Objection n°15 : Quand bien même on admet que les papes de Vatican 2 ont enseigné l’hérésie lors du concile et dans leurs actes magistériels, on peut légitimement leur résister et refuser d’obéir à ces enseignements tout en reconnaissant ces individus comme vrais papes, car Vatican 2 ne fut qu’un concile pastoral.
Réponse à l’objection : Jean XXIII n’a jamais qualifié le concile Vatican 2 de « concile pastoral ». La soi-disant distinction entre « magistère pastoral » et « magistère extraordinaire et ordinaire » est une pure innovation. Quand bien même il faudrait attacher une importance à cette prétendue distinction, cela ne change absolument rien pour ceux qui croient que les « papes » de Vatican 2 sont des papes légitimes. S’ils furent vraiment des papes légitimes, ils seraient donc en effet les pasteurs suprêmes de l’Eglise. De plus, ce qu’on appelle théologie pastorale se trouve être sujet direct de la théologie dogmatique.
Preuve n°1 : Jean XXIII n’a pas qualifié Vatican 2 de « concile pastoral ». Il a simplement qualifié le magistère de « pastoral ». De plus, dans son encyclique Humanae Salutis, il a clairement affirmé que le concile de Vatican 2 serait un concile universel et solennel et que tous les fidèles devraient appliquer les décisions et décrets qui seront adoptés.
La substance de l’ancienne doctrine du dépôt de la foi est une chose, et la manière dont elle est présentée en est une autre. C’est cette dernière méthode qui doit être prise en haute considération, et appliquée avec patience si nécessaire, c’est-à-dire qu’il faut adopter la forme d’exposition qui correspond le mieux au magistère, dont la nature est principalement pastorale. – Jean XXIII, Discours solennel d’ouverture du concile œcuménique de Vatican 2, 1e session, chapitre 5, n°5
Nous annonçons, décrétons et convoquons pour l’année prochaine 1962 le 2e Concile œcuménique et universel du Vatican, qui sera célébré solennellement dans la basilique patriarcale du Vatican aux jours que Dieu, dans sa providence, Nous permettra de fixer. Nous voulons donc et Nous ordonnons que viennent du monde entier au Concile œcuménique convoqué par Nous. – Jean XXIII, Humanae Salutis
Que ces prières communes jaillissent continuellement de la foi, comme une source d’eau vive; qu’elles soient accompagnées de sacrifices corporels volontaires pour qu’elles soient plus agréables à Dieu et souverainement efficaces; qu’elles s’enrichissent aussi d’un généreux effort de vie chrétienne qui montrera que tous sont disposés à appliquer les décisions et les décrets qui seront pris par le Concile. – Ibid.
Preuve n°2 : Il est évident que le magistère est pastoral, puisque le souverain pontife est le pasteur suprême de l’Eglise catholique. Ceci est constamment rappelé dans les actes magistériels des papes.
Et, pour que nous puissions ne jamais voir dans le lieu Saint l’abomination de la désolation prédite par le Prophète Daniel, nous voulons autant que nous le pourrons avec l’aide de Dieu et selon notre charge pastorale, capturer les renards occupés à saccager la vigne du Seigneur et écarter les loups des bergeries, afin de ne pas sembler être comme les chiens muets, impuissants à aboyer, pour ne pas nous perdre avec les mauvais serviteurs et ne pas être assimilé à un mercenaire. – Paul IV, Cum Ex Apostolatus Officio
Mais comme en ce temps, qui exige au plus haut point l’efficacité salutaire de la charge apostolique, il ne manque pas d’hommes qui en contestent l’autorité, Nous avons jugé absolument nécessaire d’affirmer solennellement la prérogative que le Fils unique de Dieu a daigné joindre à la fonction pastorale suprême. – Pie IX, Constitution Dogmatique Pastor Aeternus, chapitre 4
Notre charge pastorale est le principal motif qui Nous invite à traiter actuellement avec une certaine ampleur cette éminente doctrine…Nous avons considéré comme un devoir de Notre charge pastorale d’exposer à tout le peuple chrétien, dans cette Lettre encyclique, la doctrine du Corps mystique de Jésus-Christ et de l’union, dans ce même Corps, des fidèles avec le divin Rédempteur…Tout d’abord, parce que le Souverain Pontife tient la place de Jésus-Christ, et il doit, pour ne pas être écrasé par la charge de son devoir pastoral, appeler un bon nombre de fidèles à prendre une part de ses soucis et être chaque jour soutenu par la prière secourable de toute l’Eglise. – Pape Pie XII, Mystici Corporis Christi
Preuve n°3 : Paul VI n’a pas parlé de « magistère pastoral », mais de « caractère pastoral du concile ». Or, là où Paul VI évoque ce « caractère pastoral », il s’oppose aussi à ceux qui cherchent à se soustraire à l’obeissance qu’ils sont sensés observer pour les doctrines de Vatican 2 :
Vu le caractère pastoral du concile, celui-ci a évité de prononcer des dogmes dotés de la note d’infaillibilité; mais il a néanmoins conféré à ses enseignements l’autorité du magistère ordinaire suprême, lequel doit être accepté docilement et sincèrement par tous les fidèles, conformément à l’esprit du concile quant à la nature et aux objectifs des documents individuels. – Paul VI, audience générale du 12 Janvier 1966
Preuve n°4 : Un autre texte du concile Vatican 2, contenu dans la note accompagnant la constitution dogmatique Lumen Gentium, évoque cette fois ci le « but pastoral » du concile.
