Tout d’abord, nous sommes à la fin de la chrétienté. Non pas la fin du christianisme, non pas à la fin de l’Eglise, comprenez bien ce que je vous dis. La chrétienté est la vie sociale, économique et politique, inspirée par les principes chrétiens. Tout ceci disparait, nous l’avons vu mourir. Voyez les symptômes : l’éclatement de la famille, le divorce, l’avortement, l’immoralité, la malhonnêteté généralisée.
Nous vivons dans cet état de fait, jour après jour, et nous ne percevons pas le déclin. Nous prenons tout pour acquis, nous nous accoutumons aux choses, et nous les acceptons presque comme une règle. La presse que nous lisons, la télévision que nous regardons, rien de tout ceci n’est inspiré par des principes chrétiens. En fait, chez beaucoup d’entre nous, il y a une tendance à s’abaisser pour aller à la rencontre du monde, au lieu d’élever le monde. Nous sommes terrorisés à l’idée de devenir impopulaires. De là, nous suivons le mouvement de la masse. Puis, vient la défaite, le déclin apparent : on nous met au tombeau, puis nous revenons à la vie. Nous avons eu quatre morts dans notre histoire chrétienne. Nous nous trouvons à présent dans la quatrième période, et nous nous décomposons, nous sommes gâtés : plus de grand zèle, plus de grands enseignements, plus de feu puissant.
Aujourd’hui, nous devons nous conformer à ce monde, sans quoi, nous sommes montrés du doigt. Notre Seigneur nous a dit : « Mais parce que vous n’êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde » (Jean 15 ; 19). Mais nous disons : « Non, nous devons gagner le monde, pour gagner le monde, nous devons ne faire qu’un avec le monde ». La mondanité : voici l’une des causes les plus basiques de notre décadence, de notre mort. Nous mourrons. Que faire ? Quelle est la réponse ? La réponse est celle-ci : notre époque est une époque formidable à vivre. Je remercie Dieu de pouvoir vivre en ces jours, car ce sont des temps d’épreuve.
Il y a trois décennies encore, l’atmosphère générale était chrétienne. Les mœurs étaient chrétiennes, nous n’avions pas de difficulté à nous adapter à une société chrétienne. Mais aujourd’hui, à l’heure où tout est inversé, voici venu le jour où les masques tombent, et nous nous révélons pour ce que nous sommes vraiment.
Aujourd’hui, le courant est contre nous. Aujourd’hui, l’humeur du monde est celle-ci : « Allez avec le monde, allez avec l’esprit de ce monde ; Ecoutez les cadavres flotter et dériver avec le courant. Seuls les corps vivants résistent au courant. C’est ainsi que le bon Dieu nous éprouve. Le bon Dieu est en train d’éprouver les chrétiens occidentaux par l’esprit de mondanité. Combien d’entre nous sont tombés ? Voici ce qu’Il fait. Nous nous révélons pour ce que nous sommes vraiment. Saint Jean dit dans son épitre : « Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n’étaient pas des nôtres ; car s’ils eussent été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous ; mais ils en sont sortis, afin qu’il soit manifeste que tous ne sont pas des nôtres » (1 Jean 2 ; 19). C’est ainsi que les âmes qui tombent, sont celles qui ont raté l’épreuve. Tout ceci ressemble beaucoup à l’épreuve que les Juifs eurent à passer. La majorité des Israélites qui abordaient la Terre promise dirent au peuple qu’il était impossible d’entre, car l’endroit était occupé par une force trop puissante. Or, la majorité n’a pas toujours raison. Seuls Caleb et Josué, qui étaient la minorité, étaient en désaccord avec la majorité. Et ils avaient raison.
Nous sommes sur le point d’avoir dans l’Eglise, un rapport minoritaire semblable : une minorité de sœurs, une minorité de prêtres, une minorité de laïcs. Non pas une minorité agressive et génératrice de problème, mais une minorité semblable à Josué et à Caleb, des témoins de Dieu. C’est ainsi que nous sommes mis à l’épreuve, de la même façon que les Juifs furent mis à l’épreuve. Dans peu de temps, et peut être déjà, viennent les batailles et les épreuves. Notre Seigneur a dit : « Satan vous criblera comme le blé ». Et nous sommes déjà criblés comme le blé. Donc, remercions le Seigneur de pouvoir vivre ces temps. Vraiment, c’est une chose merveilleuse. A présent, disons « oui », ou « non, et affrontons les assauts, les critiques et les moqueries, car tel est le lot des chrétiens en ces temps où règne l’esprit de ce monde.
