Égérie, pèlerine chrétienne au 4e siècle : le Mont Horeb et le Buisson Ardent (3)

Ayant réalisé notre souhait de gravir le sommet de la montagne sainte, nous avons entamé la descente vers un autre mont adjacent qui est nommé Horeb, où se trouve également une église. C’est sur ce mont Horeb que se tenait le prophète Elie, après qu’il se soit enfuit de devant le roi Ahab, là où Dieu lui parla et lui dit : Que fais-tu ici, Elie[1] ? ainsi qu’il est écrit dans le livre des Rois. La grotte dans laquelle se cachait le prophète Elie fait aujourd’hui face à la porte de l’église. Il se trouve aussi un autel de pierre que Saint Elie éleva pour faire une offrande à Dieu ; les hommes de Dieu nous firent l’honneur de nous indiquer chaque emplacement. Là encore, nous fîmes une oblation avec les plus profondes prières, et nous avons également lu le passage du livre des Rois, car il était devenu notre coutume particulière que de lire le passage approprié de l’Ecriture, selon l’endroit que nous visitions. La messe ayant été rendue, nous nous rendions à un autre endroit non éloigné que les prêtres et les moines nous indiquèrent, et où saint Aaron se tenait avec les soixante-dix anciens, quand saint Moïse reçut la loi par le Seigneur pour les enfants d’Israël[2]. A cet endroit se trouve une grande pierre ronde, dont la surface est plate, et sur laquelle il est dit que les saints hommes se sont tenus. Il y a également au milieu, une sorte d’autel de pierres. Un passage du livre de Moïse, ainsi qu’un psaume approprié furent lus. Puis, après une prière, nous sommes descendus de là.

 

Chapelle du prophète Elie, avec en arrière plan le mont Horeb. Cette chapelle date du IVe siècle et il très probable que c’est à cet endroit qu’Egérie écrit ces lignes, 16 siècles avant nous.

Il est maintenant à peu près la huitième heure et il reste encore à parcourir trois milles avant d’atteindre les montagnes que nous avions parcouru le jour précédent ; Il n’était toutefois pas nécessaire que nous empruntions le même chemin car, comme je l’ai dit plus avant, nous voulions absolument voir ces saints lieux et les cellules, avant de nous rendre au bout de la vallée, comme je l’ai dit plus haut, qui est la vallée se trouvant au pied de la montagne sainte. Tout cela fut nécessaire, car il se trouvait au bout de la vallée un grand nombre de cellules d’ermites, ainsi qu’une église, à l’endroit où se trouve le buisson ardent, lequel est toujours présent à ce jour et développe même des surgeons. Ayant ainsi descendu toute la montagne sainte, nous arrivions au buisson vers la dixième heure. Comme je l’ai mentionné avant, c’est ce buisson par lequel le Seigneur parla dans le feu, à Moïse, et ce même buisson est situé à un endroit de la vallée où se trouvent un grand nombre de cellules et une église. Il y a un très charmant jardin devant l’église, où l’on peut disposer d’une eau excellent et abondante et le buisson lui-même se trouve dans ce jardin.

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Monastère de Sainte Catherine, au pied du mont Sinaï. La tradition la plus antique fait remonter sa fondation à l’action de l’impératrice sainte Hélène à la fin des années 330 à l’endroit présumé du buisson ardent, ce qui est confirmé avec une étonnante exactitude par le journal d’Egérie laquelle indique bien avoir séjourné dans un monastère se trouvant au pied de la montagne sainte, au début des années 380. On sait également qu’au 6e siècle, l’empereur Justinien, grand prince catholique, fit fortifier et garder le monastère à la demande des moines, régulièrement menacés par des tribus nomades. Si ce monastère fut catholique pendant des siècles, il est aujourd’hui sous l’autorité du patriarcat schismatique-oriental de Jérusalem. Saint Jean Climaque y fut l’un de ses plus célèbres pensionnaires.

Les saints hommes nous indiquèrent avec beaucoup d’ardeur l’endroit où saint Moïse se tenait quand Dieu lui dit : ôtes tes souliers de ton pied, etc.[3] Comme il était déjà la dixième heure en arrivant sur place et comme il était tard, nous ne pouvions pas avoir la messe, mais une prière fut faite dans l’église et aussi devant le buisson dans le jardin, et un passage du livre de Moïse fut lu, suivant la coutume. Ensuite, comme il était tard, nous avons pris un repas avec les saints hommes dans un endroit du jardin, devant le buisson. Nous avons ensuite passé la nuit sur place, et très tôt, le jour suivant, nous avons demandé aux prêtres si une messe pouvait être donnée, ce qui fut fait.

Egérie, Itinéraire, vers 380-385. Extrait de la traduction anglaise de M. McClure, C. Feltoe, Macmillan Company, New York, 1919.

[1] Rois 19 ;9

[2] Exode 24 ;9-14

[3] Exode 3-5

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Le buisson ardent, tel qu’il est présumé subsister jusqu’à ce jour au monastère Sainte Catherine du Sinaï.
Le monastère de Sainte Catherine au Sinaï abrite l’une des plus riches bibliothèques du monde, après celle du Vatican. On y trouve également quelques-unes des plus célèbres représentations d’art iconique chrétien, dans le plus pur style alexandrin. Ici, une icône représentant Saint Pierre, tenant les clefs de l’Eglise, 6e siècle.

 

Le monastère de Sainte Catherine abrite également la célèbre icône de la Vierge et l’Enfant, accompagnés de Saints Georges et Théodore, 6e siècle.

 

Icône du Christ Pantocrator, monastère de Sainte Catherine, 6e siècle

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