Dom Gaspar Lefebvre : La Foi des Macchabées dans la liturgie d’Octobre

Les leçons dans l’office divin durant tout le mois d’Octobre sont souvent issues des livres des Macchabées. Après la captivité de Babylone, le peuple de Dieu retourna à Jérusalem où ils rebâtirent le Temple. Or, ce fût à cette époque que fut composé le psaume de l’Offertoire de la messe de ce jour. Mais les Judéens furent bientôt à nouveau punis à cause de nouvelles infidélités. A cette occasion, Antiochus Epiphanes prit Jérusalem et pilla le Temple. Après quoi il fit publier partout un édit interdisant la pratique de la foi juive. Des autels idolâtres furent érigés sur toutes les places et le nombre des apostats devint si grand qu’il semblât alors que la foi d’Abraham, d’Israël et de Moïse allait disparaître.

C’est alors que Dieu suscita des héros. Un prêtre nommé Mattathias rallia à lui tous ceux qui étaient encore empli du zèle pour la Loi et pour la fidélité envers l’Alliance. Il désigna son fils Judas Macchabées afin que ce dernier soit le chef de l’armée qu’il avait formée pour défendre les droits du vrai Dieu. Et c’est avec cette petite armée que Judas prit vaillamment part aux batailles d’Israël. « Il était dans l’action pareil au lion, comme le lionceau qui rugit sur sa proie » (1 Macchabées 3 ; 4). Il extirpa les impies, mit en déroute la grande armée d’Antiochus et rétablit le vrai culte à Jérusalem. Remplis de l’Esprit de Dieu, les Macchabées reconquirent leur pays et sauvèrent les âmes de leurs compatriotes.

« Les superstitions sacrilèges du monde païen, écrit Saint Augustin, avaient profané le Temple, mais celui-ci fut purifié de tous ces outrages idolâtres par ce très vaillant chef que fut Judas Maccabées, vainqueur des généraux d’Antiochus » (Deuxième dimanche d’Octobre, seconde nocturne). De même, Saint Ambroise commente : « Certains hommes sont éblouis par la seule gloire des armes et placent le courage militaire au-delà de tout autre chose. Mais telle n’était pas la nature de la gloire de Josué qui, en une seule bataille, fit prisonniers six rois. Avec trois cent hommes, Gédéon triompha d’une armée puissante. Jonathas, alors qu’il n’était qu’un jeune enfant, se distingua par des hauts faits d’armes. Et que devrions-nous dire alors des Macchabées ? Avec trois mille Judéens, ils vainquirent 48000 syriens ! Nous pouvons tenter d’imaginer le degré de courage d’un chef tel que Judas Macchabée, de par les actes d’un seul de ses soldats. Cet homme, Eléazar, ayant remarqué un éléphant plus grand que les autres et revêtu des apparats royaux, concluant qu’il était monté par le roi lui-même, courut à toutes jambes au milieu de la troupe ennemie, et jetant son bouclier, frappa à droite et à gauche avec ses deux mains, jusqu’à ce qu’il atteigne l’éléphant, sous lequel il se plaça et lequel il transperça avec son épée. Étouffé plutôt qu’écrasé, il fut enterré en triomphe ». (Premier Dimanche d’Octobre, seconde nocturne).

Afin de tracer un parallèle entre le bréviaire et le missel dans la liturgie d’aujourd’hui, nous pouvons remarquer que de la même manière que les Macchabées, qui étaient des soldats, s’approchèrent de Dieu avec succès afin de sauver leur nation et que celle-ci conserve intacte sa religion et sa foi dans le Messie, de la même manière, dans l’Évangile, un officier de l’armée romaine vint à la rencontre du Christ afin de sauver la vie de son fils. Et lorsque le miracle qu’il a demandé se réalise, lui et toute sa maison croient dans le Seigneur. Ensuite, nous voyons que les Macchabées, contrairement aux hommes insensés de leur temps, cherchèrent la lumière et la force auprès de Dieu Lui-même, afin qu’ils puissent connaitre Sa volonté en ces difficiles circonstances, et leurs prières ayant été entendues et répondues par le Nom du Christ qui devait naître de la même nation qu’eux, ils rendirent aussitôt des actions de grâces dans le Temple, « ils chantèrent des hymnes à la gloire de Celui qui les avait heureusement amenés à purifier Son temple » (2 Macchabées 10 ; 7). De la même manière, dans l’Épître, Saint Paul parle d’hommes « sages », qui, dans les « temps mauvais », cherchent à connaitre la volonté de Dieu, et ayant été relevés de la mort par la miséricorde du Très Haut, rendent grâce au Nom du Seigneur Jésus Christ, chantant « des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant du fond du cœur en l’honneur du Seigneur ». (Éphésiens 5 ; 19)

En outre, tous les chants de la Messe expriment des sentiments entièrement similaires à ceux des Macchabées. « Seigneur, dit la cinquième réponse du Bréviaire, nos yeux sont tournés vers Vous, O Seigneur, de peur que nous ne périssions ». Dans le Graduel, nous disons : « Les yeux de tous les êtres espèrent en Vous, O Seigneur ». Et le Psaume ajoute : « Il accomplit les désirs de ceux qui le craignent, Yahweh garde tous ceux qui l’aiment, et il détruit tous les méchants » (Psaume 144 ; 19). « O Dieu, déclare l’Alléluia, je chanterai et je Te louerai ma gloire », et le Psaume s’achève par ces mots : « En Dieu, nous ferons des actes de courage, et Lui-même réduira à néant nos ennemis » (Psaume 59 ; 14). L’Offertoire est un hymne d’action de grâces après la captivité de Babylone et la reconstruction de Jérusalem et du Temple, ce même Temple qui fut restauré par les Macchabées. Le Psaume de la Communion, lequel fournit également le verset de l’Introït, montre à quel point Dieu bénit ceux qui Le servent et comment Il leur vient en aide dans tous leurs déboires. Enfin, après avoir reconnu que les lourds châtiments qui s’abattirent sur le peuple élu étaient dus à leur propre infidélité, l’Introït prie le Seigneur de glorifier Son Nom en traitant Son peuple « selon Sa grande miséricorde ».

Faisons nôtres ces pensées, reconnaissons que nos malheurs sont la rétribution de notre infidélité à accomplir la volonté divine (Introït). Prions Dieu afin que cesse le châtiment, afin qu’Il nous pardonne et qu’Il nous guérisse (Évangile), afin que Son Eglise puisse Le servir en paix (Collecte). Ainsi, pleins d’espérance dans le secours du Très Haut et dans la Foi en Jésus-Christ, puissions-nous être « emplis de l’Esprit Saint », Lequel, en ce temps d’après la Pentecôte, devrait occuper constamment nos pensées, et, « au Nom de Notre Seigneur Jésus Christ », chantons les Psaumes dans nos églises, à la gloire de Dieu, Qui nous a délivrés de la servitude de la mort et Qui, dans les jours de ténèbres, à la fin de ce monde (Épître), viendra délivrer tous ceux qui ont foi en Lui. Tout prêtre paroissial célèbre la messe pour les gens de sa paroisse.

Dom Gaspar Lefebvre O.S.B., Saint Andrew Daily Missal, Commentaire du 20e dimanche après la Pentecôte, semi-double, vêtements verts, édition 1945, pp.907-908

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