[Brèves] Guillaume Von Hazel : Anarchie théologique chez les traditionalistes Novus Ordo

Ceux qui lisent les médias traditionalistes américains connaissent sans doute Steve Skojec, fondateur du site OnePeterFive, une gazette R&R typique. Pour rappel, le label R&R signifie « recognize and resist » ou en français, « reconnaître et résister ». Nous autres, catholiques de constat sédévacantiste, utilisons ce label pour qualifier ces traditionalistes ou conservateurs qui tiennent absolument à affirmer que les pontifes de l’église de Vatican 2 sont des vrais papes catholiques (ce qui est impossible, car le pape ne peut être un hérétique public), mais qui dans le même temps refusent d’accepter les doctrines de Vatican, ou la liturgie promulguée par Paul VI ou à peu près tout ce que ces « papes » modernistes enseigneront, mis à part bien sûr, les rares enseignements qui leur sembleront acceptables. Une telle attitude de désobéissance, d’irrévérence et de libre-examen face aux personnes que les R&R considèrent comme de vrais papes catholiques, est évidemment une attitude non catholique, condamnée à de très nombreuses reprises par les papes. Voir par exemple, ce que disait Saint Pie X à ce sujet. Ou encore Léon XIII, qui condamna avec précision ceux qui rejetaient ou acceptaient les enseignements de l’Eglise, selon leur bon vouloir.

Il importe donc davantage de signaler une opinion dont on fait un argument en faveur de cette liberté qu’ils proposent aux catholiques. Ils disent à propos du magistère infaillible du Pontife romain que, après la définition solennelle qui en a été faite au Concile du Vatican, il n’y a plus d’inquiétude à avoir de ce côté, c’est pourquoi, ce magistère sauvegardé, chacun peut maintenant avoir plus libre champ pour penser et agir. Étrange manière, en vérité, de raisonner; s’il est, en effet, une conclusion à tirer du magistère de l’Église, c’est, à coup sûr, que nul ne doit chercher à s’en écarter et que, au contraire, tous doivent s’appliquer à s’en inspirer toujours et à s’y soumettre, de manière à se préserver plus facilement de toute erreur de leur sens propre. Ajoutons que ceux qui raisonnent ainsi s’écartent tout à fait des sages desseins de la Providence divine, qui a voulu que l’autorité du Siège Apostolique et son magistère fussent affirmés par une définition très solennelle, et elle l’a voulu précisément afin de prémunir plus efficacement les intelligences chrétiennes contre les périls du temps présent. – Léon XIII, Testem benevolentiae, condamnation de l’américanisme, 22 janvier 1899

Cette situation a longtemps duré, notamment sous l’impulsion du lefèbvrisme et des courants conservateurs liés à cette tendance depuis les années 1980. Si Mgr. Lefebvre fut certainement un prélat digne d’un grand respect et qui eut un certain courage, il a aussi longtemps, trop longtemps tergiversé, favorisant parfois l’explication sédévacantiste (la seule qui soit en conformité avec la doctrine catholique), parfois la reniant et retombant donc dans cette attitude qui est devenue le label commun à la plupart des mouvances dites traditionalistes ou conservatrices en union avec la contre-église moderniste. Seulement, rendus en 2019, le pseudo-pontificat infernal de François, au style si radical, achève la patience des ouailles de ces mouvances R&R. De fait, je constate ces derniers mois, chez eux, des orientations schismatiques, gallicanes et franchement hérétiques, de plus en plus franches. Pire encore, on rencontre de plus en plus de personnes au bord de la rupture de foi. En effet, la fin de course des traditionalistes et conservateurs R&R ne peut être autre chose que l’apostasie. Pourquoi ? D’abord parce qu’on leur a inculqué de faux enseignements concernant l’infaillibilité pontificale et l’indéfectibilité de l’Eglise. Ensuite, parce que leurs prêtres ou les bloggeurs qu’ils suivent avidement leur ont passablement retourné le cerveau contre l’explication sédévacantiste de la révolution moderniste de Vatican 2, autrement dit, contre la seule explication théologiquement sourcée de cette terrible crise, qui fut par ailleurs largement annoncée par de grands théologiens du 20e siècle et prophétisée par de nombreux saints et docteurs de l’Eglise. Mais avant l’apostasie pure et dure, un processus de folie croissante se met en place dans les esprits de ces pauvres personnes et pour pouvoir justifier leur détestation et désobéissance vis-à-vis de François et de Vatican 2, ils n’ont d’autre choix que publiquement nier tous les dogmes relatifs à l’infaillibilité pontificale.

