Saint Jean Berchmans : Lettre à Mes Parents

À l’âge de 17 ans, saint Jean Berchmans, désirant se consacrer à Dieu le plus tôt possible et éviter que ses parents ne fassent obstacle à ses désirs, décida de révéler à ces derniers la résolution qu’il avait prise au fond de son cœur ; aussi leur écrivit-il de Malines la lettre suivante :

Vénéré père et très chère mère, Il y a déjà trois ou quatre mois que Dieu frappe à la porte de mon cœur, et, jusqu’à un certain point, je la Lui ai tenue fermée jusqu’ici. Mais ayant ensuite réfléchi que, soit pendant que j’étudiais, soit que je prenais quelque délassement, que j’allais à la promenade ou que je faisais n’importe quoi, aucune chose ne me venait plus souvent à l’esprit que la pensée de me fixer fermement un état de vie, je me décidai à la fin, et même après beaucoup de communions et de bonnes œuvres préparatoires, je fis vœu de servir, avec Sa grâce, Dieu notre Maître, en religion.

Il est vrai que les amis et les parents éprouvent certaine répugnance à se détacher de leurs enfants. Mais, en moi-même, je considère autre chose : si je voyais devant moi, d’un côté mon père, ma mère, ma sœur, etc. et de l’autre côté Dieu notre Maître avec Sa Mère, qui est aussi, je l’espère, ma Mère bénie, et que les premiers me diraient : « Ne nous abandonne pas, cher enfant, nous t’en prions par les peines et les fatigues que nous avons endurées pour toi » tandis que, d’autre part, Jésus me dirait : « Suis-Moi plutôt, Je naquis pour toi, pour toi, Je fus flagellé, couronné d’épines et enfin crucifié. Vois-tu ces cinq plaies sacrées, n’est-ce pas pour toi que Je les ais reçues ? Et ne sais-tu pas que jusqu’à présent J’ai nourri ton âme de Ma chair sainte et Je l’ai vivifiée par Mon Sang sacré ? Et maintenant tu te montrerais si ingrat ? » Ah ! Mes très chers parents, quand je considère tout cela, je m’enflamme de telle manière que, s’il m’était possible, je volerais tout de suite en religion, et mon âme et mon cœur ne se donneraient de repos avant qu’ils n’eussent trouvé mon Bien-Aimé.

Ainsi donc, je m’offre de tout cœur à Jésus-Christ et je désire combattre Ses combats dans la Compagnie. J’espère que vous ne serez pas à ce point ingrats pour vous opposer à Jésus-Christ.

Je me recommande à vos saintes prières et supplie Dieu, notre Maître, qu’Il veuille me donner persévérance jusqu’à la fin de ma vie et qu’Il nous accorde, à vous et à moi, la vie éternelle. Le fils obéissant de Jésus-Christ et le vôtre. Jean Berchmans.

Lettre de saint Jean Berchmans à ses parents, août 1616.

 

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