A travers le monde entier, de nos jours, nous observons les progrès d’une inclinaison disproportionnée pour les danses et les bals, lesquels, selon la sagesse commune, sont corrompus de telle sorte qu’ils sont la plupart du temps incompatibles avec les principes les plus élémentaires de la décence. Malgré cela, il existe des personnes convaincues qu’elles peuvent exercer une sorte d’apostolat extrêmement dangereux pour les âmes, qui consiste à fréquenter les bals dansants avec la prétention d’y améliorer l’atmosphère morale. A cause des dangers que peuvent causer ces danses, aussi bien que le mauvais exemple donné par ceux qui les fréquentent, il est opportun de traiter de cette délicate question en pleine franchise apostolique.
Que sont les bals ?
Le bienheureux Frère Diogo de Cadiz, écrivant en 1792 à la duchesse de Medinaceli à propos du problème de la licéité des bals, les définit ainsi : « Le bal est un regroupement de personnes richement vêtus, hommes et femmes, dont le but est de s’amuser et se divertir les uns les autres, non selon Dieu et selon l’Esprit, mais selon les joies du monde et de la chair. Se mélangeant entre eux, ils dansent à la musique de divers instruments et de chansons doucereuses pendant une certaine période de temps. » Il est certain que toutes les sortes de bals ne relèvent pas de la même gravité. En parlant des bals de notre siècle, le père Remigio Vilarino de la Société de Jésus écrit dans un article publié en 1916 : « Les bals sont gravement peccamineux et illicites parce ces façons de danser incitent au péché ». Il énumère alors quelques-unes de ces modes, et ajoute : Aujourd’hui, nous sommes allés très loin [en matière de danses impudiques] et nous allons plus loin encore puisque, à notre honte, d’autres nouvelles danses commencent à être adoptées, alors qu’elles sont plus indécentes et dangereuses encore. »
Dans sa définition générique des danses, le cardinal de Séville affirme expressément qu’il n’y inclut pas les danses classiques ou les danses folkloriques traditionnelles, desquelles il ne traite pas ici.
Saintes Ecritures, danses et bals
Les livres de l’Ancien et du Nouveau testament n’évoquent que rarement les danses et les bals, car dans le peuple élu observant l’Ancienne Loi, de même que les premiers disciples de la doctrine de Jésus-Christ, les danses et les bals n’étaient guère en usage, mais ils étaient en revanche fréquents chez les païens. Néanmoins, dans le livre de l’Ecclésiastique, l’Esprit Saint dit à propos des danses :
« Ne traîne pas avec une chanteuse : tu te ferais prendre à ses pièges. N’arrête pas tes regards sur une jeune fille: tu pourrais te condamner avec elle. Ne tombe pas entre les mains des prostituées: tu y perdrais tout ton avoir.Ne regarde pas de tous côtés dans les rues de la ville, ne traîne pas dans les coins déserts. Détourne les yeux d’une jolie femme, ne dévisage pas une belle inconnue. La beauté d’une femme en a fait tomber beaucoup; elle suffit pour enflammer la passion (Ecclésiastique 9 ;4-8) ».
Ce qui a causé le martyr de Saint Jean Baptiste fut la fameuse danse à laquelle les Evangélistes font allusion (Matthieu 14-6 ; Mark 6-22), ce qui montre les conséquences fatales que ce type de tentation peut causer.
Les Conciles, les danses et les bals
Il serait trop long de lister toutes les décisions conciliaires qui ont constamment condamné les bals. Il suffit de consulter, parmi les antiques Conciles, le Concile de Constantinople, qui dit : « Les danses publiques sont prohibées sous peine d’excommunication ». Le Concile d’Aix-la-Chapelle les qualifie de « choses infâmes » ; le Concile de Rouen, « une grande abomination » et le Concile de Tours les considère comme des « fraudes et des artifices du démon ». Ne pensez pas que ce ne fut que dans les premiers siècles de l’Eglise que les Conciles ont si sévèrement condamné les danses et les bals. Des conciles plus récents les ont également prohibés. Le 10e Concile de Baltimore, tenu en 1869, publia une lettre pastorale de la part des Pères du Concile, concernant les danses et avertissant les croyants : « Nous jugeons qu’il est de notre mission pastorale de vous adjoindre une nouvelle fois d’éviter ces nouveaux genres de danses, où l’occasion de péché est fréquemment présente. Ce type de tentations est d’autant plus dangereux que celles-ci sont tenues pour innocentes et que bien des personnes s’y adonnent, comme si elles ne professaient pas notre religion. Non seulement la Divine Révélation et l’antique sagesse, mais aussi l’expérience et la raison elles-mêmes clament à l’unisson contre ce type de tentations qui, même contenues dans les limites de la modestie, engendrent toujours plus ou moins de dangers pour les âmes chrétiennes. »
Si un pareil jugement put être lancé contre des danses et des bals qui pourraient être considérées comme moins répréhensibles que celles d’aujourd’hui, comment ne pourrions-nous pas sévèrement condamner les danses modernes de notre époque, lesquelles offensent tout sentiment de dignité et constituent un véritable outrage contre les bonnes mœurs.
