En hébreu, « Anne » signifie « gracieuse ». Saint Joachim et Sainte Anne, les parents de la Très Sainte Vierge Marie, sont justement honorés dans l’Eglise et leurs vertus sont hautement exaltées par Saint Jean de Damas. L’empereur Justinien I construisit une église à Constantinople en l’honneur de Sainte Anne, vers l’an 550.[1] Codinus mentionne un autre bâtiment construit par Justinien II en 705. Le corps de Sainte Anne fut transporté de Palestine vers Constantinople en 710. De là, quelques portions de ses reliques furent dispersées en Occident. Cuper le Bollandiste a rapporté un grand nombre de miracles attribués à son intercession.[2]
Comme en témoignent des manifestations sensibles, il plut à Dieu que cette Sainte fut si grandement honorées, elle qui est un grand modèle de vertu pour tous ceux qui s’engagent dans l’état marital et sont chargés de l’éducation des enfants. Pour Sainte Anne, ce fut un immense honneur et une grande dignité que d’avoir donné à ce monde en perdition, l’avocate de la miséricorde et d’être la mère de la Mère de Dieu. Mais ce fut une plus grande joie encore que d’avoir été, sous le regard de Dieu, le plus grand instrument de la vertu de la Sainte Vierge et d’avoir été sa mère spirituelle par une sainte éducation, conforme à une parfaite innocence et à une parfaite sainteté.
Sainte Anne étant elle-même un vase de grâce, non pas seulement à cause de son nom, mais à cause de la possession d’un si riche trésor, elle fut choisie par Dieu pour concevoir Sa Très Sainte épouse de la vertu parfaite. Et la pieuse garde de cet enfant illustre fut le plus grand moyen de sa propre sanctification et de sa gloire dans l’Eglise de Dieu, pour les siècles et les siècles. Elle est un exemple pour tous les parents dont le devoir premier est la sainte éducation de leurs enfants.
Par-là, ils glorifient leur créateur, ils perpétuent Son honneur sur terre pour les temps futurs et sanctifient leurs propres âmes. Saint Paul enseigne que c’est par l’éducation de leurs enfants que les parents se sauvent. [3] De même, Saint Paul ne permet à quiconque ayant des enfants, d’avoir le droit de servir à l’autel, à moins que ces enfants, par leur sainte conduite, ne donnent les preuves d’une éducation vertueuse.
Néanmoins, nous voyons bien des parents uniquement soucieux des qualités purement corporelles de leurs enfants et uniquement préoccupés de leur trouver quelque situation dans le monde. Un tel état d’esprit tirait même des larmes chez Crates, un philosophe païen, qui désirait atteindre la plus haute position dans sa cité et qui hurlait de toutes ses forces : « Citoyens, qu’en dites-vous ? Vous employez tout votre temps à entasser des richesses à laisser à vos enfants, mais vous ne vous inquiétez pas de cultiver leurs âmes par la vertu, comme si une maison pouvait être plus précieuse qu’eux-mêmes ».[4]
Révérend P. Alban Butler, The Lives of the Saints, Volume 7, 1866
[1] Procop. De Aedif. Justin. 1. 1, c.2.
[2] Julij. T.6, p. 250
[3] 2 Timothée 2 ; 5 et 1 Timothée 4
[4] Plutarque, 1. De Educand. Liberis.