Ce qui suit est une traduction d’une brève présentation des schémas originaux de Vatican 2, publiée sur le site Unam Sanctam Catholicam. Cet article présente les neuf schémas qui furent originellement rédigés par la première commission théologique du concile de Vatican 2, présidée par le cardinal Ottaviani. Ces schémas furent subitement écartés par les pères modernistes du concile, en particulier le très influent cardinal Bea, lequel était l’agent principal de Jean XXIII. Cet aspect méconnu du concile de Vatican 2 est absolument crucial pour comprendre comment la révolution moderniste a été opérée. En effet, le coup d’état moderniste fut double : l’usurpation de la papauté et l’usurpation du concile.
Dans les années ayant immédiatement précédé l’ouverture de Vatican 2, Jean XXIII a initialement confié la préparation des documents du concile à une commission spéciale, dirigée par le Cardinal Alfredo Ottaviani. Cette commission préparatoire rédigea au total neuf schémas abordant une variété de sujets. Ces schémas furent rejetés par les pères du concile comme étant trop rigides, trop condamnatoires et trop scholastiques. Ces neuf documents furent alors remplacés par les seize documents qui allaient constituer le corpus doctrinal de Vatican 2.
En 2012, le père Joseph Komonchak, un prêtre de la Marquette University, prit l’initiative de traduire en anglais cinq des neuf schémas originaux.
En lisant ces schémas, on est frappés par leur clarté, par leur caractère direct et par leur brièveté, qualités tranchantes en comparaison avec la teneur des documents de Vatican 2. Il est également intéressant de voir à quel point le contenu de ces documents différent complètement des documents promulgués par Paul VI. Par exemple, le schéma originel « Sur les sources de la Révélation » affirme nettement qu’il existe deux sources révélées, lesquelles constituent le dépôt de la Foi. Dei Verbum, à l’inverse, met l’emphase sur le fait qu’il n’y aurait qu’une seule source de la révélation, laquelle aurait été transmise par deux modes de transmission.
Le choix des références des documents est également intéressant. Un examen des notes de bas de page des schémas originaux révèle un nombre abondant de citations de Pascendi, Mortalium Animos, le Syllabus et même du serment antimoderniste. A titre d’exemple, aucun de ces documents magistériels n’est mentionné dans le Catéchisme de 1992.
Le ton des schémas est remarquablement différent. Au lieu de l’humble « recherche de la vérité »[1] que l’on trouve dans les documents conciliaires, les schémas originaux proclament ouvertement et autoritairement la Vérité, et dénoncent les erreurs qui la pervertissent. Le document De Fontibus Revelationis, qui fut l’objet de tant de reproches de la part des pères du concile, comporte plusieurs condamnations formelles. Afin de voir la différence de ton entre les deux corpus, considérons d’abord ce passage du schéma intitulé « Sur l’ordre moral chrétien », paragraphe 6 :
L’Eglise, toutefois, s’insurge de ce que tant de gens transgressent la loi divine, plus par faiblesse que par méchanceté, mais rarement sans grave culpabilité. L’Eglise observe avec la plus grande horreur que l’erreur est partout répandue. Ces erreurs conduisent sur la voie de la perdition et ferment les portes du salut. Il y a ceux qui nie l’existence d’un Dieu personnel et privent ainsi la loi naturelle de sa fondation. Il y a ceux qui, reniant la mission du Christ, rejettent la loi évangélique. Il y a ceux qui ne se fondent que sur des principes humains afin d’expliquer l’ordre moral, et le privent ainsi de son objet véritable et ultime. Leur impiété et leur impudence prend de telles proportions qu’ils cherchent à attaquer les Cieux et à en retirer Dieu Lui-même. Par une malfaisance notoire et une égale folie, ils ne craignent pas d’affirmer qu’il n’existe nul Dieu suprême, omniscient et distinct de l’Univers créé. Il y encore ceux qui affirment que la loi morale est sujette aux changements et à l’évolution jusque dans des matières fondamentales…
A présent, comparons ce passage avec celui-ci, tiré du 21e chapitre de Gaudium et Spes, traitant également de l’athéisme :
Pour les croyants, elle réclame la liberté effective et la possibilité d’élever aussi dans ce monde le temple de Dieu. Quant aux athées, elle les invite avec humanité à examiner en toute objectivité l’Évangile du Christ.
