Indépendamment de votre arrière-plan religieux, vous avez sans doute remarqué l’énorme disparité des points de vue entre ceux qui n’ont pas la foi et ceux qui la possèdent par la grâce de Dieu. Dans la discussion de sujets importants tels que la douleur physique ou morale, le péché, le bonheur, le mariage, les enfants, l’éducation, le but de la vie et le sens de la mort, n’avez-vous pas constaté que l’opinion catholique est maintenant à l’extrême opposé de ce qu’on appelle les vues modernes ? Vous qui avez la foi, vous avez probablement éprouvé un sentiment d’impuissance dans vos rapports avec ceux qui ne l’ont pas, comme s’il n’y avait pas de commun dénominateur. Il semble que l’incroyant et vous viviez dans des mondes différents. Vous vous sentez incapable de pénétrer la mentalité naturelle du païen moderne que vous rencontrez dans la rue. C’est comme si vous parliez à un aveugle des couleurs. Vous n’employez pas la même langue. Comme pour les ouvriers de la tour de Babel, il n’y a pas de terrain d’entente commun. Il n’y a pas si longtemps, on tenait à l’écart ceux qui rejetaient un grand nombre de vérités chrétiennes : les divorcés remariés, les athées, les ennemis de la famille, les gens qui prétendaient que la loi était imposée non par la raison mais par la volonté. Aujourd’hui, c’est nous qui sommes à l’écart. Eux, ils font partie de la société.
Le chrétien est aujourd’hui sur la défensive pour la seule raison qu’il est l’exception. Quelquefois, même les fidèles comprennent mal la clarté de vision et la certitude de ceux qui ont reçu le don de la foi. De là vient qu’un catholique s’impatiente devant un incroyant, car il pense à tort que s’il voit lui-même la vérité si clairement, c’est à cause de sa propre intelligence innée, et que si l’autre ne la voit pas c’est à cause de sa sottise ou de son entêtement. La foi, il faut le rappeler, ne vient pas de notre sagesse, et le manque de foi ne vient pas de leur ignorance. La foi est entièrement un don de Dieu. « Ce n’est pas la chair et le sang qui te l’ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux ». (Matt. XI, 17)
Si vous n’avez pas la foi, n’avez-vous pas regardé comme absolument sots, absurdes et superstitieux les jugements, la philosophie de la vie et les perspectives de ceux qui vivent par la foi ? Vous pensez, par exemple, qu’un catholique a abdiqué sa liberté et sa raison en obéissant aux lois de l’Eglise et en acceptant la vérité du Christ, qu’elle exprime. Votre jugement ressemble à celui d’un homme qui regarde de l’extérieur les vitraux d’une église, et n’y voit qu’une confusion inextricable de lignes de plomb et de couleurs ternes. S’il entre dans l’édifice, les lignes de plomb s’effacent et le dessin se révèle éclatant de couleurs et de vie. De même l’Eglise peut paraître déconcertante de dehors, mais une fois entré, vous y découvrirez un ordre, une harmonie, et une beauté qui rendent toute autre beauté sans attrait.
Le monde aujourd’hui semble plus uni dans la négation que dans l’acceptation de la croyance. La génération précédente pouvait vous donner au moins dix bonnes raisons en faveur d’une croyance erronée telle que le matérialisme, mais l’homme moderne ne peut donner même une mauvaise raison en faveur de l’incroyance totale. Il est tristement vrai de dire qu’il y a plus en commun aujourd’hui entre un chrétien en état de grâce, un chinois, un juif orthodoxe ou un musulman, qu’entre le vrai chrétien et le soi-disant chrétien moyen qu’il peut vous arriver de rencontrer dans une boîte de nuit , ou à la table d’un ami. Quand le chrétien parle de Dieu, le chinois, le juif orthodoxe ou le musulman peuvent le comprendre, car ils croient eux aussi que Dieu est le roi et le juge de tous les hommes. Mais pour le païen moyen qui croit l’homme descendu de l’animal et qui par conséquent se juge autorisé à se conduire en bête tout cela n’est qu’imbécillité absurde et stupidité sénile.
Mgr Fulton J.Sheen, La route du Ciel, pp 74-76, 1963.
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