On a demandé quelle devait être la qualification théologique de la doctrine exposée dans le schéma sur l’Église et soumise au vote. À cette question la commission doctrinale a donné la réponse suivante : « Comme il est évident de soi, un texte de Concile doit toujours être interprété suivant les règles générales que tous connaissent. À ce propos la commission doctrinale renvoie à sa déclaration du 6 mars 1964, dont nous transcrivons ici le texte. «Compte tenu de l’usage des conciles et du but pastoral du Concile actuel, celui-ci ne définit comme devant être tenus par l’Église que les seuls points concernant la foi et les mœurs qu’il aura clairement déclarés tels. «Quant aux autres points proposés par le Concile, en tant qu’ils sont l’enseignement du magistère suprême de l’Église, tous et chacun des fidèles doivent les recevoir et les entendre selon l’esprit du Concile lui-même qui ressort soit de la matière traitée, soit de la manière dont il s’exprime, selon les normes de l’interprétation théologique. » – Notification, Secrétaire Général du Concile, 123e congrégation générale, 16 novembre 1964, extrait des actes du concile ; note accompagnant la constitution dogmatique Lumen Gentium
Preuve n°5 : La note de Lumen Gentium vu ci-haut affirme que « devront être tenus par l’Église que les seuls points concernant la foi et les mœurs qu’il aura clairement déclarés tels » et que les « autres points proposés par le Concile, en tant qu’ils sont l’enseignement du magistère suprême de l’Église, tous et chacun des fidèles doivent les recevoir et les entendre selon l’esprit du Concile lui-même ». Ainsi, ceux qui croient que les « papes » de Vatican 2 furent de vrais papes doivent accepter absolument toutes les doctrines de Vatican 2. Par exemple, ils devraient accepter pleinement cet enseignement nettement hérétique de Dignitatis Humanae, ceci d’autant plus qu’il s’agit là d’une définition concernant des matières de foi et de mœurs.
Ce que ce Concile du Vatican déclare sur le droit de l’homme à la liberté religieuse a pour fondement la dignité de la personne, dont, au cours des temps, l’expérience a manifesté toujours plus pleinement les exigences à la raison humaine. Qui plus est, cette doctrine de la liberté a ses racines dans la Révélation divine, ce qui, pour les chrétiens, est un titre de plus à lui être saintement fidèles. – Paul VI, Déclaration Dignitatis Humanae, n°9
L’Église, donc, fidèle à la vérité de l’Évangile, suit la voie qu’ont suivie le Christ et les Apôtres lorsqu’elle reconnaît le principe de la liberté religieuse comme conforme à la dignité de l’homme et à la Révélation divine, et qu’elle encourage une telle liberté. Cette doctrine, reçue du Christ et des Apôtres, elle l’a, au cours des temps, gardée et transmise. – Paul VI, Ibid, n°12
Ce Concile du Vatican déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse. Ce droit de la personne humaine à la liberté religieuse dans l’ordre juridique de la société doit être reconnu de telle manière qu’il constitue un droit civil…Tout l’ensemble et chacun des points qui ont été édictés dans cette déclaration ont plu aux pères du concile. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que nous tenons du Christ, en union avec les vénérables pères, nous les approuvons, arrêtons et décrétons dans le Saint-Esprit, et nous ordonnons que ce qui a été ainsi établi en concile soit promulgué pour la gloire de Dieu. – Paul VI, Ibid.
