Ce n’est pas sans douleur que nous avons effectué une première lecture de la dernière encyclique émise par la Rome occupée sur le thème de la Fraternité et l’amitié sociale.
Texte de 210 pages dans l’édition de la « librariaeditricevaticana ». Texte empreint d’un naturalisme sans faille, on sombre dans l’altermondialisme, nouvelle version de la promesse d’un âge d’or du nouvel ordre international fraternel très « Peace and love ». Organisée en huit chapitres dont les titres forment à eux seuls tout un programme dans le plus pur style progressiste. Les voici avec des sous-titres illustratifs de notre fait :
Introduction : Sans frontières (St François humilié par Bergoglio)
1er Chapitre : Les ombres d’un monde fermé (Vers l’aveuglante lumière d’un internationalisme rêvé)
2ème Chapitre :Un étranger sur le chemin ( La parabole défigurée du Bon Samaritain)
3ème Chapitre : Penser et gérer un monde ouvert (La gestion de grands ensembles au détriment du principe de subsidiarité)
4ème Chapitre : Un cœur ouvert au monde (l’oubli assumé de la vraie Charité qui se tourne vers Dieu)
5ème Chapitre : La meilleure politique (Du « populisme », « nationalisme » et « racisme » tu t’abstiendras)
6ème Chapitre : Dialogue et amitié sociale (Du dialogue des opposés telle est la praxis)
7ème Chapitre : Des parcours pour se retrouver (Du Grand Architecte de la PAIX)
8ème Chapitre : Les religions au service de la fraternité dans le monde (le MASDU*Mouvement d’Animation Spirituelle de la Démocratie Universelle)
Dans ce premier article nous nous occuperons de l’introduction, ainsi nous défendrons principalement l’illustre mémoire de Saint François et ferons quelques commentaires sur les paragraphes les plus choquants de celle-ci.
Laissons tout d’abord Bergoglio nous livrer ses sources d’inspirations dont certaines restent occultées :
« En outre, si pour la rédaction de Laudato si’ j’ai trouvé une source d’inspiration chez mon frère Bartholomée, Patriarche orthodoxe qui a promu avec beaucoup de vigueur la sauvegarde de la création, dans ce cas-ci, je me suis particulièrement senti encouragé par le Grand Iman Ahmad Al-Tayyeb que j’ai rencontré à Abou Dhabi pour rappeler que Dieu « a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité, et les a appelés à coexister comme des frères entre eux ». Ce n’était pas un simple acte diplomatique, mais une réflexion faite dans le dialogue et fondée sur un engagement commun. Cette encyclique rassemble et développe des thèmes importants abordés dans ce document que nous avons signé ensemble. J’ai également pris en compte ici, dans mon langage personnel, de nombreuses lettres et documents contenant des réflexions, que j’ai reçus de beaucoup de personnes et de groupes à travers le monde. »
On aimerait connaitre ces personnes et ces groupes d’influence : c’est pour le moins étrange de ne pas les mettre en valeur. Et nous sommes rassurés de savoir que l’un des plus illustre représentant de l’Islam sunnite dit « modéré » encourage le chef de la secte conciliaire.
Mais l’essentiel de l’introduction se concentre sur Saint Francois d’Assise « (…)qui se sentait frère du soleil, de la mer et du vent, se savait encore davantage uni à ceux qui étaient de sa propre chair. » et sa visite au Sultan Malik-el-Kamil. »
En voici le récit et l’analyse de Bergoglio :
« (…), visite qui lui a coûté de gros efforts du fait de sa pauvreté, de ses ressources maigres, de la distance et des différences de langue, de culture et de religion. Ce voyage, en ce moment historique marqué par les croisades, révélait encore davantage la grandeur de l’amour qu’il voulait témoigner, désireux d’étreindre tous les hommes. La fidélité à son Seigneur était proportionnelle à son amour pour ses frères et sœurs. Bien que conscient des difficultés et des dangers, saint François est allé à la rencontre du Sultan en adoptant la même attitude qu’il demandait à ses disciples, à savoir, sans nier leur identité, quand ils sont « parmi les sarrasins et autres infidèles … de ne faire ni disputes ni querelles, mais d’être soumis à toute créature humaine à cause de Dieu ».3 Dans ce contexte, c’était une recommandation extraordinaire. »
Bien sûr la volonté de Saint François de convertir les musulmans et ainsi de préparer une vraie paix est évacuée. L’amour évoqué n’est pas la Charité de Saint François qui aime son prochain pour l’amour de Dieu. Du reste Saint François et son compagnon ont subi dans un premier temps le dialogue inter-religieux des coups de bâtons et autres arguments de nos frères Sarrazins.
