Un Royaume divisé contre lui-même : L’amnésie identitaire française et ses conséquences

Le camp catholique et nationaliste français considère généralement que 1789 fut le point de rupture qui fit basculer la France dans un régime et une société profondément opposés à la nature et l’identité même du pays.

D’une société catholique et jusnaturaliste, on est effectivement passés à une société laïciste, agnostique et naturaliste. Mais cette bascule n’est pas aussi claire, chronologiquement parlant.

D’une part, parce qu’on peut légitimement identifier d’autres causalités importantes bien avant 1789 : la révolution protestante, le développement du gallicanisme, l’influence des Lumières, le manque de vigilance des trois derniers rois de France face à ces menaces, ou encore, l’incapacité du pouvoir royal à anticiper la nécessité de réformer la société.

Après 1789, le point de rupture politique et identitaire en France s’est plus exactement joué dans les années 1820, période pendant laquelle la France a connu son dernier régime authentiquement français et catholique. Durant cette période, le gouvernement des ultras de Charles X mit en place de nombreuses réformes législatives pour re-catholiciser le droit français, tant sur le plan constitutionnel, que social et économique.

Mais, déjà, lorsqu’ils voulurent mettre en place des lois pour faire du catholicisme la religion officielle de l’état, et lorsqu’ils voulurent faire voter de sévères lois contre le blasphème et contre les profanations, ils trouvèrent face à eux la coalition des libéraux et des montagnards, c’est-à-dire, les deux partis héritiers de la révolution, héritiers du gallicanisme et du jacobinisme : la droite libérale et la gauche socialiste, opposées en apparence dans les chambres républicaines, mais fondamentalement unies contre le Règne du Christ en France.

La France des trois partis

On s’imagine parfois que la révolution française est un héritage de gauche. C’est vrai, si l’on s’en tient à la définition catholique de ce que constitue la gauche et la droite.

Je rappelle ici que certains pères de l’Eglise avaient déjà coutume d’utiliser la symbolique de la gauche pour définir les mauvaises doctrines. Pour ma part, je considère que pour être dit de droite aujourd’hui, il faut nécessairement défendre l’intégralisme catholique, ou au grand minimum, être farouchement jusnaturaliste, c’est à dire défendre tous les principes de la loi naturelle.

Mais si l’on s’en tient aux définitions de la droite et de la gauche couramment admises dans le paysage politique français actuel, on constatera qu’en réalité, les deux partis de la révolution furent à la fois la « droite libérale » du girondisme, et la « gauche radicale » de la montagne.

Jean de Viguerie avait déjà exposé tout ce dont nous parlons dans son fameux livre « Les Deux Patries ». S’il nous était permis de prétendre prendre sa suite sur ce sujet, il nous faudrait peut-être plutôt parler des « trois partis ».

En effet, la grave déchirure spirituelle, anthropologique, sociale et identitaire de 1789 a profondément divisé la France, provoquant une rupture brutale entre la nation chrétienne et la nation révolutionnaire.

Or, la France chrétienne, qui continue de subsister par la présence de quelques centaines de milliers de catholiques à peu près dignes de ce nom, ne fait pas aujourd’hui face à une simple opposition d’un bloc révolutionnaire gauchiste, unifié et facilement identifiable.

Non, elle fait face à un bloc complexe, composé d’une gauche qui a renié même les fondamentaux du marxisme économique pour se mettre au diapason du marxisme culturel, mais aussi d’une droite populiste qui vante tous les principes de la gauche classique d’hier, à commençer par le laïcisme.

En conséquence de quoi, on constate en effet que la France déchristianisée actuelle est un royaume divisé contre lui-même.

La France apostate est un royaume divisé contre lui-même

Ce royaume est donc composé d’une tendance de droite et d’une tendance de gauche, ces deux tendances s’opposant entre elles sur le plan politicien, mais se liguant en « arc républicain » dès lors qu’il s’agit de nuire aux intérêts de la Religion et de la loi naturelle.

Et je ne parle pas ici de l’arc républicain inventé par une certaine communauté que vous connaissez bien, et invoqué par les partis régimistes depuis les années 1980 pour systématiquement faire pièce au Front National de Jean-Marie Le Pen. Non, je parle d’un consensus doctrinal révolutionnaire, que l’on retrouve jusque dans le discours de Marine Le Pen ou d’Eric Zemmour.

