À l’approche de la saison d’été, qui, au surplus, nous amènera cette année les grandes manifestations religieuses du Congrès Eucharistique Canadien, il ne semble pas inutile de rappeler une fois encore à tous Nos fidèles les exigences imprescriptibles de la morale chrétienne dans le vêtement.
Nonobstant les suggestions de la mode et les exemples d’un trop grand nombre, les catholiques ne peuvent se laisser entraîner par le torrent de l’immoralité, ni surtout les pasteurs se relâcher de leur vigilance et de leur juste sévérité.
Dans l’église et même aux fonctions sacrées qui se déroulent en plein air, une particulière surveillance doit être exercée. Il n’est permis à personne d’assister aux saints offices, et à plus forte raison de se présenter à la Sainte Table ou au Confessionnal, sans être vêtu avec convenance, chacun selon son état.
C’est la loi canonique même : « Soit dans l’église soit hors de l’église, lorsque les femmes assistent aux rites sacrés, elles doivent avoir la tête couverte et être vêtues modestement surtout pour s’approcher de la Table Sainte » (canon 1262, § 2).
Les personnes du sexe ne sauraient donc être admises dans une toilette trop négligée ou trop mondaine : leur tenue, au contraire, doit respirer la modestie, elle doit être l’ornement et la sauvegarde de la vertu.
Qu’elles aient donc un vêtement suffisamment haut au col, les bras couverts jusqu’au poignet, une robe qui descende au moins jusqu’en bas des genoux. Le mieux sera qu’elles y ajoutent un ample manteau.
Leur tête aussi doit être couverte, préférablement d’un long voile, ou tout au moins d’un chapeau de dimensions convenables ; en tout cas un bandeau en forme de couronne ou de diadème ne suffit pas, encore moins une simple fleur ou quelque ornement jeté sur la chevelure.
Les hommes eux-mêmes ne sauraient franchir le seuil de nos églises en costume de sport, et encore moins – est-il besoin de le dire ? — en costume de plage.
Les Curés ont le strict devoir, en tant que gardiens et interprètes autorisés de la morale chrétienne, de ne négliger aucune occasion d’insister sur ce grave précepte de la modestie, selon la règle qui leur en est tracée par l’Apôtre saint Paul : « Insta opportune, importune ; argue, obscecra, increpa in omni patientia et doctrina » (2 Tim. 4, 2) [« Insiste à temps et à contretemps ; reprends, menace, exhorte, avec une entière patience et toujours en instruisant »].
En tant que gardiens du temple et de ministres des autels, ils ont mission d’écarter du lieu saint les profanations sacrilèges que sont les toilettes indécentes, provocatrices. Ils sauront donc, en postant même des surveillants attitrés, interdire l’accès de l’église aux personnes que leur tenue en rend indignes.
Avec la prudence et la modération inhérentes à leur ministère, ils auront aussi à sanctionner leurs avis jusque par l’exclusion et le refus des Sacrements, conformément à cette règle portée par la Sacrée Congrégation du Concile, dans l’Instruction Vi supremi apostolatus, du 12 janvier 1930 (A.A.S., XXII, 1930, 27) :
Les filles et les femmes vêtues de façon déshonnête seront exclues de la Sainte Communion ; on leur interdira d’exercer les fonctions de marraine aux sacrements de Baptême et de Confirmation ; et, si le cas le comporte, on leur interdira même l’entrée de l’église.
Nous voulons espérer que les mères chrétiennes ne Nous amèneront point à cette extrémité de rigueur, en portant jusque dans la maison de Dieu la séduction et les livrées du paganisme.
Au contraire, elles donneront un si parfait exemple de dignité et de convenance, elles inculqueront à leurs filles un si haut respect d’elles-mêmes et une si grande vénération du lieu saint, que nos églises seront protégées contre ces désordres funestes pour les âmes.
Donné le 28 avril 1938.
J.-M.-Rodrigue cardinal Villeneuve, o.m.i., Contre les toilettes immodestes, in Circulaire au clergé, n° 52, 31 décembre 1938 ; paru dans : Mandements, lettres pastorales et circulaires des évêques du Québec, volume 15, 1936-1939, Chancellerie de l’archevêché, Québec, 1940, p. 468-470.