1/ Il y a également chez les Ismaélites une superstition trompeuse qui est toujours agissante, et qui sert de précurseur à l’Antéchrist. Elle a pour origine Ismaël, qui est né d’Abraham et d’Agar, et c’est pour cette raison qu’ils s’appellent Agarènes et Ismaëlites. On les appelle également Saracènes du fait, parait-il, d’avoir été renvoyés sans rien par Sarah; car Agar a dit à l’ange : « Sarah m’a renvoyée sans rien ». Les Saracènes étaient idolâtres, et vénéraient l’étoile du matin ainsi qu’Aphrodite. Ce nom dans leur langue signifie Majestueux (Habar) c’est ainsi que jusqu’au temps d’Héraclius, ils étaient assurément idolâtres.
2/ A partir de cette époque, un faux prophète survint au milieu d’eux ; il s’appelait Mameth. Il a entendu quelquefois l’Ancien et le Nouveau Testament, et est censé avoir rencontré un moine arien, par la suite. Finalement il créera lui-même sa propre hérésie. Puis déçu, il fit croire au peuple qu’il était un « craignant Dieu », et fit propager la rumeur qu’un écrit saint lui avait été apporté du ciel. Il mit par écrit des sentences, qu’on ne peut que railler, dans son livre et le leur donna pour qu’ils y obéissent. Il disait qu’il n’existait qu’un seul Dieu, créateur de toutes choses, qui n’a ni engendré, ni été engendré. Il disait que le Christ était la parole de Dieu et son Esprit, qu’il a été créé et qu’il est un serviteur, qu’il est né de la semence de Marie, la sœur de Moïse et d’Aaron.
3/ Car, dit-il, la Parole de Dieu et l’esprit entrèrent en Marie, et elle donna naissance à Jésus, qui fut un prophète et un serviteur de Dieu. Il affirme que les Juifs, ayant eux-mêmes violé la loi, voulaient le crucifier, et après l’avoir arrêté, ils crucifièrent son ombre, mais Christ lui-même, disent-ils, n’a pas été crucifié et n’est pas mort; car Dieu l’a élevé auprès de lui dans le ciel, parce qu’il l’aimait. Il affirme que lorsque Christ monta aux cieux, Dieu le questionna en disant : « O Jésus as-tu dit que je suis Fils de Dieu, et Dieu ? » Et Jésus, affirment-ils, répondit : « Aie pitié de moi Seigneur; tu sais que je ne me vanterai pas d’être ton serviteur, et que je ne leur ai pas dit cela; mais les hommes qui se sont égarés ont écrit que c’est ainsi que j’ai parlé, et ils disent des mensonges à mon sujet, et ils se sont trompés ». Et ils disent que Dieu lui a répondu : « Je savais que tu ne dirais pas une telle chose ».
Et bien qu’il introduisit dans cet écrit beaucoup d’autres absurdités, dont on ne peut que se moquer, il insiste sur le fait que cela lui a été apporté du ciel par Dieu.
Quant à nous, nous nous demandons : « Et qui est celui qui peut témoigner que Dieu lui a donné ces écrits ? Et lequel des prophètes a annoncé à l’avance qu’un tel prophète se lèverait ? » Et parce qu’ils sont étonnés et embarrassés, nous leur avons dit que Moïse reçut la Loi au Mont Sinaï à la vue de tout le peuple quand Dieu apparut dans la nuée et dans le feu, dans les ténèbres et dans la tempête; ils sont étonnés de ce que tous les prophètes, en commençant par Moïse, puis ceux qui le suivirent ont prédit la venue du Christ, également le fait que le Christ est Dieu et que le Fils de Dieu viendra en s’incarnant, qu’il sera crucifié, qu’il mourra et qu’il sera le juge des vivants et des morts. Et alors quand nous demandons : « Comment se fait-il que votre prophète ne soit pas venu de cette manière, en ayant d’autres personnes qui témoignent à son sujet ? Car contrairement à Moïse à qui Dieu a donné la Loi, pendant que le peuple regardait et que la montagne était enfumée, Dieu n’a pas donné à votre prophète l’écrit en votre présence. Autrement vous aussi pourriez en avoir l’assurance ». Ils répondent que Dieu fait ce qui lui plaît. Ceci, disons-nous, nous le savons également ; mais comment l’écrit est-il descendu vers votre prophète ? Voilà ce que nous demandons.
