Il est inutile ici d’énumérer les maux dont souffre la France. La liste est longue et bien connue des gens qui pensent bien. Résumons le phénomène ainsi : il s’agit d’une crise spirituelle, anthropologique, politique, sociale, morale et économique. Autrement dit, une crise totale.
Cette crise, qui touche beaucoup d’autres pays à travers le monde, a des causes essentiellement spirituelles et temporelles.
L’un des effets les plus néfaste de cette crise est la perte de la foi, et donc de la raison, et donc de la capacité de discernement de nos contemporains. Notre nature teintée par la faute originelle nous pousse souvent à confondre un simple effet avec une cause première, prendre un simple symptôme pour la maladie toute entière. Ainsi, à notre époque, il n’y a pas de pire péril que celui du manque de discernement de l’individu, lequel se trouve souvent réduit à subir les effets, sans parvenir à remonter aux causes. C’est ainsi que se perpétue et s’aggrave, depuis des décennies, la mort lente de la France.
Avant d’aborder les aspects temporels de cette crise, nous voulons introduire ce propos en rappelant à nos contemporains que notre situation actuelle, aussi difficile soit-elle, est une preuve éclatante de la subordination du règne temporel au règne spirituel. C’est pourquoi tout esprit rationnel qui cherche à comprendre les origines exactes des malheurs que subit la France à tous les niveaux, découvrira logiquement une cause spirituelle et philosophique.
Introduction : Hiérarchie des causes
Depuis la chute de la Chrétienté, un ordre politique, social et économique s’est installé, rejetant l’ordre surnaturel, et donc l’ordre naturel lui-même. Pour ce qui concerne l’Europe et la France, la longue apostasie des deux derniers siècles a confirmé la suprématie de ce nouvel ordre mondial impie, drainant dans son sillon diverses révolutions plus ou moins sanglantes, toutes fondamentalement antichrétiennes, sans compter les nombreuses révolutions économiques et sociétales, qui en sont la continuité contemporaine. Mais la pire de toutes les révolutions, celle qui fit le plus de dégâts, fut incontestablement la révolution moderniste de Vatican 2. Survenant en pleine après-guerre, dans un monde partagé entre le matérialisme consumériste et le matérialisme socialiste, dans une société occidentale soumise aux bombardements incessants de la guerre culturelle et de la révolution sexuelle, la révolution moderniste de Vatican 2 a eu des conséquences, non seulement spirituelles, mais aussi temporelles.
En effet, en redéfinissant les concepts de foi, de morale et de liberté, l’église de Vatican 2 a contribué à la destruction de la société chrétienne d’une façon décisive. Car, en effet, malgré la quasi-disparition de la chrétienté comme ordre politique au cours du 20e siècle, la société catholique subsistait vivante et vibrante, sur tout le globe. Entre le pontificat de Grégoire XVI et celui de Pie XII, l’action catholique s’est déployée dans le monde entier pour s’opposer partout à la montée de ce que ces papes avaient qualifié avec préscience, de « nouveau paganisme ». Presse, culture, politique, milieux associatifs, syndicats : l’Eglise et ses militants combattaient contre les libéraux, anticléricaux et marxistes de toutes sortes. La diplomatie catholique demeurait influente et dans certains pays, comme l’Espagne, le catholicisme était encore religion d’état.
Tout ceci fut détruit en quelques années, par la révolution moderniste de Vatican 2. Dès lors, si une résistance catholique traditionaliste s’est très rapidement constituée, cette résistance devait logiquement être avant tout spirituelle, sacramentelle et communautaire. Sur le plan temporel, il semble que la résistance catholique n’ait jamais pu se constituer efficacement jusqu’à ce jour, pour une raison très simple : l’absence temporaire, mais effective, de l’autorité ecclésiastique régulière, et son usurpation par un clergé moderniste, entièrement acquis à l’esprit de ce monde.
Naturellement, nous écrivons ceci en tant que catholiques de constat sédévacantiste, et nous n’ignorons évidemment pas que d’autres catholiques traditionalistes, ne partagent pas cette position.
Certains seront peut-être même surpris de voir un catholique sédévacantiste s’occuper de matières politiques. Peut-être nous perçoit-on souvent comme d’étranges sectaires isolés dans une sombre catacombe champêtre. En réalité, nous sommes des catholiques traditionnels comme les autres. Et nous comptons parmi nos laïcs, quelques esprits extrêmement brillants en matière de théorie politique. Je dirais même, sans manquer de modestie, que nous sommes peut-être les seuls catholiques à pouvoir élaborer une analyse et une action politique réaliste, dans la mesure où nous n’avons pas peur d’admettre la réalité la plus grave de notre temps, celle qui concerne ce qui est arrivé à l’Eglise depuis 1958. Dans cette mesure, et peut-être de façon inattendue et paradoxale, je pense qu’il est temps pour notre jeune génération d’être, si Dieu le veut, la force médiatrice d’une future action catholique collective, communautaire et politique, à l’échelle de la France, et pourquoi pas au-delà.
