Mohammed El Attaz est né vers 1631 à Fez, au Maroc. Il venait d’une noble famille musulmane, fondatrice de la Zaouia de Dila. En 1654, alors qu’il en route pour un pèlerinage à La Mecque, il est capturé avec d’autres personnes par la flotte du chrétien Balthazar Mandols, près du Cap Bon, non loin des côtes tunisiennes. Retenu captif à Malte, il est libéré en 1656 après que sa famille ait payé rançon. Mais, au lieu de rentrer chez lui, Mohammed a mis à profit sa captivité de deux ans. Ayant longuement médité sur les choses de la religion, il se convertit au catholicisme. C’est alors qu’il s’installe dans le palais de Balthazar Mandols, à Malte, et c’est là qu’il y reçoit le baptême, le 31 juillet 1656. Il prend alors le nom de Balthazar de Loyola, en hommage à son hôte et en hommage à Saint Ignace de Loyola, le fondateur de la Compagnie de Jésus.
Mohammed, désormais Balthazar, vécut ensuite quelques temps dans différents ports italiens, où il menait un petit apostolat, cherchant à évangéliser les captifs nord-africains retenus par les armées chrétiennes. Finalement, en 1657, il entre au noviciat des Jésuite à Messine, en Sicile. Il est ordonné prêtre le 27 décembre 1663. Il partit ensuite pour Lisbonne afin de devenir missionnaire dans les Indes Orientales. Balthazar meurt sur le chemin en partance de Madrid, au mois d’aout 1667. Certains auteurs disent qu’il serait mort à Toulouse.
Le 16 septembre de cette même année, dans le Collège Imperial de la Compagnie de Jésus à Madrid, une foule de nobles, de membres de divers ordres religieux, ainsi que des autorités ecclésiastiques locales, se réunirent dans la chapelle royale pour offrir un impressionnant et fastueux hommage funèbre au Père Balthazar, dont on venait d’apprendre la mort, à l’âge de 36 ans. Une semaine plus tard, dans la même chapelle, le prêcheur royal, le Jésuite Pedro Francisco Esquex, livra encore un sermon mémorable qui fut immédiatement publié et distribué en grand nombre. Avant sa mort, le père Balthazar n’avait passé que quelques semaines à Madrid, mais il y était devenu en très peu de temps, extrêmement populaire.
Comme le remarque Sami Lakmahri, journaliste marocain : « La carrière ecclésiastique ayant suivi la conversion d’El Attaz ne laisse place à aucun doute. Balthazar n’était pas un chrétien ordinaire. Son statut d’homme de religion ne pût être atteint sans une dévotion spirituelle extrême[1] ».
Balthazar fait partie d’une liste d’illustres convertis du 17e siècle : Gaspar Benemerin, fondateur de la Milice Chrétienne ; Félipe Gaspar Alonso ou encore Felipe de Africa.
Source complémentaire : Emanuele Colombo, A Muslim Turned Jesuit : Baldassarre Loyala Mandes, Journal Of Early Modern Study n°17, DePaul University, Chicago, 2013, pp. 479-504
[1] Cité in Lilian Pestre d’Almeida, Le Voyage d’un prince marocain converti, selon Calderon de la Barca, Revue de l’Institut Historique de l’Europe Méditerranéenne, Juin 2012