Sainte Thérèse naquit en Espagne, de parents nobles et chrétiens. Dès l’âge le plus tendre, un fait révéla ce qu’elle devait être un jour. Parmi ses frères, il y en avait un qu’elle aimait plus que les autres; ils se réunissaient pour lire ensemble la Vie des Saints: « Quoi! lui dit-elle, les martyrs verront Dieu toujours, toujours! Allons, mon frère, chez les cruels Maures, et soyons martyrs aussi, nous pour aller au Ciel. » Et, joignant les actes aux paroles, elle emmenait son petit frère Rodrigue; ils avaient fait une demi-lieue, quand on les ramena au foyer paternel. Elle avait dès lors une grande dévotion à la Sainte Vierge. Chaque jour elle récitait le Rosaire. Ayant perdu sa mère, à l’âge de douze ans, elle alla se jeter en pleurant aux pieds d’une statue de Marie et La supplia de l’accepter pour Sa fille, promettant de La regarder toujours comme sa Mère.
Cependant sa ferveur eut un moment d’arrêt. De vaines lectures, la société d’une jeune parente mondaine, refroidirent son âme sans toutefois que le péché mortel la ternît jamais. Mais ce relâchement fut court, et, une vive lumière divine inondant son âme, elle résolut de quitter le monde. Elle en éprouva un grand déchirement de coeur; mais Dieu, pour l’encourager, lui montra un jour la place qu’elle eût occupée en enfer, si elle s’était attachée au monde.
Dieu, voulant faire de Thérèse le type le plus accompli peut-être de l’union d’une âme avec l’Époux céleste, employa vingt ans à la purifier par toutes sortes d’épreuves terribles: maladies, sécheresses spirituelles, incapacité dans l’oraison. Jésus-Christ, qui ne voulait pas la moindre tache en elle, ne lui laissait aucun repos, et exigeait d’elle le sacrifice même de certaines amitiés très innocentes. « Désormais, lui dit-Il à la fin de cette période d’expiation, Je ne veux plus que tu converses avec les hommes! » A ces mots, elle se sentit tout à coup établie en Dieu de manière à ne plus avoir d’autre volonté, d’autre goût, d’autre amour que ceux de Dieu même et à ne plus aimer aucune créature que pour Dieu, comme Dieu et selon Dieu.
Elle devint la réformatrice de l’Ordre du Carmel, et travailla tant au salut des âmes, que, d’après une révélation, elle convertit plus d’âmes dans la retraite de son couvent, que saint François Xavier dans ses missions.
Un séraphin vint un jour la percer du dard enflammé de l’amour divin: Jésus la prit pour épouse. Ses révélations, ses écrits, ses miracles, ses oeuvres, ses vertus, tout est à la même hauteur sublime.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950.
Une autre récompense de la charité, c’est la certitude qu’elle nous donne d’être bien avec Dieu. Selon la parole même de Jésus, l’amour du prochain est le signe auquel on reconnaît ceux qui sont à lui », et donc ceux qui l’aiment en vérité. Dans la vie spirituelle, on est quelquefois privé de toute consolation sensible et l’on doute de son amour pour Dieu. Quand il vous arrive, petites âmes, de passer par cette cruelle incertitude, interrogez-vous, non sur vos mortifications, non sur votre fidélité extérieure à vos pratiques de piété, non sur votre degré de ferveur apparente; interrogez-vous sur votre charité envers le prochain. Si vous pouvez, loyalement, vous rendre sur ce point un témoignage favorable, réjouissez-vous; votre amour pour Dieu est de bonne marque. Outre cela, et quelles que soient les apparences contraires, il est en voie de progrès. » En paiement de votre amour du prochain,–ainsi que l’affirme sainte Thérèse—le bon Dieu augmentera votre amour pour lui-même; je n’ai pas là-dessus le moindre doute. – Sainte Thérèse d’Avila, Le Château intérieur, chapitre 3