La mort de la femme politique Simone Weil ce 30 juin 2017 a naturellement suscité une vague d’émotion médiatique à travers le pays et le monde moderne tout entier. En effet, Simone Weil était déjà depuis longtemps devenue une sorte d’icône du progressisme politique et social, célèbre notamment pour avoir défendu et fait adopter le 26 Novembre 1974 la sinistre loi autorisant l’interruption volontaire de grossesse. Ainsi, Simone Weil s’est rendue directement complice d’une abomination légalisant la peine de mort pour des millions d’enfants dans le ventre de leur mère. Nous disons bien complice, donc responsable, mais pas seule responsable. En 1974, Simone Weil était ministre de la santé du nouveau gouvernement de droite sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing. Un an plus tôt, ce même gouvernement avait fait voter la fameuse loi du 3 Janvier 1973 modifiant les statuts de la banque de France et obligeant l’État français a contracter désormais ses emprunts avec intérêts auprès de banques privées. Toujours sous cette même présidence, le 29 avril 1976 fut rendu légal le tout aussi fameux décret sur le regroupement familial, date symbolique de l’évolution de la politique migratoire post-coloniale et planiste des Trente glorieuses vers l’immigration massive des années 1980-90. Autres coupables : les français qui ont allégrement accompagné ce mouvement par leurs suffrages ou leur complaisance à adopter le style de vie de l’après-guerre. En témoigne aujourd’hui encore, même chez ceux qui seraient parait-il les meilleurs défenseurs des intérêts de la patrie, l’hommage rendu par le Front National à Simone Weil. Peu surprenant de la part d’un parti d’apostats et d’homosexuels. De même, hommage de Valérie Boyer, que d’aucuns ont un temps présenté comme une grande femme politique catholique pour s’être affublé d’une grande croix immodeste lors de la campagne de François Fillon.
Ces années de lumières, de « progrès » et de nouvelles technologies semblent pleines de paradoxes, car elles furent des années de ténèbres. A la fois proches et lointaines, ce sont les années ayant immédiatement suivi la clôture du concile hérétique ayant couronné la naissance de la secte Vatican usurpant la place de l’Église du Christ à la face du monde. Quelle meilleure image finalement, que cet attentat contre le corps -attentat impuissant contre l’âme- pour illustrer ce qui s’est joué avec la loi de Simone Weil ? Ce furent en effet des années de ténèbres. La promulgation des fausses doctrines et des fausses liturgies de l’antipape Paul VI répandait déjà les outrances les plus horribles dans les paroisses, les séminaires, les écoles et les couvents du monde entier. La révolution Vatican II avait réalisé là l’un de ses premiers succès : le vol des paroisses de l’Église catholique avait permis à la secte de déchaîner le clergé le plus libéral et le progressiste, entraînant la masse des brebis vers les abysses du monde moderne. Il ne faut pas oublier que dans les années 1960-70, la population française était déjà déchristianisée, sinon mentalement libéralisée à plus de la moitié. Les révolutions vestimentaires et sociales du XXe siècles avaient eu cours bien avant l’avènement de la secte. C’est donc un troupeau bien fragile que ces loups attaquèrent d’autant plus facilement. Ceux qui ont aujourd’hui peine à réaliser que Rome est occupée depuis 1958 par une secte non-catholique dirigée par des antipapes, devraient essayer de reconnaître avec plus de réalisme et d’honnêteté la réalité de l’anthropologie ouest-européenne au XXe siècle. Les choses étaient déjà très avancées.
Aujourd’hui, il ne faut donc pas s’étonner de voir la secte Vatican II louer le « combat » de la féministe Simone Weil. De même que la très hérétique conférence des « évêques » de France.Il faut encore moins s’étonner de voir tous les « cathos conservateurs » de la Manif pour tous, de SOS Tout-Petits, nous parler des fines « nuances » du discours de Simone Weil, qui en fait, ne voulait pas vraiment rendre légal l’avortement, mais seulement rendre possible l’exception. Les vrais catholiques verront ici la parenté de cette logique décadente avec la logique qui conduit la plupart de ces mêmes conservateurs novus ordo à considérer la secte hérétique Vatican II comme l’Église de Notre Seigneur Jésus-Christ. Que dire ? Ce sont les mêmes « chrétiens » à la petite ambition, esthétistes et militantistes qui se laissent tromper par le premier laïc affublé d’une soutane.
Il paraîtrait donc que, parce que Simone Weil aurait du bout des lèvres apporté son soutien au mouvement de la manif pour tous, cela signifierait que sur la fin de sa vie, elle soit revenue sur ces décisions passées. Combien avons-nous entendues d’abominables révolutionnaires et ennemis du Christ cités comme parangons de vertus pendant ces journées de la manif pour tous ? Nous y étions comme tant d’autres et pendant les fameuses veillées, lire un texte de l’antipape Jean-Paul II comme ses encycliques « conservatrices » sur la dignité humaine, était considéré comme un geste audacieux et réactionnaire, pour vous dire la qualité du public que nous étions alors.