Peu importe que vous soyez catholique sédévacantiste, que vous soyez membre de la FSSPX ou d’une congrégation analogue, ou que vous soyez un fidèle de la Fraternité Saint Pierre ou de quelqu’autre institut d’indult : nous présumons que vous êtes un catholique attaché à la tradition, c’est-à-dire un catholique attaché aux dogmes de l’Eglise et à la Sainte Messe. Nous présumons que vous admettez, plus ou moins publiquement, que Vatican 2 contient des erreurs graves et des hérésies. À tout le moins, nous présumons que vous admettez que Vatican 2 a induit, d’une façon ou d’une autre, un relativisme généralisé concernant la doctrine chrétienne, et a contribué à la défection de nombreuses âmes à travers le monde.
Si vous êtes membres de la FSSPX, même si vous ne tirez pas les mêmes conclusions que nous, du moins agissez-vous dans les faits à l’instar des catholiques sédévacantistes : quand bien même vous considérez les chefs de l’église conciliaire comme de vrais papes, dans les faits, vous rejetez leurs doctrines, condamnez leurs enseignements et leurs actes et vous refusez de vous soumettre à leur pouvoir. Nous savons aussi que beaucoup, dans le camp des indultistes, agissent ou pensent de même.
Peu importe quel genre de catholique vous êtes, vous constatez manifestement que les autorités de l’église moderniste, depuis sa curie jusqu’à ses représentants résidentiels, font généralement profession de toutes les erreurs modernistes, participent à toutes les manifestations possibles d’œcuménisme, et soutiennent plus ou moins ouvertement, pour beaucoup d’entre eux, un grand nombre d’aberrations contemporaines. Dans le meilleur des cas, ils se drapent dans un silence complice, le même qu’ils ont jeté sur des milliers de prêtres pédophiles depuis les années 1960.
Vous constatez avec nous que les fausses doctrines de Vatican 2, ont directement et logiquement donné naissance à une nouvelle approche morale si dévoyée qu’on ose à peine lui donner ce nom. Ce qui a causé le déclin vertigineux du nombre de vocations, l’augmentation massive des apostasies, la normalisation des « abus liturgiques » et l’explosion des scandales de mœurs, souvent de nature sodomite ou pédophile, au sein de l’église moderniste. En plus de ternir gravement l’image du catholicisme dans l’époque actuelle, la révolution moderniste a donc en même temps détruit l’anthropologie catholique, par voie de dépopulation, mais aussi par la diffusion de doctrines et de disciplines morales intrinsèquement relativistes et libérales.
Dans une telle situation, il apparait évident que sur le plan temporel, les catholiques traditionalistes se trouvèrent rapidement en minorité.
Que vous acceptiez ou non la réalité de la vacance du siège de Saint Pierre, vous devez constater dans les faits que tout catholique attaché à la tradition, et qui rejette donc le modernisme et Vatican 2, est affecté par cette absence momentanée et exceptionnelle d’autorité pontificale.
Si vous êtes catholique traditionaliste, mais que vous tenez néanmoins les autorités de l’église moderniste pour de vraies autorités catholiques, vous voyez alors fatalement votre action politique gravement limitée. Vous vous trouvez alors dans l’impossibilité de faire sanctionner votre action par ceux que vous devriez considérer comme vos supérieurs.
Si votre but est de monter une coalition catholique militante dans votre localité, vous ne trouverez sans doute aucun soutien auprès du clergé moderniste local. Plus probablement, vous trouverez au contraire des adversaires, qui vous condamneront comme « intégristes » et qui se joindront aux politiciens et aux franc-maçons locaux pour vous mettre des bâtons dans les roues.
Une telle situation serait impensable, si ces individus étaient effectivement des autorités catholiques. Avant Vatican 2, même dans les localités où les catholiques étaient très isolés, et même en présence d’autorités peut-être déjà teintées de libéralisme, le devoir de mission, d’apostolat, de prosélytisme (pour employer un mot désormais tabou) et d’action sociale en vue d’imposer le catholicisme, était compris et appliqué de façon naturelle et logique. Il n’en va évidemment pas de même dans l’église moderniste.
Donc, au final, et si l’on s’en tient strictement à des vues temporelles immédiates, dans les faits, le catholique traditionaliste non-sédévacantiste se trouve techniquement réduit aux mêmes moyens que le catholique sédévacantiste.
La nouvelle opinion publique et la redistribution du paysage politique français
Or, la situation spirituelle ayant été brièvement résumée, on s’aperçoit que sur le plan de l’action politique, les catholiques traditionalistes sont par trop absents. Il existe certes de nombreuses associations, instituts, revues et maisons d’éditions de toutes sortes. Les sédévacantistes, par exemple, notamment en France et aux Etats-Unis, sont extrêmement actifs dans le domaine de l’édition, ainsi que dans les médias numériques. Sur le plan de l’action politique elle-même, tous doivent admettre que l’organisation Civitas s’est clairement imposée comme le principal mouvement socio-politique structuré dans le monde catholique traditionnaliste. Civitas a mené dès le début des années 2010, des actions que nous qualifions de fondatrices. Beaucoup oublient aujourd’hui que c’est Civitas qui fut réellement à l’initiative du mouvement d’opposition au mariage gay, dès les années Sarkozy, longtemps avant que le mouvement de la Manif pour Tous ne soit récupéré par divers personnages plus ou moins opportunistes, plus ou moins loufoques, plus ou moins timorés.