Ignorance volontaire, libre-examen et mise en doute permanente des dogmes : tel est l’état d’esprit que l’on constate de plus en plus dans les milieux tradis/conservateurs.

En la matière, le cas du bloggeur Steve Skojec est particulièrement illustratif. Ces derniers temps, acculé sur Twitter par les sédévacantistes, Skojec a ouvertement nié les dogmes de Vatican 1 sur la papauté et est allé jusqu’à affirmer qu’il préférerait être athée plutôt que de conclure à la vacance du siège apostolique. Au final, tout dernièrement, il semble être si endurci dans l’erreur qu’il en vient à insulter Dieu, l’accusant d’être le responsable de la situation ! J’ai discuté plusieurs fois avec Skojec, avec courtoisie, le mettant face à ses contradictions, lui demandant par exemple pourquoi il avait si peu de déférence et d’obéissance pour les individus qu’il considère être des papes catholiques, ou pourquoi il refusait de vénérer les  »saints »  »canonisés » par ces mêmes  »papes » de Vatican 2.

De plus en plus instable ces derniers temps, Steve Skojec, fondateur de OnePeterFive, ne craint pas d’accuser et d’injurier publiquement Dieu Lui-Même en Le rendant responsable de la situation.

Comme toujours dans ces débats avec des personnalités majeures du traditionalisme Novus Ordo, plus on leur cite froidement les enseignements du magistère (infaillibilité pontificale, par exemple en matière de canonisation), plus ils s’énervent contre vous. Je me souviens que Skojec s’est un jour emporté en me disant, en substance, qu’il était inutile que je cherche à lui citer « ce que l’Eglise peut faire ou pas » et que cela ne intéressait pas, au final. Seul ce que Steve Skojec pense personnellement, compte. C’est malheureusement l’attitude protestantisante, voire anarchiste, d’un nombre croissant d’individus de ces milieux et ceci est d’autant plus grave lorsque cela concerne des gens comme Skojec qui, d’une manière ou d’une autre, sont suivis et lus par des milliers de personnes via leurs sites internet ou les réseaux sociaux. En somme, il est difficile de faire appel à leur raison, et plus encore à leur foi. Il faut aussi ajouter que cette mauvaise volonté est également explicable par le confort matériel que ces médias ont procuré à leurs fondateurs. Il faut savoir qu’en 2017/2018, Skojec a personnellement gagné plus de 50000$ grâce à son site OnePeterFive. Il est intéressant de voir que le résistantialisme R&R génère des profits substantiels, comme si ce modèle convenait à un certain état d’esprit anarcho-gallican qui s’est répandu à la droite de la secte Novus Ordo. Il s’agit aussi d’un microcosme où les gens sont attachés à leur image, à de futiles vanités, au matériel, aux apparences, à la peur de se détacher du « réseau », d’être mal vu, si jamais ils renonçaient à ces idées et qu’ils concluaient correctement à la vacance du siège, conformément à l’enseignement véritablement traditionnel de l’Eglise. Aux dernières nouvelles, le synode amazonien approchant, les personnalités du milieu R&R, comme Skojec, Taylor Marshall ou les fans du père Ripperger, ont définitivement viré leur cuti. Selon eux, les sédévacantistes sont des « papolâtres ». Certains leaders R&R vont même jusqu’à publiquement remettre en cause les dogmes de Vatican 1 sur la papauté, et leurs lecteurs les suivent aveuglément.

L’obstination des bloggeurs R&R dans leurs erreurs les conduit fatalement à remettre en cause les dogmes de Vatican 1. Ici, Steve Skojec recommande un article de Matt Gaspers, attaquant ouvertement « l’ultramontanisme » et « l’esprit de Vatican 1 », comme responsables du manque de réaction face aux « excès » de Paul VI. Ces excités oublient que le mouvement traditionaliste, dont ils se revendiquent illégitimement, a été initié dès 1964 par les sédévacantistes, en particulier le Révérend Père Saenz y Arriega.

