L’on dit que la nuit où Paul vint au monde, à Ovada, en Ligurie, une splendeur merveilleuse éclaira la chambre de sa mère. À vingt-deux ans, il se mit à exercer, parmi les jeunes gens, une sorte d’apostolat ; ils se moquèrent d’abord de ses discours, puis réformèrent leurs mœurs, et dix d’entre eux embrassèrent plus tard la vie Monastique. Ses parents voulurent le marier : il ne leva même pas les yeux sur la jeune fille qu’on lui offrait. À la mort d’un oncle il refusa son héritage, renonçant à tout pour marcher dans la voie de la Pénitence Chrétienne.
Il comprit qu’il était destiné à établir la Congrégation des Passionnistes. Aussitôt il se fit raser les cheveux, s’agenouilla devant son père et sa mère pour recevoir leur Bénédiction, vêtit une grossière tunique de drap noir et alla rédiger, dans le silence de la solitude, la règle de son institut. L’évêque d’Alexandrie lui confia quelque temps l’office de prédication et lui permit bientôt de partir pour Rome. En route, la tempête le jeta au mont Argentaro. Ce lieu désert lui sembla convenir à sa future communauté.
Benoît XIII lui conféra le Sacerdoce et lui permit de s’adjoindre des compagnons de Prière et d’étude. Dès lors, il jeta les fondements de son association religieuse. Elle eut, comme la plupart des grandes œuvres, un début difficile ; mais les Bénédictions du Ciel ne lui manquèrent pas. En 1737 l’église et le couvent d’Argentaro furent solennellement bénits. Trois ans après, Benoît XIV fit examiner les règles des Passionnistes, et les approuva par une bulle en 1746. Elles ajoutaient aux trois vœux ordinaires celui de prêcher avec Amour la Passion du Sauveur. Paul et ses compagnons l’accomplirent avec tant de zèle qu’ils ramenèrent dans la Foi un nombre incalculable de personnes.
Paul surtout parlait des tourments du Sauveur avec une telle véhémence, que son auditoire et lui se trouvaient tout en larmes, et que les cœurs les plus durs se laissaient entraîner à la Pénitence. Les témoins ont assuré que la flamme entretenue dans la poitrine de cet homme allait parfois jusqu’à brûler le vêtement qui touchait son cœur ; et lorsqu’il montait au saint autel, des transports extatiques l’élevaient parfois même de terre, et tout son extérieur participait au resplendissement de son âme.
Abbé Pradier, La Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Lille, 1889