D’après les saintes Écritures, en étudiant les causes des guerres que Dieu a approuvées, on a formé un catalogue (non complètement exact) des raisons qui légitiment la guerre. Dans ces derniers temps en effet, des maîtres en droit chrétien en repoussent quelques-unes qui, fondées sur des circonstances particulières, ne peuvent être érigées en règle générale. Nous ne pouvons pas non plus les expliquer toutes ici, nous nous bornerons à celles qui offrent le plus d’intérêt dans les temps présents.

Saint Augustin[1] cite l’opinion de Cicéron, qui considérait comme la première entre toutes les causes de guerre le salut de la patrie, et appliquait ainsi le fameux principe du droit romain qui donnera lieu jusqu’à la fin du monde à de si abusives interprétations : Salus populi suprema lex esto. Jamais assurément, on n’est plus autorisé à tuer son ennemi que lorsque cela est nécessaire pour sauver sa propre vie. Jamais non plus les nations n’auront de plus justes motifs de faire usage des armes que lorsqu’il s’agit de leur propre conservation. De même que la maladie ou la mutilation sont des maux inférieurs à la mort, de même, le démembrement du territoire ni une autre cause analogue ne peuvent être mis en parallèle avec la ruine et la destruction de l’État.

En effet :

  • Si les machinations et les conspirations étrangères menacent de miner et de jeter par terre l’édifice national sans qu’il soit possible de remédier à un si grand mal autrement que par la guerre ;
  • Si la vénalité ou la trahison, la fureur impie ou la manie antipatriotique de tout bouleverser ;
  • Si la soif de l’or ou la folle ambition du pouvoir ;
  • Si l’orgueil tyrannique de celui qui commande ou la révolte de ceux qui devraient obéir, mettent la nation en danger de périr comme périssent les nations, c’est-à-dire en perdant leur unité ou leur indépendance ;
  • Si l’on marche à une décomposition assurée, en brisant systématiquement tous les liens sociaux, en gaspillant, pour les employer à fomenter les vices, les sueurs de ceux qui travaillent, en comblant les favoris de fortunes scandaleuses, en augmentant la dette publique d’une façon immorale, et aux dépends des générations à venir qu’on appauvrit, en employant les contributions des bons citoyens à stilmuler et à récompenser les mauvais, en faisant des lois pour favoriser un parti au lieu de les faire dans l’interêt de tous, lois qui ne tardent pas à opprimer ceux-là même qui les avaient faites ;
  • Si l’on contredit les sentiments naturels du pays, si on lui enlève son antique et noble caractère, si on raille sa foi, et que l’on s’attaque à sa croyance en voulant lui substituer l’athéisme ou l’hérésie ;

Si enfin, par tous ces moyens iniques, on mine les fondements de l’édifice national, de façon à le faire écrouler ; qui donc aurait la hardiesse de contester à un État le droit de recourir à la force pour défendre son existence contre ses ennemis du dehors ou du dedans ? Pour la nation comme pour l’individu, c’est un devoir de veiller à sa propre conservation ; on le comprendra mieux quand nous nous étendrons sur la tyrannie et sur le droit d’insurrection.

Chanoine Joaquin Torres Asensio, Le Droit des Catholiques à se défendre, XB Éditeur

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[1] De Civ. Dei, lib. XXII, cap. VI, par. 2

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