Or, si ce royaume divisé a pu connaitre par le passé quelques fulgurances qui participent encore aujourd’hui à sa mythologie, il ne peut subsister dans la durée, dans la paix et dans la justice, précisément parce que ce royaume a été bâti sur les sables mouvants des idéologies libérales et maçonniques, et non pas sur le roc solide et insubmersible de la loi divine et naturelle.

Il convient ici de rappeller la Parole éternelle de Notre Seigneur Jésus-Christ :

Quiconque donc entend ces paroles que Je dis, et les met en pratique, sera semblable à un homme sensé, qui a bâti sa maison sur le roc : La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents on soufflé et se sont déchaînés contre cette maison, et elle n’a pas été renversée, car elle avait été fondée sur la pierre. Et quiconque entend ces paroles que Je dis, et ne les met pas en pratique, sera semblable à un insensé, qui a bâti sa maison sur le sable: La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et ont battu cette maison, et elle est tombée, et grande a été sa chute. – Matthieu 7 ; 24-27

Et ceci se vérifie aujourd’hui plus que jamais : concrètement, rien ne différencie philosophiquement Emmanuel Macron de Marine Le Pen, ou Nicolas Sarkozy de Jean-Luc Mélenchon. Si chacun exprime une idéologie propre à sa mouvance, tous ne s’opposent en réalité que sur des détails subsidiaires, et non pas fondamentaux.

Leur opposition se fonde sur la direction politique de la France à un niveau superficiel, et non pas sur la direction fondamentale de la France. Leur opposition se fonde sur une dispute de l’héritage idéologique révolutionnaire, et sur rien d’autre. La 5e République n’est donc qu’une guerre de succession permanente, entre rejetons de la révolution anti-chrétienne.

Amnésie identitaire

Il est extrêmement triste de constater que la question identitaire actuelle ne soit que trop souvent motivée par des phénomènes purement matériels et humains, à savoir l’immigration massive et ses conséquences culturelles, économiques et démographiques. La dimension spirituelle de cette question identitaire est, non pas totalement évacuée, mais elle est du moins restreinte au champ de vision de l’idéologie fondamentale de ce royaume divisé, c’est-à-dire un champ de vision qui se borne à l’idéologie révolutionnaire, libérale et laïciste.

Ainsi, face à la menace du fondamentalisme islamique, tous n’opposent que l’idéologie révolutionnaire, libérale et laïciste, chacun à sa manière. Voici à quoi se borne l’identité fondamentale de ce royaume divisé.

D’ailleurs, le blocage identitaire actuel n’est pas lié aux effets démographiques et ethnoculturels de l’immigration, mais plutôt à l’amnésie identitaire française elle-même, résultat d’un siècle et demi de révolution anthropologique.

Après un siècle et demi de submersion idéologique et un demi-siècle de submersion migratoire, il est évident que la raison fondamentale de la faiblesse profonde de l’actuelle anthropologie française soit d’ordre principalement spirituel, et seulement ensuite, d’ordre temporel, ethnique ou « culturel ».

Quelques individus, notamment à droite, n’aggrégeront le christianisme à la question identitaire, qu’au titre d’un héritage purement culturel et patrimonial, comme le faisaient déjà les libéraux des années 1820.

En revanche, ils n’admettent jamais le catholicisme comme référent spirituel et politique total, actuel et réel. Cette approche est d’autant plus méprisable que les partisans de ce « christianisme patrimonial » ont bien souvent une idée absolument fausse, voire hérétique, du christianisme réel, dont ils méprisent également les dogmes et les moeurs.

Autodestruction française ou renaissance catholique

En bref, les débats identitaires agités depuis de nombreuses années dans le paysage politique de la 5e République, nous semblent vains, ou du moins, trop souvent parasités de médiocrité, d’ignorance, d’inconséquences et de doctrines néfastes.

Médiocres, car cantonnés exclusivement à un périmètre idéologique qui exclut paradoxalement le réel, à commencer par la réalité de ladite identité française.

Vains, car l’offre politique actuelle –du moins celle qui bénéficie de moyens financiers, d’un appareil et d’une exposition médiatique- fonde toute son approche en se fondant sur des idéologies contraires à l’identité profonde de la France.

Inconséquents, car après un siècle de révolution anthropologique arrivée à son stade terminal[1], les français eux-mêmes, souffrent d’une profonde amnésie identitaire.