D’ailleurs, le seul fait que le mouvement de la Manif Pour Tous ait été ainsi récupéré par les libéraux de droite, a montré que le mouvement politique catholique intégraliste était encore trop submersible, parce que trop épars, trop diffus.
Néanmoins, ce printemps français de 2012-2013 a aussi porté de bons fruits : il a contribué à jeter des ponts, à provoquer des rencontres, et surtout à orienter et radicaliser de nombreuses personnes dans le catholicisme. De plus, le désengagement rapide de plusieurs opportunistes de l’ex-UMP, ainsi que le refus de leaders populistes et souverainistes, tels Marine Le Pen ou Nicolas Dupont-Aignan, de soutenir le mouvement, a contribué à creuser un peu plus cet espace vaste et vague, que notre ami Abauzit appelle la nouvelle opinion publique.
Depuis les années 1970, le mouvement national français s’était cristallisé dans le Front National, mené par le charismatique Jean-Marie Le Pen. Toutefois, pendant longtemps, ce mouvement essentiellement national-populiste, a reçu des influences contradictoires, selon l’évolution des rapports de force et des opportunités électorales. Les catholiques traditionalistes étaient en partie représentés dans ce mouvement, mais devaient frayer aux côtés de solidaristes, de militants de « Nouvelle Droite », de nationaux-révolutionnaires, de libéraux-conservateurs, etc. Hélas, la tendance libérale-conservatrice, puis la tendance patriote-populiste, élimina toutes les autres, surtout à partir de la montée en force de Marine Le Pen au début des années 2000. Au bout du compte, le Front National, puis le Rassemblement National, est allé d’échecs en échecs, un phénomène qui s’est clairement accéléré ces dernières années. Si la propagande médiatique, politique et gouvernementale contre les idées nationales du Front expliquent évidemment pour beaucoup ces échecs, l’excuse devint de moins en moins acceptable à partir de la prise du pouvoir par la génération mariniste. La piètre prestation de Marine Le Pen lors des élections présidentielles de 2017 en témoigne. Désormais peuplé d’homosexuels effrayés par l’insécurité et principalement occupés à promouvoir les fausses libertés contemporaines, le Rassemblement National défend le droit à l’avortement, le mariage gay et ne se distingue finalement pas d’un vulgaire parti de gauche, sauf sur la question de l’immigration.
Beaucoup ont tenté d’agir de l’intérieur, de renverser la mainmise de la famille Le Pen, pour de bonnes ou des mauvaises raisons. Certains pensent qu’il est encore utile de soutenir Marine Le Pen, au moins par stratégie politique.
De notre point de vue, le Rassemblement National, en tant qu’organisation, fait déjà partie du passé, du moins si la médiocrité et les principes non-catholiques demeurent les piliers de cette entreprise. Pour l’heure, il nous est en tous cas impossible de considérer ce parti comme celui du « moindre mal ».
L’occasion de 2002 avait été dramatiquement manquée, principalement par la faute d’une gigantesque entreprise médiatique, et par la faute de la tiédeur et de la division des français. En 2005, pourtant, le mouvement d’opposition à la nouvelle constitution de l’Union Européenne fut peut-être l’un des premiers signes de l’émergence de la nouvelle opinion publique. Et si cette opinion publique penchait massivement en faveur d’idées souverainistes, patriotiques et sociales, elle était encore beaucoup trop immature, et encore trop bien tenue par les contingences partisanes et idéologiques de l’époque.
Ainsi donc, ce qui se présentait 5 ans plus tôt comme un grand renouveau de la droite, s’acheva donc de la façon la plus pathétique possible. A la « droite forte » succéda la « gauche molle » de François Hollande. Il faut dire à la décharge de ce dernier que son gouvernement ne fit que prolonger et parachever l’œuvre de destruction initiée par ses prédécesseurs. Sous le gouvernement Hollande, l’immigration massive et incontrôlée se poursuivit, et redoubla même. Tandis que Nicolas Sarkozy avait soutenu les milices islamistes en Libye, François Hollande soutint les factions djihadistes en Syrie, déstabilisant une nation amie et déclenchant de nouvelles vagues d’immigrés africains et moyen-orientaux vers l’Europe. De même, François Hollande demeura dans la continuité sarkozienne en soumettant toujours plus l’appareil politique aux influences étrangères des pétro-monarchies islamiques du Golfe, de l’Amérique impérialiste de Bush et d’Omama ou encore de l’état sioniste. Sous le gouvernement Hollande, le mariage homosexuel fut voté, tandis que l’insécurité, la criminalité et les scandales politiques continuaient d’augmenter. Plus ridiculisée que jamais sur le plan international, la France passait d’un président divorcé-remarié à un président divorcé-concubin, qui ne faisait pas mystère de sa tendance aux aventures romantiques. Pendant ce temps, la nouvelle opinion publique continuait de croître. Mouvement souverainiste, Manif Pour Tous, dissidence : dans les années 2012-2014 et malgré l’adversité, on se permettait d’espérer des événements inattendus, au moment même où la diffusion de cet état d’esprit de résistance atteignait un niveau de masse critique.
