Le temps de l’Avent est un moment de joie pour le monde chrétien. Durant cette période, nous nous préparons à célébrer l’incarnation du Verbe Divin annoncée par les saints prophètes.
L’incarnation de Jésus Christ inaugure la période centrale de l’histoire de l’humanité. Dom Guéranger disait que l’apparition du Verbe Incarné est le point culminant de l’histoire des hommes. Jésus Christ est la lumière des nations qu’il viendra bientôt délivrer pour toujours des ténèbres du péché et de l’ignorance.
Ceci est tellement vrai que depuis ce jour béni entre tous les jours de l’année, le monde entier compte ses heures et ses minutes en fonction du jour exact où Jésus-Christ S’est révélé au monde, par le sein de la Très Sainte Vierge Marie.
C’est dire l’empreinte profonde et indélébile que le maître du Temps a laissé sur l’humanité.
En effet, n’avez-vous pas remarqué que même à notre époque d’athéisme et de confusion spirituelle, que ce soit dans l’Occident matérialiste, dans le monde arabo-musulman ou dans la Chine confucéenne, toutes les nations du monde règlent leurs horloges et leurs calendriers en fonction de l’heure et du jour de l’Incarnation de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Cela prouve en effet les paroles de la Sainte Écriture : Dieu règne malgré Ses ennemis. Toute puissance a été donnée au Fils de Dieu au ciel comme sur la terre.
Aujourd’hui encore, l’Occident apostat se mobilise pour célébrer la fête de Noël. Hélas, bien sur, le sécularisme est passé par là et pour la plupart des gens, Noël n’est plus qu’une simple coutume, une occasion de se réunir en famille, quand il y en a encore une, et d’offrir des biens de consommation à ses proches. La crèche de Noël, qui était autrefois une véritable pièce de dévotion, est désormais réduite à un simple objet culturel, dans le meilleur des cas. Dans une France qui ne sait plus très bien ce qu’elle est et surtout combien elle doit au Roi de l’univers, on cherche même à faire totalement disparaître les symboles et les formules de la fête de Noël, qu’on trouve encore trop chrétienne et pas assez inclusive.
Un tel état de faiblesse spirituel explique pourquoi de nombreux pays Occidentaux ont si facilement substitué le culte chrétien pour des idoles modernes. Si les hommes politiques refusent de laisser Jésus-Christ entrer dans les palais du gouvernement, ils ouvrent toutefois grandes leurs portes à d’autres croyances et à d’autres maîtres.
On observe depuis quelques années une exposition particulière de la fête juive de Hanoucca, qui est également appelée fête des Lumières. Par exemple, tous les ans à Paris, une grande hanoukkia est placée sur le champ de Mars et sur différentes places de la ville pour l’allumage public des bougies.
Typiquement célébrée en décembre, la fête de Hanoucca se rapporte à l’origine aux grandes victoires des héros de la foi que furent les Macchabées. Cette fête a été instituée par Judas Macchabée lui-même à l’occasion de la restauration du Temple le 14 décembre de l’an 164 avant Jésus-Christ. Elle constitue donc l’une des grandes traditions tardives de la religion mosaïque dans l’Ancien Testament. Cependant, comme nous allons le voir plus tard, la tradition talmudique a largement laissé de côté l’histoire des Macchabées pour se focaliser uniquement sur le miracle de l’huile qui aurait eu lieu à l’occasion de la restauration du Temple.
Nous autres chrétiens connaissons aussi cette fête sous le nom de « Fête de la dédicace du Temple ». Il en est d’ailleurs fait mention dans le Saint Évangile, dans Jean 10 ; 22 :
On célébrait à Jérusalem la fête de la Dédicace ; c’était l’hiver ; et Jésus se promenait dans le temple, sous le portique de Salomon. Les Juifs l’entourèrent donc et lui dirent : « Jusques à quand tiendrez-vous notre esprit en suspens ? Si vous êtes le Christ dites-le-nous franchement. » Jésus leur répondit : « Je vous l’ai dit, et vous ne me croyez pas : les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi ; mais vous ne me croyez point, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. Mes brebis entendent ma voix ; je les connais, et elles me suivent. Et je leur donne une vie éternelle, et elles ne périront jamais, et nul ne les ravira de ma main ; mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et nul ne peut les ravir de la main de mon Père. Mon père et moi nous sommes un. »
Nous voyons donc ici que c’est au cours de la fête de Hanoucca que Notre Seigneur Jésus-Christ affirme avec force Sa messianité et Sa divinité face aux pharisiens incrédules. Gardons cela à l’esprit car l’objectif de mon propos est de vous inviter, non seulement à méditer sur le temps de Dieu, mais aussi de vous demander de prier pour la conversion des Juifs, laquelle arrivera tôt ou tard, comme nous le savons.