Et à eux de répondre que, pendant qu’il était endormi, l’écrit saint est descendu sur lui. Alors nous leur disons en plaisantant que puisque c’est pendant qu’il dormait qu’il a reçu l’écrit saint, il n’avait donc pas conscience de ce qui se passait, alors c’est à son sujet que le proverbe populaire s’accomplit [le proverbe n’est pas dans le texte].
Quant à nouveau nous leur demandons : « Comment se fait-il que bien que, dans vos écrits saints, il vous a commandé de ne rien faire ni de recevoir quoi que ce soit, sans la présence de témoins, vous ne lui ayez pas demandé : « Prouve d’abord avec l’appui de témoins que tu es un prophète et que tu es venu de la part de Dieu, et quel écrit saint témoigne en ta faveur ? », ils restent silencieux, car ils sont honteux.
Puisque vous n’avez pas l’autorisation de vous marier sans témoins, ni d’acheter quoi que ce soit, ni d’acquérir aucune propriété, (vous n’avez même pas le droit de prendre un âne, ou tout autre animal , sans témoins), ainsi donc vous avez des femmes, des propriétés, des ânes et toute autre chose, en présence de témoins; et donc uniquement votre foi et vos écrits saints vous les acceptez sans témoins.
Cela provient du fait que celui qui vous a donné les écrits, ne détient son autorité de nulle part. De plus il n’y a personne de connu qui ait témoigné à l’avance à son sujet. Il faut ajouter que le prophète reçut cela, alors qu’il dormait.
3/ En outre ils nous appellent « Associateurs », car, affirment-ils, nous introduisons un associé aux côtés de Dieu, on disant que le Christ est le Fils de Dieu et est Dieu.
Nous leur répondons : « C’est cela que l’Ecriture et les prophètes nous ont rapporté et vous, comme vous le proclamez, acceptez l’autorité des prophètes. Si, pour cette raison, nous nous sommes trompés un affirmant que Christ est le Fils de Dieu, alors ceux qui nous ont ainsi enseignés et qui nous ont rapporté de tels écrits se sont également trompés ». Certains Saracènes maintiennent que c’est nous qui avons ajoutés de telles choses, en allégorisant les prophètes. D’autres proclament que ce sont les Juifs, qui remplis de haine, nous ont trompés avec de faux écrits de prophètes, et cela un vue de nous égarer.
A nouveau nous leur répondons : « Puisque que vous affirmez que le Christ est la Parole et l’Esprit de Dieu, comment donc pouvez-vous nous taxer d’associateurs ? Car la Parole et l’Esprit sont inséparables de celui en qui tout cela a son origine. Si donc, la parole est en Dieu, il est évident qu’elle est Dieu également. Si d’autre part, elle est en dehors de Dieu, alors Dieu, d’après vous, est sans Parole et sans Esprit. Ainsi donc en essayant de ne pas mettre d’associés auprès de Dieu, vous avez mutilé Dieu. Car il eût été avantageux pour vous de dire que Dieu a un associé, plutôt que de le mutiler et de le présenter de la même manière qu’on le ferait pour une pierre, du bois ou tout autre objet inanimé. C’est ainsi que vous nous appelez « Associateurs » à tort : nous par contre vous appelons « Mutilateurs » (koptas) de Dieu ».
4/ Ils nous accusent injustement d’être idolâtres, car nous vénérons la croix, et qu’eux la méprisent.