Néanmoins, cet énorme potentiel populaire et relativement sain dans son ensemble, ne trouvait quasiment aucune répercussion politique de taille et s’acheva dans un bref « jour de colère » sans lendemain. Préoccupés par de basses manœuvres partisanes, et probablement pas convaincus idéologiquement, les principaux leaders de la droite souverainiste, Marine Le Pen en tête, ne surent pas, ou ne voulurent pas se faire les porte-voix de ce mouvement populaire. De plus, il faut dire que la nouvelle opinion publique de ces années 2012-2014 était fracturée sur bon nombre de questions idéologiques.
Entre-temps, un vague de peur et d’hystérie s’abattit sur la France. Les attentats de Charlie Hebdo, du Bataclan, de Nice, et d’autres encore, provoquèrent à eux seuls une redistribution de la dialectique politicienne au sein de la 5e République. Golem pratique, la menace du terrorisme islamique allait devenir le ciment d’une fragile reconstruction de « l’union républicaine ». Mais là où la droite catholique perçoit le fondamentalisme islamique comme l’effet social d’une fausse religion, laquelle considérée comme dangereuse pour cette raison, le logiciel libéral et laïciste perçoit le fondamentalisme islamique comme une simple menace à l’encontre des valeurs soi-disant occidentales, issues de la révolution. Or, ce sont bien ces mêmes fausses valeurs qui sont la cause du déclin de la France et de l’Europe.
Ainsi, la Macronie ne fait que poursuivre le plan établi et supervisé par les sherpas de la 5e République depuis ses origines. Avec cette différence que, plus le temps avance, plus s’accumulent les catastrophes, augmentent les inégalités socio-économiques, explose l’insécurité, prolifère l’iniquité, se développent l’hystérie et la division, sans trouver pour le moment, de point de rupture. Pour combien de temps ?
Or, les premières années de la présidence Macron furent marquées par un mouvement populaire aussi inattendu que massif, et l’on crut à nouveau à l’espoir d’une grande rupture. On le nomma cette grande jacquerie post-moderne le « mouvement des gilets jaunes », en référence au gilet de sécurité typique du travailleur français de base, accablé par les charges et les réglementations iniques. Travailleurs précaires, petits entrepreneurs, artisans, apprentis, petits patrons et autres auto entrepreneurs ubérisés de la France périphérique : tous se soulevèrent d’un seul coup contre l’instauration de nouvelles taxes, et très vite, cette fronde d’abord circonstancielle, muta en mouvement social et politique de fond.
Mais on s’aperçut rapidement d’une difficulté de taille. Dans les années 2013-2014, celles du « jour de colère », la nouvelle opinion publique était alors hautement politisée, pas forcément par de bonnes doctrines, mais du moins très informée sur des réalités politiques essentielles. Or, les masses qui prirent part au mouvement des gilets jaunes étaient avant tout des citoyens travailleurs excédés du malfonctionnement politique et économique du pays, sans grande compréhension des réalités profondes du système de la 5e République. De fait, aucun politicien, ni aucun mouvement politique, ne réussit à capter le potentiel de ce mouvement, de même qu’aucun mouvement politique structuré, réaliste et sérieux, n’en sortit. Quant aux personnalités de la droite populiste, eux qui n’avaient déjà pas voulu saisir l’occasion du printemps français, ils n’eurent pas beaucoup de réussite dans leurs tentatives de récupérer le mouvement des gilets jaunes. En outre, ce qui devait arriver arriva : sans organisation, fondamentalement anarchique, le mouvement des gilets jaunes fut rapidement investi par la gauche radicale et les groupes antifas. Les premiers contribuèrent à pourrir l’approche authentiquement citoyenne et réactionnaire du mouvement, tandis que les seconds, par leurs actes de terrorisme, contribuèrent à désolidariser le téléspectateur français moyen.
Enfin, nous constatons que le mouvement régimiste de « La République en Marche » semble avoir porté un lourd préjudice, aussi bien pour les restants de l’ancienne droite chiraco-sarkozysite, que pour la gauche mittérando-hollandaise. Ces deux mouvances historiques de la 5e République éprouvent d’immenses difficultés à se renouveler, et par ailleurs, beaucoup de leurs cadres n’ont pas hésité à faire défection pour continuer d’occuper des postes dans la députation ou au gouvernement. Dans le même temps, ni le parti mariniste, ni le parti mélanchoniste, ne semblent être parvenus à profiter de ces opportunités. A gauche, les récentes municipales ont bien confirmé la montée en puissance du parti EELV, lequel représente une alternative consensuelle, libérale-socialiste, modérément laïciste et radicalement multi-culturaliste, propre à séduire l’électorat de centre-gauche, au détriment du mouvement macroniste.
Néanmoins, on s’aperçoit qu’à droite, le vide persiste, l’incertitude règne. Certes, sur le plan local et sur le plan de l’appareil électoraliste, LR et RN continuent de maintenir, voire de développer leurs prébendes. Certes, comme déjà en 2017, les sondages donnent déjà un second tour Marine Le Pen-Emmanuel Macron pour 2022. Mais nous savons que ce ticket sera perdant, quoiqu’en soit l’issue. Certes, depuis la défaite cuisante du RN et de LR en 2017, plusieurs personnalités issues de ces deux mouvances, se sont rapprochées, notamment autour de la figure assez télégénique, mais peut-être pas assez éloquente et motivée, de Marion Maréchal. D’autres, réclament ou du moins espèrent que le célèbre polémiste Eric Zemmour portera ce projet de refonte unioniste, souverainiste et conservatrice, non plus seulement sur les plateaux de télévision, mais dans l’arène politique. L’intéressé demeure relativement réservé jusqu’à présent, non sans raisons. Cet embryon d’alternative néo-conservatrice ne s’est jusqu’ici matérialisé que dans la Convention des Droites de 2019, laquelle n’a débouché sur à peu près rien de concret, sinon sur de vaines polémiques médiatiques.