De nos jours, alors que le conflit entre palestiniens et sionistes fait rage en Terre Sainte, on voit se développer en Occident une réaction à l’envahissement de l’espace public et politique par une certaine propagande communautaire, qui cherche à justifier les crimes de l’Etat Juif tout en menaçant de lancer l’anathème de l’antisémitisme sur les récalcitrants.
Parfois, l’exaspération des Européens prend une forme vigoureuse, comme ce fut le cas récemment en Pologne, où le député catholique Grzegorz Braun a éteint les bougies d’une hanoukkia exposée dans le parlement polonais.
Mais il arrive aussi parfois que cette exaspération légitime se mêle à des réactions antisémites grossières et condamnables, qui se fondent généralement sur des analyses partiellement mauvaises. Par exemple, certains néo-marcionites critiques du sionisme et de son action communautaire profitent de la fête de Hanoucca pour attaquer les Saints de l’Ancien Testament. Dans leur esprit, Mattathias et les Macchabées ne furent que des représentants précoces du talmudo-sionisme moderne, des fanatiques Juifs hostiles à l’hellénisme, et donc à l’Occident.
Selon cette logique, le sionisme, et a fortiori le talmudisme, portent en eux une haine de l’Occident authentique, contrairement à ce que certains cherchent à nous faire croire par le truchement du concept de « judéo-christianisme ».
Le problème, c’est que ce n’est pas aussi simple et cela mérite donc quelques explications.
Tout d’abord, on constate une fois encore cet accord paradoxal entre les néo-marcionites et leurs ennemis talmudiques, partageant cette vision charnelle et fausse de la Très Sainte Bible, les uns accordant aux autres une légitimité qu’ils ont perdu il y a 2000 ans.
J’en profite d’ailleurs pour vous recommander l’excellent ouvrage de l’abbé Rioult sur ce sujet : La Clef des Écritures.
S’il est exact que l’Eglise n’a jamais institué de fête de la dédicace, tout catholique sérieux sait néanmoins que les partisans de Mattathias et de Judas Macchabée doivent être tenus comme des héros de la foi et des modèles de vertu patriotique. De ce point de vue, les Macchabées doivent être considérés par les catholiques comme des modèles dont nous devrions nous inspirer tout particulièrement à notre époque.
Par exemple, Dom Augustin Calmet, le plus grand exégète français du 18e siècle, brosse un portrait magnifique du grand Mattathias dans son Grand Dictionnaire de la Sainte Bible :
S’opposant au pouvoir des conquérants grecs qui voulaient forcer les Judéens à apostasier, Mattathias fut « transporté par le zèle, l’indignation et le courroux » et prononça cet appel qui devrait résonner aujourd’hui tout particulièrement dans le cœur des chrétiens : « Quiconque a du zèle pour la Loi et désire maintenir fermement l’Alliance divine, qu’il me suive ». Avant de mourir, Mattathias laissa à ses fils des instructions pleines de sagesse et qui auraient pu se retrouver dans le Testament de Saint Louis : « Mes enfants, soyez vraiment zélés pour la Loi et sacrifiez vos vies pour l’alliance de vos ancêtres ».
Le chanoine Joaquin Torres Asensio, grand théoricien de la guerre juste, évoque avec émotion la révolte des Maccabées comme modèle parfait de la Guerre Sainte :
Avec ses cinq fils, Mattathias leva l’étendard de la religion et de la patrie ; il prit la devise sacrée de Saint Michel contre Lucifer dans le ciel : « Quis ut Deus » (Qui est égal à toi parmi les dieux, Yahweh !) Et de roc en roc, de montagne en montagne, le saint étendard refit la conquête d’Israel et mérita d’être salué avec respect par Sparte et par Rome. Le Ciel soutenait sa valeur par de nombreux prodiges, et un jour le héros principal de cette grande épopée vit apparaître en songe le prophète Jérémie, qui lui remit une épée d’or en disant :Prend cette sainte épée, comme un présent que Dieu te fait et avec laquelle tu renverseras les ennemis de mon peuple d’Israel.
