Le mot vêtement vient du vieux français vestement. Ce terme lui-même vient du verbe latin Vestio. Ce verbe désigne naturellement l’action de se vêtir, mais aussi de vêtir un objet, de le garnir, de l’orner, d’envelopper et de recouvrir quelque chose ou quelqu’un.
Lisons ensemble un passage remarquable de la Sainte Ecriture, qui utilise, dans la Vulgate, le verbe vestio. Ce passage est tout particulièrement frappant, dans la mesure où il exprime non seulement toute la symbolique de l’habit que nous avons déjà abordé, mais est également une prophétie concernant le passage de l’Ancienne a la Nouvelle Alliance, le passage de l’ancien sacerdoce d’Aaron au sacerdoce éternel et royal de Melchisédech, en somme, une prophétie concernant toutes les réalisations du Messie Jésus-Christ relatives à l’Eglise, à la Foi, aux sacrements et a la charité. On lit en effet dans Zacharie 3 ; 1-5 :
Il me fit voir Josué, le souverain sacrificateur, debout devant l`ange de l`Éternel, et Satan qui se tenait à sa droite pour l`accuser. L`Éternel dit à Satan : Que l`Éternel te réprime, Satan ! Que l`Éternel te réprime, Lui qui a choisi Jérusalem ! N`est-ce pas là un tison arraché du feu ? Or Josué était couvert de vêtements sales, et il se tenait debout devant l`ange. L`ange, prenant la parole, dit à ceux qui étaient devant lui : Otez-lui les vêtements sales ! Puis il dit à Josué : Vois, je t`enlève ton iniquité, et je te revêts d`habits de fête. Je dis : Qu`on mette sur sa tête une tiare pure ! Et ils mirent une tiare pure sur sa tête, et ils lui mirent des vêtements. L`ange de l`Éternel était là.[1]
Les radicaux antiques du verbe Vestio sont intimement liés au terme Vas, qui désigne en latin le vase. Vestis est le terme courant pour designer la pièce de vêtement en général, qui peut être par exemple un costume de ville (forensia vestimenta) : robe, toge, braies, etc. Le Vestis peut aussi être la couverture, le drap, mais aussi le voile de la femme mariée ou consacrée. On dit encore de nos jours des veuves qu’elles prennent le voile noir lors de leur deuil : vestem mutare. La racine Vas est intéressante, car elle est commune aux langues indo-européennes sous la forme Ves. Cette racine renvoie constamment à trois notions essentielles : la notion de défense, la notion de couverture physique et aussi la notion de poids, de responsabilité, comme nous allons le voir.
Cette racine se trouve dans le sanskrit Vaste वस्ते ainsi que dans la langue des Hittites sous le radical Vas. Il peut être intéressant de noter que dans le Sanskrit, le terme Vaste désigne aussi bien l’action de se vêtir, que celle d’épouser ou de prendre une forme. Ce terme renvoie vraiment à l’idée d’incarnation. Le radical Ves passa dans le grec ancien à partir du prototype wehma ϝῆμα qui évolua sous la forme heîma εἷμα. On retrouve le radical Vesh dans le proto-Albanais, de même que dans le vieil armenien zgest զգեստ. Les Tokhariens, peuple eurasiatique antique dont la langue rencontre de surprenantes similitudes grammaticales avec le grec ancien et le vieil allemand, partageaient aussi cette racine Waŝ pour désigner le fait de se vêtir : wässāte kaṣār-wassi Il était vêtu d’un habit de moine. Cette racine Ves se retrouve donc dans les familles de langues germaniques. Celle-ci se trouve dans le proto-germanique Werjana, défendre, protéger, dans le suédois värja, dans l’écossais Weir/Wer ou encore dans le vieil anglais Werian. Dans toutes ces langues, ce terme renvoie aussi bien à la défense, à la protection, qu’a la restriction, a l’empêchement. Le verbe anglais to Wear, qui désigne l’action de se vêtir, vient de cette vielle racine Ver.