La querelle de l’identité face à la révolution anthropologique
Parallèlement à cela, la vague d’attentats et les multiples faits divers plus ou moins retentissants qui ont émaillé les deux derniers mandats présidentiels, ont contribué à réintroduire la question de l’identité française et des valeurs républicaines. Nicolas Sarkozy, qui avait déjà tenter de profiter de ces thématiques, échoua face à un environnement général encore très marqué par les vieux consensus hérités des années Mitterand-Chirac. Mais dans la France post-Charlie, la menace d’un nouvel ennemi a permis de forger un nouveau consensus désormais devenu mainstream et donc de légitimer et de démocratiser ces questions autrefois jugées sensibles, voire nauséabondes.
Les événements de ces dernières années ont produit une sorte de crise réactionnaire aussi bien dans l’électorat de centre-gauche, que dans celui de centre-droit, et même au-delà. La vague d’attentats islamistes, la peur du communautarisme, l’insécurité, les incivilités, la crainte hystérique de perdre les pseudo-libertés de la révolution libérale-libertaire des Trente Glorieuses, en somme, la peur de ne plus avoir « la liberté de jouir sans entrave » : voici ce qui rassemble et transcende désormais le peuple français dans sa diversité actuelle.
En clair, marinistes, macronistes et mélanchonistes, ne se divisent plus vraiment que sur la question de l’immigration et de ses conséquences. Ils s’accordent moralement sur tout le reste. Ils revendiquent hautement ces « valeurs républicaines » comme étant les seules à même de retrouver notre identité, de restaurer notre souveraineté et de sauver la France. Ils ne se rendent pas compte que ce sont précisément les fausses valeurs identitaires qu’ils exaltent, qui sont à la source de presque tous les maux qu’ils déplorent.
Après deux cent ans de révolution anthropologique, il convient de dire qu’il est extrêmement compliqué de facilement faire comprendre ce processus aux masses intéressées. Il est néanmoins possible de les amener à cette compréhension par une pédagogie directe, réaliste et intuitive.
Quelle action politique catholique au 21e siècle ?
De notre avis, plusieurs indicateurs semblent confirmer l’opportunité pour les catholiques traditionalistes de former une plate-forme, à défaut de pouvoir encore former un mouvement structuré, à même de récupérer, d’influencer ou de gagner ces larges parts de la nouvelle opinion publique. Néanmoins, quelques difficultés sont à considérer.
Notre avantage, c’est que les catholiques sont les seuls capables de percevoir, d’analyser et d’exposer les réalités profondes de notre époque et donc de proposer des solutions adéquates sur le plan politique.
Par exemple, il nous semble regrettable que le clergé traditionaliste, toutes tendances confondues, cultive cette tendance isolationniste, à l’heure où il est plus qu’urgent de libérer Rome des hérétiques. Néanmoins, ce n’est pas à nous de juger des intentions des uns et des autres.
En revanche, nous autres laïcs, sous le conseil des clercs, pouvons et devons agir dans le champ temporel pour les interêts de la foi catholique, à la mesure de nos moyens et dans les limites de la justice et du droit. Mais après 60 ans de révolution conciliaire, tous les magnifiques groupes d’Action Catholique ont été détruits par l’église moderniste. La question se pose donc, quant au mode d’action qui nous est permis, dans une telle situation.
De fait, si nos amis de la FSSP, de l’IBP ou de la FSSPX professent croire comme nous dans l’application de l’intégralisme et de la doctrine sociale telle qu’enseignée par Léon XIII et Pie XI, ils doivent admettre qu’ils se heurteront tôt ou tard à la barrière des doctrines de Vatican 2, en particulier celles de Dignitatis Humanae, lesquelles ont essentiellement condamné tout ce qui permet précisément l’instauration ou même la préservation de l’état catholique.
Peut-être va-t-on nous reprocher de tomber dans le sociabilisme. Qu’on ne s’y trompe pas, nous restons convaincus de la vacance du siège, de la nature hérétique de Vatican 2 et de la nécessité de rejeter l’église moderniste comme une contre-église. Mais nous ne sommes pas de ceux qui excommunient leurs frères catholiques qui ne comprennent pas nécessairement toute la réalité de la situation. Ceux que nous accusons, ce sont bien les usurpateurs modernistes. Et si nous faisons preuve de réalisme en matière théologique, ne devons-nous pas également faire preuve de réalisme dans le champ politique ?
