L’Abbé Joseph Lehmann, ainsi que son frère, le père Augustin Lehmann, sont avec Monseigneur Freppel, nos très immenses fiertés, nos inestimables trésors doctrinaux et spirituels de catholiques alsaciens, grands représentants de l’école classique, anti-libérale et contre-révolutionnaire en Alsace au XIXe et au début du XXe siècle. En ce dimanche 4 septembre, nous vous proposons de découvrir un aspect de l’œuvre de l’Abbé Lehmann, méditer sur cet extrait de son lumineux ouvrage « Les nations frémissantes contre Jésus-Christ et Son Église ». Cet extrait concerne le Ve discours « Apostasie et décomposition des Nations« , dans la seconde partie « La décomposition », pages 90 et 91 (éditions Delacroix).
Nous l’adressons tout spécialement à l’attention des français populistes, réactionnaires, peu capables de distinguer l’héritage révolutionnaire du seul devoir chrétien, gonflés d’orgueil patriotique, idéologiques, parfois « racial« , toujours perdus dans l’indistinction propre aux sentiments plébéiens, sans se rendre compte que la cause de la décomposition française actuelle se trouve précisément dans l’apostasie dont cette société est coupable et dans les causes politiques, sociales, philosophiques de cette apostasie. On accable en effet ces esprits sensibles, « femelles » aurait dit Bernanos, d’exercices de repentance absurdes depuis la fin de la IIe guerre mondiale. Mais la seule repentance par laquelle les français, grands ou petits, devraient commencer est bien celle d’avoir renversé le trône et par là, avoir voulu abolir le règne de Notre Seigneur Jésus Christ, dont le roi de France est le lieutenant sur terre.
« Il m’en coute à moi de vous reprocher ce que je vais dire, vous comprendrez ce sentiment, il m’en coute ; mais dites : votre décadence morale comme nation, n’est-elle pas sur le point d’atteindre, pour ne pas dire davantage, la décadence de la nation juive ? Le peuple juif avait pour loi le Décalogue, vous aviez pour loi le saint Evangile. Et aujourd’hui, ô nations, non seulement vous n’avez plus l’Evangile, mais vous n’observez même pas le Décalogue : « Tu ne tueras pas, tu ne voleras pas ». Que faites-vous entre vous, et que laissez-vous faire contre l’Eglise ? »
Commentaire : Passage prodigieux de clarté pour qui sait à quel point l’abbé Lehmann, catholique de lignée juive, connait la profondeur et la nature exacte de la déviance du post-judaïsme originel, du judaïsme rabbinique et de toutes les hérésies, talmudiques puis sabbataïennes et sionistes qui suivirent. La décadence ne signifie pas nécessairement la perte de puissance : le monde judéo-sioniste actuel est dans une situation de puissance inouïe, mais au prix de quels blasphèmes ? Celui d’avoir d’abord renié le Christ et de s’entêter à se considérer encore comme Israël, jusqu’à usurper ce saint nom pour en faire aujourd’hui l’instrument d’injustice et de destruction ?
« Pardonnez-moi, Messieurs, ce que je vous dis de pénible ; le cœur qui vous parle voudrait, au prix de son sang, contribuer à vous guérir. Mais dites : votre décadence morale comme nation, n’est-elle pas sur le point d’atteindre, pour ne pas dire davantage, la décadence des nations musulmanes ? Vous les épouvantez en ce moment ; les lettres qui viennent de Turquie, de Perse, d’Arabie, disent toutes que vous épouvantez l’Orient ».