D’où, War, la guerre en anglais, Wehr en allemand et Guerre en français. Remarquez aussi qu’en anglais moderne, les termes garnments (ornements) ou vest (veste) semblent plutôt être issus de l’apport français des 10-12e siècles. Plus pur est le terme to clothe que l’on utilise dans l’anglais moderne pour designer l’action de se vêtir. Or, l’étymologie de cloth est purement anglo-germanique. Elle dérive pour partie du proto-indo-européen gleyh qui renvoie à la notion d’adhérence, de terre argileuse, de formation. Cette forme primitive est très proche de la racine klaw, laquelle a inspiré le kleis κλείς de l’ancien grec et le clavis en latin : il s’agit ici de la notion de clef. Retenez ceci, car c’est une information capitale pour la suite. Ce radical klew se maintient dans un grand nombre de verbes et d’adjectifs qui renvoient à la notion de sécurité, de fermeture, mais aussi de contrat. Il en est ainsi du verbe latin claudo qui signifie la fermeture, la restriction, la limite. C’est pourquoi on parle en français de clore une affaire, de conclure un marché. Ainsi, le participe passe clos en français est dérivé du participe passe claudere du latin. Le claustrum, le rempart, est aussi de cette même descendance. Dans le vieil anglais, le terme clysan, est à l’ origine du verbe to close. Or, les allemands, de même que les suédois et d’autres, partagent cette même racine klew pour signifier l’action de se vêtir (kleiden, klädä) ou pour désigner les vêtements (klamoten).
Cette forme était passée chez eux par la même racine, kleiba qui donne en vieux frison klath, en vieux norrois klaedi, en vieux saxon kleth, etc. Maintenant, retenons bien ces éléments pour admirer la puissance de la symbolique de l’étymologie. Nous avons vu que la racine Ves, concerne le vêtement, mais aussi les mots Vase et le Voile (Vellium). Or, nous l’avons vu précédemment : dès le premier livre de la Bible, le vêtement exprime une puissante symbolique relative à la Foi et au Salut. Il semble donc approprie que les femmes catholiques se soient toujours voilées pour signifier leur dignité. Il est de même approprie que les femmes catholiques se voilent lorsqu’elles se tiennent dans un Temple de Dieu, suivant ce qui est écrit dans 1 Corinthiens 11 ; 3-6 :
Mais je veux que vous sachiez que le Christ est le chef de tout homme, que l’homme est le chef de la femme, et que Dieu est le chef du Christ. Tout homme qui prie, ou qui prophétise, ayant la tête couverte, déshonore sa tête. Mais toute femme qui prie, ou qui prophétise, sans avoir la tête voilée, déshonore sa tête ; car c’est comme si elle était rasée. Car si une femme n’est pas voilée, qu’elle se coupe les cheveux. Mais s’il est honteux pour une femme d’avoir les cheveux coupés ou rasés, qu’elle se voile la tête.
De même, dans 1 Corinthiens 11 ; 13, l’apôtre enseigne :
Vos ipsi judicate : decet mulierem non velatam orare Deum ? / Jugez-en vous-mêmes : est-il convenable qu’une femme prie Dieu sans être voilée ?
On retrouve ici le verbe velare qui signifie donc voiler. N’est-il pas vrai, de même, que la femme chrétienne se voile lorsqu’elle se marie ? Ce fut le cas de Sainte Rebecca, lorsqu’elle rencontra son futur époux, Isaac, comme on le lit dans Genèse 24-65 :
Et ait ad puerum : Quis est ille homo qui venit per agrum in occursum nobis ? Dixitque ei : Ipse est dominus meus. At illa tollens cito pallium, operuit se / Elle dit au serviteur : « Qui est cet homme qui vient dans les champs à notre rencontre ? » Le serviteur répondit : « C’est mon maître. » Et elle prit son voile et se couvrit.
Dans ce passage, le mot voile est traduit dans la Vulgate par le nom Pallium, qui désigne une mante. On trouvera de même, dans le latin, le Palla, qui est un vêtement analogue. Chacun sait que le Pallium est porté par les papes et les archevêques. Il est appelé omophorion ὠμοφόριον chez les catholiques d’Orient. N’est-ce pas là convenable, que les prêtres, lors d’une messe, plus spécialement lors du sermon, soient les seuls hommes à avoir le droit d’avoir la tête couverte ? C’est qu’en tant que prêtres, ils sont à l’image du Souverain-Prêtre Jésus-Christ, et comme Lui, ils sont par excellence, les époux mystiques de l’Eglise. C’est la raison pour laquelle le célibat des prêtres est obligatoire dans l’église latine et que cet état est éminemment supérieur à tout autre. Les femmes qui entrent en religion deviennent quant à elles des épouses mystiques de Jésus-Christ.