Dans le livre des Macchabées, le dernier livre de l’Ancien Testament, un événement inouï survint, préfigurant visiblement ce que nous avons vécu depuis Vatican 2. On y lit qu’il se produisit dans l’ancienne Judée, une grande apostasie, dont les causes sont très similaires à celles de Vatican 2. En effet, une partie des autorités religieuses du culte mosaïque décida d’adopter les mœurs et les doctrines des nations païennes. On y lit aussi qu’il se produisit alors une usurpation du grand pontificat du Temple, avec une suite d’usurpateurs dont les actes ressemblent à s’y méprendre à ceux des chefs de l’église moderniste. On y lit aussi qu’il se mit en place une résistance héroïque, produisant de glorieux martyrs et des chefs intrépides, tels que Mattathias, Saint Judas Maccabée et ses frères. Or, pendant cette guerre de résistance, on peut présumer que si une partie des judéens traditionalistes avait conscience des conséquences de l’usurpation de la chaire de Moise, une autre partie devait certainement n’en avoir qu’une vague idée, constatant simplement la dévastation produite par eux.
Néanmoins, tous ont vaillamment combattu ensemble et par la grâce de Dieu, ils ont réussi à mettre fin à l’occupation physique et spirituelle de l’hérésie, et donc à mettre fin à l’usurpation du grand pontificat.
Dans ce cas, ne peut-on pas imaginer que les catholiques traditionalistes puissent au moins se réunir dans l’action temporelle, à l’échelle d’un pays comme la France ? Nous le pensons, peut-être naïvement, mais toujours à la condition exprès que la voie empruntée soit celle de l’intégralisme catholique authentique et sans compromission, à l’exclusion de toute doctrine issue de Vatican 2, qui ne ferait qu’annuler cette dynamique.
Au-delà des divisions : la médiation catholique
Ainsi, nous voyons que les difficultés ne sont pas seulement de notre bord. Il nous reste à influencer et à convaincre ces larges pans de la population française, et à leur faire comprendre que seul le parti chrétien est à même de rétablir souveraineté, liberté, prospérité, paix et justice sociale dans le pays. Or, une partie considérable de la nouvelle opinion publique demeure passivement hostile à ce qu’implique essentiellement le réalisme et l’intégralisme catholique.
De notre avis, ce relativisme quasiment blasphématoire, est non seulement une aberration pour le catholique, mais c’est aussi une grave erreur politique. Nous pensons au contraire que, face à la faiblesse et à la déliquescence factuelle et anthropologique du républicanisme laïcard et agnostique, il faut opposer la force virile de la Res Publica catholique, ouvertement, fièrement, sereinement.
C’est en exposant de manière simple et directe les solutions du réalisme catholique, que nous gagnerons l’attention de ces foules utiles. C’est en exposant logiquement et simplement la dimension morale de la crise globale française, que nous interpellerons l’esprit rationnel de cette nouvelle opinion publique. C’est en faisant comprendre rationnellement et logiquement la nécessité urgente d’une réforme morale du corps social français, que nous attirerons la nouvelle opinion publique vers la tradition catholique, et donc à l’acceptation de la foi catholique et de la loi naturelle comme règle morale normative dans la cité.
Contre la démagogie gauchiste et post-marxiste, il faut se réapproprier la notion originelle de justice sociale, inventée et développée par les théologiens catholiques.
Contre le libéralisme sociétal et antinaturel, qui subjectivise et donc nie l’existence d’une morale objective, il faut opposer la raison, la morale objective et le jusnaturalisme, vecteurs de la restauration des libertés individuelles, sociales et économiques, accélérateurs du vrai progrès civilisationnel.
Contre l’ultra-libéralisme et le capitalisme de connivence, de même que contre le socialisme et le communisme sous leurs diverses formes, il faut opposer les principes de l’économie catholique, vectrice de justice sociale, de prospérité financière et de redistribution organique des richesses.
Contre le scientisme idéologique et la pseudo-éthique des technocrates, il faut opposer la science réelle et promouvoir l’approche morale et réaliste du développement de la technologie, de l’industrie, de la finance, du commerce, de la médecine, etc.
Contre le règne de l’inversion sémantique permanente et de la médiocrité, il faut reprendre pour nous la saine notion de progrès, et montrer logiquement que la propagande LGBT et le libéralisme libertaire, sont les expressions mêmes de la régression et de la barbarie.
Pour les mêmes raisons, il faut reprendre pour nous la définition réelle et classique de République, et opposer cette Res Publica catholique à la république révolutionnaire et décadente. A notre avis, il n’est plus raisonnable de pinailler autour de la forme du régime. Léon XIII nous enseigne que rien ne s’oppose à la forme politique républicaine, pour peu qu’elle soit conforme, dans sa constitution et dans son gouvernement, à la défense de la foi et des mœurs. Le combat monarchiste purement dynastique n’a aucun sens, si le dynaste en question ne se porte pas lui-même à la tête de son mouvement. Or, république ou monarchie, nous avons de toutes les façons un Souverain, à savoir Jésus-Christ, le Roi des rois. Et Il est indétrônable.
Contre tous les utopismes contemporains et contre le subjectivisme généralisé, il faut opposer le réalisme philosophique et politique.