Commentaire : Ce passage est extrêmement important. Il est d’une prodigieuse lucidité et à presque des accents prophétique. Notre époque actuelle n’est-elle pas ainsi ? Comme l’a dit récemment le vicaire apostolique pour l’Arabie, Monseigneur Paul Hinder : « le problème n’est pas la ‘’puissance’’ de l’islam, mais la ‘’faiblesse’’ du christianisme en Europe ». Aussi bien l’attrait de certains jeunes français de vieux sang pour l’islam, parfois le plus radical, que la répulsion indistincte et haineuse de l’islam, des musulmans, de l’Orient, au moyen des arguments les plus faux et les plus vains, ces deux attitudes qui résument le raisonnement binaire du peuple en société sont en égale proportion représentatifs de cette apostasie et décomposition des français, qui ne savent plus aujourd’hui comment se tirer de leurs incessantes crises politiques, sociales, etc. Il importe peu d’ailleurs, de vouloir « rivaliser » de moralité à vrai dire, car la moralité sociale des pays ou même des communautés musulmanes en Europe sont généralement mal comprises par les audiences occidentales. Mais n’ont-ils pas légitimé le régime qui a abattu le Règne Social de Dieu ? N’ont-ils pas applaudi le régime de Napoléon qui a décimé l’Europe dans le sang et dans l’esprit ? N’ont-ils pas rêvé de ce régime qui a envahi et exploité l’Afrique pour ses richesses et y a empêché toute évangélisation sérieuse ? Et aujourd’hui, ne réclament-ils pas encore la pureté de ce régime qu’ils disent corrompu par les actuels gouvernants ? Et comment alors, progressistes de gauche comme populistes-réactionnaires de « droite », pourraient-ils être dans le juste ? La France a reçu la mission d’évangéliser le monde par l’exemplarité de ses rois consacrés. Le peuple français, s’il veut continuer à se dire français, doit donc être chrétien et vouloir évangéliser, faute de quoi, il n’est effectivement plus français, ce qui se passe aujourd’hui sous nos yeux. Aucun soulèvement populaire ou homme providentiel n’y changera rien tant que les français ne se convertiront pas et ne voudront pas convertir, en premier lieu les musulmans d’Afrique du Nord, plus spécialement d’Algérie, à qui nous devons cela, je pense, avant tous les autres. Pour en revenir à l’extrait de l’Abbé Lehmann, il est vraiment très intéressant, car il fait directement écho en effet, au commentaire d’un diplomate ottoman musulman ayant fréquemment voyagé et résidé en Europe, notamment en France, dans les années 1780 et 1790. Il s’agit d’Ahmed Atif Efendi, reis al Kuttab, qui après avoir observé les « progrès » apportés par la révolution en France, écrivit un mémorandum virulent contre les nouvelles philosophies destiné à contrer les visées de Bonaparte en Orient[1]. S’il n’avait pas été écrit par un musulman et si l’on ôtait quelques expressions typiquement islamiques, un tel texte pourrait avoir aisément été rédigé par un Bonald ou un Maistre. Ce passage de l’abbé Lehmann illustre un aspect très important de sa personnalité, le cosmopolitisme (dans le sens noble et classique du terme) de sa constitution qui lui permet d’ouvrir sa vision sur des horizons considérables de la société de son temps et donc de pressentir par raisonnement logique la suite des évènements de l’histoire.
« Le Père Lacordaire annonçait un jour ceci aux hommes de Notre-Dame : ‘’il viendra peut-être un temps pour les nations chrétiennes où l’on ne trouvera plus chez elles Scipion, et pas même Saladin’’. Le Père Lacordaire est mort, et aujourd’hui la figure de Saladin si elle était placée en Europe, écraserait par son honnêteté la figure de presque tous les hommes d’état. »
Commentaire : Idem. Le degré de corruption morale des hommes politiques de l’époque de l’abbé Lehmann est aussi lamentable que celui des actuels « maitres du monde ». Et en effet, nous avons beaucoup plus d’estime personnelle pour Hassan Nasrallah que pour David Cameron : aucune de ces deux personnes n’est chrétienne, mais il y en a une assurément plus morale et plus honorable que l’autre.
« Pardonnez-moi encore, Messieurs, pardonnez-moi toujours, mais dites : votre décadence morale comme nation, n’est-elle pas sur le point d’atteindre, pour ne pas dire davantage, la décadence des nations de la gentilité ? Vous étiez vous-même autrefois cette gentilité et vous êtes devenus la chrétienté, et maintenant que vous avez cessé d’être la chrétienté, vous n’êtes plus même la gentilité : à certains points de vue vous êtes au-dessous de votre ancien état de nature ».
Commentaire : Comme toutes les constituions intellectuelles cosmopolites (dans le très noble sens du terme), l’abbé Lehmann fait encore une fois preuve de la précision d’analyse extrême avec laquelle il perçoit l’âme de l’époque, l’âme de la foule contemporaine. « à certains points, vous êtes au-dessous de votre ancien état de nature ». Prodigieux, l’abbé Lehmann définit longtemps avant les laborieux sociologues marxiens de la nouvelle droite le fameux « néo-barbarisme » de nos sociétés actuelles. Un degré de bestialité, de médiocrité, d’ignorance, de mécréance, d’absence de courage, de virilité, d’honnêteté que mêmes les peuples antiques et païens d’Europe ne possédaient pas.
