Saint Gaudéric (parfois Gaudry) vivait au 9e siècle dans le village de Viéville dans les Pyrénées orientales. Avec ses deux frères et un domestique il cultivait une terre reçue en héritage. Ses hagiographes précisent : « Gaudérique ne voulut jamais qu’il fut question avec ses frères du tien et du mien ». Gaudéric était un homme réputé pour sa piété. Tous les jours il se rendait à l’église de Viéville. Il respectait le repos dominical et toutes les fêtes religieuses. Avant de commencer son travail, il priait. En toute occasion il glorifiait Dieu.
Gaudéric avait une dévotion toute particulière à la Très Sainte Vierge. Avec des fleurs des champs, il ornait régulièrement les petites statues de la Vierge au village. Gaudéric avait aussi pour habitude de pratiquer la salutation angélique au son de la cloche et il était connu pour cela dans son village. Un jour raconte-t-on un jeune sacristain farceur voulut lui jouer un tour. Le ruisseau dit des Fontasses, d’ordinaire à sec ou mince filet d’eau, avait été grossi par la pluie tombée sur les hauteurs. Gaudéric sa journée de travail terminée rendrait chez lui. Il cheminait devant ses bœufs tout en méditant. Sa route le conduisait à traverser le ruisseau à gué. Depuis le clocher, le sacristain attendit qu’il soit engagé dans le flot d’eau pour actionner la cloche. Aussitôt voilà le laboureur à genoux, les mains jointes, indifférent à son environnement. L’eau qui baignait ses pieds s’écoule vers l’aval tandis que celle venant de l’amont s’arrête le temps de la prière. Le sacristain, émerveillé par ce prodige, se chargea de raconter dans toute la contrée ce nouveau miracle.
Quelques jours avant sa mort en l’an 900. Gaudéric eut un songe. Un ange venait vers lui tenant un guirlande de fleurs. Il précédait la Sainte Vierge avec l’enfant Jésus dans ses bras. Il tenait un diadème de lys et de roses qu’il déposa sur son front. Après la mort de Gaudéric, tout le village de Viéville, ainsi que de nombreux habitants des pays de Mirepoix et de Fanjeaux se pressèrent devant sa dépouille. Il fut enterré dans le cimetière de l’église paroissiale. Rien ne distinguait cette tombe des autres. Cependant elle devint rapidement un lieu de pèlerinage populaire, hors du contrôle des autorités religieuses. Des guérisons de malades s’y multiplièrent. Une sorte d’oratoire fut édifié au dessus de la tombe. A la longue le clergé devant tous ces témoignages et la ferveur des visiteurs de plus en plus nombreux informa l’évêque de Toulouse.
L’évêque de Toulouse Raymond les écouta avec bienveillance. Il attendit que soit organisé un concile. Ce serait celui tenu à Narbonne en l’an 990 présidé par l’archevêque Ermengard.
Escorté de son clergé il fit étape à Vieville pour recueillir les ossements de la tombe de Gaudéric. Ils furent placés dans une chasse richement ornée. Cette année 990, une sécheresse terrible sévit sur la région. A Narbonne à proximité de la basilique Saint Paul la Robine n’était qu’un mince filet d’eau. Les feuilles des arbres desséchés jonchait le sol. L’eau était devenu rare. Les évêques du concile décidèrent de s’installer hors des murs dans une foret. Les porteurs des chasses contenant les précieuses reliques plantèrent dans la terre les fourches servant de trépieds. Dans le carré des toulousains, au pied du reliquaire de Gaudéric, soudain une source jaillit. Ce miracle mit le clergé en émoi. Les habitants de la cité et des villages accoururent voir se prodige. La sainteté de Gaudéric fut alors établie et reconnue.
Source : Tradition orale du pays de Mirepoix, Robert Faure.