[Brèves] Novus Ordo : Roberto de Mattei justifie le schisme

Le professeur Roberto de Mattei est un historien de renom, bien connu des milieux traditionnalistes/conservateurs en communion avec la secte moderniste. S’il est certainement un grand spécialiste en matière d’histoire, les connaissances théologiques du professeur de Mattei sont beaucoup plus limitées, ou du moins, obstinément obscurcies par l’attitude rebelle et réfractaire qui caractérise la plupart des traditionnalistes qui refusent d’accepter l’enseignement du Magistère de l’Eglise et de constater la vacance du siège apostolique depuis 1958. Ceux-là refusent d’accepter les hérésies de Vatican 2 et l’enseignement des chefs de la secte moderniste, tout en soutenant toutefois que cette secte est l’Eglise catholique et que ces hérésiarques sont de vrais papes catholiques, ce qui est impossible. Cette position intenable conduit régulièrement le clergé de la FSSPX, ou certains de leurs fidèles les plus actifs médiatiquement, à produire toutes sortes de théories ou de justifications proprement absurdes et fondamentalement hérétiques, afin de justifier leur détestation et leur insoumission revendiquée envers ceux qu’ils tiennent absolument à désigner comme papes. Par exemple, à la suite d’une discussion surréaliste avec Steve Skojec, le fondateur de OnePeterFive, l’un des principaux sites traditionalistes en communion avec la secte Vatican 2, un catholique, observateur du débat, résuma ainsi la position burlesque de Skojec :

« Opinion de Skojec : tu es un hérétique, si tu ne te soumets pas à ce pape hérétique. Seconde opinion de Skojec : Et personne ne peut savoir s’il est hérétique avant que les hérétiques qui l’ont élu le déclare hérétique. En attendant, ignore ce pape hérétique. »

Fatalement, il fallait que cette attitude, parfois qualifiée de néo-gallicane ou de crypto-schismatique, conduise ses adeptes à professer une attitude formellement et explicitement schismatique. C’est justement ce que vient de déclarer le professeur De Mattei dans une entrevue accordée au média traditionnaliste-FSSPX OnePeterFive. De façon typique, ces auto-proclamées sauveurs du catholicisme, emploient un titre d’article montrant le respect et l’amour filial qu’ils entretiennent pour leur « pape » : De Mattei on the Francis pontificate, six years of hypocrisy and lies[1].

Après avoir déploré les innombrables compromissions et hérésies de Bergoglio, Roberto De Mattei propose finalement ce qui lui parait être une solution catholique au vu des guerres de partis qui agitent les camps modernistes-radicaux et modernistes-conservateurs au sein de la secte. Cette solution ? Justifier le schisme formel et explicite :

Un schisme déclaré, bien que mauvais en lui-même, peut être dirigé vers le bien par la divine providence. Le bien qui peut en sortir est le réveil d’un grand nombre de gens actuellement endormis ainsi que la compréhension du fait que la crise n’a pas commencé avec le pontificat du pape François, mais s’est développée depuis longtemps, ses racines doctrinales sont profondes. Nous devons avoir le courage de ré-examiner ce qui s’est passé ces 50 dernières années à la lumière de cette maxime évangélique, selon laquelle un arbre est jugé à ses fruits (Mt 7 :16-20). L’unité de l’Eglise est un bien qui doit être préservé, mais ce n’est pas un bien absolu. Il n’est pas possible d’unir ce qui est contradictoire, d’aimer la vérité et l’erreur, le bien et le mal, en même temps. 

Ces déclarations stupéfiantes montrent le degré de confusion, voire d’ignorance obstinée, qui règne dans ces milieux traditionalistes. Des gens comme Steve Skojec sont connus pour avoir déclaré préférer être athées que de conclure à la position dite sédévacantiste. Il n’est donc pas surprenant qu’au fil du temps, tout spécialement avec les incessants crimes de mœurs commis par les pseudo-évêques de la secte, les complicités et les déclarations hérétiques de François, ces traditionnalistes soient régulièrement contraints d’aller toujours plus loin dans l’hérésie. Tous les catholiques savent qu’il est impossible que la contre-église de Vatican 2 soit l’Eglise catholique, de même qu’il est impossible que les antipapes de Vatican 2 soient des vrais papes catholiques, tout simplement car l’Eglise est indéfectible et l’enseignement magistériel du pape est infaillible : ils ne peuvent, ni se tromper, ni nous tromper. Il est donc hérétique et gravement offensant d’affirmer que le pape peut tomber dans l’hérésie et que l’Eglise pourrait promulguer des conciles enseignant l’hérésie ou des rites sacramentels invalides, comme la fausse messe de Paul VI. Le traditionalisme post-lefebvriste s’est donc entièrement construit sur cette position hérétique et gravement insultante pour l’Eglise et la papauté. Des personnalités médiatiques de premier plan telles que Roberto De Mattei, préfèrent donc persister dans cette absurdité, plutôt que de suivre la doctrine catholique. Nous avions déjà parlé à de nombreuses reprises des erreurs du lefebvrisme dans de précédents articles[2], en montrant comment le magistère de l’Eglise et l’enseignement des pères et des docteurs, condamnaient tout à fait cette position doublement schismatique.