A cela nous leur répondons : « Comment se fait-il que vous vous frottiez à une pierre, à votre Habathan, et que vous exprimiez votre vénération à la pierre en l’embrassant ? »
Certains répondent un affirmant qu’Abraham y eut des relations sexuelles avec Agar; d’autres disent que c’est là qu’il avait attaché son chameau avant de sacrifier Isaac.
Et à nous de leur répondre : « Puisque l’Ecriture dit qu’il y avait une montagne et une forêt, d’où Abraham a coupé du bois pour l’holocauste sur lequel il coucha Isaac, et également qu’il laissa les ânes en arrière avec les serviteurs ; d’où tirez-vous alors votre histoire ? En cet endroit il n’y avait ni de bois provenant de la forêt, ni sentier pour les ânes ». Alors les voilà embarrassés. Toutefois, ils affirment bien qu’il s’agit de la pierre d’Abraham.
Nous leur répondons : « Supposons que ce que vous affirmez de manière insensée soit vrai, n’éprouvez-vous pas de honte à embrasser cette pierre, uniquement parce qu’Abraham y a eu des rapports avec une femme, ou parce qu’il y attacha son chameau ? Et vous nous blâmez, parce que nous vénérons la croix du Christ, par laquelle le pouvoir des démons et la ruse du Diable ont été annihilés ? »
Ainsi donc, ce qu’ils appellent « pierre » est la tête d’Aphrodite qu’ils adoraient. Eux l’appelaient Haber et on voit des entailles dans la pierre encore aujourd’hui, ceux qui les comprennent y voient des gravures.
5/ Comme nous l’avons déjà mentionné, Mohammed composa beaucoup d’histoires, et à chacune il attribua un titre, comme par exemple Le traité de la femme. Dans cet écrit, il admet que quelqu’un puisse d’une manière légale prendre quatre femmes et mille concubines, s’il pouvait se le permettre, donc autant qu’il pouvait entretenir en plus des quatre femmes. Chacun peut répudier chacune de ses femmes, selon son désir, et se remarier avec une autre femme.
Il a créé cette loi à cause de l’histoire suivante. Mohammed avait un ami nommé Zaid. Cet homme avait une belle femme, et Mohammed en est tombé amoureux. Alors que les deux amis étaient assis ensemble un certain jour, Mohammed dit : « Ecoute mon ami, Dieu m’a commandé de prendre ta femme, pour qu’elle devienne la mienne ». Et celui-ci de répliquer : « tu es un apôtre, fais comme Dieu t’a dit; prends ma femme ». Et il la répudia. Ou plutôt, pour raconter l’histoire dès le début, il lui dit : « Dieu m’a ordonné (de te dire) que tu devais répudier ta femme ». Quelques jours plus tard il dit : « Mais maintenant Dieu a ordonné que moi je la prenne pour femme ». Ensuite, après l’avoir prise pour femme, et commis l’adultère avec elle, il a inventé la loi suivante : « Quiconque le souhaite peut renvoyer sa femme. Mais, si après le divorce il veut retourner à elle, il faut que la femme ait auparavant été mariée à quelqu’un d’autre. Car il n’est pas permis de la reprendre, à moins qu’elle ne se soit mariée à quelqu’un d’autre. Un frère peut épouser la femme répudiée par son frère s’il le souhaite ».