Preuve n°6 : Dans cette déclaration de Dignitatis Humanae, Paul VI emploie toutes les formulations de définition, de décret et d’approbation analogues à ce qu’un vrai pape utiliserait par ailleurs, puisqu’il déclare engager son « pouvoir apostolique » au nom du Saint Esprit. Cette définition autoritaire de Dignitatis Humanae prouve à elle seule que Paul VI fut un hérétique public et manifeste. Il suffit de la mettre en rapport avec la condamnation de la liberté religieuse telle que définie par le pape Pie IX dans Quanta Cura.
En conséquence de cette idée absolument fausse du gouvernement social, ils n’hésitent pas à favoriser cette opinion erronée, on ne peut plus fatale à l’Eglise catholique et au salut des âmes, et que notre prédécesseur d’heureuse mémoire, Grégoire XVI, appelait un délire, savoir que « la liberté de conscience et des cultes est un droit propre à chaque homme ; qu’il doit être proclamé et assuré dans tout état bien constitué… » Or, en soutenant ces affirmations téméraires, ils ne pensent pas, ils ne considèrent pas qu’ils prêchent une liberté de perdition…En conséquence, nous réprouvons par notre autorité apostolique, nous proscrivons, nous condamnons, nous voulons et ordonnons que tous les enfants de l’Eglise catholique tiennent pour réprouvées, proscrites et condamnées, toutes et chacune des mauvaises opinions et doctrines signalées en détail dans les présentes lettres. – Pape Pie IX, Quanta Cura
Preuve n°7 : La distinction entre enseignement magistériel infaillible et enseignement magistériel pastoral n’existe nulle part dans la doctrine de l’Eglise. Il s’agit là d’une invention de modernistes cherchant à atténuer la portée des hérésies des enseignements des « papes » de Vatican 2.
A l’instar des lefebvristes, les théologiens conciliaires sont contraints de falsifier la définition du magistère ordinaire de l’Eglise pour faire croire que l’infaillibilité pontificale n’a officiellement jamais été engagée. Leur stratagème est le suivant : « 1. Un pape est infaillible lorsque qu’il se prononce sur une « doctrine universelle du salut ». 2. Lorsque l’on trouve des erreurs dans l’enseignement conciliaire, c’est parce que le « pape » ne traite pas de doctrine universelle du salut. 3. En réalité, le pape enseigne une pastorale, c’est-à-dire une mise en pratique de la foi ». On s’aperçoit que le raisonnement est assez proche de celui des lefebvristes : à côté de l’enseignement infaillible, existerait un enseignement faillible, celui de la « pastorale ». Ainsi par exemple, Amoris Laetitia, serait un texte pastoral. Bien qu’elle concerne le rapport entre la communion, le mariage et la morale, cette « exhortation apostolique » ne serait pas infaillible, car elle ne concerne pas une « doctrine universelle du salut ». Ce ne serait qu’une erreur dans la mise en pratique de la morale catholique. Ceci n’est pas très sérieux. Jamais l’Eglise n’a fait de distinction entre un enseignement infaillible et un enseignement pastoral. Ceci est une création conciliaire, qui d’ailleurs n’est pas partagée par tous les conciliaires, comme nous allons le voir. Ensuite, les conciliaires concernés donnent une interprétation fausse, car extensive, de la pastorale. La pastorale est l’exposition de la foi dans des cas particuliers. Or, en l’espèce, ce qui est désigné par les conciliaires comme pastoral ne concerne pas l’exposition, la mise en pratique de la foi, puisque des principes sont dégagés. Amoris Laetitia ne se prononce pas sur des cas particuliers, elle énumère toute une série de principes, applicables à tous les cas qui s’y rattachent. Autrement dit : Amoris Laetitia fixe des normes. Par exemple : certains péchés mortels ne sont plus des péchés mortels (301 : « Par conséquent, il n’est plus possible de dire que tous ceux qui se trouvent dans une certaine situation dite ‘‘irrégulière’’ vivent dans une situation de péché mortel, privés de la grâce sanctifiante. »), les divorcés non mariés religieusement peuvent communier (299 : « les baptisés divorcés et remariés civilement doivent être davantage intégrés dans les communautés chrétiennes selon les diverses façons possibles, en évitant toute occasion de scandale […] Non seulement ils ne doivent pas se sentir excommuniés, mais ils peuvent vivre et mûrir comme membres vivants de