Big Reset : La pandémie nous conduit-t-elle vers une société de robots ?

La 4e révolution technologique menace de générer une crise de l’emploi dans l’ensemble des pays développés, et ce processus déjà en cours depuis de nombreuses années, risque de s’intensifier dans la société post-COVID-19.

Les révolutions technologiques et industrielles des 200 dernières années ont eu pour effet de sortir des millions de personnes de la précarité, mais elles ont également eu bien d’autres effets sur les sociétés : globalisation, évolution ou disparition de branches de métiers, sophistication de la médecine, amélioration des moyens de communication et des structures commerciales et financières, mais aussi, révolution anthropologique, mutation des environnements humains et naturels, mutation des comportements et perfectionnement des moyens de surveillance des populations.

La 4e révolution industrielle a drastiquement accéléré ce mouvement. Mais à l’heure où la crise globale de 2020 vient clore deux décennies d’inflation monétaire et de récessions chroniques, se posent déjà de nouveaux défis, plus inquiétants encore. Des millions de personnes à travers le monde redoutent les effets du big reset, prôné par les élites mondialistes, et dont la pandémie actuelle semble fournir le parfait alibi. A coté de la question sanitaire, c’est la question économique, qui inquiète. En Avril 2020, l’Organisation Mondiale du Travail estimait que la pandémie du COVID-19 pourrait causer la perte d’environ 195 millions d’emplois, notamment dans les pays développés. En 2019, une enquête de l’OCDE parlait de 16,4% d’emplois menacés en France par la robotisation.

 

Avant la crise du COVID, les élites globalistes avaient particulièrement poussé l’agenda écologiste mondial, et les gouvernements, notamment en Europe ou ailleurs, ont inclu la « croissance verte » dans leurs plans de relance structurels.

Si la croissance verte est assurément pleine d’opportunités bien réelles, il semble aussi qu’on se dirige de plus en plus vers une société dans laquelle des pans entiers de l’industrie, voire même de l’agriculture, ou même du secteur tertiaire, emploierons non plus des ouvriers, des manœuvres et des agents humains, mais des robots et des algorithmes.

Chacun a déjà vu les avancées dans ce domaine, au cours des 10 dernières années. Les exemples les plus spectaculaires sont certainement le fameux humanoïde Sofia de Hanson Robotics (lequel a d’ailleurs obtenu la citoyenneté saoudienne).

Ou encore le fameux robot Atlas, de Boston Robotics :

Mais l’automatisation des process industriels ou des services ne concerne pas que des machines, humanoïdes ou non. Ce sont avant tout les algorithmes et les Intelligences Artificielles qui sont au cœur de ce développement. Par exemple, celle qui gère le système de pilotage automatique des voitures Tesla :

Ou encore l’une des I.A. les plus développées à ce jour, à savoir l’algorithme GPT-3, capable d’écrire des articles, des poèmes ou du code informatique par elle-même :

En outre, la culture populaire s’intéresse depuis longtemps à ces technologies dont le développement est si rapide, qu’on ne s’aperçoit pas toujours qu’elles font déjà partie de notre quotidien.

Mais si nous ne sommes pas encore à l’ère des humanoïdes et des intelligences artificielles totalement autonomes, nous sommes déjà à l’ère d’une robotisation et d’une automatisation extrêmement avancée dans de très nombreux secteurs de l’économie, en particulier l’industrie, la finance, mais aussi les transports et la logistique :

La question qui se pose est donc celle de la place de l’activité humaine dans le futur proche.

Prenons le cas de la Chine, où, depuis 2014, la robotisation des activités industrielles (mais aussi tertiaires) a augmenté de 28%. Rien qu’en 2018, on comptait plus de 650000 robots employés dans ces secteurs.

Selon Abishur Prakash, géopolitologue pour le CIF (Center for Innovating the Future) :

La Chine utilise désormais des processus automatisés à une échelle telle qu’on ne peut la comparer avec aucun autre pays. Que ce soient les médias publics diffusant des informations générées par intelligence artificielle, les cliniques « one-minute » ou les usines entièrement robotisées, la Chine utilise l’intelligence artificielle et les robots pour dépasser le spectre des capacités humaines.

Ceci pourrait conduire à une transformation politique dans le pays, car ce sont les emplois urbains qui ont conduit à l’urbanisation de la Chine.

Mais si l’ouvrier et l’employé de bureau sont désormais tous deux remplacés par des process automatisés, il se peut qu’on assiste à une inversion de l’urbanisation.