Poursuivons cette magnifique symbolique du vêtement en consultant Esaïe 61 ; 10, ou il est écrit :
Gaudens gaudebo in Domino, et exsultabit anima mea in Deo meo, quia induit me vestimentis salutis, et indumento justitiæ circumdedit me, quasi sponsum decoratum corona, et quasi sponsam ornatam monilibus suis / Je serai ravi d’allégresse en Yahweh, et mon coeur se réjouira en mon Dieu, parce qu’il m’a revêtu des vêtements du salut et m’a couvert du manteau de la justice, comme le fiancé orne sa tête d’un diadème ; comme la mariée se pare de ses joyaux.
Nous voyons là encore, que dans cette splendide prophétie concernant les noces mystiques du Messie et de l’Église universelle, il est question d’un manteau de justice. Indumentum désigne en effet une robe, mais pas n’importe laquelle : il s’agit d’un vêtement par excellence, d’un habit de très grande qualité. Ce mot est directement tire du verbe induere qui signifie non seulement, se vêtir, mais également, assumer, prendre, endosser une responsabilité, une charge, etc.
Par ailleurs, induere vient du grec endúō ἐνδῠ́ω qui signifie également se vêtir, mais aussi, entrer (dúō δύω) en quelque chose. Nous nous trouvons la face à une puissante symbolique de l’union qui caractérise deux époux. Par ailleurs, ne dit-on pas d’un vêtement bien taillé, qu’il épouse un corps ? Il en va ainsi de la Foi de l’Église, qui est indéfectible et dont le manteau ne peut être déchiré par les voleurs et les usurpateurs. Pourquoi une telle chose ? Toute simplement parce que l’Église a reçu les promesses de l’indéfectibilité par le Seigneur Jésus-Christ dans Matthieu 16 ; 18 :
Et ego dico tibi, quia tu es Petrus, et super hanc petram ædificabo Ecclesiam meam, et portæ inferi non prævalebunt adversus eam/ κἀγὼ δέ σοι λέγω ὅτι σὺ εἶ Πέτρος, καὶ ἐπὶ ταύτῃ τῇ πέτρᾳ οἰκοδομήσω μου τὴν ἐκκλησίαν, καὶ πύλαι ᾅδου* οὐ κατισχύσουσιν αὐτῆς. / Et moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle.
Comme nous l’enseignent les pères et les docteurs de l’Église, l’expression les portes de l’enfer désigne l’hérésie. Or, comme on le verra plus loin dans ce livre, l’hérésie, la défection spirituelle, l’apostasie, est très communément assimilée d’une part, à la nudité, d’autre part, à la prostitution, à l’adultère et a l’infidélité conjugale. Il est évident que l’Église, la Nouvelle Alliance universelle, fondée par Dieu Lui-Même, ne peut en aucun cas faire défection, faillir, c’est-à-dire être infidèle aux promesses et à la doctrine de Dieu. Une telle chose, par nature, est impossible. C’est pourquoi l’Église est dite immaculée : elle ne peut ni nous tromper, ni se tromper. De même, parce que l’Église doit avoir une tête visible tandis que nous sommes dans ce monde, le Seigneur Jésus-Christ, dans le passage de Matthieu que nous venons de lire, mais aussi dans Luc 22 ; 32 et dans Jean 21 ; 15-19 (c’est ce qu’on appelle les trois promesses à Pierre), a consacré Simon Bar Jonas comme le premier pasteur suprême de cette Nouvelle Alliance, c’est-à-dire comme le premier pape du Nouvel Israel. Or, tandis que les pontifes de l’Ancien Israel n’avaient pas de charisme particulier, sinon celui relatif à la prêtrise suprême dans le sacerdoce d’Aaron, le Seigneur Jésus-Christ, notamment par la prière de Luc 22 ; 32, a conféré à Pierre ce charisme d’infaillibilité. C’est-à-dire que le pape ne peut en aucune manière enseigner l’erreur en ce qui concerne la Foi et les Mœurs, dans ce qu’on appelle le Magistère, de même qu’il est impossible que l’Église fournisse aux fidèles, dans ses disciplines et dans l’extériorité de son culte, quoique ce soit de scandaleux, de contraire à la foi et aux mœurs. C’est pourquoi l’existence d’un pape hérétique est une proposition aussi absurde, erronée et impossible, qu’une Église ayant fait défection.