(…)
6/ Il y a encore le Traité de la Chamelle de Dieu. A ce sujet, il dit qu’il y avait une chamelle de Dieu qui avait l’habitude de boire toute l’eau de la rivière, de telle manière qu’elle ne pouvait plus passer entre deux montagnes, car il ne lui restait plus assez de place pour passer. Il y avait des gens en cet endroit, et un jour ils buvaient l’eau de la rivière, et la chamelle buvait le lendemain. Quand elle buvait l’eau, elle les nourrissait en leur offrant son lait à la place de l’eau. Alors, ces gens devinrent méchants, se levèrent et tuèrent la chamelle. Elle avait comme progéniture une petite chamelle, qui affirme-t-il, lorsque sa mère fut tuée, cria à Dieu, et celui-ci la fit monter auprès de lui. Et nous leur disons : « D’où est venue cette chamelle ? », ils répondent qu’elle était de Dieu. Et nous disons : « Y avait-il un autre chameau qui s’était accouplé avec elle ? ». Ils répondent : « Non ». Et nous demandons : « Alors comment a-t-elle eu une progéniture ? Car, nous le voyons cette chamelle était sans père, sans mère, et sans généalogie; et quand elle est née, elle a été rencontrée par le mal. Dans votre histoire, nous ne voyons ni celui qui s’accouple à la chamelle, ni l’endroit où la jeune chamelle a été enlevée. Votre prophète alors, dont vous prétendez que Dieu lui a parlé, comment donc n’a-t-il pas su l’endroit où broutait la chamelle, ou qui devait la traire, et qui buvait son lait ? Lui arriva-t-il, pareillement à sa mère, de tomber entre les mains d’hommes méchants, et d’être tuée, ou bien est-elle, bien en avance par rapport à vous, entrée au paradis ? Et que c’est d’elle que coulera la rivière de lait, dont vous parlez ? Car vous affirmez que vous aurez trois cours d’eau au Paradis, d’où couleront de l’eau, du vin et du lait. Si la chamelle qui te précède est en-dehors du paradis, il est évident qu’elle est morte de faim et de soif, ou au contraire que d’autres gens vont boire de son lait. Et votre prophète se vante vainement d’avoir parlé à Dieu, puisque Dieu ne lui a pas révélé le mystère de la chamelle. Si, d’autre part, elle est au paradis, elle boit à nouveau de l’eau et par manque d’eau vous dessècherez au milieu des délices du paradis. Et vous désirerez boire du vin de la rivière, qui coule dans le voisinage, puisqu’il n1y aura pas d’eau (car la chamelle l’a entièrement bu); le buvant sans cesse, cela vous brûlera à l’intérieur et vous tomberez ivres et dormirez. Etant intoxiqués à cause du vin et ayant la tête lourde après votre sommeil, vous manquerez les plaisirs du paradis. Comment se fait-il alors que votre prophète n’ait pas pensé à tout cela, qu’il n’ait pas prévu que toutes ces choses vous arriveraient dans le paradis des délices ? Il ne s’est jamais donné la peine du rechercher l’endroit où vit en ce moment la chamelle; et vous d’ailleurs non plus. Demandez-le lui, quand sortant de ses rêves, il vous prêchera sur les trois fleuves. Mais nous vous assurons, sans l’ombre d’un doute, que votre merveilleuse chamelle est déjà entrée, bien avant vous, dans les âmes des ânes, où vous aussi vivrez en tant qu’animaux. Et c’est là qu’il y a les ténèbres extérieures et l’enfer éternel, un feu grondant, un ver qui est toujours éveillé, et les démons de l’enfer ».
7/ Mohammed parle également du Traité de la Table. Il affirme que le Christ demanda à Dieu une table, et elle lui fut donnée. Parce que rapporte-t-il, il lui répondit : « Je t’ai donné, ainsi qu’à tes compagnons, une table incorruptible ».
Il y a aussi Le traité de La Génisse, et quelques autres contes, dont on ne peut que se moquer, et que nous ne mentionnerons pas tous, du fait de leur grand nombre.
Il créa une loi disant qu’hommes et femmes soient circoncis, et il leur ordonna de ne pas observer le sabbat et de ne pas se faire baptiser, et d’un côté de manger ce qui est interdit dans la Loi, de l’autre de s’abstenir des aliments (que la Loi permet); il a également interdit de boire du vin.
Saint Jean Damascène, De Haeresibus, chapitres 100/101
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