De plus en plus délirants et indisciplinés, ces pseudo-traditionnalistes ne traitent plus les sédévacantistes de protestants (stupide affirmation quand il est aisé de leur montrer des photos de JP2 ou de François en pleine concélebration avec des sectaires  »évangéliques »), mais au contraire, à la manière des protestants, des gallicans et autres schismatiques d’hier, les R&R traitent désormais les sédévacantistes de  »papolâtres », tout simplement parce que les catholiques de constat sédévacantiste s’en tiennent à l’enseignement classique, évangélique et traditionnel de l’Eglise sur la papauté. D’ailleurs, le terme même de « sédévacantiste » fait trembler d’effroi et provoque des réflexes pavloviens dans les cervelles et les âmes conditionnées par les enseignements erronés que nous avons ciblé ici. Pourtant, ce ne sont pas les sédévacantistes qui se sont nommés eux-mêmes de cette manière, mais sans doute quelque moderniste conservateur des années 1970. Pour ceux qui l’ignorent, ce sont les sédévacantistes qui furent les premiers « traditionalistes » à réagir contre Vatican 2, longtemps avant Mgr. Lefebvre, Mgr. Williamson et bien plus longtemps encore avant les Burke, Sarah et Schneider. Pour ce qui nous concerne, cette appellation ne nous dérange pas outre mesure, bien que, comme l’a enseigné le pape Benoit XV, tout catholique ne devrait pas être appelé autrement que catholique. Mais, certes, dans certaines circonstances, un adjectif donné permet de directement identifier une position, ce qui économise du temps. D’ailleurs, les milieux R&R ne font pas que qualifier les sédévacantistes de papolâtres. Ils les qualifient également d’ultramontains. Or, le terme d’ultramontain était justement une sorte d’insulte que les gallicans et autres libéraux d’hier envoyaient aux catholiques fidèles. Ce qui avait d’ailleurs fait réagir énergiquement le pape Pie IX, qui dans un bref à Dom Guéranger, avait condamné une nouvelle fois ces fameux gallicans et libéraux. Ces condamnations s’appliquent logiquement aux lefebvristes, aux burkistes et autres traditionalistes en union avec François.

C’est une chose assurément regrettable, cher fils, qu’il se rencontre parmi les catholiques des hommes qui, tout en se faisant gloire de ce nom, se montrent complètement imbus de principes corrompus, et y adhèrent avec une telle opiniâtreté, qu’ils ne savent plus soumettre avec docilité leur intelligence au jugement de ce Saint-Siège quand il leur est contraire, et alors même que l’assentiment commun et les recommandations de l’Épiscopat viennent le corroborer. Ils vont encore plus loin, et, faisant dépendre le progrès et le bonheur de la société humaine de ces principes, ils s’efforcent d’incliner l’Église à leur sentiment ; se regardant comme seuls sages, ils ne rougissent pas de donner le nom de parti ultramontain à toute la famille catholique qui pense autrement qu’eux. – Pape Pie IX, Bref Dolendum profecto, adressé à Dom Guéranger, 12 mars 1870.

En fait, s’il fallait désigner les catholiques faisant le constat de la vacance du siège, un terme plus correct pourrait être « staredécisionnistes », formé du latin stare decisis, qui signifie « s’en tenir à ce qui a été décidé ». Nous nous en tenons en effet à la pure doctrine catholique traditionnelle, rien de plus, rien de moins. Et nous refusons les théories absurdes comme celles du pape à la tête de deux églises, l’une catholique, l’autre conciliaire, théorie délirante qui a longtemps eu quelque crédit dans les milieux traditionalistes, bien que Léon XIII et d’autres papes avant lui aient explicitement condamné une idée aussi odieuse. Et nous refusons encore davantage ces attitudes profondément erronées qui ne sont en fait que la résurgence, actualisée, d’hérésies condamnées aux 18e-19e siècles par l’Eglise, telles que le febronianisme, le gallicanisme, le joséphisme ou l’américanisme, erreurs qui contribueront largement à l’essor du libéralisme, puis du modernisme lui-même. D’ailleurs, ce sont principalement contre ces erreurs que les dogmes de Vatican 1 furent proclamés.

Est-il donc surprenant de voir aujourd’hui les caciques du milieu R&R se révolter ouvertement contre Vatican 1, c’est-à-dire contre le dogme de l’infaillibilité pontificale, à la manière des sectaires vieux-catholiques d’hier ? Du coup, voici le genre d’articles que l’on trouve dernièrement dans la blogosphère R&R américaine. Des articles d’une grande médiocrité, des purs articles d’opinion en fait, sans la moindre référence ou citation magistérielle ou théologique. Juste une pure exposition de l’opinion particulière d’un individu se présentant comme catholique traditionaliste. Ici, l’auteur de ce torchon à forte saveur vieille-catholique est Eric Sammons, qui se décrit sur Twitter comme « catholique et libértarien pratiquant ».

Le torchon d’Eric Sammons n’a pas manqué d’être relayé et applaudi par son éditeur Steve Skojec. Evidemment, cet article ne comporte pas la moindre référence magistérielle ou théologique. Purement et simplement l’expression du libre-examen de Sammons, et il n’en faut pas plus pour recueillir les applaudissements et les donations du lectorat crédule de ce milieu.