Ainsi, on comprend pourquoi les pères de l’Église nous enseignent que la Tunique sans couture du Christ, dont il est question dans Jean 19 ; 23, représente l’Église, une, sainte, catholique et apostolique, l’Épouse immaculée, dont la fidélité est par nature, à toute épreuve. C’est ce que le Pape Boniface VIII enseigne dans la bulle Unam Sanctam :
La foi nous oblige instamment à croire et à tenir une seule sainte Église catholique et en même temps apostolique, et nous la croyons fermement et la confessons simplement, elle hors de laquelle il n’y a ni salut, ni rémission des péchés, comme l’Epoux le proclame dans le cantique : « ma colombe est unique, elle est parfaite. Elle est la mère qui a été choisie pour être sa génitrice. » Elle représente l’unique corps mystique corps dont le Christ est la tête, Dieu cependant étant celle du Christ. En elle, il y a « un seul Dieu, une seule foi, et un seul baptême » (Ep 4, 5.) Unique en effet fut l’arche de Noé au temps du déluge, qui préfigurait l’unique Église ; achevée à une coudée, elle avait un seul pilote et chef, à savoir Noé, et hors d’elle, nous l’avons lu, tout ce qui subsistait sur terre fut détruit. Nous la vénérons également comme l’unique, car le Seigneur dit dans le prophète : « Dieu, délivre mon âme de l’épée, et des pattes du chien, mon unique » (Ps 22, 2.) Car il a prié à la fois pour l’âme, c’est-à-dire pour lui-même, la tête, et pour le corps, puisque le corps il l’a appelé l’unique, c’est-à-dire l’Église, à cause de l’unité de l’époux, de la foi, des sacrements, et de la charité de l’Église. Elle est cette « tunique sans couture » (Jn 19, 23) du Seigneur qui n’a pas été déchirée, mais tirée au sort. C’est pourquoi cette Église une et unique n’a qu’un seul corps, une seule tête, non pas deux têtes comme pour un monstre, à savoir le Christ et le vicaire du Christ, Pierre, et le successeur de Pierre, car le Seigneur dit à Pierre lui- même : « Pais mes brebis » (Jn 21, 17). Il dit « Mes » en général, et non telle ou telle en particulier, d’où l’on comprend que toutes lui ont été confiées. Si donc les Grecs ou d’autres disent qu’ils n’ont pas été confiés à Pierre et à ses successeurs, il leur faut reconnaître qu’ils ne font pas partie des brebis du Christ, car le Seigneur dit Lui-Même en Jean : « il y a un seul bercail, un seul et unique pasteur » (Jn 10, 16.).
Cette tunique est sans couture, elle est taillée dans une pièce pure de vêtement. Elle n’a pas de couture, car elle n’est pas composée de pièces disparates, de vérités et de contre-vérités. Il n’y en elle, aucune contradiction, de même que l’enseignement du Magistère est pur de toute erreur, donc de toute contradiction.
Cette Tunique est donc unique, tout comme l’enseigne le pape Pie IX dans Singulari Quadam, reprenant lui aussi l’antique Credo évangélique proclamé par l’Apôtre en Ephésiens 4 ; 5-6 :
Il n’y a qu’un Seigneur, une foi, un baptême, un Dieu, Père de tous, qui est au-dessus de tous, qui agit par tous, qui est en tous.