Car, il y a d’une part un schisme de fait : les adeptes de la position « reconnaitre le pape et lui résister » pensent qu’un pape peut être hérétique, ce qui est condamné par l’enseignement de l’Eglise. D’autre part, il y a un schisme vis-à-vis de la personne qu’ils croient être le pape, mais qu’ils détestent et dont ils ignorent complètement les enseignements. A vrai dire, nous avions annoncé depuis longtemps, spécialement depuis l’affaire de la fameuse dubia des « cardinaux » modernistes-conservateurs contre le document Amoris Laetitia, que la secte Vatican 2 risquait fort de se diriger un jour vers un schisme majeur, entre un parti moderniste « historique-loyaliste » et un parti conservateur, regroupant modérés et traditionnalistes FSSP et FSSPX. C’est précisément la raison pour laquelle De Mattei élabora sa thèse d’un « bon schisme », décrivant toutefois une situation réelle, à savoir les secousses provoquées par l’amplitude des affaires sans fin de crimes sexuels au sein du clergé moderniste depuis plusieurs décennies, sinon depuis le début de la révolution moderniste. Revenons quand même un instant sur les justifications schismatiques du prof. De Mattei. Quand celui déclare, un schisme déclaré, bien que mauvais en lui-même, peut être dirigé vers le bien par la divine providence, il montre l’étendue de son ignorance ou de son mépris pour la dogmatique catholique la plus élémentaire. Il est intéressant de savoir que le pape Pie IX, citant Saint Jérôme, dans Quartus Supra[3], (une lettre traitant précisément des sectes schismatiques en Orient) enseigne justement :

Tout schisme se fabrique une hérésie afin de justifier son abandon de l’Eglise. – Pape Pie IX, Quartus Supra, n°13, 1873

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De même, faut-il rappeler l’enseignement de Pie XII :

Ce n’est pas tout péché, si grave soit-il, qui, comme de sa propre nature, amène un homme à rompre du corps de l’Eglise, comme le fait le schisme, l’hérésie ou l’apostasie. – Pape Pie XII, Mystici Corporis Christi (n° 23), 29 juin 1943

Ou encore celui de Léon XIII :

De là vient cette sentence du même saint Cyprien, que l’hérésie et le schisme se produisent et naissent l’une et l’autre de ce fait, que l’on refuse à la puissance suprême l’obéissance qui lui est due. «L’unique source d’où ont surgi les hérésies et d’où sont nés les schismes, c’est que l’on n’obéit point au Pontife de Dieu et que l’on ne veut pas reconnaître dans l’Eglise et en même temps un seul pontife et un seul juge qui tient la place du Christ» (Epist. XII, ad Cornelium, n. 5). – Pape Léon XIII, Satis Cognitum ; 29 juin 1896

Quand De Mattei affirme que la crise n’a pas commencé avec le pontificat du pape François, mais s’est développée depuis longtemps, ses racines doctrinales sont profondes, il a raison. Beaucoup de modernistes-conservateurs se scandalisent de François à cause de son style, mais ce dernier ne fait que se conformer à l’enseignement de Vatican 2, de Jean-Paul II et de Benoit XVI. En revanche, lorsque De Mattei dit que l’unité de l’Eglise est un bien qui doit être préservé, mais ce n’est pas un bien absolu, tout catholique ayant reçu un catéchisme sommaire ne peut qu’être choqué du peu de cas fait de la première note de l’Eglise catholique : l’unité. Comment Mattei peut-il calmement affirmer qu’il ne s’agit que d’un bien non-absolu ? C’est bien simple : pour les traditionnalistes comme lui, si le pape peut être hérétique, vous comprenez bien que l’Eglise peut tout aussi bien faire défection et enseigner l’erreur. C’est pourquoi le recours au schisme formel les tente de plus en plus, bien qu’en réalité, ils se trouvent déjà, de fait, dans une position schismatique vis-à-vis de la personne qu’ils pensent être le pape de l’Eglise catholique, étant donné qu’ils refusent son enseignement, sa liturgie et ses disciplines.

Ce qui est grave et malheureux, c’est l’audience que ces individus ont dans les médias conservateurs, car cet auditoire, fréquentant le plus souvent la FSSP ou la FSSPX, se trouve sous l’influence de ces erreurs. Par la grâce de Dieu, beaucoup de personnes, chaque années, s’échappent de la secte moderniste et de ces groupes modernistes-conservateurs qui, décidément, ne diffèrent pas tant de leurs adversaires. C’est bien un certain subjectivisme doctrinal, un refus d’objectivité dogmatique, qui les rassemble, ironiquement, avec les modernistes les plus radicaux.

[1] ONEPETERFIVE, De Mattei on the Francis Pontificate: Six Years of ‘Hypocrisy and Lies’, entrevue du prof. De Mattei par Aldo Maria Valli, 4 avril 2019, https://onepeterfive.com/mattei-francis-hypocrisy-lies/

[2] https://fidecatholica.wordpress.com/2017/05/13/orthodoxie-catholique-saint-robert-bellarmin-docteur-de-leglise-condamne-les-positions-erronees-des-lefebvristes-et-autres-traditionnalistes/

[3] http://www.papalencyclicals.net/pius09/p9quartu.htm

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