Lors de l’entame du Concile, les pères de tendance progressiste perçurent les schémas d’Ottaviani comme un obstacle à leur programme de réformes. Le cardinal Bea, l’un des plus influents des cardinaux et un favori de Jean XXII, expliqua ceci à ses collègues modernistes :
Nous devons aider le saint père à atteindre, pour le concile, les objectifs qu’il a fixé dans ses messages radiophoniques et ses exhortations. Ces objectifs diffèrent de ceux qu’on trouve dans les schémas, soit parce que la commission théologique qui en conduit les travaux est proche du monde et des idées de paix, de justice et d’unité, soit en raison de la division du travail et d’un manque de coordination. Ils ont laissé place à tout, sauf à l’Esprit Saint.[2]
Ainsi, ces schémas considérés comme « proches du monde » ont été remplacés par ceux que nous connaissons aujourd’hui, et dont nous savons bien les défauts. N’ayant jamais été promulgués, ces schémas ne font pas autorité, mais en les lisant, on ne peut s’empêcher de contempler ce que le concile aurait pu devenir.
Source : Unam Sanctam Catholicam, The Original Vatican II Schemas, traduit par Le Fide Post
Les schémas originaux de Vatican 2 (en anglais)
De Fontibus Revelationis (Sur les sources de la Révélation)
Défendre l’intégralité du Dépôt de la Foi
Sur la chasteté, le mariage, la famille et la virginité
Constitution Dogmatique de l’Eglise
Note : Nous travaillons à traduire les schémas originaux en français prochainement. Notez que seulement cinq des neuf schémas sont pour le moment disponibles en anglais.
[1] Cette phrase est de Romano Amerio, Iota Unum : A Study of Changes in the Catholic Church in the XXth Century, 1996
[2] Cité in Fouilloux, Vatican II commence, Université Catholique de Louvain, p.72, note 56, 1993.
Bonjour Guillaume, Peux tu on les trouver en Français ??Henry Envoyé depuis mon appareil Galaxy
Je n’avais pas lu la fin de l’article….Oups!!!Envoyé depuis mon appareil Galaxy
Héhé, pas de problème.
Je compte bien les traduire quand j’aurai le temps.
Ils sont extrêmement interessants !
Jean XXIII était-il réellement responsable du rejet des premiers schémas préparatoires du concile Vatican II ?
Nous savons que ce pape était âgé et souffrant, en lisant le célèbre journal du concile : »Le Rhin se jette dans le Tibre », il semble que Jean XXIII n’envisageait pas une continuité de ce concile, il invitait les évêques à accélérer la conclusion prévue pour le 8 décembre 1963, c’est en tout cas la lecture que je fais de cet ouvrage, mais je peux me tromper.
On passe aussi très souvent sous silence les consignes très précises, que Jean XXIII avait personnellement rédigées , concernant les heures de cours de latin destinées à tous les séminaires en fonction des années d’études.
Dans le « Journal de l’âme », autobiographie de Jean XXIII, le futur pape, alors nonce apostolique en France, s’indignait de voir un prêtre célébrer la messe dos à l’Orient à l’église Saint-Severin de Paris ,dans le même ouvrage la prière du pape, rédigée pour la convocation du concile, insiste sur le retour de l’ensemble des chrétiens dans » l’unique bercail de Notre-Seigneur Jésus-Christ »,la sainte Eglise Romaine.
Mon sentiment concernant Jean XXIII est mitigé, a t-il réellement ,et seul ,été l’ instigateur de la convocation du concile ?
En ce qui concerne Paul VI mon sentiment est clair ,il est totalement responsable des dérives conciliaires ,son missel de 1969 est en totale rupture avec le véritable missel Grégorien ,il a signé toutes les réformes qui lui étaient présentées par Bunigni, ouvertement franc-maçon ,que ce pape exila comme secrétaire de la nonciature apostolique en Iran , un placard !