Citant Saint Augustin et Saint Ambroise de Milan, Dom Gaspar Lefebvre, dans le Missel de Saint André, commente longuement l’importance centrale des Maccabées dans la liturgie du 20e dimanche après la Pentecôte :
Après la captivité de Babylone, le peuple de Dieu retourna à Jérusalem où ils rebâtirent le Temple. Or, ce fût à cette époque que fut composé le psaume de l’Offertoire de la messe de ce jour. Mais les Judéens furent bientôt à nouveau punis à cause de nouvelles infidélités. A cette occasion, Antiochus Epiphanes prit Jérusalem et pilla le Temple. Après quoi il fit publier partout un édit interdisant la pratique de la foi juive. Des autels idolâtres furent érigés sur toutes les places et le nombre des apostats devint si grand qu’il semblât alors que la foi d’Abraham, d’Israël et de Moïse allait disparaître. C’est alors que Dieu suscita des héros. Un prêtre nommé Mattathias rallia à lui tous ceux qui étaient encore empli du zèle pour la Loi et pour la fidélité envers l’Alliance. Il désigna son fils Judas Macchabées afin que ce dernier soit le chef de l’armée qu’il avait formée pour défendre les droits du vrai Dieu. Et c’est avec cette petite armée que Judas prit vaillamment part aux batailles d’Israël. « Il était dans l’action pareil au lion, comme le lionceau qui rugit sur sa proie » (1 Macchabées 3 ; 4). Il extirpa les impies, mit en déroute la grande armée d’Antiochus et rétablit le vrai culte à Jérusalem. Remplis de l’Esprit de Dieu, les Macchabées reconquirent leur pays et sauvèrent les âmes de leurs compatriotes.
L‘Encyclopédie catholique nous apprend que le nom Macchabée vient du syriaque Maqqaba signifiant « le marteau ». L’auteur de l’article compare ainsi Judas Macchabée à Charles Martel, tous deux étant à leur manière, des précurseurs des Croisés.
On retrouve fréquemment Judas Macchabée dans l’iconographie chrétienne médiévale et moderne. Il se tient par exemple aux côtés des saints prophètes dans la célèbre fresque de Raphaël au Vatican, La Dispute du Sainte Sacrement. On le trouve dans quantité de gravures médiévales et sur les vitraux de nombreuses églises gothiques (Cathédrale de Tournai, chapelle de Notre Dame de la Consolation à Pierrelongue, etc).
Il existe aussi un reliquaire contenant les restes des sept saints martyrs en la cathédrale de Cologne et décrivant sur 40 scènes en relief, l’histoire des Macchabées.
En effet, l’Eglise catholique célèbre la mémoire du martyr des sept frères macchabées le 1er août.
Saint Grégoire de Naziance commente, au sujet de cette fête :
Ils méritent l’hommage de tous par le courage et la constance qu’ils ont montrés à observer les lois et les coutumes de leurs ancêtres. Puisqu’ils ont enduré le martyre avant la Passion de Jésus-Christ, que n’eussent-ils pas fait, s’ils avaient été persécuté après Lui, avec l’exemple de Sa mort pour notre salut ? Bien plus, une raison mystérieuse et intime, que partagent avec moi tous ceux qui aiment Dieu, me porte à croire qu’aucun de ceux qui ont souffert le martyre avant la venue du Rédempteur, n’a pu obtenir cette gloire sans la foi en Jésus-Christ.
Il est interessant de voir que l’Eglise n’a pas institué de fête particulière pour les guerriers de l’armée des Macchabée, même si les exploits de ces derniers sont très présents dans la liturgie d’Octobre comme nous l’avons vu. Au lieu de cela, l’Eglise semble avoir voulu insister sur les sept frères martyrs, comme pour signifier la supériorité spirituelle de leur sacrifice.
Il n’en demeure pas moins que les Macchabées ainsi que tous ceux qui ont combattu à leur côté sont des héros qui doivent nous servir de modèles de zèle dans la foi et de vertu patriotique.
