Saint Pierre Claver était Espagnol; sa naissance fut le fruit des prières de ses parents. A vingt ans, il entra au noviciat des Jésuites. Il se lia avec le saint vieillard Alphonse Rodriguez, Jésuite comme lui, et qui fut canonisé le même jour que lui, le 8 janvier 1888. Alphonse avait compris, d’après une vision, que Pierre Claver devait être un apôtre de l’Amérique; il lui en souffla au coeur le désir, et le jeune religieux obtint, en effet, de ses supérieurs, de s’embarquer pour les missions du nouveau monde. A son arrivée en Amérique, il baisa la terre qu’il allait arroser de ses sueurs. Il se dévoua corps et âme au salut des esclaves, pénétra dans les magasins où on les entassait, les accueillit avec tendresse, pansa leurs plaies, leur rendit les plus dégoûtants services et s’imposa tous les sacrifices pour alléger les chaînes de leur captivité. Il en convertit, par ces moyens héroïques, une multitude incalculable. Quand fut venu le moment de ses voeux, Pierre Claver obtint d’y ajouter celui de servir les esclaves jusqu’à sa mort; il signa ainsi sa formule de profession: Pierre, esclave des Noirs pour toujours.
Les milliers d’esclaves de Carthagène étaient tous ses enfants; il passait ses jours à les édifier, à les confesser, à les soigner. Il ne vivait que pour eux. Aux hommes qui lui demandaient à se confesser, il disait: « Vous trouverez des confesseurs dans la ville; moi, je suis le confesseur des esclaves. » Il disait aux dames: « Mon confessionnal est trop étroit pour vos grandes robes; c’est le confessionnal des pauvres Noires. »
Le soir, épuisé de fatigues, asphyxié par les odeurs fétides, il ne pouvait plus se soutenir; cependant un morceau de pain et quelques pommes de terre grillées faisaient son souper; la visite au Saint-Sacrement, la prière, les disciplines sanglantes, occupaient une grande partie de ses nuits. Que de pécheurs il a convertis en leur disant, par exemple: « Dieu compte tes péchés; le premier que tu commettras sera peut-être le dernier! »
Pierre Claver multipliait les miracles avec ses actes sublimes de charité. En quarante-quatre ans d’apostolat, il avait baptisé plus de trois cent mille nègres. Le Pape Léon XIII l’a déclaré Patron des missions, en 1896.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950.
Un miracle eucharistique du Père Claver :
Quand le Père Claver arriva sur son lit de mort, Augustina restait froide au toucher, on préparait son corps pour l’inhumation. Il pria à son chevet une heure de temps, quand soudain la femme se leva, vomit une mare de sang, et dit ceci, après avoir été interrogée par des personnes présentes : « J’ai cheminé sur une longue route. Après l’avoir empruntée assez longtemps, j’ai rencontré un homme blanc d’une grande beauté qui se tenait devant moi et qui m’a dit : Stop ! Tu ne peux pas aller plus loin.”… En entendant cela, le Père Claver vida la chambre et se tint prêt à l’entendre en confession, pensant qu’elle avait alors besoin de recevoir l’absolution pour certains péchés qu’elle pouvait avoir oubliés. Mais au cours du rituel, saint Pierre Claver fut inspiré, et réalisa qu’elle n’avait jamais été baptisée. Il mit fin à la confession et refusa de lui donner l’absolution, demandant plutôt qu’on lui amène l’eau avec laquelle il allait la baptiser. Le maître d’Augustina insista pour dire qu’elle ne pouvait pas avoir besoin du baptême, puisqu’ elle avait été à son service pendant vingt ans et quelle n’avait jamais manqué depuis tout ce temps d’assister à la messe, à la confession, et à la communion. Mais le Père Claver insista tout de même pour la baptiser, après quoi Augustina mourut à nouveau, joyeusement et en paix, devant l’ensemble de sa famille.