre au grand khan des mongols (1245)

Au roi et aux peuples des Tartars, pour qu’ils puissent accepter la voie de la Vérité.

Dieu le père, considérant avec une ineffable pitié la chute du genre humain, qui commença par le péché du premier homme, et désirant avec un grand amour et une grande miséricorde restaurer l’homme…Dieu, par Son immense bienveillance, a envoyé Son Fils Unique, consubstantiel à Lui, depuis le Trône céleste jusque sur terre. Ce Fils unique Qui, conçu dans le sein de la Vierge choisie par la grâce de l’Esprit Saint et ayant pris corps humain, apparut à tous…

Car, le genre humain fut créé pour être nourri du nectar incomparable de la Vérité éternelle, mais étant tombé sous les chaines mortelles du péché, il fut réduit dans sa nature même. Aussi chercha-t-il des interprétations dans les choses visibles pour comprendre les matières invisibles de ce nectar de vérité. Le Créateur de toute créature Se fit connaitre à nous, de telle sorte qu’Il put enseigner à l’Homme les voies du salut ; et leur ayant montré le chemin de la vie parfaite en Se donnant pour exemple de Son enseignement, par Ses saintes paraboles et Ses instructions évangéliques, Il daigna souffrir de la mort sous la torture cruelle de la Croix, de telle façon qu’il put mettre fin à la peine de la mort éternelle en donnant Sa vie, et afin que l’homme puisse boire les douceurs de la vie éternelle en passant lui aussi par l’amertume du calice de sa vie temporelle.

En effet, il était nécessaire qu’Il y ait Un Médiateur entre nous et Dieu, entre la mort et la sanctification permanente. […] En se donnant Lui-même en sacrifice pour la rédemption du genre humain, et en écrasant l’ennemi, Il sauva l’homme de la honte de la servitude et lui offrit la gloire de la liberté en lui ouvrant les portes de la Nation céleste. Et se relevant d’entre les morts, montant aux Cieux, Il donna au monde un vicaire pour l’Humanité, lequel, après avoir attesté trois fois de sa Foi, se vit remettre par Lui la garde des âmes pour que le vicaire veille avec attention à leur salut ; ce même vicaire sur qui Il se pencha, du haut de Sa glorieuse humilité, pour lui remette les clefs du royaume des cieux, dont lui et ses successeurs peuvent ouvrir ou fermer les portes.

Ainsi, Nous, lesdits vicaires, par la grâce de Dieu et bien que Nous soyons sans mérite, sommes divinement missionnés pour tout ce qui incombe à Notre charge, et Nous dirigeons nos intentions pour votre salut et le salut de tous. Notre esprit est entièrement dévoué à cette tâche, que Nous devons mener avec zèle et diligence, afin d’enseigner la bonne doctrine à ceux qui s’écartent du chemin de la Vérité, pour la gloire de Dieu et par Sa grâce.

Mais parce que l’état du genre humain résiste encore à son salut, Nous ne pouvons Nous déplacer en maints endroits en même temps et laisser naitre des négligences en notre absence, c’est pourquoi nous dépêchons à notre place des hommes discrets et honnêtes, investis dans leur ministère… Ainsi, Nous avons envoyé vers vous notre bien-aimé fils Laurence du Portugal et ses compagnons, porteurs des présentes lettres, membres de l’Ordre des Frères mineurs. Ils sont hommes pieux en religion, pleins d’honnêteté et doués de la connaissance des Saintes Ecritures. Nous vous les avons envoyés, confiants qu’en reconnaissant Jésus-Christ comme Fils de Dieu dans leurs enseignements, vous puissiez adorer Son glorieux Nom et observer la foi chrétienne.

Par révérence à Dieu et à Nous-mêmes, en recevant nos frères comme si vous me receviez, et en les traitant honnêtement, Nous vous demandons et vous nous prions d’avoir une confiance totale en eux en ce qui concerne ces matières de religion, dont ils vous entretiendront en notre nom. Nous vous prions qu’après avoir eu avec eux une fructueuse association, vous accordiez à ces hommes la sécurité et toutes choses nécessaires à leurs allées et venues, de façon à ce qu’ils puissent revenir à Nous en sécurité quand ils le voudront.

Nous vous envoyons ces frères, choisis parmi beaucoup d’autres pour leur observance religieuse et pour leur instruction dans la Sainte Ecriture, car nous pensons qu’ils pourront vous être très utiles. En effet, ils observent toute l’humilité de Notre Sauveur et nous jugeons qu’ils seront de plus agréables et profitables hommes pour vous, sans quoi nous vous aurions envoyé quelque prélat de l’Eglise ou quelque autre ambassadeur.

Ecrit à Lyon, 5 mars 1245, dans la seconde année de Notre règne.

Pape Innocent IV, Dei Patris Immensa, lettre au grand khan des Mongols, 5 mars 1245

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