Ils ont en effet libéré la Terre Sainte à plusieurs titres :
- Ils ont libéré la terre sainte du règne tyrannique d’Antiochus Épiphane, qui avait imposé par la force une religion syncrétique païenne qui préfigure les faux cultes modernes. Antiochus est d’ailleurs considéré comme un type de l’Antéchrist dans l’exégèse catholique traditionnelle.
- Ils ont aussi libéré la Terre Sainte d’une grande apostasie. On lit dès le début du livre des Maccabées qu’une partie de l’élite et du peuple judéen avait abandonné la foi pour adopter les mœurs et les croyances des nations païennes. Ceci préfigure ce qui s’est passé dans la Chrétienté à partir du 16e siècle et surtout au 20e siècle.
- Ils ont enfin libéré le Temple de Jérusalem, qui fut souillé et occupé par Antiochus, et dont le grand pontificat fut usurpé par une succession de faux grands prêtres, explicitement décrits comme tels dans le livre des Maccabées.
Bref, autant dire que les Maccabées, comme tous les autres justes, héros et patriarches de l’Ancien Testament, sont considérés comme des saints par l’Eglise catholique. Pour être encore plus exact, il faut rappeller ici que les vrais croyants de l’ancienne religion mosaïque étaient déjà catholiques en puissance en raison de leur foi et de leur espérance en Jésus-Christ, comme nous l’enseigne le catéchisme de Saint Pie X.
L’Encyclopédie catholique enseigne que la fête de la dédicace fut instituée le 25e jour du mois de Kasleu de l’an 164 avant NSJC (ce qui correspond au début du mois de décembre) par Judas Maccabée lui-même pour commémorer la restauration du vrai culte dans le Temple, comme on le lit dans 1 Macc. 4 ; 47-59 :
Alors Judas, avec ses frères et toute l’assemblée d’Israël, ordonna que le jour de la dédicace de l’autel serait célébré en son temps, d’année en année, pendant huit jours, à partir du vingt-cinquième jour du mois de casleu, avec joie et allégresse.
Curieusement, la fête talmudique de Hanoucca ne célèbre pas les grandes victoires des Maccabées, ni même la restauration du culte, mais seulement le miracle de l’huile sainte, dont il n’est fait mention que dans la tradition midrashique.
Dans Talmud, Shabbat, 21b, il est en effet évoqué l’histoire d’une bouteille d’huile miraculeuse qui brûla sans discontinuer pendant huit jours dans le Temple. Telle est la base de la fête d’Hannouca dans la tradition talmudique.
En effet, il est important de savoir que contrairement au catholicisme, le judaïsme talmudique ne considère pas les livres des Macchabées comme faisant partie de la Bible. Les Juifs les considèrent comme faisant partie des sefarim hitzonim, c’est à dire, comme des livres apocryphes.
Paradoxalement, l’Eglise donc a préservé ces deux livres, tandis que les Juifs talmudiques l’ont déconsidéré.
Les rabbins l’admettent eux-mêmes, comme le Rabbin Hillel Hayyim Lavery-Yisraeli :
Aujourd’hui, Hannouca, en dépit de sa popularité, est la fête juive ayant le moins de support textuel. L’histoire d’Hannouca n’apparait pas dans le Tanakh. La légende d’Hannouca dans le Talmud ne raconte qu’une partie de l’histoire, seul le miracle de l’huile est mentionné. L’histoire de la victoire militaire des Macchabées est totalement occultée. Pour compléter nos connaissances sur hannouca, nous devons donc consulter les livres des Maccabées contenus dans les apocryphes, lesquels ne furent pas canonisés par les sages du Talmud.
Le Prof. Jon Levenson, professeur d’études Juives à Harvard, admet lui aussi :
La tradition catholique romaine honore ces martyrs Juifs en tant que saints et l’église orthodoxe d’orient célèbre la fête des saints macchabées le 1er août. A l’inverse, dans la littérature rabbinique des premiers siècles de l’ère chrétienne, la tradition juive a perdu la connexion avec la révolte des Macchabées, l’associant au contraire avec les persécutions romaines plus tardives. Une autre étrangeté en ce qui concerne Hannouca est que les Juifs ne connaissent la vraie histoire de cette fête que grâce aux Chrétiens qui ont préservé les livres que les Juifs ont eux-mêmes perdu.