Contre la démocratie parlementaire libérale, de même que contre le démocratisme anarchique et idéologique, il faut replacer et concentrer le processus démocratique là où il est efficace et légitime, c’est-à-dire au plus près de la vie locale. Il faut dans le même temps encadrer l’accès au pouvoir exécutif suprême pour le prémunir de la corruption rapide qu’ont connu tous les régimes présidentiels des républiques issues de la révolution. A ce titre, et dans le l’objectif d’une réforme catholique de la constitution, n’ayons pas peur d’affirmer que nous exigeons que soit inscrite la condition sine qua non que le chef de l’état doit être de confession catholique, et qu’il doit s’engager solennellement, à sa prise de fonction, à défendre la foi et la morale chrétienne. De telles dispositions feront grincer des dents les cervelles encore trop libérales de la nouvelles opinion publique, mais il nous revient de leur faire comprendre que seule la mise en place d’une constitution fondée sur les principes de la morale catholique, garantira de façon moralement certaine, la souveraineté politique et économique de l’état, l’élaboration de lois conformes au bien commun et l’application de la justice. En somme, ce que veulent nos concitoyens, sans le savoir, en termes de justice, de paix, de prospérité et de développement, seule la république chrétienne peut le leur fournir, précisément à cause de son exigence morale.
Contre l’immigrationisme idéologique et indifférentiste du régime, nous opposons une inversion des flux migratoires, laquelle nécessite très certainement de proposer une nouvelle politique en matière de contrôle et de surveillance des frontières. Il nous faut promouvoir un modèle migratoire maîtrisé et pratique, inspiré de l’enseignement de Pie XII, à savoir, priorité donnée aux immigrants de confession catholique, et dans tous les cas, priorité donnée à une immigration utile et qualifiée, mais aussi, à une immigration de réfugiés légitimes, en particulier lorsqu’ils sont de confession chrétienne. L’idéologie anarcho-libérale de la libre-circulation des personnes et de la négation des frontières et des réalités ethno-culturelles, est un dogme globaliste qui doit être abattu et il ne peut l’être raisonnablement que par la justice chrétienne.
Contre l’immigrationisme idéologique des libéraux, de la gauche (et des modernistes), mais aussi contre les réactions excessives face au principe même d’immigration ou d’intégration, nous devons opposer la doctrine catholique le plus simplement du monde, en tenant compte du fait que la politique migratoire délibérément laxiste de la 5e République a provoqué, notamment ces 20 dernières années, de graves déséquilibres, de graves divisions et un légitime sentiment d’injustice, ressenti aussi bien par les français autochtones, que par les honnêtes citoyens français issus de l’immigration. Or, depuis une dizaine d’années, principalement à cause des guerres en Libye et en Syrie, la vague migratoire a pris des proportions plus qu’insupportables, aggravant de façon spectaculaire le remplacement ethnoculturel dans certaines métropoles, voire dans des zones péri-urbaines. L’arrivée massive d’individus si divers en âge et en tempérament, dans une société française extrêmement laxiste et moralement affaiblie, a fatalement contribué à une certaine augmentation de la criminalité, des tensions, des divisions et des hystéries collectives.
Dans un contexte de déferlante migratoire qui ne trouvera pas de fin sans changement de régime, et dans un contexte où des territoires et des quartiers entiers sont désormais entièrement peuplés d’étrangers plus ou moins récemment arrivés en France, nous pouvons également avoir un grand rôle dans la question délicate, mais relativement populaire, de la rémigration. D’un point de vue réaliste, tant sur le plan du droit international, que sur le plan de l’image de la France, la rémigration planiste telle qu’envisagée par certains théoriciens semble difficile à réaliser sur le plan technique, sans occasionner d’immenses complications. Or, si la rémigration doit concerner les étrangers illégaux et indésirables, il faut, de notre avis, y ajouter la nécessaire expulsion de bien d’autres indésirables notoires, pourtant tout à fait français et dont la complicité active dans la destruction récente du pays mérite au minimum l’exil permanent. Dans un cas comme dans l’autre, nous sommes partisans d’une pacification tranquille et économe du pays. Un changement de régime, et une réforme profonde des institutions, et surtout des sources du droit, suffiraient par eux-mêmes à provoquer le départ volontaire de beaucoup d’indésirables de toute qualité.
Contre le laïcisme, qu’il soit dit de droite, ou de gauche, il faut opposer une affirmation claire et nette de notre volonté d’inscrire la morale catholique parmi les sources directes du droit constitutionnel.
Contre l’agnosticisme dangereux, hypocrite et irrationnel de la 5e république, il faut opposer l’approche catholique de la gestion publique des autres cultes. Pris comme citoyens, les non-catholiques jouissent des mêmes droits que les catholiques dans tous les domaines de la cité. Les cultes non-catholiques peuvent être reconnus en tant qu’organisations ou communautés, dûment autorisées par libéralité spéciale de l’état et de la supervision de l’autorité ecclésiastique. On leur reconnait des droits en tant qu’organisations ou communautés, mais jamais comme religions en tant que telles. Leurs devoirs impliquent notamment de s’abstenir de tout prosélytisme dans l’espace public. En échange de quoi, ces organisations ou communautés jouissent de la protection de l’autorité publique quant à l’intégrité de leurs propriété, mais jamais d’une protection ou d’une attribution d’un quelconque droit à promouvoir publiquement leur culte. Il va de soi que les fausses religions n’ayant aucune unité, il revient à l’autorité publique et ecclésiastique de statuer sur l’interdiction de telle ou telle secte particulière se revendiquant de telle ou telle religion. Cette méthode rend justice à tous : à Dieu le premier, la vraie religion étant placée au cœur du droit et de la cité. Aux citoyens ensuite, qui jouissent publiquement et individuellement des bienfaits de l’influence du Christ dans la cité, influence qui bénéficie également aux incroyants et aux membres d’autres cultes, lesquels évoluent alors dans un environnement qui facile grandement la probabilité de leur conversion.