Mais laissons Saint Bonaventure**, commentateur autorisé de la vie de Saint François nous en donner l’authentique version :
« Mais l’ardeur du martyre le pressait toujours, et une troisième fois, dans l’espoir de verser son sang pour la foi en la sainte Trinité, il essaya d’arriver jusqu’aux infidèles. La treizième année de sa conversion, il se dirigea vers la Syrie, s’exposant à tous les dangers pour arriver en présence du soudan de Babylone. Une guerre implacable existait alors entre les chrétiens et les Sarrasins. Les camps des deux armées se trouvaient placés dans la plaine, en présence, en sorte qu’on ne pouvait aller sans péril de l’un à l’autre. Un édit émané du soudan promettait un besant d’or à quiconque rapporterait la tête d’un chrétien. Mais François, intrépide soldat de Jésus Christ, espérant toucher à la réalisation de ses projets, résolut de se mettre en route ; il ne craignait pas la mort, il la désirait. Il se mit donc en prière, et fortifié par le Seigneur, il répétait avec enthousiasme ce chant du Prophète : « Quand je marcherais dans les ombres de la mort, je ne craindrais aucun mal ; car vous êtes avec moi, Seigneur. » Il prit donc avec lui le frère Illuminé, homme de beaucoup de lumières et d’une grande vertu. Dès le commencement de sa route, il rencontra deux petites brebis dont la vue le réjouit beaucoup, et il dit à son compagnon : «Prenez confiance, mon frère ; car la parole de Dieu s’accomplit en nous : « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. » Ayant marché plus avant, ils rencontrèrent des satellites sarrasins qui, semblables à des loups qui se précipitent sur des brebis, saisirent avec dureté les serviteurs de Dieu, les accablèrent de mépris, d’outrages, de coups et les enchaînèrent. Enfin, maltraités de toutes les manières et anéantis, ils furent, par la permission divine, conduits au soudan, suivant le désir qu’en avait l’homme de Dieu. Le prince demanda qui les avait envoyés, dans quel but, de quelle manière, et comment ils étaient arrivés. Le serviteur de Jésus – Christ répondit avec intrépidité qu’il n’avait point été envoyé par un homme, qu’il venait de la part de Dieu tout puissant pour lui montrer, à lui et à son peuple, la voie du salut et lui annoncer l’Évangile de la vérité. Il prêcha au soudan la trinité et l’unité de Dieu, et Jésus Christ son fils, sauveur de tous les hommes, avec tant de fermeté dans le cœur et tant de chaleur dans la pensée, que la parole de l’Évangile s’accomplissait vraiment en lui : « Je vous donnerai une parole et une sagesse à laquelle vos adversaires ne pourront ni résister ni répondre. » En effet le soudan, considérant l’admirable ardeur et la force de l’homme de Dieu, l’écoutait avec plaisir et l’invitait instamment à rester avec lui. Mais le serviteur de Jésus-Christ, éclairé d’en haut, lui dits « si, vous et votre peuple, vous voulez vous convertir à Jésus – Christ pour l’amour de lui, je resterai volontiers avec vous. Mais si vous hésitez à rejeter la loi de Mahomet pour la foi de Jésus Christ, ordonnez qu’un grand feu soit allumé ; j’entrerai dans ce feu avec vos prêtres, afin que vous sachiez ainsi quelle est la foi qui doit être avec raison tenue pour plus sûre et plus sainte. Le soudan lui répondit : « Je ne crois pas qu’aucun de mes prêtres veuille s’exposer au feu ou souffrir un tourment quelconque pour défendre sa foi. Car à l’instant il avait vu un de ses prêtres, homme