l’Église… »)… En résumé, les conciliaires maquillent l’engagement officiel de l’infaillibilité par un abus de langage à partir de la notion de pastorale. En ceci, ils sont plus inexcusables que les lefebvristes, puisqu’ils contredisent la lettre de Vatican II, qui pour le coup, n’énonce pas d’hérésie concernant le Magistère ordinaire : « Quoique les évêques, pris un à un, ne jouissent pas de la prérogative de l’infaillibilité, cependant, lorsque, même dispersés à travers le monde, mais gardant entre eux et avec le successeur de Pierre le lien de la communion, ils s’accordent pour enseigner authentiquement qu’une doctrine concernant la foi et les mœurs s’impose de manière absolue, alors, c’est la doctrine du Christ qu’infailliblement ils expriment » (Vatican II, constitution dogmatique Lumen Gentium, 25). Le texte parle bien d’enseignement en matière de foi et de mœurs. Il n’est pas fait de distinction entre la répétition d’une « doctrine universelle du salut » infaillible et une pastorale faillible en matière de foi et de mœurs, type Amoris Laetitia. – Me. Adrien Abauzit, Réfutation des lefebvristes et des conciliaires sur l’infaillibilité du magistère ordinaire de l’Eglise, in Fide Post, 13 Juin 2019
Preuve n°8 : La notion la plus proche du concept novateur de « pastorale » chez les modernistes pourrait être, chez les catholiques, la théologie pastorale. Or, celle-ci relève évidemment et directement de la théologie dogmatique.
La théologie pastorale, laquelle comprend la liturgie, l’homilétique et la catéchèse, procède directement la théologie morale. Ainsi, sa dépendance à la théologie dogmatique est évidente. – Père Joseph Pohle, Encyclopédie Catholique, 1912, article « dogmatic theology »
Preuve n°9 : Même le catéchisme de Jean-Paul II réfute totalement les affirmations de ceux qui prétendent qu’il existerait un magistère pastoral faillible.
La charge pastorale du magistère est ainsi ordonnée à veiller à ce que le peuple de Dieu demeure dans la vérité qui libère. Pour accomplir ce service, le Christ a doté les pasteurs du charisme de l’infaillibilité. – Catéchisme de l’Eglise catholique, 1992, n°890
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Bonjour,
Le Concile Vatican II, en tant que « pastoral », a été à la fois adogmatique ad intra et consensualiste ad extra. Ce n’est pas un jugement, c’est un constat.
De même, à l’intérieur de la « novlangue » en vigueur depuis le début des années 1960, une activité ou une attitude « pastorale » est une activité ou une attitude qui est également à la fois adogmatique ad intra et consensualiste ad extra.
Il convient de rappeler que cette « novlangue » découle d’une « vulgate » qui est présente non seulement dans les documents du Concile les plus représentatifs de cette conception de la signification de la pastoralité, mais aussi dans deux documents qui ont eu une influence considérable sur l’atmosphère et le déroulement des deux dernières sessions du Concile :
– la lettre encyclique Ecclesiam suam, du pape Paul VI, en 1964,
– le discours à l’ONU du même pape, Paul VI, en 1965.
Il est également possible de considérer le caractère « pastoral » du Concile Vatican II sous l’angle de l’idéologie ou, à tout le moins, sous celui de la phraséologie qui le caractérise et qui caractérise les enseignements et les évitements post-conciliaires.
Sous cet angle là, il est possible de dire que le Concilie Vatican II est « pastoral » en ce qu’il est porteur de l’idéologie du dialogue ad extra et du renouveau ad intra, ou en ce qu’il est propice au déploiement de cette idéologie dans « l’Eglise du Concile ».
Ce n’est peut-être pas avant tout « cela », le Concile, et ce n’est sûrement pas seulement « cela », Vatican II, mais c’est notamment « cela », et même notablement et notoirement « cela », le Concile Vatican II.
Enfin, face à cela, face à cette nouvelle signification donnée à la pastoralité, chez les uns, l’herméneutique du dédain et du déni tourne à plein régime, et, chez les autres, « philo-bergogliens » au point d’être presque « anti-ratzingériens », cette nouvelle signification est à la fois affichée en plénitude et assumée en totalité…
Bonne journée.
Un lecteur.
Monseigneur Lefebvre a fait plus qu’une erreur en signant ce concil.
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