Cyprien à Maxime, à Nicostrate, et aux autres confesseurs, salut. Souvent, mes très-chers frères, vous avez vu par mes lettres en quels termes honorables j’ai toujours parlé de votre confession, en quels termes affectueux de la fraternité qui nous lie. Eh bien ! croyez, je vous en conjure, et rendez-vous à cette lettre que je vous écris avec franchise et dévouement, dans votre intérêt, dans l’intérêt de votre conduite et de votre gloire. Je suis peiné, je suis attristé, j’ai le cœur encore serré de l’insupportable affliction dont j’ai été frappé et comme abattu, quand j’ai appris qu’au mépris de la discipline ecclésiastique, au mépris de la loi de l’Évangile, et en opposition avec l’unité de l’institution catholique, vous aviez consenti à ce qu’on créât un autre évêque [à Rome], c’est-à-dire à ce que, contre tout droit et toute loi, on établit une autre Église, qu’on déchirât les membres du Christ, et que, par une rivalité qui n’engendre que divisions, on mit en pièces l’âme et le corps, un par sa nature, du troupeau de notre Seigneur.
Oh ! je vous en conjure, vous au moins ne prolongez pas entre nos frères ces coupables dissensions; mais, fidèles à votre confession et à la divine tradition, revenez à votre mère, du sein de laquelle vous êtes sortis, de chez qui vous êtes partis, faisant tressaillir de joie cette bonne mère, pour aller conquérir la gloire de votre confession. Et ne croyez pas que vous affermissiez l’Évangile du Christ en vous séparant ainsi de son troupeau, et de la paix et de la concorde qu’il chérit. Ne convient-il pas mieux à de glorieux et fidèles soldats, de rester dans le camp où ils ont été nourris, et, renfermés dans son enceinte, d’y faire et d’y régler tout ce que nous avons à traiter en commun? En effet, notre unanimité et notre parfait accord ne souffrant absolument aucune scission, puisque nous ne pouvons abandonner l’Église, sortir dehors, et aller vous trouver, c’est plutôt à vous de revenir à l’Église notre mère et à nous qui sommes vos frères; nous vous y exhortons, nous vous en prions et vous en supplions avec toute l’ardeur dont nous sommes capables. Je désire, mes très-chers frères, que vous vous portiez toujours bien.
Saint Cyprien de Carthage, Lettre XXII, Selectae Sancti Cypriani Epostolae, pp.135-137, Gaumes Frères, Paris, 1852.