d’âge et d’expérience, se dérober à ses regards aussitôt qu’il eut entendu les paroles de François. « Si vous voulez me promettre, insista le Saint, tant pour vous que pour votre peuple, d’embrasser la religion du Christ, si je sors du feu sain et sauf, j’y entrerai seul. Si je suis dévoré par les flammes, imputez- le à mes péchés, mais si la vertu divine me protège, reconnaissez Jésus-Christ, la vertu et la sagesse de Dieu, le Dieu véritable et le Seigneur sauveur de tous les hommes. Le soudan répondit qu’il n’osait accepter cette proposition, parce qu’il craignait qu’une sédition ne s’élevât dans le peuple ; cependant il lui offrit de nombreux et riches présents ; l’homme de Dieu, qui ne cherchait point les richesses de ce monde, mais bien le salut des âmes, les repoussa avec mépris et comme si c’eut été de la boue. Le soudan, voyant que le Saint méprisait si complétement les choses de ce monde, fut ému d’admiration et conçut pour lui un grand respect. Et quoiqu’il ne voulut pas, ou peut-être n’osât pas se convertir à la foi chrétienne, il pria cependant instamment le serviteur de Dieu d’accepter les présents qui lui étaient offerts, afin d’en donner le prix, à son intention, aux pauvres chrétiens ou même aux églises. Mais le poids de l’argent était insupportable à François, et puis il ne voyait pas dans le cœur de soudan la racine d’une vraie piété ; il refusa donc absolument. Enfin, voyant qu’il n’avançait pas dans la conversion de ce peuple, et qu’il ne pouvait atteindre son but, le martyre, il reprit le chemin des pays chrétiens, averti qu’il en fut par une révélation divine. Et ainsi il arriva d’une manière admirable et pleine de miséricorde que , par une permission de la bonté divine , et en récompense de la vertu du saint homme , cet ami du Christ chercha de toutes ses forces à mourir pour lui , sans y parvenir ; en sorte que , sans être privé du mérite du martyre qu’il recherchait , il fut conservé par une grâce spéciale et destiné à une autre gloire . Plus ce feu divin brûlait parfaitement dans son cœur, plus il devait par la suite se répandre avec abondance dans sa chair. O homme vraiment heureux ! dont la chair, quoiqu’elle ne fût pas frappée du fer homicide d’un tyran, ne fut cependant pas privée de mourir à la ressemblance de l’Agneau ! Oui, dis-je, homme vraiment et pleinement heureux, qui ne perdit pas la palme du martyre, quoique sa vie ce fût point tranchée par le glaive des persécuteurs ! »
Après avoir lu Saint Bonaventure décrivant l’attitude missionnaire magnifique de Saint François on ose à peine, au risque d’être grossier, commenter les propos suivant de Bergoglio :
« Il ne faisait pas de guerre dialectique en imposant des doctrines, mais il communiquait l’amour de Dieu. Il avait compris que « Dieu est Amour [et que] celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu » (1Jn 4, 16). Ainsi, il a été un père fécond qui a réveillé le rêve d’une société fraternelle, car « seul l’homme qui accepte de rejoindre d’autres êtres dans leur mouvement propre, non pour les retenir à soi, mais pour les aider à devenir un peu plus eux-mêmes, devient réellement père ».
Mais ce n’est pas fini, lisons ce qu’il en conclut :
« .Nous sommes impressionnés, huit-cents ans après, que François invite à éviter toute forme d’agression ou de conflit et également à vivre une ‘‘soumission’’ humble et fraternelle, y compris vis-à-vis de ceux qui ne partagent pas sa foi.