S’il y a quelque chose qui doit être restauré aujourd’hui, je dirais que c’est la violence. La violence ! Oui, le royaume des Cieux est gagné par la violence. Et seuls les violents le gagneront. Nous délaissons la violence, la discipline, le dévouement à la Croix. Et c’est le monde qui se l’approprie. C’est pourquoi il n’y a aujourd’hui aucune limite à la violence dans ce pays. Nous engageons toujours plus d’agents de police, toujours plus d’hôpitaux pour les drogués. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a plus de raisons morales internes pour justifier l’arrêt de ces crimes. Notre Seigneur a dit : Je suis venu apporter le glaive. Non pas la paix ! Aujourd’hui, on ne cesse de parler de paix, de paix et encore de paix. Oui, nous parlons de paix parce qu’il y a eu la guerre, mais nous ne livrons pas la guerre à l’intérieur de nous-mêmes. C’est pourquoi il n’y aura aucune paix dans le monde tant que nous ne livrerons pas cette guerre à l’intérieur de nous. Notre Seigneur a dit : « Je suis venu apporter, non la paix, mais le glaive » (Matthieu 10 ; 34). Notre Seigneur n’a jamais utilisé le mot « paix » avant la Passion.
Le Seigneur a apporté le glaive. Il ne s’agit pas du glaive qu’on lance contre l’ennemi. C’est un glaive qu’on lance contre nous-mêmes, afin de sectionner les sept plaies de l’âme : l’orgueil, la convoitise, la luxure, la colère, la jalousie, la gourmandise et la paresse. Nous avons abandonné le glaive et quelqu’un d’autre l’a pris. Nous devons le récupérer ! C’est ainsi que nous aurons la paix. Et il n’y aura pas de paix générale dans la société tant qu’il n’y aura pas de paix individuelle. La paix sociale est l’extension de la paix individuelle, dans nos cœurs. Lorsque nous sommes en accord avec Dieu, nous pouvons être en paix avec notre prochain. Lorsque nous ne sommes pas en accord avec Dieu, nous serons en guerre contre tous.
Mgr. Fulton J. Sheen, Extraits d’un discours télévisé en 1974, traduits depuis la retranscription du National Catholic Register
Commentaire : Voici encore des paroles pleines de sagesse de la part du regretté Fulton Sheen. Il fut l’un des plus zélés évangélisateurs de son temps, sous le pape Pie XII et jusqu’au concile de Vatican 2. Mgr. Fulton J. Sheen incarne à lui seul l’un des plus tragiques paradoxes de notre temps. D’un côté, il fut un ardent prêcheur de la doctrine de l’Eglise, utilisant les technologies modernes de la télévision, il fut un superbe propagateur de l’orthodoxie catholique. D’un autre côté, il fut l’un de ces élus, et quel élu, trompé par la diabolique révolution moderniste de Vatican 2. Mgr. Fulton J. Sheen ne comprit effectivement pas la nature et l’ampleur de la révolution conciliaire. Il reconnut les faux papes pour de vrais papes, il ne perçut pas clairement les hérésies de Vatican 2, ni l’abomination de la messe de Paul VI. La chose est réellement paradoxale, puisque ce même Fulton J. Sheen prophétisa avec une incroyable acuité, et une parfaite orthodoxie exégétique, le surgissement de la contre église moderniste. De même, dans le même esprit que les grands antilibéraux anglophones comme le Père Denis Fahey, il décrivit avec un talent rare, la nature néopaïenne de la société apostate contemporaine. Or, même embrigadé, à moitié inconscient, dans la contre église, il parvenait encore à produire des discours aussi exacts et prophétiques que celui dont nous vous retranscrivons ici quelques extraits. D’ailleurs, notons que la secte moderniste freine actuellement des quatre fers pour faire capoter la « canonisation » de Mgr. Fulton J. Sheen : même s’il se rallia dans les faits à la secte moderniste, il n’en partageait clairement pas l’esprit et l’essentiel de son oeuvre est beaucoup trop radicalement catholique pour qu’elle puisse être compatible avec le panthéon des archihérétiques conciliaires.
[…] Tel est le royaume divisé contre lui-même. Et ces individus nous traitent enfin de « cathos-talibans » dès lors que nous affirmons pleinement la foi catholique dans la cité. Leur folie est l’un des symptômes de la maladie de la France des deux patries. Et cette folie marque de plus en plus le public dit de droite et dit patriote, qui ne réagit à l’islamisme que pour la défense de la débauche, du libertinage et de l’homosexualité. Mais ces mêmes personnes refusent dans le même temps tout réalisme, tant spirituel que philosophique et politique. Un réalisme qui appelle donc, mécaniquement, à l’usage de formes de violences, aussi bien spirituelles que temporelles, afin de réagir efficacement contre les menaces contre le bien commun. Mais puisqu’ils n’ont même plus de notion du bien commun, comment pourraient-ils le défendre ? Pour compléter cette critique de la faiblesse ontologique du monde païen actuel, nous renvoyons le lecteur à ce fameux discours de Mgr. Fulton Sheen sur la nécessité de la violen…. […]