[Doctrine] Saint Robert Bellarmin : réfutation de l’argument du reniement de Pierre

Venons-en à présent aux cas individuels de ces papes, que nos adversaires accusent d’avoir erré. Le premier cas est celui de Pierre. Nilus de Thessalonique, dans son livre, Sur la primauté du pontife romain, écrit que Pierre aurait erré, non pas une fois, mais deux, en ce qui concerne la Foi. Il est certain qu’aucun pontife romain n’a reçu plus de privilèges de la part de Dieu que Pierre. De plus, il est clair, selon l’Ecriture, que Pierre erra deux fois, lorsqu’il renia le Christ (voir Matthieu 26) et quand il incitait les païens à judaïser (voir Galates 2). Les luthériens de Magdebourg ajoutent, en plus de ces deux erreurs, 13 autres erreurs de Saint Pierre, à propos desquelles nous avons écrit ailleurs. Nous répondons : lorsque Saint Pierre renia le Christ, il n’était pas encore le pontife suprême, car il est certain que la règle ecclésiastique lui fut transmise par le Christ dans le dernier chapitre de Jean, puisque le Seigneur lui dit après la Résurrection : « Simon, fils de Jean, pais mes brebis. » Ainsi, ce reniement de Pierre ne peut pas être compté parmi les erreurs des pontifes romains. De plus, j’ajoute que Pierre renia le Christ par des mots, et non en son cœur : ainsi, Pierre n’a pas rejeté la confession de la Foi, ni la Foi elle-même, comme nous l’avons montré précédemment.

Et d’un autre côté, lorsque Saint Pierre incitait les païens à judaïser, il ne s’agissait pas d’une erreur de doctrine, mais d’une erreur de conduite, comme le suggère Tertullien dans son ouvrage De praescriptionibus adversus haereticos. Saint Pierre n’a ratifié aucune sorte de décret pour affirmer qu’ils devaient judaïser, il enseigna d’ailleurs formellement le contraire dans Actes XV. Toutefois, lorsqu’il se trouvait encore à Antioche, il se sépara de lui-même de la table où dinaient les païens de peur d’offenser ceux qui, parmi les Juifs, s’étaient récemment convertis, et par cet exemple, il les incitait à judaïser dans une certainement mesure, de même que Barnabé. Mais nous ne nions pas que des papes puissent errer par le propre mauvais exemple, nous nions en revanche qu’ils puissent prescrire à toute l’Eglise de suivre une erreur, ex cathedra. De plus, les exemples et les doctrines de tels pontifes n’ont pas la même portée nocive pour l’Eglise, puisque le Seigneur leur enseigna en disant : « Faites ce qu’ils disent, mais pas ce qu’ils font. »

Saint Robert Bellarmin, extrait traduit de Sur le Pontife Romain, volume 2, livre IV, chap. 8, pp. 175-176, traduction américaine de Ryan Grant, Mediatrix Press, 2016.

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