Le terme soumission est-elle une invitation à la dihimitude heureuse ? Nous serions curieux de savoir ce qu’en pensent les chrétiens d’Orient persécutés.
Mais son but est de nous faire rêver ; le mot rêve ou ses dérivés reviennent au moins cinq fois sur la fin de son introduction. Le rêve, belle espérance d’esprit maçonnique n’est-ce pas.
Citation :
« Les pages qui suivent n’entendent pas résumer la doctrine sur l’amour fraternel, mais se focaliser sur sa dimension universelle, sur son ouverture à toutes les personnes. Je livre cette encyclique sociale comme une modeste contribution à la réflexion pour que, face aux manières diverses et actuelles d’éliminer ou d’ignorer les autres, nous soyons capables de réagir par un nouveau rêve de fraternité et d’amitié sociale qui ne se cantonne pas aux mots. »
Le plus choquant dans cette introduction est la référence inspiratrice au grand Imam. Mais avec Bergoglio nous sommes maintenant habitués à ces références externes à l’Eglise et il y en aura d’autres dans cette Encyclique. C’est de l’anti Saint-Francois !! Le grand Imam lui a-t-il proposé de se jeter dans le feu avec lui pour lui montrer les grandeurs de l’Islam ? Pas sûr.
Quand l’hérésie confine à la malhonnêteté intellectuelle il n’y a plus grand-chose à dire, si ce n’est prier le Rosaire.
Nous vous laissons à la fin de cet article, en guise de méditation, devant l’esquisse d’un tableau commandé en 1824 par le préfet de la seine.
Dans notre prochain article nous commenterons le deuxième chapitre de l’encyclique où nous retrouverons bien sûr notre Imam préféré.
A bientôt et Unions de prières dans le Christ-Roi
Louis DAVID
*MASDU : expression conçue par M MADIRAN. Ceci n’étant pas une adhésion à tous les propos et positions de l’inventeur de cette formule.
**Texte de Saint Bonaventure tiré de « LEGENDE de SAINT FRANCOIS D’ASSISE par Saint BONAVENTURE traduit du latin par un religieux des frères mineurs, Paris, Librairie de Mme Ve POUSSILGUE-RUSAND, 1839 »
Bonjour,
Sauf erreur de ma part, la notion de M.A.S.D.U. émane avant tout de Monsieur l’abbé Georges de Nantes, et non avant tout de Monsieur Jean Madiran, mais il n’est pas certain que ce soit là le plus important.
Le plus important réside dans le fait que le pape François est de plus en plus dépeint, par les conservateurs et par les traditionnels, comme un pape qui n’est pas, sur le plan programmatique, le continuateur de ses prédécesseurs néo-catholiques post-conciliaires, dont Jean-Paul II et Benoît XVI.
Or, au contraire, il n’est pas impossible de voir en lui, notamment au contact de Laudato si et de Fratelli tuttti, un remarquable continuateur de ses prédécesseurs néo-catholiques post-conciliaires, dont Paul VI.
Ainsi, Laudato si et Fratelli tutti peuvent être assimilés à deux éléments de toute une entreprise d’actualisation philo-mondialiste et philo-postmoderne du courant magistériel qui figure dans Gaudium et spes (1965), de Vatican II, puis dans Populorum progressio (1967), de Paul VI.
De même, la déclaration d’Abou Dhabi peut être interprétée comme un élément de toute une entreprise d’actualisation, elle-aussi à caractère philo-mondialiste et philo-postmoderne, du discours de Casablanca prononcé par le pape Jean-Paul II, au mois d’août de l’année 1985.
Et il se trouve par ailleurs que Jean-Paul II et Benoît XVI n’ont jamais renié explicitement Gaudium et spes et Populorum progressio, et que Jean-Paul II a plutôt essayé de procéder à un « réaiguillage » orthodoxe et réaliste de ces deux textes, comme on le voit dans Sollicitudo rei socialis, en 1987, en ce qui concerne Populorum progressio, et surtout dans Veritatis splendor, en 1993, pour ce qui a trait à Gaudium et spes.