Sammons attaque d’une part les Novusordites typiques qui soutiennent Bergoglio contre vents et marées (du style Massimo Faglioli), et d’autre part, il attaque clairement les catholiques sédévacantistes, qui professent la vraie doctrine catholique relative à la papauté. Or, objectivement, des Novusordites radicaux comme Faglioli sont infiniment plus logiques dans leur démarche que des gens comme Burke, Schneider, la FSSP, la SSPX ou comme les éditeurs de OnePeterFive : les Novusordites radicaux suivent effectivement et docilement l’enseignement de l’individu qu’ils prennent pour le pape de l’Eglise catholique, tandis que les conservateurs et tradis burkistes, FSSP ou SSPX se prétendent de grands gardiens de la tradition, alors qu’ils passent leur temps à refuser d’obéir à tout ce qu’enseignent ceux qu’ils disent être des vrais papes catholiques, quand ils ne les tournent pas quotidiennement en ridicule. Il va sans dire que le sommet occulte de la pyramide moderniste se rit de ces oppositions et de ces « résistants » d’opérette, puisque les hauts chefs de la secte se maintiennent en pleine puissance, en parfaite conformité avec l’esprit de ce monde et le synode amazonien en est la plus récente démonstration.

Tout ce cirque lamentable doit finir, par la grâce de Dieu. Or, il est clair que les Skojec, les Marshall, les Burke et les autres, n’aident certainement pas à apaiser le juste courroux du Très Haut, de par leur attitude illogique, délirante et non conforme à la tradition catholique.

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3 commentaire

  1. Que pensez vous de ll’arguMent suivant que vouloir cliver avec les modernistes dans l’eglise C’est finalement les laisser pour toujours aux manettes du pouvoir de l’eglise Institution? Alors qu’essayer de rester en lien avec eux c,est le moyen d’éviter qu’ils prennent totalement le pouvoir ecclésiastique et ne risque t on pas en se séparant d’eux d’etre Une minorité à part et qui ne serait même pas identifiée par les gens extérieurs à l’eglise Comme étant la véritable église catholique car pour eux la véritable église catholique c’est celle qui est institionnelle celle de Bergoglio même si l’on sait de notre côté que cen’est Plus l’eglise Catholique. C’est juste pointer du doigt une situation empreinte de confusion. Merci pour votre avis à ce sujet.
    Bonne soirée.

    1. Bonjour à vous. J’ai déjà entendu cet argument. En toute franchise, c’est un argument complètement stupide. L’Eglise n’est pas un parti politique, ni une démocratie électoraliste ou une bête entité matérielle. Les chefs de la secte moderniste ne sont manifestement pas catholiques. Ils ne sont donc pas dans l’Eglise et n’ont aucun pouvoir sur elle, ni en elle. Tel est l’enseignement du Code Canon, canon 188, n.4. C’est aussi ce qu’enseigne le pape Léon XIII dans Satis Cognitum : il est absurde de penser que celui qui est hors de l’Eglise peut commander dans l’Eglise.

      Maintenant, il est clair que les chefs de la secte passent manifestement aux yeux du monde comme étant les chefs de l’Eglise catholique. Le fait que les catholiques de constat dit sédévacantiste soient relativement peu nombreux n’est surement pas un argument en la faveur de ceux qui prônent l’entrisme. Les judéens qui étaient restés vraiment attachés à la Loi, aux prophéties et à l’espérance messianique, c’est à dire ceux qui reconnurent et crurent en Jésus Christ, furent relativement peu nombreux, tandis que les pharisiens et la masse des juifs ont renié le Christ.

      Toutefois, le fait d’avoir conscience de tout ceci ne nous détache pas du contact avec l’église de Vatican 2, puisque nous vivons dans le même monde. Ceux qui affirment qu’il faille rester dans le giron de la secte conciliaire ou dans son organisation, donc reconnaître ces gens comme des vrais chefs de l’Eglise, se trompent dans leur raisonnement, car en vérité, c’est la foi moderniste qui est la règle de foi dans cette église : pas la foi des différents courants traditionalistes plus ou moins ralliés. Les gens de la FSSPX ou de la FSSP ou de l’IBP peuvent faire autant de bruit qu’ils veulent, ils ne sont que tolérés dans la secte conciliaire, que comme à l’instar de n’importe quelle autre tendance du mouvement œcuménique. C’est un piège qu’ils ont du mal à comprendre.

      Ad Jesum Per Mariam

  2. […] pourquoi, comme nous l’avons étudié dans un récent article, un certain nombre d’auteurs et d’éditeurs de célèbres médias traditionalistes, tels que […]

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