Une grande majorité d’entre eux rejettent la lumière pure du catholicisme, et lui préfèrent l’obscurantisme révolutionnaire, qu’ils pensent à tort agnostique, alors qu’il est non seulement idéologique, mais aussi spirituel.

Si les français préfèrent vraiment les fondamentaux spirituels et idéologiques de la franc-maçonnerie à la foi catholique, ne doivent-ils pas admettre qu’ils font volontairement le choix du mal contre le Bien ?

La France meurt donc précisément de son idéologie apostate et tous les dérèglements, les trahisons et les scandales gouvernementaux de la 5e République n’en sont que les effets mécaniques.

Comment voulez-vous que les gouvernements œuvrent pour le bien commun et appliquent la justice, si aucun principe moral objectivement supérieur, ne les y obligent ?

Comment voulez-vous garantir la souveraineté de l’état et la sûreté du pays, en acceptant un régime qui favorise mécaniquement l’élection du parti de la trahison et de l’injustice permanentes ?

Comment voulez-vous vous prémunir de l’islamisme, du socialisme, du néo-libéralisme, du wokisme, du collectivisme oligarchique et de la décadence morale, tout en soutenant les « valeurs » du laïcisme et du démocratisme pseudo-représentatif, qui permettent précisément et mécaniquement la libre propagation de ces maux ?

Nous le répétons : Seule une constitution directement fondée dans la loi divine et naturelle peut mécaniquement empêcher la propagation de ces maux, aussi bien chez les individus, que dans la société, qu’à la tête de l’état. Le pape Pie XI avait rappelé cette chose élémentaire, dans son encyclique Quas Primas :

Si les princes et les gouvernants légitimement choisis étaient persuadés qu’ils commandent bien moins en leur propre nom qu’au Nom et à la place du divin Roi, il est évident qu’ils useraient de leur autorité avec toute la vertu et la sagesse possibles.

Qu’est-ce que l’Identité Française ?

Donc, pour achever ce propos, il faut encore poser la question suivante : qu’est-ce donc que l’identité française ? Telle est la question que tout le monde se pose aujourd’hui, puisque les questions de l’identité, de l’immigration et du grand remplacement sont au coeur de la campagne présidentielle. Du moins, ce sont les thèmes sur lesquels Eric Zemmour se concentre, convaincu qu’il s’agit là des questions les plus urgentes et fondamentales en ce qui concerne l’avenir immédiat de la France.

Dans une certaine mesure, il n’a pas tort. Il y a déjà près d’un an, nous avions réalisé un documentaire, titré « France 2031 : La Dernière Chance ». Dans cette vidéo, nous expliquions en effet pourquoi, à notre avis, les restes de la vieille France d’héritage révolutionnaire étaient en passe de disparaitre.

Mais contrairement à Eric Zemmour, dont les références intellectuelles et doctrinales ne sont pas catholiques, nous soutenions que si la France en tant que nation et en tant que race était sur le point de disparaitre, ce n’était pas fondamentalement à cause de la seule submersion migratoire et du grand remplacement ethno-culturel, mais avant tout à cause du grand remplacement originel, celui qui a évacué la France chrétienne au profit de la France apostate, libérale, laïciste, socialiste et amorale. En bref, s’il y a aujourd’hui grand remplacement ethno-culturel, c’est parce qu’il y a eu grand remplacement spirituel, anthropologique, social et politique. Et cette mécanique du grand remplacement, ce sont bien les élites françaises, du moins celles de la Révolution, qui l’ont mis en place, avec le concours malheureux d’une bonne partie de français qui se sont laissés trop longtemps charmer par ce régime déicide.

D’ailleurs, la situation actuelle de la France est effectivement extrêmement inquiétante, à bien des égards. Et tout ceci est d’autant plus triste et lamentable que cette situation aurait largement pu être évitée, ou du moins adoucie, si les français avaient favorisé l’élection de Jean-Marie Le Pen en 2002, ou même en 2007.

