Jean, Évêque de Rome, à notre très-illustre et très-clément fils Auguste Justinien.
Outre les éloges mérités qu’on peut donner à votre sagesse et à votre douceur, le plus chrétien des princes, vous êtes distingué encore comme un astre radieux, par l’amour de la foi et de la charité ; et instruit, sur ce qui concerne la discipline ecclésiastique, vous avez conservé la doctrine de la prééminence du siège de Rome ; vous lui avez soumis toutes choses, et vous avez ramené l’unité dans l’Eglise. Le Seigneur a dit au premier de nos prédécesseurs, qui est aussi le premier des apôtres : Gardez mes brebis ; Siège que les institutions des princes, les maximes des pères, et le témoignage de votre piété déclarent le chef de toutes les églises. Il est donc certain que ce passage de l’écriture sera accompli en vous : Par moi les rois règnent et les puissances rendent la justice. Rien ne donne plus d’éclat aux princes qu’une foi juste ; il n’est rien qui préserve du péché comme la vraie religion: car, comme l’une et l’autre se rapportent à l’Auteur de la vie et de la lumière, elles repoussent les ténèbres, et s’élèvent toujours au-dessus des vices. C’est pourquoi, glorieux prince, tout le monde fera des vœux pour que la Divine Providence maintienne votre piété dans le zèle de la foi, dans cette dévotion sincère, dans cette étude de la vraie religion, pendant tout le cours de votre vie ; car nous croyons que c’est l’avantage des saintes églises. En effet, l’Ecriture dit : Le roi gouverne par ses discours. Et ailleurs : Le cœur du roi est dans la main de Dieu; il penche du côté où Dieu veut, c’est-à-dire, qu’il affermit votre empire et qu’il conserve vos royaumes. Car la paix de l’Eglise, l’unité de la religion, élèvent et conservent en paix celui qui en est l’auteur ; et la divine puissance préserve de l’adversité celui qui maintient l’Eglise sans tache et dans la tranquillité. En effet, l’Ecriture dit : Le roi juste qui est sur le trône, n’a point à craindre de l’adversité. Nous avons reçu avec un respect accoutumé les lettres de votre majesté, par nos frères et collègues, les très-saints évêques Hyppatius et Démétrius ; nous avons appris d’eux que vous avez publié un édit adressé à vos fidèles peuples, dicté par l’amour de la Foi, et tendant à détruire les hérétiques ; lequel édit est complètement selon la doctrine apostolique, et a été confirmé par nos collègues et nos frères les évêques ; nous le confirmons de notre autorité , parce qu’il est conforme à la doctrine apostolique.
Il est donc certain, très-illustre empereur, comme le prouvent l’objet de votre légation et le récit de vos députés, que vous vous adonnez à l’étude de la religion apostolique, puisque vous savez, vous avez écrit, propagé, prêché aux peuples fidèles ce que, comme nous avons dit, la doctrine du siège apostolique et l’autorité respectable des saints pères ont arrêté et que nous avons confirmé en tout point. C’est le temps de s’écrier d’une voix prophétique : Le ciel vous protégera ; les montagnes, les collines se réjouiront ! Il faut que vous graviez fidèlement ces choses dans votre cœur, que vous les conserviez comme la prunelle de vos yeux. Il n’est aucun de ceux qui sont animés par la charité de Jésus-Christ, qui puisse nier votre profession de foi, qui est si juste et si vraie; car il n’est aucun doute que vous avez condamné l’impiété de Nestor, d’Eutychès et de tous les autres hérétiques, et que vous avez observé fermement et fidèlement, avec un cœur pieux et dévoué à Dieu, la vraie foi catholique de notre Seigneur et Dieu, révélée par notre Sauveur Jésus-Christ, confirmée par les prédictions des prophètes et des apôtres répandues partout, et par la confession des saints de toute la terre ; recueillie par les pères et les docteurs, et conforme à notre doctrine.
Les seuls qui soient opposés à votre profession de foi sont ceux dont l’Ecriture dit : Ils ont mis leur espérance dans le mensonge, et ils ont espéré dans le mensonge ; ou ceux qui, d’après le prophète, ont dit au Seigneur : Eloigne-toi de nous, nous ne voulons pas suivre tes voies ; ceux dont parle Salomon: Ils ont erré dans leurs propres voies y et ils amassent avec leurs mains des choses infructueuses. C’est donc là votre vraie foi et votre vraie religion, que tous les pères, d’heureuse mémoire, comme nous avons dit, ainsi que tous les chefs de l’Eglise romaine, que nous suivons en toutes choses, ont décidé ; ce que le Siège apostolique a jusqu’à présent prêché et gardé fermement ; et s’il existe quelqu’un qui soit opposé à cette confession et à cette Foi du chrétien, il les jugera lui-même hors de la sainte communion et de l’Eglise catholique. Nous avons trouvé dans la ville de Rome Cyrus et ses partisans, qui ont été du monastère des Cumitens, et que nous nous sommes efforcés de rappeler par nos conseils apostoliques à la vraie foi, ainsi qu’on ramène les brebis égarées à la bergerie. Afin de faire connaître, comme dit le prophète, à ceux qui doutent que nous tendons vers la paix, le premier des apôtres répète par notre voix aux incrédules, ces paroles du prophète Isaïe : Errez à la lumière du feu et de la flamme que vous avez allumée. Mais leur cœur est tellement endurci, comme dit l’Ecriture, qu’ils ne peuvent rien entendre; et les brebis qui n’étaient pas de mon troupeau, n’ont pas voulu entendre la voix du pasteur. Observant ce que Saint Pierre a établi à ce sujet, nous ne les recevons point dans notre communion, et nous ordonnons qu’ils soient exclus de toute église catholique, à moins que, condamnant leur erreur, ils ne suivent Notre doctrine, et déclarent en faire profession ; car il est juste que ceux qui ne s’y soumettent point, soient déclarés exclus des églises. Mais l’Eglise ne ferme jamais son sein à ceux qui veulent retourner à elle : c’est pourquoi, s’ils abandonnaient leurs erreurs et leurs mauvaises intentions, je supplie votre clémence, afin que vous les receviez dans votre communion, que vous oubliiez les injures qui ont excité votre indignation, et que, par Notre intercession, vous leur pardonniez et leur accordiez votre bienveillance.
Nous prions Dieu qu’il daigne vous conserver longtemps dans la vraie religion, l’unité du Siège apostolique et le respect que vous avez pour lui, et qu’il vous conserve le commandement, en toutes choses, de l’empire le plus chrétien et le plus pieux. Nous avons en outre à nous féliciter, sérénissime prince, des personnes des évêques Hyppatius et Démétrius, nos frères et nos collègues, que l’élection que vous avez faite d’eux nous prouve qu’ils vous sont agréables, car on ne pouvait charger d’une commission aussi importante, aussi pieuse et respectable, que des hommes parfaits en Jésus-Christ, et vos amis. Fils très-pieux, que la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, la charité de Dieu le père et la communication du Saint-Esprit soient toujours en vous. Ainsi soit-il. La souscription était ainsi : Très-clément et très-glorieux fils l’empereur Auguste, que le Dieu tout-puissant conserve par Sa continuelle protection votre royaume et votre santé.
Fait à Rome, le 8 des calendes d’avril, sous le consulat de l’empereur Justinien, consul pour la quatrième fois, et de Paulinus.
Pape Jean II, Lettre à l’empereur Justinien, in Code Justinien, Livre I, titre premier, point n°8