« Dans la gentilité ou dans l’état de nature, il y avait au moins le respect du serment : aujourd’hui les nations n’ont plus de serment. Dans la gentilité, il y avait au moins la loi inviolable et inviolée du respect de la divinité ; aujourd’hui dans vos lois, il n’y a plus rien pour Dieu ; et, comme dans vos lois il n’y a plus rien pour Dieu, dans vos rues on entend dominer les éclats du blasphème et le rire des débauchés. »
Commentaire : Idem, l’abbé Lehmann continue son propos. Très interessant, car cette remarque est très pertinente pour l’époque. Que vaut un serment pour un George Bush, pour un Barack Obama, pour un François Hollande ou un Nicolas Sarkozy ? Quelle force morale peut faire plier de telles personnalités, mues depuis des années par la plus résolue ambition personnelle, vers la moindre once d’honneur, de compassion, de justice, de considération pour l’ordre naturel ?
« Dans la gentilité, on ne vit qu’une seule foi un insensé, la torche à la main, brûler le temple d’Ephèse : la gentilité voua son nom à l’exécration, Erostrate, aujourd’hui ce sont des villes entières qu’on a commencé à brûler ; et l’exécration n’étant plus universelle, étant même devenue l’amnistie, demain peut-être l’incendie recommencera. »
« Et comme tout cela est le retour à l’état de nature, il ne faut donc pas vous étonner, mes pauvres Messieurs, que tout à coup, de pays abruptes soit descendu un conquérant, d’autant plus terrible et sauvage qu’il avait profité de votre civilisation en décadence. Il vous a traités comme on traitait les peuples vaincus dans l’état de nature ; il a été sans miséricorde, brutal, cupide, avare, et maintenant il épie, il attend votre râle, il en est sûr. »
Commentaire : Comme nous le disions en introduction, à quoi cela sert-il à ces français, de « droite » ou de gauche », de s’indigner en permanence, s’ils ne sont pas capables de raisonner avec Foi et logique ? Comment peuvent-ils croire identifier l’ennemi avec une si pauvre foi, une si pauvre doctrine ? Le conquérant, dont parle l’Abbé (mort en 1915), fait assez penser à Hitler. Un réactionnaire dirait qu’aujourd’hui, cela pourrait s’appliquer à l’islam, à Daesh. Mais précisément, Hitler et Daesh furent des instruments. L’abbé, dans sa description, « sans miséricorde, brutal, cupide, avare, et maintenant il vous épie, il attend votre râle, etc », semble faire référence à un ennemi autrement plus puissant et qui nous semble être la grande conjuration des « initiés » du globalisme actuel.
« Vous avez abandonné le sein de l’Eglise, nations chrétiennes, et lorsque après votre départ, nous, prêtres de Jésus-Christ, voyant votre pauvre mère désolée, nous avons couru après vous, vous criant à mains jointes : Hors de l’Eglise, point de salut, hors de l’Eglise, point de salut ! Vous avez répondu froidement : exagération ; on peut très bien se sauver dans l’autre vie sans être de l’Eglise. Eh bien, Dieu a vengé l’Eglise et justifié nos doctrines ; il les a justifiées même pour cette vie. Vous êtes donc hors de l’Eglise, ô Nations ; et maintenant hors de l’Eglise, je ne vois pas, et personne ne voit, de saint pour vous. »
Commentaire : Ce passage clôt notre analyse de l’extrait intense et prodigieux de l’Abbé Lehmann, lecture de laquelle nous sortons franchement secoués. Ce dernier passage est peut-être le plus important, car il rappelle ce suprême dogme de la foi catholique qui affirme que, hors de l’Eglise, hors du baptême, il n’y a pas de salut (Extra ecclesiam nulla salus)[2]. Cela est confirmé par les Saintes Ecritures, par l’enseignement de Notre Seigneur Jésus Christ et par l’enseignement infaillible de l’Eglise, des papes et de ses docteurs. Vraiment, l’abbé Lehmann était capable d’une profondeur de vision hors du commun, car depuis les débuts de la contre-église, nous avons vu à de nombreuses reprises, dans les encycliques des papes conciliaires, ce dogme, et tant d’autres, niés au nom de la liberté religieuse, que l’Eglise désigne comme hérésie. ‘’Nous avons couru après vous, vous criant à mains jointes : hors de l’Eglise point de salut, hors de l’Eglise point de Salut ! Vous avez répondu : exagération ; on peut très bien se sauver dans l’autre vie sans être de l’Eglise.’’ Et de tonner : « Dieu a vengé l’Eglise et justifié nos doctrines » ! La progression littéraire de cet extrait est vraiment en harmonie avec le propos, ce qui rend sa lecture si édifiante, car cette conclusion est doublement implacable : elle renvoie les âmes perdues du temps de l’abbé et de notre propre temps à leurs propres contradictions, mais elle démontre aussi qu’il y a une logique implacable dans ce cycle apostasie et décomposition. La décomposition intellectuelle semble bien être celle qui suit, et non précède, la décomposition spirituelle ! La révolution spirituelle mène à la révolution politique, qui mène à la révolution sociale et à nouveau, à la révolution spirituelle qui en était la cause. C’est exactement le cycle que 5 ou 6 siècle d’histoire nous ont donné de contempler, de Luther à Vatican II.
