Né en Égypte, Chrysanthe était fils d’un sénateur romain. Jeune encore, il accompagna son père dans la grande Rome où sa haute intelligence fut bientôt remarquée. Convaincu de la vanité des idoles, Chrysanthe cherchait la vérité qui délivrerait son âme des doutes qui la tenaillaient. On lui indiqua un vieillard chrétien réputé maître en sagesse, lequel n’eut pas de peine à dessiller les yeux du jeune néophyte. La vérité aussitôt connue, Chrysanthe l’embrassa avec ardeur et s’en fit l’apôtre enflammé. Son père jura de faire revenir son fils de ce qu’il appelait « ses superstitions et ses erreurs. » Caresses, prières, menaces, tout fut mis en oeuvre, bien qu’inutilement. Cédant alors aux conseils de ses proches, le sénateur enferme Chrysanthe dans son palais pour tendre à sa vertu le piège le plus dangereux. Comme les personnes amenées pour le séduire ne réussissaient pas à l’ébranler, on choisit la prêtresse Darie qui servait une idole dont le culte était regardé comme la sauvegarde de l’empire. Fameuse par ses attraits, par ses connaissances et par le charme de son élocution, cette vestale déploya tous ses artifices pour corrompre le jeune chrétien et l’amener à sacrifier aux faux dieux. Dans Sa miséricorde, Dieu permit que cette femme devint elle-même la conquête de la grâce.
Se voyant unis par les liens de la foi, de l’espérance et de la charité, Chrysanthe et Darie décidèrent de s’unir par un mariage virginal, afin de parvenir par la continence à une pureté de coeur plus parfaite, dans le but de le consacrer totalement à Dieu et de fouler le monde à leurs pieds avec une plus grande facilité. Cette union sainte permit à Chrysanthe de retrouver sa liberté, lui donnant ainsi l’opportunité de continuer à prêcher Jésus-Christ. Sa chaste épouse imita cette conduite héroïque et bientôt de nombreuses conversions s’effectuèrent dans les hauts rangs de la société romaine.
Une des plus remarquables conquêtes du courageux apostolat de saint Chrysanthe fut celle du tribun Claudius, de sa femme, ses deux fils, ses domestiques et soixante-dix soldats. Ces conversions éveillèrent des plaintes et des murmures qui parvinrent promptement aux oreilles du préfet Célérin qui fit arrêter immédiatement les jeunes époux. Après avoir subi divers supplices, saint Chrysanthe fut enfermé dans la prison Mamertine, tandis que l’on exposait sainte Darie dans un lieu de débauche. Cependant, le Seigneur veillait sur ses nobles serviteurs et tous deux sortirent indemnes de leurs épreuves.
Outré de dépit en voyant ses intentions perverses contrecarrées, l’empereur les condamna à être enterrés vivants, supplice affreux que l’on réservait ordinairement aux vestales infidèles. Les saints martyrs Chrysanthe et Darie expirèrent près de la porte Salaria.
Dom Cabrol et Dom Leclecq, « Dictionnaire d’Archéologie Chrétienne et de Liturgie »,
T. III, 1re partie, art. « Chrysanthe et Daria (Saints) », Letouzey et Ané, Paris – 1913
T. III, 1re partie, art. « Chrysanthe et Daria (Saints) », Letouzey et Ané, Paris – 1913
Leçons des Matines (avant 1960)
Troisième leçon. Chrysanthe et Darie son épouse, étaient de famille noble ; ils devinrent plus illustres par la foi, que Darie reçut, avec le baptême, par les soins de son mari. Zélés l’un et l’autre, celle-ci auprès des femmes, celui-là auprès des hommes, ils en convertirent à Jésus-Christ un nombre incalculable dans la ville de Rome. C’est pourquoi le préfet Célérinus, les ayant fait arrêter, les livra au tribun Claudius. Par son ordre, des soldats enchaînèrent Chry santhe et le torturèrent ensuite ; mais toutes ses chaînes se rompirent et les fers qu’il avait aux pieds se brisèrent. Après cela, on l’entoura d’une peau de bœuf et on l’exposa aux plus vives ardeurs du soleil, puis, lui ayant mis des fers aux pieds et aux mains, on le jeta dans une prison obscure. Les chaînes se brisèrent encore, et une lumière éclatante remplit toute la prison. Darie, de son côté, ayant été traînée de force dans un lieu de débauche, se mit en prière et fut miraculeusement protégée par un lion, qui la préserva de tout outrage. Enfin les deux époux, menés dans une sablonnière, sur la voie Salaria, où l’on creusa une fosse, y furent jetés et écrasés sous des pierres, et reçurent ainsi pareillement la couronne du martyre.