Les Pères de l’Eglise et les danses
Saint Ephrem, l’un des plus anciens pères de l’Eglise, a dit : « Qui a inventé la danse et les bals ? Etait-ce Saint Pierre ? Etait-ce Saint Jean ou quelqu’un des saints ? Certainement pas, mais plutôt le diable, l’ennemi des âmes. » Il ajoute plus loin : « Là où il y a des bals, les anges sont tristes et les diables jubilent ». Et encore : « Il n’est pas possible de sauter et de danser ici, et de jouir ensuite de la béatitude éternelle, car le Seigneur nous a dit : « Malheur à vous qui riez maintenant : car vous grincerez des dents (Luc 6-25). » Saint Basile décrit les danses comme un « scandaleux défilé d’obscénités ». Saint Jean Chrysostome les qualifie « d’écoles des passions impures ». Saint Ambroise les déclare « chaires d’iniquité, destructeurs d’innocence et tombeaux de la pureté ». Et il s’exclame : « Les filles des mères indignes peuvent bien aller aux bals dansants pour devenir comme elles, mais ceux qui sont chastes doivent éviter ces danses s’ils ne veulent pas périr. »
Les Saints et les danses
Saint Charles Borromée a dit que la danse « est un cercle dont le centre est le diable et ses cohortes en constituent la circonférence, car il est très rare qu’une personne danse sans pécher. » Saint François de Sales, bien connu pour sa bonté et sa douceur, déclare : « A cause des circonstances qui entourent les danses, elles sont propices au mal et les âmes courent un grand risque avec elles. Bals, danses et autres rassemblements nocturnes attirent généralement les vices et les péchés dans le voisinage : plaintes, jalousie, railleries et infatuations du cœur. Tout comme l’exercice de la danse ouvre les pores du corps, il ouvre aussi les pores du cœur. Pour cette raison, si quelque serpent vient inspirer des paroles sensuelles ou flatteuses à l’oreille d’un tel, ou si quelque reptile s’approche en lançant des regards impurs et amoureux, les cœurs deviennent très disposés à se laisser contaminer et polluer. » Saint François conseille ainsi Philothée (une croyante) : « Les médecins disent que les meilleurs champignons n’ont pas de valeur ; je vous dis la même chose à propos des bals, les meilleurs d’entre eux ne sont pas bons. »
Les gens qui jugent que les danses sont compatibles avec la vie de la perfection chrétienne devraient méditer souvent sur les considérations du Saint Docteur (Philothée ou Introduction à la vie de dévotion, III, 32, 33). Dans la vie du Saint Curé d’Ars, Saint Jean Marie Vianney, on remarque avec quelle fermeté il condamne la dangereuse tentation des danses. Il dit : « Les danses sont les moyens dont use le démon pour détruire l’innocence de près des trois-quarts de notre jeunesse. Combien de jeunes filles, à cause des danses, ont perdu leur réputation, leur Paradis et leur Dieu ! » Saint Antoine Marie Claret, qui, depuis son pupitre et dans ses écrits, combattit vaillamment pour interdire les bals en Espagne, affirme dans son livre Le Panier de Moïse : « Le diable a inventé les bals pour perdre les jeunes filles, et les a répandus à travers le monde comme un immense filet afin de s’emparer des jeunes gens et de les soumettre à sa domination tyrannique. » Il ajoute : « La déesse Venus était le type de la séduction et la mère des plaisirs charnels, et pour cette raison, les filles païennes, dans leur fanatisme idolâtre, pensaient que le meilleur moyen d’honorer cette déesse impure, était d’offrir devant son autel, toutes sortes de frivolités abominables…La vérité, c’est que les danses sont d’origine païenne, et à l’exemple de celles qui sont pratiquées aujourd’hui, seul le diable aurait pu les inventer pour corrompre la jeunesse. Dans les trois premiers siècles de notre ère, les persécutions et l’opposition de l’Eglise à toutes sortes de choses provenant du paganisme, expliquent pourquoi la fréquentation des bals dansants était défendue aux fidèles. Mais après le quatrième siècle, petit à petit, ces danses furent introduites parmi les chrétiens et immédiatement, l’autorité ecclésiastique vint à les prohiber. »
Cardinal Pedro Segura y Saenz, archevêque de Séville, cité dans le magazine Catolicismo, Campos, January 1952