C’est la raison pour laquelle il est suggéré dans cette réflexion une interprétation du néo-catholicisme post-conciliaire en général, et du pontificat de François en particulier, à la lumière de la « longue durée » ou du « temps long », dans la mesure où, au plus tard en 2030, nous en serons au centième anniversaire de l’apparition du néo-catholicisme, d’abord ante-conciliaire, en philosophie et en théologie, dès le début de la deuxième partie du pontificat de Pie XI.
Dans cet ordre d’idées, qui privilégie une interprétation du pontificat actuel qui est placée sous le signe de la continuité, non entre le catholicisme ante-conciliaire et le néo-catholicisme post-conciliaire, mais à l’intérieur de celui-ci, force est de constater que le pape François n’est jamais qu’un pape néo-catholique post-conciliaire de plus qui tient vraiment beaucoup à ce que les catholiques ne puissent pas et ne sachent pas commencer à s’affranchir, à se libérer de l’esprit du Concile, de l’esprit d’Assise, de l’esprit de Casablanca, de l’esprit de Tibhirine, et, à présent, des esprits d’Abou Dhabi et d’Amazonie, apparus en 2019…
Bonne journée.
Un lecteur.
Bonjour à vous,
Certains néo-conservateurs/néo-trads conciliaires ne comprennent effectivement pas que François ne fait que suivre et développer la doctrine de Vatican 2, et qu’il marche dans les pas de ces 5 prédécesseurs. Beaucoup de gens croient que tous ces scandales et hérésies ne datent que depuis François, alors que ce dernier, certes avec son style et sa personnalité, ne fait que poursuivre fidèlement les jalons posés par les autres pseudo-papes avant lui. Mais que voulez-vous, le peuple a la mémoire courte. De plus, beaucoup de néo-trads n’ont pas connu ou n’ont pas étudié les années JP2 ou Benoit XVI. Beaucoup ne réagissent que de façon émotionnelle aux sorties de François, et portent leur attention sur des sujets annexes et spéculatifs (les migrants, l’économie, le mondialisme, etc) sans voir les hérésies ou erreurs contre la foi contenues dans le magistère bergoglien. Le fait que son pseudo-pontificat se déroule à l’ère des réseaux sociaux explique peut-être en partie cette dissipation générale.
AMDG.
Bonjour et merci beaucoup,
Je suis particulièrement d’accord avec vous : plus précisément, beaucoup de catholiques « conciliaires conservateurs » ou « non conciliaires traditionnels » ne comprennent pas que, depuis le début du Concile ou des années 1960, le Magistère pontifical pèche souvent
– par bien des « oblitérations », d’inspiration ou d’origine philosophico-théologique (je pense ici à la considération générale d’après laquelle on ne doit plus ou on ne peut plus prendre position d’une manière claire et ferme, ou claire et nette, en direction de l’extérieur de l’Eglise, dans bien des domaines, à cause de la sacro-sainte « évolution des mentalités »),
mais aussi
– par bien des dissimulations, des minimisations, des occultations et des omissions, consensualistes ou diplomatistes, en ce qui concerne
a) ce que sont vraiment les confessions chrétiennes non catholiques, du point de vue catholique non oecuméniste,
b) ce que sont vraiment les religions non chrétiennes, du point de vue catholique non inclusiviste ni unanimiste,
c) ce que sont vraiment les valeurs spécifiques à l’homme et au monde de ce temps, du point de vue catholique non « gaudium-et-spiste ».
En l’occurrence, il n’est pas nécessaire de « diaboliser », d’une manière suprémaciste ou théocratique, les confessions chrétiennes non catholiques, les religions non chrétiennes et les valeurs contemporaines, et il n’est pas davantage nécessaire de prendre appui, d’une manière qui pourrait être considérée comme fanatique ou nostalgique, sur le Magistère pontifical antérieur, par exemple, à celui de Léon XIII, pour pouvoir porter un regard puis tenir un discours catholiques, orthodoxes et réalistes, un tant soit peu critiques, au contact des confessions chrétiennes non catholiques, des religions non chrétiennes et de telle « conception dominante des valeurs dominantes », pour ainsi dire.