Contre le modèle dévoyé de l’instruction publique sous la 5e république, il faut promouvoir la dégauchisation des programmes scolaires, et réinstaurer l’influence de la foi et de la morale chrétienne dans les établissements, en même temps que le patriotisme et l’excellence classique. La république catholique ne s’oppose pas à l’existence d’écoles communautaires ou confessionnelles non-chrétiennes, pour peu qu’elles dépendent d’organisations ou de communautés ayant obtenu libéralité de la part de l’autorité publique.
Contre la loi inique de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, il faut clairement désigner le catholicisme comme religion officielle de la République, intégrer le clergé dans le conseil consultatif de l’exécutif et de la législature, et redonner plus généralement à l’Eglise, tous les droits qui lui sont dus. Il va de soi qu’il faut militer de façon radicale pour l’interdiction du « droit » au blasphème, et pour la pénalisation sévère des attentats contre la religion.
Nonobstant la question inédite de la situation actuelle de l’Eglise, le principe même de ces dernières mesures trouve beaucoup d’opposition dans certaines franges de la nouvelle opinion publique. Hormis l’influence du libéralisme et de l’anticléricalisme, l’influence du modernisme fut probablement déterminante dans ce refus de l’intégralisme catholique appliqué en politique. Il n’y a pourtant pas de modèle qui corresponde plus exactement à la vraie identité et aux vraies valeurs de la France.
Mais ces réticences peuvent aisément tomber, pour peu qu’on ait leur ait ôté toutes les vielles œillères de l’obscurantisme révolutionnaire, et qu’on leur présente les bienfaits objectifs de la foi et de la morale catholique, ne serait-ce que sur le plan historique ou immédiatement politique. Ceci implique évidemment de les introduire à la vraie doctrine traditionnelle, et de les tenir éloignés des erreurs modernistes.
Quoiqu’il en soit, sur ces sujets et sur bien d’autres, nous avons la possibilité, et sans doute même le devoir, d’intervenir en tant que force supérieure de médiation intellectuelle et politique, en nous élevant au-delà des querelles partisanes et des paradoxes infernaux de notre modernité.
Pour cela, il est primordial de demeurer toujours sur cette ligne de modération radicale, ceci afin de faire sauter, autant qu’il est possible, les oppositions dialectiques trompeuses de la société actuelle.
Occuper le terrain
Tout ceci étant dit, on nous posera la question : comment agir ? Faut-il s’organiser en parti ? Faut-il créer une ligue ? Des cellules ? Une association de quartier ? Une œuvre caritative ? Une entreprise ? Une école communautaire ? Une famille ? Un clan ?
Il faut de tout ça. L’intégralisme catholique est une œuvre de conquête ou de reconquête de la cité : il s’agit donc d’une approche globale, holistique, ultralitaire, aussi bien universelle que locale, aussi bien nationale, qu’internationale, aussi bien individuelle que collective. Il y a bien des initiatives à mener, sous toutes ces formes et bien d’autres encore, mais c’est à chacun de discerner avec prières, conseil et prudence son rôle selon son état, ses moyens et ses talents.
Que l’on considère le nombre d’années depuis le dernier gouvernement catholique en France, et que l’on considère les 60 ans qui nous séparent de la terrible révolution moderniste, laquelle coïncida avec la révolution néolibérale et la révolution des mœurs. Il nous semble que la part la plus consciente du mouvement catholique traditionaliste arrive bientôt à une certaine maturité. Jour après jour, de plus en plus d’individus de par le monde réalisent l’imposture dévastatrice de l’église moderniste, et prennent la mesure de la situation.
Il est sans doute encore trop tôt pour parler de mouvement politique structuré, mais on peut probablement parler d’une forte dynamique communautaire, qui doit gagner à s’organiser, à s’exprimer, à prendre position et donc à occuper le terrain.
Depuis plus de cinq ans maintenant, notre approche a été celle du journalisme catholique militant. C’est pourquoi d’ailleurs, nous avons récemment lancé une campagne de levée de fonds pour développer et professionnaliser notre média, lu et suivi chaque année par des dizaines de milliers de personnes dans le monde francophone et au-delà.
Dans le domaine politique, citons l’action méritante de Civitas. Dans le domaine juridique, celle de l’ECLJ. Dans le domaine médiatique, nous pourrions encore citer de très nombreuses entreprises amies, telles que le média « Catholique de France », Radio Regina, le Collectif Saint-Robert Bellarmin ou encore la chaine « Femme à part », mais aussi tous les entrepreneurs et familles catholiques qui à leur manière, occupent le terrain et préparent déjà la reconquête. Et nous ne parlons que pour la France : nous avons des frères et des amis dans le monde entier, en Europe, en Amérique, en Afrique et en Asie.
Ces dernières années, nous sommes donc progressivement passés de la marge à la force de proposition, en grande partie grâce à notre maîtrise de la technologie informatique.
Nous sommes à présent en position de développer cette force de proposition, pour devenir, si Dieu le veut, force d’influence, puis force d’imposition.