En bref, sans l’Eglise catholique, on peut dire que la fête talmudique d’Hannouca ne serait rien d’autre qu’une fête fondée sur une légende obscure durant laquelle on allume des bougies selon un rituel complexe, mais sans aucun contexte historique.
Ce n’est d’ailleurs qu’assez récemment que la ferveur nationaliste sioniste a récupéré l’épopée des Macchabées pour justifier son idéologie et entretenir le sentiment patriotique dans la population israélienne.
D’ailleurs, de nombreux Juifs sont souvent surpris de constater que la tradition talmudique n’ait accordé qu’une si faible place à l’épopée glorieuse des Macchabées.
Le Maharal de Prague, Judas Loew, justifiait la chose ainsi : les sages du Talmud auraient voulu insister sur la dimension spirituelle et providentielle de l’évènement, plutôt que sur la victoire militaire elle-même.
Il est également souvent avancé, non sans raison, que les sages du Talmud, au premier siècle de notre ère et surtout après la destruction du Temple en 70 et la défaite de Bar Kokhba en 135, ont cherché à effacer le souvenir des grandes victoires militaires des Macchabées par crainte de susciter chez les Juifs un zèle nationaliste qui les auraient conduits à de nouvelles terribles défaites et à de nouvelles persécutions par les autorités romaines.
Mais on peut admettre que l’emphase mise sur la dimension purement spirituelle d’Hannouca par les rabbins a aussi quelque chose d’assez noble, un peu comme l’Eglise catholique honore davantage les sept frères martyrs (qui n’étaient pas des militaires, mais des croyants zélés) que les armées de Judas Macchabée.
Ceci se vérifie d’ailleurs par les textes choisis par la tradition talmudique pour les lectures (haftarah) durant Hannouca, par exemple ce passage de Zacharie 4 ; 6 :
C’est ici la parole que le Seigneur adresse à Zorobabel : Ni par une armée, ni par la force, mais par Mon esprit, dit le Seigneur des armées.
C’est ici une parole importante sur laquelle je vais revenir plus tard.
Toutefois, la volonté des sages du Talmud d’effacer au maximum l’histoire des Macchabées a aussi une autre explication : la détestation que les rabbins (en l’espèce, les pharisiens) entretenaient à l’égard de la dynastie des Hasmonéens, autre nom donné à la dynastie des Macchabées fondée par le prêtre Mattathias et son fils Judas.
En effet, c’est entre le 3e et le 2e siècle avant NSJC que se forment les grands mouvements religieux du judaïsme tardif. On peut compter quatre factions majeures que sont les Hassidéens, les pharisiens, les sadducéens et les esséniens.
Les Hassidéens et les pharisiens étaient à l’origine membres ou sympathisants du mouvement macchabéen et on peut dire qu’ils étaient en quelque sorte, les traditionalistes de leur temps. Cependant, ils se brouillèrent par la suite avec les différents successeurs de Judas Macchabée, en particulier avec Jean Hyrcan Ier.
Après la mort de Jean Hyrcan, la dynastie Hasmonéenne tombe en décadence sous le règne de plusieurs successeurs indignes comme Aristobule, Alexandre Jannée (qui fera massacrer un grand nombre de pharisiens) et enfin Jean Hyrcan II et Antigone II qui vont directement conduire à la domination romaine de la Judée, ainsi qu’à l’intronisation d’Hérode.
Tels sont donc, de façon très résumée, les origines réelles d’Hanoucca. Nous voyons à quel point cette histoire doit être connue des catholiques. D’une part, elle nous permet de bien comprendre la situation religieuse et politique de la Judée au cours des deux derniers siècles qui ont préparé l’avènement de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et d’autre part, elle nous donne des enseignements et des modèles précieux pour notre époque.
Que ce soit clair : Les Juifs talmudiques et les sionistes qui se revendiquent de Moïse et de Judas Macchabée, sont dans une démarche aussi illégitime que les musulmans qui prétendent pouvoir faire de Notre Seigneur Jésus-Christ un prophète de l’islam.
Ainsi, ce n’est pas le vrai souvenir de la fête de la Dédicace que nous rejetons, bien au contraire, mais plutôt la célébration talmudique qui est malheureusement encore marquée par le refus des Juifs de reconnaître le Messie Jésus-Christ, contrairement aux saints macchabées qui sans aucun doute, trônent à Ses côtés en ce moment-même dans les cieux.
