Au nom de l’Union des rabbins orthodoxes des États-Unis et du Canada, le rabbin Yehuda Levin a protesté officiellement auprès du président polonais contre la prise de parole de Mme Veil lors de la commémoration de la libération d’Auschwitz. À cause de « ses agissements pro-avortement ». Deux commémorations viennent de se télescoper dans notre toute récente actualité : le trentième anniversaire de la loi « libéralisant » l’avortement en France, et le soixantième de la découverte du camp d’Auschwitz-Birkenau par les troupes soviétiques et de la libération de ses infortunés prisonniers. Quoi de commun entre ces deux événements ? Une personnalité politique française : Simone Veil !
Une loi homicide
La loi qui porte son nom –mais à laquelle il serait « injuste » de ne pas associer ceux de Giscard d’Estaing, alors président de la République, et de Jacques Chirac, son Premier ministre –, a été « améliorée », dans le sens que l’on sait, par tous les gouvernements successifs jusqu’à nos jours. Elle a eu pour conséquence une hécatombe de bébés à naître : un « tsunami » par an (près de 250 000 avortements « légaux »), depuis 30 ans…
Arrêtée, parce que juive, en avril 1944, Simone Veil survivra toute une année dans l’effrayant camp d’Auschwitz-Birkenau. Libérée, elle retrouvera sa mère – qui décédera très peu de temps après des suites de son internement – et ses sœurs, toutes également déportées. Mais elle ne reverra jamais ni son père ni son frère, victimes d’une des pires barbaries païennes que l’Histoire ait connues. Toutefois, une abomination subie serait-elle « amnistiante » d’une abomination provoquée ?
Non ! répond l’Union des rabbins orthodoxes des Etats-Unis et du Canada (1), qui a fait paraître sur son site (www.orthodoxrabbis.org), en date du 23 janvier dernier, et sous la plume du rabbin Yehuda Levin, sa lettre au président polonais Aleksander Kwasniewski :
Le 27 janvier 2005, des chefs de gouvernement et des survivants du camp de concentration, viendront du monde entier se rassembler sur le site du sinistre camp de concentration d’Auschwitz, pour commémorer le soixantième anniversaire de sa libération. Mme Simone Veil, ancien ministre français de la Santé, qui fut une internée juive d’Auschwitz, doit s’exprimer lors de ce rassemblement. Mme Veil est bien connue pour avoir provoqué la libéralisation de l’avortement en France. Ainsi, elle est l’un des principaux responsables d’une poursuite dans l’anéantissement de la vie humaine, qui dépasse de beaucoup celui des Nazis. Ses agissements pro-avortement sont diamétralement opposés à la doctrine du judaïsme. Au vu de ce qui précède, il est excessivement déplacé que Mme Veil prenne la parole lors de la commémoration de la libération d’Auschwitz, et nous vous présentons notre énergique protestation contre cela.
La grande presse ayant passé sous silence ce document (pourtant disponible sur Internet), après avoir été tellement disert sur Simone Veil, il eut été dommage qu’on en perdît le souvenir. Un oubli désormais réparé.
Source : Daniel HAMICHE, L’Homme nouveau, no 1349 – 20 février 2005
- The Union of Orthodox Rabbis of the United States and Canada, de concert avec la Rabbinical Alliance of America, revendique officiellement entre 1000 et 1200 rabbins membres. Cette association. connue également sous son nom hébreu AgudathHaRabonim, a été fondée en 1902, et ne doit pas être confondue avec The Union of Orthodox Jewish Congregation of America. Elle n’hésite pas à s’allier avec la droite « chrétienne » (protestante) américaine pour mener des actions énergiques en faveur de la défense de la vie, des valeurs familiales et morales fondamentales. Selon elle, le judaïsme « réformé » et le judaïsme conservateur contemporains n’ont plus rien à voir avec le judaïsme.
Commentaire : Dans la suite de notre précédent article où nous condamnions les hommages naïfs et coupables rendus à Simone Veil de la part des patriotes et des « cathos » novus ordo de tendance conservatrice, cet extrait de la déclaration de l’Union des rabbins orthodoxes d’Amérique du Nord nous permet de réfléchir à plusieurs conséquences.
- Comme nous le savons, comme toute hérésie, le judaïsme est divisé, il n’a aucune autorité. Plus pathétique encore que toutes les autres sectes, le judaïsme post-chrétien a tellement nié l’évidence claire de la messianité de Notre Seigneur Jésus-Christ qu’il a généré à lui seul une quantité immense d’autres hérésies, gnostiques, kabbalistes ou messianiques, le sionisme politique n’étant finalement qu’un autre modernisme, consacrant un faux Israel et autoproclamant la messianité d’un « peuple » tout entier.
- En conséquence de quoi, même si la réaction des rabbins orthodoxes américains est pleine de bon sens quant à l’œuvre de Madame Veil (certainement beaucoup plus que les idiots de la droite bourgeoise soi-disant catholique), cela n’enlève rien au fait qu’ils sont des hérétiques sans mandat divin et sans autorité, ayant renié la Parole de Dieu.
- Il en résulte que l’on peut difficilement affirmer comme ils le font que les « agissements pro-avortement sont diamétralement opposés à la doctrine du judaïsme. » Certes, les rabbins de cette mouvance considèrent que les mouvements libéraux ou libéraux-conservateurs du judaïsme actuels n’ont plus rien à voir ou presque, avec ce qu’ils considèrent comme le vrai judaïsme. Là encore, c’est la question de l’autorité qui se pose : de quel mandat divin peuvent se prévaloir ces rabbins pour affirmer que leur version de l’hérésie talmudique serait plus orthodoxe que celle des courants libéraux du judaïsme talmudique ?
- On peut transposer cette question théologique au sein même de ce qu’est devenu le peuple juif actuellement, c’est à dire le peuple sioniste. En vérité, l’unité apparente des juifs sionistes du monde entier actuellement, ne repose aucunement sur la foi, car si tel était le cas, on pourrait clairement identifier une position juive légitime et faisant autorité, sur le sujet de l’état sioniste comme sur celui de l’avortement. Or, le judaïsme post-chrétien, libéral ou orthodoxe, s’accorde sur l’hérésie essentielle de considérer le peuple juif comme étant en quelque sorte une essence messianique en lui-même. Cause pour laquelle les juifs ont une vision non pas théocratique, mais anthropothéologique du monde.
- Conséquence : le juif ne se définit pas par sa foi, mais par son appartenance ou plutôt son adhésion au projet national. Conclusion : sur le plan spirituel, les juifs dans leur ensemble ne sont que des apostats et des hérétiques. Cette division apparait de façon claire dans le développement érratique de l’entité sioniste. Les clivages entre le sionisme libéral et politique, entre le sionisme messianique et le sionisme « quiétiste », entre les sionistes de gauche et ceux de droite, s’ils semblent de peu de conséquences dans les diasporas européennes et d’Amérique, ont des conséquences plus importantes sur le sol même de Palestine. En témoigne encore dernièrement, la polémique déclenchée par les mouvements juifs libéraux américains qui réclament à l’entité sioniste d’accorder l’accès des femmes au mur des lamentations à Jérusalem, polémique à laquelle à réagi Rav Ron Chaya de façon énergique.