Bien sûr, on comprend bien que Simone Weil était une féministe de l’ancienne école, juive et bourgeoise de surcroît, et par conséquent, son féminisme parait presque conservateur. Et c’est pourquoi aujourd’hui, même des associations pro-vie considérées comme « intégristes » telles Sos Tout-Petits font l’éloge de la femme à l’origine de la loi contre laquelle ils combattent essentiellement. Alors, Simone Weil, une féministe d’état qui a éventuellement regretté ses actes sur la fin de sa vie ? Voyons plutôt ce qu’écrit Simone Weil dans son autobiographie de 2007 « Une Vie », où elle revient longuement sur son expérience personnelle lors du vote de la loi légalisant l’avortement en 1974 :
Plus nous nous rapprochions de l’échéance du débat, et plus les attaques se faisaient virulentes. Plusieurs fois, en sortant de chez moi, j’ai vu des croix gammées sur les murs de l’immeuble. A quelques reprises, des personnes m’ont injuriée en pleine rue. Devant l’Assemblée nationale, des femmes égrenaient leur chapelet. Ma crainte était que toutes ces manifestations finissent par déborder. A la même époque, aux Etats-Unis, des médecins se faisaient assassiner pour avoir procédé à des avortements. La situation en France était tout de même moins explosive. Et puis, si aucune attaque ne me touchait, c’est parce que, tout bien pesé, je n’avais pas d’états d’âme. Je savais où j’allais. Le fait de ne pas moi-même être croyante m’a-t-il aidée ? Je n’en suis pas convaincue. Giscard était de culture et de pratiques catholiques, et cela ne l’a pas empêché de vouloir cette réforme, de toutes ses forces. Quelques jours avant l’ouverture des débats, le conseil de l’Ordre des médecins, par la voix de son président, le professeur Lortat-Jacob, fit encore monter la tension en s’affirmant totalement opposé au projet de loi. C’est au cœur de cette agitation que, le 26 novembre 1974, la discussion s’ouvrit à l’Assemblée nationale. […] Quinze jours plus tard, le texte fut voté au Sénat, quasiment dans les mêmes termes. Nous nous étions attendus à un bras de fer plus rude. Giscard avait apaisé mes craintes : « Compte tenu de ce qu’est le Sénat, généralement plus conservateur, surtout sur ces questions, la loi ne passera pas. Mais ça n’a pas d’importance ; nous la ferons revenir en seconde lecture à l’Assemblée nationale pour adoption définitive. » A notre vive surprise, le texte passa plus facilement au Sénat, peut-être sous la pression de l’opinion désormais acquise à la réforme.
La suite de cet extrait est malheureusement coupée dans la source que nous possédons, mais elle semble très intéressant puisque Simone Weil évoque : « les outrances des Laissez-les vivre, comme l’effervescence de l’extrême droite et l’intégrisme des proches de Mgr Lefèbvre« .
Donc, dans cet extrait, Simone Weil affirme clairement qu’elle n’avait aucun état d’âme à faire passer cette loi et que sa seule crainte était que la situation déborde. Mieux encore, elle affirme que le fait d’être une juive talmudique croyante l’a éventuellement aidée à affronter cette épreuve. Pire encore, elle prétend vaguement que le président Giscard d’Estaing était « de culture et de pratiques catholiques » alors qu’il n’est autre qu’un hérétique. Plus intéressant : dès le début de l’extrait, elle assimile les femmes qui récitaient le chapelet devant l’assemblée aux personnes qui l’insultaient dans la rue ou aux croix gammées taguées sur son immeuble. Et enfin, le clou : « Et puis, si aucune attaque ne me touchait, c’est parce que, tout bien pesé, je n’avais pas d’états d’âme. Je savais où j’allais. »
Voici donc la femme que louent ces jours-ci en France les soi-disant catholiques de l’aile conservatrice de la secte Novus ordo.Il n’y a finalement rien d’étonnant à cela. Est-ce que ces mêmes personnes ne sont pas capables de critiquer la destruction des vocations et de la foi catholique, tout en louant en permanence un Jean-Paul II ou un Benoit XVI, qui en furent les plus habiles et perfides destructeurs ? Tout ces gens ne s’attachent malheureusement qu’aux apparences et à leur confort moral.
Civitas ou le média MPI ont très justement critiqué le fait que la conférence des évêques conciliaires ait regretté la mort de Simone Weil et rendu hommage à son combat.