Il est important de comprendre que les années 2000 furent un moment de bascule tout à fait fondamental dans l’histoire présente du pays. En effet, en 2002, il était encore possible de contre-carrer efficacement cinq phénomènes :

  • L’extension de la techno-structure européiste
  • L’insondable affaissement intellectuel et moral du personnel politique
  • L’extension du gauchisme culturel et de la propagande LGBT
  • La démoralisation galopante de l’anthropologie française
  • Et enfin, le péril migratoire

Sur ce dernier point, il convient de rappeller que l’immigration massive, légitimée par les forces occultes, poussée par le patronat collectiviste et organisée par l’Etat-voyou, était un phénomène encore corrigeable à la fin des années 1990. A cette époque, malgré la propagande soit-disant anti-raciste, une grande partie des immigrés ou des citoyens issus de l’immigration étaient très largement issus des anciennes colonies d’Afrique. La plupart d’entre eux était imprégnée de culture française, bon gré, mal gré. Mais au cours des années 2000, on a vu apparaitre des phénomènes nouveaux. Les nouvelles vagues d’immigrés étaient de moins en moins imprégnées de la vieille culture française républicaine, dans ce qu’elle avait de meilleur. En fait, le trop-plein avait été atteint. Le modèle d’intégration ou d’assimilation devenait impossible au vu du nombre et au vu de la politique irresponsable des gouvernements Mitterand et Chirac. Le regroupement familial et le droit du sol faisait de plus en plus de français de papier.

De plus, le gauchisme universitaire et médiatique avait passé les années 1990 à romantiser la culture racaille de banlieue. Les émeutes de 2005 furent ainsi le point de départ de l’accaparement définitif d’une partie de l’économie de banlieue par les bandes de criminels issus de l’immigration.

Enfin, un phénomène majeur s’est produit en 2011, à savoir la destruction illégale et criminelle de la Libye par le gouvernement Sarkozy, sur ordre des faucons atlantistes. La destruction de la Libye et la déstabilisation subséquente de la Syrie baasiste, a immédiatement provoqué une vague migratoire d’une ampleur et d’un genre tout à fait exceptionnel.

Jadis, la plupart des immigrés venait des anciennes colonies d’Afrique. Désormais, ceux qu’on appelle dorénavant les migrants, viennent de Syrie, d’Afghanistan ou de Somalie, c’est à dire de pays n’ayant guère de rapport historique direct avec le France. Et ces nouveaux clandestins proviennent en plus de sociétés ou de milieux particulièrement violents et antinomiques avec la civilité française.

Donc, à partir du début des années 2010, nous avons proprement assisté en France à l’entâme instrumentale de ce grand remplacement, accompagné, logiquement, d’une explosion de l’insécurité, des crimes et autres délits commis par ces nouveaux envahisseurs.

Considérez bien que tout ceci aurait facilement pu être évité si les français avaient voté Jean-Marie Le Pen en 2002 ou même en 2007.

En 2002, Jean-Marie Le Pen dût, au 2e tour, faire face à l’une des plus fantastiques opérations de propagande médiatico-politique de la part de l’ensemble de la caste républicaine.

En 2007, Jean-Marie Le Pen a sans doute fait, à mon avis, la meilleure campagne de sa vie. Et ceci est paradoxal, car certains ont par la suite eu l’audace de lui reprocher d’avoir tenu un discours social, résolument anti-mondialiste, tout en s’addressant occasionellement à une partie de la jeunesse de banlieue d’origine immigrée.

Politiquement, c’était la combinaison parfaite et dans le même temps, Jean-Marie Le Pen ne reniait rien de ce qui avait été sa ligne depuis les débuts de sa carrière politique.

Seuls les démagogues et les faux-frères ont donc pu lui faire un tel reproche. Car ce sont bien souvent les mêmes personnes qui lui reprochèrent par ailleurs sa liberté de parole sur certains sujets polémiques, ou qui lui reprochèrent d’avoir empéché la dédiabolisation du Front National.

En réalité, l’échec de la campagne de Jean-Marie Le Pen en 2007 était principalement dûe au fait qu’il faisait face à la sournoiserie incarnée, à savoir Nicolas Sarkozy. Ce dernier, grâce aux conseils de fins experts du discours de droite (Patrick Buisson), est parvenu à se faire passer pour le candidat de la droite dure, l’homme qui allait karcheriser la banliieue, rétablir l’ordre républicain et stopper l’immigration, tout en régénérant l’économie française.

Et ce discours a fonctionné à merveille, puisque Sarkozy est parvenu à grapiller suffisament de voix chez Jean-Marie Le Pen pour l’emporter haut la main. Beaucoup de gens sont tombés dans le panneau à l’époque, y compris beaucoup de catholiques conciliaires pourtant plutôt conservateurs, voire traditionnalistes.

