Le Fils de Dieu est venu au monde non seulement pour nous racheter, mais encore pour nous enseigner par son exemple toutes les vertus, et principalement l’humilité et la sainte pauvreté, compagne inséparable de l’humilité. C’est pour cela qu’il a voulu naître pauvre dans une grotte, vivre pauvre dans une boutique durant trente ans, et enfin mourir pauvre et nu sur une croix, après avoir vu ses propres vêtements partagés entre les soldats, sous ses yeux, avant d’expirer.
Et lorsqu’il fut mort, il lui fallut recevoir en aumône un linceul pour être enseveli. Que les pauvres se consolent donc, en voyant Jésus-Christ, le Roi du Ciel et de la terre, vivre et mourir si pauvre, pour nous enrichir de ses mérites et de ses biens, comme le dit l’Apôtre (2 Co 8, 9). Aussi, les Saints, désirant se rendre semblables à Jésus pauvre, ont méprisé toutes les richesses et tous les honneurs terrestres, afin d’aller un jour, avec leur divin Maître, jouir des richesses et des honneurs célestes, que Dieu a préparés pour ceux dont il est aimé, biens ineffables dont saint Paul nous apprend que l’homme ne peut se faire aucune idée ici-bas (1 Co 2, 9).
Jésus-Christ ressuscita ensuite avec la gloire de posséder, non seulement comme Dieu, mais encore comme homme, tout pouvoir dans le ciel et sur la terre, de sorte que tous les Anges aussi bien que les hommes sont ses sujets. Réjouissons-nous donc de voir ainsi glorifié notre Sauveur, notre Père, et le meilleur Ami que nous ayons. Réjouissons-nous-en pour nous-mêmes, puisque la résurrection de Notre-Seigneur est un gage certain de notre propre resurrection et de la gloire que nous espéribs avoir un jour dans le ciel, pour en jouir en corps et en âme.
Cette espérance donna aux Saints Martyr le courage et la force de souffrir avec joie tous les maux de cette vie et les tourments les plus cruels inventés par les tyrans. Mais il faut se persuader que, pour être uni à Jésus-Christ dans la joie du paradis, il est nécessaire de prendre part à ses souffrances ici-bas: on ne peut être couronné qu’après avoir combattu comme on le doit (2 Tm 2, 5). Tel est l’averitssemnt que nous donne l’Apôtre; mais soyons persuadés en même temps de ce qu’il ajoute, que toutes les peines de cette vie sont bien courtes et légères en comparaison des récompenses immenses que nous espérons dans la vie future (2 Co 4, 17).
Soyons donc attentifs à nous maintenir toujours dans la grâce de Dieu et à lui demander sans cesse la persévérance; car sans la prière, et une prière continuelle, nous n’obtiendrons pas la persévérance, et sans la persévérance, nous ne parviendrons pas au salut.
Ô doux, ô aimable Jésus, comment avez-vous pu tant aimer les hommes que, pour leur témoigner votre amour, vous ayez consenti à mourir épuisé de douleurs sur un bois infâme? et comment, après cela, y a-t-il si peu d’hommes qui vous aiment cordialement? Ah! mon cher Rédempteur, je veux être de ce petit nombre! Par le passé, j’ai eu le malheur de perdre le souvenir de votre amour, et de renoncer à votre grâce pour de misérables plaisirs; je reconnais ma fute, je m’en repens de tout mon coeur, je voudrais en mourir de douleur. Maintenant, ô mon Sauveur, je vous aime plus que moi-même, et je suis prêt à souffrir mille morts plutôt que de perdre votre amitié! Je vous remercie des lumières que vous me donnez. Mon Jésus, mon Espérance, ne m’abandonnez pas à moi-même, continuez à m’aider jusqu’à la mort!
Ô Marie, Mère de Dieu, priez Jésus pour moi !
Saint Alphonse de Liguori, Considérations sur la Passion, Chapitre VII