Ainsi, j’aimerais conclure ce propos par quelques réflexions finales autour de ces deux fêtes qui ont la particularité de se chevaucher tous les ans et qui sont toutes deux marquées par la symbolique de la lumière, de l’espérance et de la joie.
De même que nous sommes convaincus que les livres de Macchabées sont une incroyable prophétie pour les catholiques du 21e siècle, nous pensons que la fête de la Dédicace pourrait peut-être demain retrouver sa véritable raison d’être et devenir la cause de la grande conversion des Juifs, à leur vrai retour en Israël, c’est-à-dire au sein de l’Eglise, conformément à l’enseignement de la Tradition chrétienne.
Il est clair que tout ceci n’aura pas lieu avant que le monde ait vécu l’avènement de l’Antéchrist, puisque la Tradition nous enseigne que ce n’est qu’après cela que nous verrons la conversion massive de beaucoup de Juifs, qui convertiront à leur tour de nombreuses nations à la foi catholique.
Ce que la fête de la dédicace et la fête de la Nativité nous proposent, n’est-ce pas finalement de méditer sur le temps de Dieu ?
Nous lisons dans 1 Macchabées 2 ce passage que je vous invite à méditer à fond :
Lorsque les jours de Mathathias touchèrent à leur fin, il dit à ses fils : « Maintenant règne l’orgueil et sévit le châtiment ; c’est un temps de ruine et d’ardente colère. Maintenant donc, ô mes fils, déployez votre zèle pour la loi et donnez vos vies pour l’alliance de nos pères. Souvenez-vous des œuvres que nos pères ont accomplies de leur temps, et vous recevrez une gloire et un nom immortel. Abraham n’a-t-il pas été trouvé fidèle dans l’épreuve, et sa foi ne lui a-t-elle pas été imputée à justice ? Joseph, dans le temps de son affliction, a gardé les commandements, et il est devenu seigneur de l’Égypte. Phinées, notre père, parce qu’il brûla de zèle pour la cause de Dieu, reçut l’assurance d’un sacerdoce saint. Jésus, pour avoir accompli la parole, est devenu juge en Israël. Caleb. pour avoir rendu témoignage dans l’assemblée, reçut une portion du pays. David, par sa piété, obtint un trône royal pour tous les siècles. Élie, parce qu’il brûla de zèle pour la loi, a été enlevé au ciel. Ananias, Azarias et Misaël, ayant eu confiance, ont été sauvés des flammes. Daniel, par son innocence, fut délivré de la gueule des lions. Ainsi considérez, dans tous les âges, que tous ceux qui espèrent en Lui ne succombent point. Ne craignez point les menaces d’un homme pécheur, car sa gloire va à la corruption et aux vers. Il s’élève aujourd’hui, et demain on ne le trouvera plus, parce qu’il sera retourné dans sa poussière et que ses pensées se seront évanouies. Vous donc, mes fils, soyez forts et vaillants à défendre la loi, car par elle vous serez glorifiés. Voici Simon, votre frère ; je sais qu’il est homme de conseil, écoutez-le toujours, il sera pour vous un père. Que Judas Machabée, vaillant héros depuis sa jeunesse, soit le chef de votre armée et dirige la guerre contre les peuples. Vous vous adjoindrez tous les observateurs de la loi et vous vengerez votre peuple. Rendez aux nations ce qu’elles ont fait à Israël, et observez les commandements de la loi. Et après qu’il les eut bénis, il fut réuni à ses pères. Il mourut l’an cent quarante-six ; ses fils l’ensevelirent dans le tombeau de leurs pères à Modin, et Israël le pleura dans un grand deuil.
Il y a tellement de sagesse et peut-être même de paroles prophétiques dans ce que nous venons de lire, qu’il faudrait en parler pendant des jours. Ce qui nous intéresse ici, c’est la sagesse de Mattathias qui conseille d’abord à ses fils de faire preuve de patience et de discernement, et de se soumettre au temps de Dieu. Le temps est à l’affliction et à la repentance : ils doivent donc se préparer spirituellement. Ce n’est que dans un second temps qu’il les introduit au combat physique qui les attend.