Inutile ici de vous dresser le bilan catastrophique de Nicolas Sarkozy, le champion de la droite la plus bête du monde en 2007, qui s’est avéré être l’un des plus grands traitres que la France eut jamais connu. Sous sa présidence, l’immigration a explosé, l’insécurité est montée en flèche, la dette publique a connu des records, sans parler du traité de Libsonne et de la préparation au mariage homosexuel, qui sera finalement vôté sous Hollande. En réalité, Sarkozy ne s’est pas avéré être un traitre. Il l’avait toujours été, et seuls les imbéciles de la droite la plus bête du monde purent se convaincre du contraire.

Ayant été enfant dans les années 1990 et adolescent à la fin des années 2000, je suis assez vieux de me souvenir de tout ceci. Vous comprennez donc que beaucoup, sont comme moi ecoeurés d’avoir observé la dédiabolisation du Rassemblement National sous Marine Le Pen. Dédiabolisation qui fut en réalité un enjuivement et une gauchisation du Front sur les questions morales. Dédiabolisation qui a directement conduit à la ringardisation et à l’efféminisation du parti national en l’espace de quelques années. Il suffit d’observer le nombre stupéfiant de pédales, d’opportunistes et de laïcs sans-culottes que l’on trouve dans ce parti aujourd’hui.

Vous comprennez donc que beaucoup, comme moi, pour cette seule raison, sont proprement dégoutés de voir un Eric Zemmour récupérer la vedette après la gestion calamiteuse de Marine Le Pen. Et pour le coup, il faut bien dire que Jean-Marie Le Pen a commis l’une des plus grandes fautes politiques de sa carrière en confiant le parti à sa fille, au lieu de le confier au grand Bruno Gollnisch, qui a mon avis, aurait fait un présidentiable extrêmement sérieux en 2012 face à Hollande et Sarkozy.

Aujourd’hui, vous comprennez donc que les français de droite, sérieux et conséquents, n’accordent aucune confiance à un Eric Zemmour, qui a voté Mitterand dans les années 1980, et Sarkozy dans les années 2000. Mais plus encore, il nous est impossible d’accorder notre confiance à un Eric Zemmour, dont le discours n’est pas authentiquement de droite. Faire campagne contre l’islam et contre l’immigration ne fait certainement pas de vous un vrai homme de droite. L’ironie dans tout cela, étant qu’Eric Zemmour et ses partisans reprochent à Marine Le Pen d’avoir gauchisé son discours et ses positions, alors que dans les faits, sur le plan philosophique, rien ne distingue le discours de Zemmour de celui de Marine Le Pen.

Et quel est le défaut principal de leur discours ? C’est que, d’un côté comme de l’autre, on y trouve nulle trâce du moindre esprit jusnaturaliste, et encore moins du moindre esprit intégraliste. Zemmour aborde la question de l’islam sous un prisme laïcard, c’est à dire selon une idéologie de gauche. Cette approche est non seulement stupide sur le plan philosophique, mais elle est également stupide sur le plan politicien.

Du reste, ses attermoiments étranges sur la question de la politique sanitaire commençent à exaspérer même certains de ses soutiens, qui se rendent compte que ce parisien, élevé toute son enfance dans des écoles juives, n’a jamais vraiment vécu, ni compris le quotidien des vrais français de province, autrement que par des études sociologiques ou des livres d’histoire.

Cependant, nous ne voulons pas trop accabler M. Zemmour. Qui sait si la Providence ne le disposera pas bientôt à de meilleurs sentiments et à a de meilleurs principes ? Là encore, la faute doit être partagée.

Mais revenons et terminons enfin sur la question de départ : qu’est-ce que l’identité française ?

Est-ce simplement une race ? Est-ce simplement une idée ? Est-ce simplement un amas disparates d’influences culturelles contradictoires ?

Non, c’est bien plus que cela.

Contrairement à d’autres pays, la France a eu la grâce incommensurable d’avoir été fondée toute entière par, et dans le catholicisme.

Il faut bien prendre conscience de ce fait extraordinaire. La France ne s’est pas convertie : elle est née chrétienne. Certaines nations se sont converties par la grâce divine, de même que beaucoup de personnes, hier comme aujourd’hui, se convertissent au catholicisme, alors qu’ils viennent de milieux non-catholiques. Et bien, la France, elle, ne s’est pas convertie. Elle est née toute entière dans les fonds baptismaux de Reims.

