L’information qui bouleverse le monde des « traditionnalistes » lefébvristes cette semaine est un mariage qui, au Canada, a vu l’union de deux personnes sous les auspices conjointes du « prêtre » du novus ordo qui les a mariés et d’un prêtre de la FSSPX, qui a par la suite célébré une messe tridentine, le père Richard Vachon, comme nous l’apprend le bulletin de mars 2018 du prieuré FSSPX de Winnipeg (Manitoba, Canada). L’information, reprise immédiatement sur la plupart des blogs lefébvristes, photos à l’appui, suscite dans ces milieux une indignation qui nous semble proprement stupéfiante, d’un point de vue catholique.
D’un point de vue catholique, nous ne comprenons pas pourquoi tant de fidèles de la FSSPX, en particulier ceux de la mouvance « résister et reconnaître », s’indignent de cette collaboration entre le clergé novus ordo et le clergé du district canadien de la FSSPX. Il est vrai que s’il fallait suspecter ce père Vachon de proximité douteuse avec les modernistes, ce ne serait certainement pas le premier cas de ce genre, comme le montre une autre affaire récente impliquant d’autres prêtres du district FSSPX du Canada et bien d’autres, plus anciennes, bien documentées par le site Virgo-Maria. A vrai dire, cette indignation n’a pas lieu d’être et en tout cas, elle ne fait que démontrer une fois de plus la délicate et très erronée position théologique entretenue par les lefebvristes pour traiter de la question de l’église moderniste de Vatican 2. A ce titre, les variations entre les tenants de la politique de « ralliement » de Mgr. Fellay et les tenants de la politique isolationniste du « résister et reconnaître » sont absolument vaines et inutiles : essentiellement, ces deux variations lefebvristes conduisent à la même impasse et aux mêmes erreurs.
En fait de ralliement, les lefebvristes, qu’ils soient rallieristes, quiétistes ou isolationnistes, sont tous de fait déjà ralliés à la secte conciliaire. Tous considèrent les antipapes de Vatican 2 comme des papes de l’Eglise catholique, et sa hiérarchie « épiscopale » comme étant de même celle de l’Eglise catholique. En somme, les uns veulent pouvoir entretenir leur désobéissance envers les antipapes, tout en étant canoniquement reconnus par eux, et les autres veulent simplement continuer à se tenir isoler et à espérer peut-être, la conversion au catholicisme…d’une personne qui selon eux, est l’autorité suprême de cette même religion.
Le site de la « fidélité catholique » (comprendre la fidélite lefebvriste) nommé « Reconquista » a également relayé la fameuse information, dans un article très bref, mais qui revèle pourtant en quelques phrases, l’immensité de la confusion doctrinale qui règne dans ces milieux. La position lefebvriste, qui confine à la folie, est paradoxalement résumée au détour d’un article du blog « FSSPX – Resistance Anglia », lequel a également partagé l’affaire du mariage « mixte » de Winnipeg dans des termes durs.
Ce même blog y évoque le livre d’un de leur prêtres, un certain François Pivert, lequel a commis aux éditions de Chiré, une compilation de citations de Mgr. Lefebvre. Le blog en publie un extrait pour servir de démonstration de la position du père Pivert sur les messes « non una cum » qui gagneraient certains prêtres de la FSSPX tendance « résistance » (l’article date de 2014). On y trouve une citation saisissante de Mgr.Lefebvre, que Pivert reprend à son compte :
« Une telle situation d’un pape qui pourrait ne pas l’être, qui favorise l’hérésie, qui préside une Église schismatique, mais qu’on doit concrètement tenir pour pape, est la plus inconfortable qui soit. Mais la Providence l’a voulu ainsi, c’est donc dans ses circonstances que nous devons manifester notre fidélité. »
Les mots manquent pour décrire pareille folie, sinon à remarquer qu’ils résument parfaitement l’aberrant mariage adultérin de la FSSPX avec le Novus Ordo. Comment ne pas se lamenter alors, même durement, de l’indignation incohérente de ceux qui se sont émus de la collaboration de Winnipeg ? Ils se soumettent donc, selon les mots de leur « magistère lefébvriste » à une « église schismatique« , conduite donc par un hérétique non-catholique, « un pape qui pourrait ne pas l’être…mais qu’on doit tenir pour pape« , et demeurent fermement convaincus que cette même autorité est celle de l’Eglise catholique, et que le meilleur moyen de manifester leur fidélité est de rejeter quasiment tout ce que cette autorité enseigne, promeut et ordonne. Mais cette autorité non-catholique est, selon eux, tout de même « concrètement » celle de l’Eglise catholique…
Mais dans ce cas, pourquoi s’émeuvent-t-ils de la collaboration de Winnipeg ? Selon les lefebvristes, comment est-ce que ce « prêtre » novus ordo ne serait-il pas un prêtre catholique, puisqu’il a été formé et ordonné dans les séminaires et selon les rites de Paul VI et de François, qu’ils tiennent comme papes, comme autorités suprêmes de l’Eglise ? Si tous les fidèles et les prêtres de la FSSPX, à chaque messe, se déclarent nommément en communion avec un homme qu’ils déclarent être non-catholique, pourquoi s’indignent-ils tant de ce mariage, eux qui se déclarent unis aux chefs d’une secte hérétique qui se fait passer pour l’Eglise catholique ?
Nous pensons que, malheureusement, la FSSPX est devenue, presque inconsciemment, l’une des nombreuses maisons de l’oecumenia moderniste. Aussi, dans ce cadre et même s’ils s’en défendent, les fidèles de la FSSPX resteront de fait des fidèles de la contre-église moderniste, dans la mesure où ils considèrent les autorités de celle-ci comme étant celles de l’Eglise catholique. Le fait qu’ils refusent les actes « magistériels », liturgiques ou disciplinaires de cette autorité en les qualifiant d’hérétiques, les a conduits vers une ecclésiologie aussi erronée que celle des modernistes. Comment s’ettoner alors des conséquences de ce mariage adultérin ?