C’est pourquoi les soldats romains qui étaient chargés de l’exécution de Jésus-Christ, ne déchirèrent pas cette tunique. Même leur esprit barbare et incrédule percevait sensiblement la valeur royale. Tout ceci devait se passer exactement de cette manière, car toute la Passion du Seigneur Jésus-Christ fut prophétisée, jusqu’à ce seul détail. On lit ainsi dans Jean 19 ; 23 :
Les soldats, après avoir crucifié Jésus, prirent ses vêtements, et ils en firent quatre parts, une pour chacun d’eux. Ils prirent aussi sa tunique : c’était une tunique sans couture, d’un seul tissu depuis le haut jusqu’en bas. Ils se dirent donc entre eux : « Ne la déchirons pas, mais tirons au sort à qui elle sera » ; afin que s’accomplît cette parole de l’Écriture : Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont tiré ma robe au sort. C’est ce que firent les soldats.
Donc, la Foi catholique est une et pure, à l’instar de la Tunique du Seigneur Jésus-Christ. Elle ne peut pas contenir d’erreur, car l’Église est indéfectible, comme la plus parfaite des épouses. Quant au pape, il n’est qu’un homme : il n’est donc pas garanti d’impeccabilité comme l’Eglise. En revanche, parce qu’il est spécialement garanti par les promesses de Jésus-Christ, il est écrit qu’il est impossible qu’il erre dans la Foi. C’est-à-dire qu’il est impossible que le pape enseigne l’hérésie. Un pape qui enseignerait l’hérésie, par le fait même, ne serait plus pape et devrait même être considéré comme n’ayant jamais été pape. Tel est l’enseignement du pape Paul IV, de glorieuse mémoire. En fait, les termes et références bibliques employées par ce pape dans sa fameuse bulle Cum Ex Apostolatus Officio, sont absolument remarquables. Dès l’introduction de sa bulle, il rappelle exactement tout ce que nous venons de résumer concernant la symbolique du vêtement, de la foi, de l’Église et de la Tunique de Jésus-Christ :
Nous devons veiller avec assiduité et attention, et faire en sorte que soient repoussés loin de la bergerie du Christ tous ceux qui, à notre époque, pécheurs invétérés, s’appuient sur leurs propres lumières, s’insurgent avec une insolence perverse contre l’enseignement de la foi orthodoxe, pervertissent l’intelligence des Saintes Écritures par des inventions superstitieuses et factices, se démènent pour déchirer l’unité de l’Église et la tunique sans couture du Seigneur, à ce qu’ils ne puissent persister dans l’enseignement de l’erreur…
Il affirme ainsi que ceux qui demeureraient dans la communion et dans l’obéissance d’un antipape seront coupables des crimes suivants : Toutes ces personnes seront soumises au châtiment des censures et des peines qui frappent les gens qui déchirent la tunique du Seigneur.
Encore plus frappant, il assimile à des mercenaires, à des soldats, conformément à l’Écriture, ceux qui cherchent à nuire à l’unité de l’Église, c’est-à-dire à cette Sainte Tunique sans couture :
Et, pour que Nous puissions ne jamais voir dans le Lieu Saint l’abomination de la désolation prédite par le prophète Daniel, Nous voulons, autant que Nous le pourrons avec l’aide de Dieu et selon notre charge Pastorale, capturer les renards occupés à saccager la Vigne du Seigneur et écarter les loups des bergeries, afin de ne pas sembler être comme les chiens muets, impuissants à aboyer, pour ne pas Nous perdre avec les mauvais serviteurs et ne pas être assimilé à un mercenaire.
Il y aurait encore mille autres références semblables que nous pourrions rapporter de la Sainte Écriture, sur la symbolique du vêtement. Pour terminer ce propos, notons encore que, comme Saint François de Sales l’enseigne, la papauté fut prophétisée dans l’Ancien Testament. C’est le moment pour le lecteur, de se souvenir de tout ce que nous avons observé concernant l’origine du mot clef. Saint François se concentre en particulier sur ce saisissant passage d’Esaïe 22 ; 20-22 où il est écrit :
Et erit in die illa : vocabo servum meum Eliacim, filium Helciæ, et induam illum tunica tua, et cingulo tuo confortabo eum, et potestatem tuam dabo in manu ejus ; et erit quasi pater habitantibus Jerusalem et domui Juda. Et dabo clavem domus David super humerum ejus ; et aperiet, et non erit qui claudat ; et claudet, et non erit qui aperiat / Et il arrivera en ce jour-là : J’appellerai mon serviteur Eliacim, fils d’Helcias, Je le revêtirai de ta tunique, et Je le ceindrai de ton écharpe ; Je mettrai ton autorité entre ses mains ; et il sera un père pour les habitants de Jérusalem, et pour la maison de Juda. Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David, il ouvrira, et personne ne fermera ; il fermera, et personne n’ouvrira.