Peu de nations peuvent se revendiquer d’une telle grâce.

Hélas, aujourd’hui, la France est apostate. La France avait bien commencé, mais aujourd’hui, Dieu la vomit de sa bouche et lui retire sa lanterne. Et les français se demandent quelle est l’origine de leurs malheurs ? Ils se demandent pourquoi, année après année, décénnie après décennie, ils sont accablés de chefs si médiocres ?

La vraie question que les français devraient se poser est celle-ci : comment concevoir un pareil affront à la Providence, que la France se soit faite à ce point l’ennemie de Dieu et des bonnes moeurs ?

Depuis plusieurs décennies, les forces occultes de la 5e République se sont employées à accabler le français moyen de crimes qu’il n’avait commis : l’holocauste, l’esclavage, la colonisation, tous ces crimes historiques, nous-a-t-on dit, étaient directement imputables au peuple français tout entier, alors qu’en réalité, ces crimes ne relèvent que de la responsabilité des élites et des côteries mercantilistes qui s’en sont rendues complices et en ont profité, ce qui explique d’ailleurs bien souvent leur fortune et leur position sociale élevée. Ce sont donc les descendants de ces mêmes castes de la bourgeoisie révolutionnaire qui reportent sur les français, leurs propres fautes.

Avec tout ceci, il existe un rejet légitime de la repentance au sein de l’opinion publique française. Il est vrai qu’il y a des crimes dont le peuple français, en tant que tel, est innocent. Mais il existe cependant une faute, un crime, dont nous sommes tous collectivement coupables : le crime d’avoir abandonné Dieu, Son Eglise et la Sainte Religion.

La question urgente pour chaque français est donc celle-ci : comment réparer cet affront historique ?

Si beaucoup de français considéraient sérieusement cette question, ils verraient quels bénéfices énormes ils tireraient de la Miséricorde Divine. En revenant à la Tradition catholique, en se repentant de s’être éloigné de Dieu, les Français y gagneront une récompense dont ils n’imaginent pas la valeur.

La France reviendra aux traditions de saint Louis, ou elle périra dans la honte et la ruine. – Léon XIII

[1] Malgré la victoire décisive des régimes révolutionnaires à partir de 1830, la France demeurait en grande partie, anthropologiquement et activement catholique. La bascule définitive ne s’est produite qu’à cause de la révolution ultime : celle de Vatican 2.

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4 commentaire

  1. c’est plutôt un conditionnement mentale dés la maternelle réalisé dés la maternelle par les instances « éducatives » (écoles, collèges, universités) et les médias (publicités, « documentaires », séries etc) relayant constamment des mythes anti-catholique des protestants, de voltaire et de michelet (gallilé, giordano bruno, inquisition, callas, le chevalier delabarre, croisades etc), évolutionnistes (darwin), pseudo rationalistes (descartes, kant), libertaires libertins (épicure), naturaliste, pro droits de l’Homme contre Dieu etc. Tant que ce conditionnement mentale n’est pas contrecarré, il saura difficile de faire entendre raison aux gens

    1. Salle de Rédaction

      C’est très exact ! Il semble toutefois que ce conditionnement mental ne sera contrecarré en masse, que par une maitrise du pouvoir politique. Les forces révolutionnaires ont agi ainsi pour pourrir les cervelles des français dès le plus jeune age.

  2. […] 2018-2019, ignore généralement cet important point de l’histoire contemporaine française ; à savoir la division anthropologique entre la France de foi et de principe chrétiens, et la France ayant adopté les principes […]

  3. […] Concernant la notion de grand remplacement, l’analyse de Buisson est un vrai vent d’air frais. S’élevant bien au-dessus de l’approche superficielle du néo-droitisme et des amnésiques identitaires en vogue depuis une dizaine d’années, Buisson partage avec nous une certaine discipline de l’esprit qui fait plaisir à lire et à entendre. En effet, les rhéteurs et autres profiteurs du droitisme actuel ne considèrent la notion de grand remplacement qu’à travers le prisme racial, avec une approche souvent presque darwinienne. Mais pire encore, dans l’esprit de ce néo-droitisme, l’identité est réduite à une sorte de fourre-tout patrimonial sans aucune cohérence historique…. […]

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