Mais nous ne saurions perdre de vue qu’il ne suffit pas d’aimer l’Église et qu’il est impossible de l’aimer bien si nous n’éprouvons crainte et révérence envers elle. Notre oubli de cela tient à ce que nous n’avons pas assez profondément enracinée dans notre esprit la conviction du caractère divin de l’Église […] La quantité même de grandeur humaine qui entoure l’Église nous fait parfois oublier que celle-ci n’est pas une institution humaine. Cet oubli, cet irrespect du caractère divin de l’Église est source de critiques infondées. C’est lui qui érige nos esprits et nos opinions en critères de vérité, en normes pour la conduite de l’Église. C’est lui qui nous fait juger le gouvernement et la politique des Papes. C’est lui qui, en tout ce qui concerne l’Église et la Papauté, nous arme d’un soin particulier, bien peu filial et bien peu sage, pour faire le départ entre ce que nous tenons pour divin et ce que nous tenons pour humain. C’est lui qui est à l’origine de cette agitation irrespectueuse avec laquelle nous distinguons entre ce que nous avons le devoir de concéder à l’Église et ce que avons besoin de ne pas lui concéder. C’est lui qui provoque chez nous cette irritable volonté de veiller à ce que le surnaturel reste bien subordonné au naturel, comme si nous croyions vraiment qu’il importe de tout mettre en œuvre pour éviter qu’un monde trop crédule ne devienne victime d’un cléricalisme et d’un ultramontanisme excessifs. Bornons-nous à bien assimiler la vérité selon laquelle l’Église est une institution divine, et nous verrons ensuite qu’une telle critique relève non seulement de la bassesse et de la déloyauté, mais constitue en outre une impertinence et un péché.
Père Frédérick Faber, Devotion to the Church, Londres, Richardson & Son, pp. 23-24