Notez que l’on retrouve ici, une fois encore, le terme de tunique, tunica. Pour qui a de l’intelligence, il est évident qu’il s’agit ici d’une éclatante prophétie et d’une confirmation de l’institution divine de la papauté, qui doit par ailleurs, être mise en relation avec le passage de Zacharie vu précédemment. Saint François de Sales compare ainsi, ligne par ligne, mot par mot, les analogies stupéfiantes entre Esaïe 22 ; 20-22 et le passage de Matthieu 16 ; 18-19 :
Et ego dico tibi, quia tu es Petrus, et super hanc petram ædificabo Ecclesiam meam, et portæ inferi non prævalebunt adversus eam. Et tibi dabo claves regni cælorum. Et quodcumque ligaveris super terram, erit ligatum et in cælis : et quodcumque solveris super terram, erit solutum et in cælis. / Et Moi, Je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre Je bâtirai Mon église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. Et Je te donnerai les clefs du royaume des Cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans les Cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi dans les Cieux.
En plus de cela, nous lisons encore, dans la troisième promesse, en Jean 21 ; 18 :
Amen, amen dico tibi : cum esses junior, cingebas te, et ambulabas ubi volebas : cum autem senueris, extendes manus tuas, et alius te cinget, et ducet quo tu non vis / En vérité, en vérité, Je te le dis, lorsque tu étais plus jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais ; mais lorsque tu seras vieux, tu étendras tes mains, et un autre te ceindra et te conduira où tu ne voudras pas.
Le terme de cingulo dans le passage d’Esaïe est au datif. Sans inflexion, il s’agit en fait du cingulum, qui est une large ceinture ou un harnais. Un synonyme latin est d’ailleurs la cinctura, d’où nous avons tiré le mot ceinture. Le cingulum est un vêtement liturgique important. Il symbolise la chasteté du prêtre. Cingulum est formé du verbe cingo qui signifie entourer, encercler ou plus simplement, ceindre.
Que ce soit dans le contexte du vêtement ou dans le contexte figuré de la géographie (où l’on utilisera cingo pour parler de la délimitation de tel ou tel territoire), l’usage de ce mot semble alors tout particulièrement adapté pour représenter les pouvoirs suprêmes d’enseignement et de juridiction prophétisés en la personne d’Eliachim, ministre de la maison de David, et réalisés en Saint Pierre, chef suprême de l’Église de Jésus-Christ.
D’ailleurs, concluons en faisant remarquer à nos lecteurs qu’Eliachim אֶלְיָקִים en hebreu, signifie littéralement Dieu établit ou Dieu veut établir. N’est-ce pas là ce que le Seigneur Jésus dit dans Matthieu 16 ; 18 : Et ego dico tibi, quia tu es Petrus, et super hanc petram ædificabo Ecclesiam meam /Je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre Je bâtirai Mon église ? N’est-ce pas là encore une formidable preuve du raffinement infini de la Sainte Écriture ? Que Dieu soit loué pour toujours.
Guillaume Von Hazel, Mystères de la Révolution, éditions Verus Israel, pp. 34-42
[1] Et ostendit mihi Dominus Jesum sacerdotem magnum, stantem coram angelo Domini : et Satan stabat a dextris ejus ut adversaretur ei. Et dixit Dominus ad Satan : Increpet Dominus in te, Satan ! Et increpet Dominus in te, qui elegit Jerusalem ! Numquid non iste torris est erutus de igne ? Et Jesus erat indutus vestibus sordidis, et stabat ante faciem angeli. Qui respondit, et ait ad eos qui stabant coram se, dicens : Auferte vestimenta sordida ab eo. Et dixit ad eum : Ecce abstuli a te iniquitatem tuam, et indui te mutatoriis. Et dixit : Ponite cidarim mundam super caput ejus. Et posuerunt cidarim mundam super caput ejus, et induerunt eum vestibus : et angelus Domini stabat.