En effet, pour pouvoir porter un tel regard puis tenir un tel discours, caractéristiques, par exemple, du Magistère de Pie XI et de Pie XII, il est nécessaire, légitime, suffisant et tonifiant d’accepter de voir les choses comme elles sont et d’appeler les choses par leur nom, alors que bon nombre de clercs néo-catholiques post-conciliaires
– désirent voir les choses comme ils voudraient qu’elles soient, ou comme ils voudraient qu’elles puissent « évoluer », vers « l’unité »,
– refusent d’appeler les choses par leur nom, d’une part parce que certaines appréciations sont considérées comme démodées ou dépassés, d’autre part parce que les mêmes appréciations sont considérées comme attentatoires au « respect total pour les convictions de ceux qui croient autrement », voire pour les conduites de ceux qui vivent autrement.
Dans cet ordre d’idées, non seulement nous sommes souvent en présence de clercs post-aléthistes ad extra et post-orthodoxes ad intra, par bien des occultations ou par bien des omissions, mais en outre nous sommes souvent en présence, chez ces clercs, d’un parti pris placé sous le signe de la complaisance envers les confessions chrétiennes non catholiques, les religions non chrétiennes, les institutions du monde contemporain, ou d’un préjugé placé sous celui de la connivence avec ces confessions, avec ces religions, et avec ces institutions, ce parti pris ou ce préjugé ayant un caractère idéologique, ou, en tout cas, phraséologique, à peu près commun à tous les papes depuis Jean XXIII.
Dans le même ordre d’idées, force est de constater que Jean-Paul II et Benoît XVI, pendant un tiers de siècle, ont fait illusion, dans la mesure où ils ont donné à croire à certains catholiques, conservateurs ou traditionnels, qu’ils voulaient vraiment, à moyen terme, une « restauration » du christianisme catholique, alors que, en réalité, Jean-Paul II est allé encore plus loin que Paul VI, dans le domaine du dialogue interconfessionnel oecuméniste, et surtout dans celui du dialogue interreligieux inclusiviste et unanimiste, et alors que Benoît XVI n’a pas pu, pas su, et surtout probablement pas voulu se démarquer résolument de l’esprit du Concile, dans l’acception montinienne de cette notion, et de l’esprit d’Assise, dans l’acception wojtylienne de ce terme.
La « grande explication », entre les opposants et les partisans de la poursuite de la mutation du christianisme catholique en une espèce d’humanisme panchristique, qui aurait peut-être pu avoir lieu à la mort de Paul VI, n’a donc pas pu avoir lieu entre fin 1978 et début 2013, et risque fort de ne pas pouvoir davantage avoir lieu sous le pontificat de François, celui-ci considérant manifestement la poursuite de cette mutation comme un « acquis mental » sur lequel il est non seulement impossible mais aussi impensable de revenir, dans l’Eglise catholique.
Il faut pourtant être aveugle et sourd pour ne pas percevoir que le néo-catholicisme post-conciliaire, en tant que plate-forme programmatique « pastorale » (comprenez : adogmatique ad intra et consensualiste ad extra) commence vraiment à « craquer » d’une manière de plus audible et visible, au point de donner lieu à des phénomènes de contestation interne, de la part de certains cardinaux ou de certains évêques, mais sans que ces contestations débouchent, en tout cas pour l’instant, sur une « remontée critique » des conséquences doctrinales, liturgiques, pastorales et spirituelles post-conciliaires, en direction d’une « ressaisie critique » des composantes intra-conciliaires et surtout des origines philosophiques et théologiques ante-conciliaires de la même mutation.
Bonne journée.
Un lecteur.