Ainsi, le baptême, tiré d’un mot grec qui signifie ablution ou immersion dans l’eau, est distingué entre Baptême d’eau (fluminis), de désir (flaminis, courant d’air) et de sang. Nous parlerons plus bas du baptême d’eau, lequel a très probablement été institué avant la Passion du Seigneur Jésus-Christ, lorsque le Christ fut baptisé par Jean. Or, le baptême de désir est la parfaite conversion à Dieu par la contrition ou l’amour de Dieu au-delà de toutes choses, accompagné d’un désir explicite ou implicite pour le vrai baptême d’eau, qu’il remplace dans sa fonction de rémission des péchés, toutefois, non en tant qu’impression du caractère baptismal ou en tant que rémission de toute dette de châtiment. Il est appelé « d’air » (flaminis) parce qu’il prend place par l’impulsion du Saint Esprit qui est désigné comme un courant d’air (flamen). Ainsi, il est DE FIDE que les hommes sont également sauvés par le baptême de désir, en vertu du canon Apostolicam, « de presbytero non baptizato » et du Concile de Trente, Session 6, chapitre 4, où il est écrit que personne ne peut être sauvé « sans le bain de régénération ou le désir de celui-ci ».
Le baptême de sang est le versement du sang de quelqu’un, à savoir la mort, offert pour la Foi ou pour une autre vertu chrétienne. Ainsi, ce baptême est comparable au vrai baptême car, comme le vrai baptême, il permet la rémission des péchés et des châtiments, comme ex opere operato. Je dis « comme », car le martyre n’agit pas comme une stricte causalité [non ita stricte] à la manière des sacrements, mais par un certain privilège, en vertu de sa ressemblance avec la Passion du Christ. Ainsi, le martyr concerne également les enfants, étant donné que l’Eglise vénère les Saints Innocents comme de vrais martyrs. C’est pourquoi Suarez enseigne à juste titre que l’argument contraire [c’est-à-dire, l’opinion selon laquelle les enfants ne peuvent bénéficier du baptême de sang, ndt] est téméraire, au minimum. Chez les adultes, toutefois, l’acceptation du martyr est requise, au moins habituellement, dans le cadre d’un motif surnaturel. Il est clair que le martyr n’est pas un sacrement, parce qu’il n’est pas un acte institué par le Christ, et pour la même raison, ne le fut pas le baptême de Jean : il ne sanctifiait pas un homme, mais le préparait seulement pour la venue du Christ.
Saint Alphonse de Liguori, Théologie Morale, Livre 6, n°95-97