Mais citons encore la note de bas de page (p.91-92) laissée par l’abbé, car elle aide encore mieux à comprendre ces lignes :
« On a dit avec raison : « Les triomphes de la Prusse protestante sont dus à l’apostasie politique des pays catholiques ». Et cependant, c’est la Prusse qui a commencé l’incendie, lorsque Luther brula publiquement la bulle de Léon X, sur la place de Wittenberg, en 1520. A ce moment commença l’incendie du monde, que les nations catholiques apostâtes devaient éteindre. A la révolution religieuse commencée par Luther et la Prusse, la Révolution politique fit suite en France, en 1789 ; et maintenant c’est la révolution sociale, partout. Mais le premier tison, le brandon est venu de Wittenberg. Si les nations catholiques l’avaient compris, le comprenaient… ! »
[1] L’extrait complet peut être consulté sur le site « Vive le Roy » : http://www.viveleroy.fr/La-Revolution-francaise-analysee
[2] Plutôt que de nous rependre ici, vous trouverez ici toutes les références dans les Evangiles et le Magistère de l’Eglise concernant ce dogme : https://foicatholique.me/catholicisme-doctrine-catholique/763-2/hors-de-leglise-catholique-point-de-salut-2/
~ Argentinat ~
Extraits de Abbé Joseph Lehmann, LES NATIONS FREMISSANTES JESUS-CHRIST ET SON EGLISE, publié par les éditions Delacroix, distribué par la maison de Chiré en Montreuil.
– [ le roi de France est le lieutenant sur terre.]
Le roi de France n’est strictement pas le lieutenant de Jésus-Christ sur la terre !..
Seul le souverain Pontife légitime est le lieutenant de Jésus-Christ visible sur la terre d’institution divine.
Les formes de gouvernement civils[ Royauté, monarchie, république, fédéralisme ect.. ], ne sont strictement pas de droit divin, mais de droit humain !… C’est pourquoi saint Paul ne dit pas : non est princeps nisi à Deo, tout prince vient de Dieu, mais il parle de la chose elle-même, et dit : Toute puissance vient de Dieu. Donc, d’après la doctrine catholique, l’autorité civile vient de Dieu car de droit naturel, c’est au nom de Dieu qu’elle commande, mais ce n’est pas lui qui remet entre les mains de tel ou tel prince ou président de la république l’autorité nécessaire pour gouverner la nation.
Par exemple le Cardinal Billot S.J : » Louis XIV, son insatiable ambition, ses guerres de conquête, son attitude si hautaine et si insolente vis-à-vis du Saint Siège, son rôle dans l’éclosion de la grande erreur gallicane dont il fut le premier auteur et le principal inspirateur etc. » ( La lettre du Cardinal Billot au Figaro 1918 ) –
L’apostasie de la France aurait pu également se produire avec un gouvernement civil Royaliste ou monarchique ….,
Le système dit du droit divin [ forme de gouvernement civil ], que l’on présente souvent comme étant le système catholique. Or la théorie du droit divin a été ignorée de l’Église pendant quinze siècles. Elle a fait son apparition après la Réforme, lorsque les souverains, prenant l’autorité religieuse avec le pouvoir civil, rétablirent en Europe quelque chose du despotisme des anciens Césars, son premier auteur fut un roi protestant d’Angleterre, le successeur de la glorieuse Elisabeth, Jacques Ier, celui-là même qui disait à son Parlement : Dieu m’a fait maitre absolu, et tous les privilèges dont jouissent les corps législateurs sont de pures concessions émanées de la bonté des rois. Et ses principaux adversaires furent deux Jésuites, – vous lisez bien : ses adversaires furent les Jésuites Bellarmin et Suarez, illustres théologiens tous deux, en grand honneur dans les écoles catholiques, dont l’un vivait à Rome et l’autre en Espagne, non moins vénérables du reste par leur sainteté que considérables par leur doctrine. Depuis, sous l’influence du régime absolu, cette opinion de Jacques Ier a malheureusement passé en France. Elle s’est associée assez souvent à ce gallicanisme dont Fénelon disait : liberté à l’égard de Pape, servitude à l’égard des rois.