Un Congrès scientifique du Sport et de l’Éducation physique avait réuni à Rome, 800 participants, le pape Pie XII reçut ceux-ci en son palais de Castel Gandolfo et leur adressa donc ces mots puissants
La Révélation nous enseigne donc au sujet du corps de l’homme de sublimes vérités, que les sciences naturelles et l’art sont incapables de découvrir par eux-mêmes, vérités qui confèrent au corps une nouvelle valeur et une dignité plus élevée et par conséquent un plus haut motif à mériter le respect.
Le sport et la gymnastique n’ont certainement rien à craindre de ces principes religieux et moraux correctement appliqués ; il faut toutefois exclure certaines formes qui sont en opposition avec le respect indiqué à l’instant. La saine doctrine enseigne à respecter le corps, mais non à l’estimer plus qu’il n’est juste. Le principe est celui-ci : soin du corps, accroissement de vigueur du corps, oui ; culte du corps, divinisation du corps, non, pas plus que divinisation de la race et du sang avec leurs présupposés somatiques ou leurs éléments constitutifs.
Le corps n’occupe pas chez l’homme la première place ; ni le corps terrestre et mortel, tel qu’il existe maintenant, ni le corps glorifié et spiritualisé, tel qu’il sera un jour. Ce n’est pas au corps, tiré du limon de la terre, que revient le primat dans le composé humain, mais à l’esprit, à l’âme spirituelle. Non moins importante est une autre règle fondamentale contenue aussi dans un passage de la Sainte Écriture. On lit en effet dans la lettre de S. Paul aux Romains : « Je vois dans mes membres une autre loi, qui s’oppose à la loi de mon esprit et me rend esclave de la loi du péché qui est dans mes membres » (Romains 7, 23).
On ne pourrait décrire de façon plus vivante le drame quotidien dont est tissée la vie de l’homme. Les instincts et les forces du corps se font sentir, et, étouffant la voix de la raison, l’emportent sur les énergies de la bonne volonté depuis le jour où leur pleine subordination à l’esprit fut perdue par le péché originel.
Dans l’usage et l’exercice intensifs du corps, il faut tenir compte de ce fait. De même qu’il y a une gymnastique et un sport qui, par leur austérité, concourent à refréner les instincts, ainsi il existe d’autres formes de sport qui les réveillent, soit par la force violente, soit par les séductions de la sensualité. Du point de vue esthétique aussi, par le plaisir de la beauté, par l’admiration du rythme dans la danse et dans la gymnastique, l’instinct peut insinuer son venin dans les âmes.
Il y a en outre dans le sport et dans la gymnastique, dans les exercices rythmiques et dans la danse, un certain nudisme qui n’est ni nécessaire ni convenable. Ce n’est pas sans raison qu’il y a quelques décades un observateur tout à fait impartial devait avouer : « Ce qui dans ce domaine intéresse la masse, ce n’est pas la beauté de la nudité, mais la nudité de la beauté ». À une telle manière de pratiquer la gymnastique et le sport, le sens religieux et moral oppose son veto. En un mot, le sport et la gymnastique doivent non pas commander et dominer, mais servir et aider. C’est leur fonction, et c’est là qu’ils trouvent leur justification. (…)
Pie XII, Discours aux professeurs d’éducation physique, 8 novembre 1952, in Documents de S. S. Pie XII, 1952, p. 516-517