Il faut que la France revienne à l’Évangile. On ne lit plus l’Évangile en France, c’est un abus déplorable, également contraire aux traditions et aux désirs de l’Église. Nous devons tous faire nos délices de la lecture de ce Livre des Livres.
Ainsi faisaient les premiers chrétiens : si le ciel a daigné inspirer ce livre sacré, n’est-ce pas pour que nous en fassions usage ? Les Saints Pères et les docteurs de l’Église n’ont cessé d’en recommander la lecture, il faut y revenir avec un zèle intrépide et universel. Est-on chrétien quand on ne connaît ni la vie ni la doctrine de Jésus-Christ ? Et où les apprendre mieux que dans l’Évangile ? Hélas ! On enseigne, même aux enfants les fables ridicules et impures des dieux de l’Olympe, au risque de corrompre leur esprit et leur cœur, on apprend toutes les histoires ; il n’y a que celle de Jésus-Christ qui n’a pas sa place !
Si le pays autrefois le plus catholique du monde et qui doit tout au christianisme, en est arrivé à nier et à combattre avec acharnement les droits les plus sacrés de Notre Seigneur Jésus-Christ, si la fille aînée de l’Église est devenue la proie des Juifs et des franc-maçons, la cause en est à l’abandon que nous avons fait de l’Évangile. […] le texte inspiré a, par lui-même, une vertu qui ne se remplace pas. […]
En attendant, qu’on répande à profusion chaque Évangile séparément : qu’on le donne aux enfants du catéchisme ou de l’école, chaque élève des petits séminaires et des pensionnats catholiques devrait en avoir un exemplaire et le lire assidûment. Voilà la plus sainte des propagandes et aussi la plus efficace ; c’est l’Évangile qui a fait le monde civilisé, c’est lui qui va le refaire.
Il y a deux manières de lire l’Évangile : tout d’un trait pour en saisir l’ensemble, et par partie afin de le méditer : qu’on emploie l’un et l’autre. Mais qu’on le lise toujours avec un respect parfait, c’est la parole de Dieu, c’est la source de vie, c’est la force du chrétien. Qu’on le lise avec un vif désir d’en profiter pour s’instruire et se sanctifier. Prions le Saint Esprit de nous éclairer avant de commencer, et ne terminons jamais sans retenir une parole, celle qui nous aura le plus frappé, afin de la repasser dans notre esprit, d’en nourrir notre cœur et d’en faire la règle de notre conduite.
Préface d’introduction de Monseigneur Flavien Hugonin, evêque de Bayeux et Lisieux (1867-1898) à l’Évangile selon Saint Matthieu selon la traduction du R.P. de Carrières, éditeur Petithenry, Paris, collection particulière, date inconnue.
A propos de Monseigneur Hugonin : Né le 3 juillet 1823 à Thodure (Isère), décédé le 2 mai 1898 à Caen. Evêque de Bayeux et Lisieux. Il confirma Thérèse (Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus) le 14 juin 1884, la reçut avec son Père à l’évêché de Bayeux le lundi 31 octobre 1887. Après réticences, il autorisa son entrée au Carmel à 15 ans, présida sa vêture le 10 janvier 1889 et continua de lui témoigner de l’intérêt. Le 7 mars 1898, il donne oralement l’imprimatur à « l’Histoire d’une âme ». (Extrait du site internet des archives du carmel de Lisieux).