Nous devrions donc peut-être nous inspirer de la sagesse de Matthatias et suivre ses précieux conseils. Comme les Macchabées hier, les catholiques se trouvent aujourd’hui isolés et mis en minorité. Comme les Macchabées hier, les catholiques aujourd’hui doivent mener un combat sur tous les fronts : contre une société devenue athée et matérialiste, contre un pouvoir politique hostile à la religion et contre des autorités ecclésiastiques qui semblent avoir fait défection de la foi. Comme les Macchabées hier, les catholiques devraient donc se préparer dans l’ordre aux épreuves qui les attendent.
Considérons que la guerre qui a opposé les Macchabées aux séleucides a duré plus de 35 ans. Sommes-nous réellement prêts au combat ? Sommes nous bien préparés aux épreuves qui sont les nôtres ? Sommes-nous dignes d’être délivrés de ces temps d’orgueil et de ruine ? Nous devons donc nous efforcer d’imiter le zèle et la patience des Macchabées, ou celle des Judéens pendant la captivité de Babylone, ou encore celle d’Abraham, dont Notre Seigneur Jésus-Christ a dit : « Abraham votre père, a tressailli de joie de ce qu’il devait voir le jour de Mon avènement; il l’a vu, et il s’est réjoui. »
Car en effet, l’attente du Divin Messie surpasse bien évidemment toutes les épreuves de la patience dans la mesure où il n’existe pas de plus grand et de plus noble motif d’espérance que l’incarnation du Sauveur des hommes.
Quelle tristesse que de voir dans l’Évangile la foi asséchée des pharisiens, eux qui furent de vaillants défenseurs de la Tradition, à présent incapables de reconnaître le Temps de Dieu qui s’était accompli devant eux.
Les Pharisiens lui ayant demandé quand viendrait le royaume de Dieu, Jésus leur répondit : « Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards. On ne dira point : Il est ici, ou : Il est là ; car voyez, le royaume de Dieu est au milieu de vous. » – Luc 17 : 20-21
Nous devons donc nous aussi garder à l’esprit cette parole et fixer toujours notre espérance vers le bien suprême qui est Notre Seigneur Jésus-Christ. Gardons à l’esprit que Dieu règne déjà. Il est en effet, le maître du temps et de l’histoire. Lui seul sait quand se dénouera le mystère qui se déroule à notre époque. Comme on le voit dans l’histoire Sainte, Dieu ne veut pas que nous demeurions impassibles et tièdes dans l’attente de ce dénouement. Il veut que nous soyons aussi zélés que les Macchabées dans leur combat pour la restauration du Temple et soyons aussi patients que les saintes personnes qui restèrent fidèles dans leur espérance en l’Incarnation du Messie et qui eurent même le privilège suprême de contempler le visage de la Lumière du Monde.
Ainsi, parce nous, catholiques, avons connaissance de ces choses, nous devons transmettre les lumières de la Foi aux Juifs et aux nations apostates de notre temps.
Prions pour les Juifs, qui semblent aujourd’hui extrêmement éloignés de la foi catholique en raison de l’orgueil de leurs victoires temporelles en ce siècle. Le cardinal Billot et le Père Berry pensaient que l’installation massive des Juifs en Terre Sainte au siècle dernier serait à la fois le signe de l’arrivée prochaine de l’Antéchrist, mais aussi le signe de la conversion future du peuple Juif.
Prions aussi pour les Nations, surtout pour les anciennes nations chrétiennes qui ont perdu leur bien le plus précieux, à savoir la foi catholique. L’épopée glorieuse des Macchabées n’est elle pas le modèle que devraient suivre tous ceux qui s’inquiètent à juste titre de l’avenir de leur nation ? Mais justement, Mattathias et les Macchabées ont été victorieux parce qu’ils combattaient d’abord pour Dieu et ensuite pour leur Nation. C’est en cela que leur combat fut juste et légitime. Ils combattirent aussi bien l’envahisseur étranger que le compatriote apostat. Ils furent victorieux parce qu’ils combattaient par l’esprit et ensuite seulement avec la chair. De nos jours, beaucoup de gens qui se disent patriotes et nationalistes, ne combattent plus que pour la chair, au point de faire de la nation leur divinité.
Nous prions donc pour que les Juifs et les nations se tournent vers la crèche de Noel, non pas avec mépris, non pas avec un esprit commercial et séculier, mais avec une foi et une espérance sincère en Jésus-Christ.