Si tant d’esprits élevés se contentent aujourd’hui d’une admiration stérile pour le christianisme, c’est peut-être à cela qu’il faut s’en prendre. On ne leur parle guère que de la valeur esthétique, économique ou scientifique de notre religion ; ils ont cru naturellement qu’elle n’avait pas d’autres titres, et peu à peu ils en sont venus à la considérer comme un beau poème, une cathédrale sublime, un système grandiose, et rien de plus. Ils avoueront sans peine que le christianisme a été un immense progrès, l’Eglise catholique une institution providentielle, la domination temporelle des papes un droit saint et sacré, ils s’inclinent devant la croix, symbole d’égalité, de fraternité, de réhabilitation universelle ; mais n’allez pas pour cela les croire catholiques, ou seulement chrétiens ; car l’Evangile n’est peut-être, à leurs yeux, qu’une épopée démocratique et mystique, un recueil d’allégories et de mythes que la philosophie doit expliquer, etc.
Abbé Hyacinthe de Valroger, in Revue catholique, numéro 1, mars 1843, Des besoins de la controverse philosophique et religieuse.