Ceci pourrait créer une nouvelle économie en Chine, laquelle pourrait conduire à une nouvelle politique intérieure et extérieure, ainsi qu’à une façon nouvelle de négocier les accords commerciaux.

Un article d’Asia Times rappelle que la Chine consacre 2,5% de son PIB à la recherche et à l’innovation technologique, soit 355 milliards de dollars en 2019, et 423 milliards de dollars en 2020, une augmentation largement due aux opportunités générées par la pandémie, ce qui la place au 2e rang mondial en termes d’investissements dans ce secteur. Les priorités sont l’extension de la 5G, des stations de recharge électrique, les centres big data, l’intelligence industrielle et la robotique.

Mais alors que la Chine prévoit d’investir encore 2,47 trillions de dollars dans le secteur sur les six prochaines années, la très délicate question de l’emploi se pose déjà, dans une Chine peuplée de quasiment 1,4 milliards d’individus. Selon Prakash :

La Chine a su répondre aux licenciements massifs et aux récessions économiques en créant une gigantesque force de travail, notamment dans le domaine de la construction, pilotée par l’état.

Mais aujourd’hui, les personnes qui risquent de perdre leur emploi à cause de la robotisation, font souvent partie des classes éduquées et qualifiées de villes comme Shenzhen et Shanghai. Comment est-ce que la Chine s’occupera d’eux ?

Malgré la nature communiste du régime chinois, la population ne cache pas sa méfiance vis-à-vis de ces évolutions. Selon Asia Times, alors qu’avant la pandémie, seulement 27% des chinois se disaient en faveur d’une politique de robotisation limitée, ils sont désormais plus de 59%, ce qui fait des chinois l’une des populations les plus hostiles à la robotisation de l’activité économique, juste derrière les français.

Selon Jon yuan Jiang, chercheur-assistant à la Queensland University of Technology (Australie) :

Certes, l’accelération de la robotisation va potentiellement causer la disparition de certains emplois, à une échelle individuelle. Il se peut que certaines personnes en souffrent, mais c’est l’inévitable cout de l’évolution et de la transition technologique. Néanmoins, de nouveaux emplois vont apparaitre pour remplacer ceux qui auront disparu.

Et en effet, si l’œil de l’occidental perçoit peut-être la Chine comme une gigantesque usine à ciel ouvert, où le plein-emploi est constant, dans les faits, le chômage a considérablement augmenté dans les grandes métropoles chinoises depuis le début de l’année. Sur une population de 1,4 miliards de personnes, 600 millions de chinois sont en réalité des travailleurs à bas salaires, touchant environ 1000 yuans (140$) par mois, tandis que le revenu moyen chinois est de 30000 yuans (4200$). Si le taux de chomage en Chine est estimé officiellement à 6%, d’autres audits indépendants parlent plutôt de 10%. La question de l’emploi occupe particulièrement les autorités du parti communiste chinois, comme en témoigne l’allocution du premier ministre Li Keqiang en Juin dernier.

La robotisation de l’emploi n’est toutefois pas une chose nouvelle en Occident. Bien que les autorités du trésor public américain continuent de nier le phénomène, une récente étude du National Bureau of Economic Research a démontré de quelle manière l’emploi américain a été impacté par l’arrivée des robots dans les usines et dans les entrepôts logistiques. Cette étude, conduite par Daron Acemoglu du MIT et Pascual Restreop de l’université de Boston, s’étend sur une période allant de 1990 à 2007. Sur cette période, les deux chercheurs ont démontré que près de 670000 emplois industriels ont été supprimés en raison de l’arrivée de la robotisation, en particulier dans le secteur de la manufacture. Leur analyse a également déterminé que l’arrivée d’un seul robot, sur une population de 1000 ouvriers, résultait dans la perte de 5,6 emplois et causait une baisse des salaires d’environ 0,5%. Selon Acemoglu, les politiques américains, contrairement aux chinois, semblent encore peu enclins à préparer ou même à admettre cette transition en cours depuis des années.

https://twitter.com/wef/status/799632174043561984?s=20

En effet, une publication du Forum Economique Mondial, datée de novembre 2016, a été exhumée par les réseaux sociaux ces derniers jours. Rédigée par Cari Parker et résumant les opinions des membres du Global Future Council, ce document présente quelques prédictions pour le monde de 2030. Nous n’avons gardé et résumé ci-dessous que les plus pertinentes :

