[Méditation] Conseils de vertu d’humilité par Saint Jean Chrysostome et Monseigneur Bossuet

« Que notre orgueil vienne donc crever en face de cette botte de paille sur laquelle repose le Verbe de Dieu. » (Bossuet)

La généalogie de Jésus-Christ ou se trouvent plusieurs personnages indignes d’être ses ancêtres, même à cause de leur conduite, nous apprend que personne ne doit s’élever de la gloire de ses ancêtres. Que chacun jetant les yeux sur cette généalogie du Sauveur étouffe toutes les pensées d’orgueil, et ne se glorifie que de ses seules vertus ; ou plutôt qu’il ne s’en glorifie même pas, puisque c’est ainsi que le pharisien devint pire que le publicain. Si vous voulez que votre vertu soit grande, n’en ayez pas une grande estime, et alors elle sera véritablement grande.

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Si l’humilité justifie le pécheur, quoiqu’elle soit en lui plutôt une reconnaissance de son indignité qu’une humilité véritable, combien sera-t-elle puissante dans le juste même ? Ne perdons pas le fruit de nos travaux.

Le roi Saint Louis de France lavant les pieds de gens du peuple.
Le roi Saint Louis de France lavant les pieds de gens du peuple.

Il est nécessaire d’oublier ses bonnes œuvres ; vous savez si bien oublier le mal que vous commettez, et vous ne pourriez oublier le peu de bien que vous faites ?
La crainte des jugements de Dieu devrait nous toucher davantage que la complaisance d’une bonne œuvre, et c’est le contraire qui arrive. Nous offensons Dieu tous les jours sans y faire la moindre réflexion : tandis que si nous donnons la moindre chose à un pauvre, nous sommes prêts à le dire à tous.
L’oubli de nos bonnes œuvres en est le trésor et la garde la plus assurée. Lorsqu’on parle publiquement de l’or ou des vêtements précieux, on invite les voleurs à chercher les moyens de les prendre ; mais lorsqu’on les tient cachés dans le secret de sa maison, on les y conserve en sureté. Il en est de même pour les richesses des vertus. Si nous les tenons toujours dans notre mémoire et comme exposée en vente, nous irritons Dieu, nous armons notre ennemi contre nous, et nous l’invitons à les dérober ; mais si elles ne sont connues que de Celui qui doit les connaitre, nous les possèderons en pleine assurance.

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N’exposez donc pas les richesses de vos vertus, de peur qu’il ne vous arrive ce qui arriva au pharisien qui, portant sur les lèvres le trésor de ses bonnes œuvres, donna au démon le moyen de les dérober. Il ne parlait de ses vertus qu’avec action de grâces et les rapportait toutes à Dieu, cependant cela ne le justifia pas ; car ce n’est pas rendre grâces à Dieu que de s’élever au-dessus des autres. Si vous rendez grâce à Dieu, ne pensez à plaire qu’à lui seul, ne cherchez pas à être connu des hommes, ne jugez point votre prochain : autrement votre action de grâce n’est pas véritable.

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« Je ne suis pas digne, Seigneur, que vous entriez dans ma maison, » disait le centenier ; et en parlant ainsi, il en devint digne et mérita d’être préféré par Jésus-Christ pour hôte à tous les juifs. C’est par une humilité semblable que Saint Paul dit : « Je ne suis pas digne d’être appelé apôtre, » et c’est par cette humilité qu’il mérite d’être le plus grand de tous les apôtres. De même, Saint Jean s’écrie : « Je ne suis pas digne de dénouer les cordons de ses souliers, » et il mérite de devenir l’ami de l’Époux et d’élever la main sur la tête du Sauveur (le jour de son baptême), tandis qu’il ne croyait pas digne de dénouer ses souliers.
« Retirez-vous de moi, Seigneur, s’écrie Saint Pierre, car je ne suis qu’un pécheur,» et à cause de cette humilité le Seigneur le choisit pour le fondement et la base de son Église.
Rien ne plait autant à Dieu, en effet, que l’humilité qui est le comble de la vertu et de la sagesse chrétienne, car celui qui a le cœur humilié ne sera pas accessible à la vaine gloire, à l’envie, à la colère contre son prochain, ni à aucune autre passion.
Souffrons tout avec courage, pour recevoir, avant même la récompense qui nous est promise, le fruit de notre humilité, c’est-à-dire le repos et la paix de nos cœurs, selon cette parole de Jésus-Christ : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos dans vos âmes. »

Saint Jean Chrysostome – Enseignements pratiques de l’Évangile tiré du commentaire de Saint Jean Chrysostome sur l’Évangile de Saint Matthieu par l’auteur des conseils de piété,  avec une préface de S.G Mgr Mermillod –éditions de la bibliothèque de piété des gens du monde.

 

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