  • Tous les produits deviendront des services : « Je ne possède rien, je ne possède pas de voiture, ni d’outils, ni de vêtements », écrit la députée danoise Ida Auken. Selon elle, le shopping et les habitudes de consommation actuelles sont de l’histoire ancienne en 2030. Dans la cité éco-efficiente de 2030, les habitants ne sont plus des citoyens-consommateurs, mais des citoyens-locataires. Pour atteindre les objectifs de neutralité énergétique, on loue ce dont on a besoin. Chaque mouvement est alors tracé, tandis que hors de la cité, vivent les réfractaires et les mécontents.
  • Les émissions de CO2 ont désormais un coût, et le carbone est désormais un marché global, selon Jane Burston, du UK’s National Physical Laboratory. Selon elle, l’Europe se sera trouvée d’ici là dans une position de leader en matière de vente de panneaux solaires efficaces et bon marché.
  • Selon Robert Muggah, la domination géopolitique américaine ne sera plus, mais aura été remplacée par une gestion multipolaire du monde : USA, Russie, Chine, Allemagne, Inde et Japon y domineront. Dans le même temps, l’étatisme sera remis en cause par la montée en puissance des grandes mégalopoles, ainsi que par les identités virtuelles.
  • Selon le Dr. Mélanie Walker, les avancées technologiques provoqueront des bouleversements dans la médecine, notamment dans la gestion des hôpitaux et de la santé publique. De plus en plus, on recourt à une médecine préventive, à distance, et personnalisée. En outre, on sera désormais capables de « bio-imprimer » des organes humains. La robotique interviendra de plus en plus dans les opérations chirurgicales.
  • Selon Lorna Solis, CEO de l’ONG Blue Rose Compass, les pays développés devront se préparer à accueillir toujours plus de migrants, désormais considérés comme réfugiés climatiques, dont le nombre est estimé à 1 milliard d’individus.

Un autre document plus récent du Forum Economique Mondial se reconcentre sur la question du futur de l’emploi face aux effets de la 4e révolution industrielle. Selon ce rapport, en 2025, 85 millions d’emplois à travers le monde seront supprimés ou remplacés par la nouvelle division du travail entre humains, machines et algorithmes

De ce fait, ce document s’attend à une hausse de la demande de personnel dans des nouvelles activités bien précises : data analyts, data scientists, machine learning specialists, ingénieurs en robotique, développeurs d’applications, etc. En somme, tous les emplois qui consisteront à développer et à maintenir les systèmes de production robotisés. Selon le rapport sur le futur de l’emploi, 97 millions d’emplois viendront compenser les 85 autres millions.

En conclusion, il nous faut rappeler ici que le progrès technologique en lui-même n’est nullement un problème. Au contraire, c’est, selon la doctrine catholique, un don de Dieu, à condition de l’utiliser pour Sa gloire, ainsi que pour le bien de l’humanité :

En réalité, en ce qui concerne la question des besoins du monde catholique, il est très urgent et nécessaire de faire en sorte que le progrès dans les arts, dans les sciences et dans les techniques et l’industrie, puisqu’ils sont tous de vrais dons de Dieu, soient ordonnés à Sa gloire et mise au profit du salut des âmes, et qu’ils servent d’une manière pratique à promouvoir l’extension du royaume de Dieu sur terre.Pape Pie XI, Vigilanti Cura

Or, déjà au début du 20e siècle, seule l’Eglise avait compris que les progrès techniques ayant fait suite à la révolution industrielle du 19e siècle, pouvait avoir des conséquences néfastes dans des sociétés dirigées par des gouvernements ayant rejeté Dieu et la loi naturelle. Ce qui s’est vérifié aussi bien dans la société néo-libérale et capitaliste en Occident, et dans la société matérialiste et communiste en Russie, deux modèles apportant leur lot d’injustices sociales, de divisions et de tyrannies.

Au 21e siècle, la question du progrès technologique reste donc sensiblement la même. Seule la morale catholique peut favoriser le juste emploi de ces avancées, tout en empêchant leur utilisation immorale ou tyrannique. Mais en attendant, l’éthique douteuse des architectes du Big Reset ne laisse pas place à beaucoup d’optimisme pour l’horizon 2025-2030.

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1 commentaire

  1. […] phrase peut renvoyer nos lecteurs à notre récent article sur le futur du travail à l’aube de la 4e révolution industrielle, ou encore à la récente émission de Radio Regina […]

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