Qu’est-ce que l’hérésie feeneyiste et qui sont ses adeptes ?
Les feeneyistes tirent leur nom d’un prêtre hérétique américain, le Père Leonard Feeney, directeur du St. Benedict Center, dans le New Hampshire, dans les années 1940. Celui-ci niait le baptême de désir et le baptême de sang ainsi que l’ignorance invincible, des doctrines pourtant enseignées par le Magistère, par les pères, les docteurs et les théologiens catholiques de tout temps. Dans les années 1940, le Saint Siège lui a demandé de venir à Rome pour plaider sa cause, ce qu’il a refusé de faire. Il a par la suite été excommunié par le pape Pie XII en 1953 (et expulsé de la Compagnie de Jésus) après que ses doctrines eurent été déclarées hérétiques par un décret du Saint Office du 8 août 1949[1]. (Vous pouvez consulter tous les décrets ici). Le père Léonard Feeney a accepté les réformes et les antipapes de la secte Vatican 2. Il se réconcilia avec l’antipape Paul VI en 1973. De façon intéressante, Paul VI n’exigea nullement de Feeney qu’il renie ses doctrines. Au contraire, les communautés feeneyistes se placèrent docilement sous l’autorité des évêques, puis des pseudo-évêques modernistes jusqu’à ce jour. De ce fait, il existe encore aujourd’hui, surtout sur la côte est des Etats-Unis (Massachusetts, New Hampshire, New York), quelques communautés qui se réclament de son hérésie et l’essentiel de cette communauté feeneyiste est en pleine communion avec la secte moderniste : les Slaves of the Immaculate Heart of Mary (groupe que Feeney reforma dans les années précédant sa mort), qui est désormais une association publique de fidèles sous l’autorité du pseudo-évêque moderniste de Worcester, Robert McManus ; Les soeurs du St. Benedict Center dirigent la Saint Anne’s House, qui est un ordre de droit « diocésain » dans le « diocèse » moderniste de Worcester. Quant au St.Benedict Center, centre historique du feeneyisme, basé à Richmond, dans le New Hampshire (communauté bénédictine créée en 1941 et alors dirigée par Feeney, et fut également condamnée et interdite par un décret de l’archevêché de Boston, le 18 avril 1949), elle continue d’exister un peu à la manière de la FSSPX, sans réelle attache aux « diocèses » modernistes locaux, bien que l’ensemble de ces groupes feeneyistes modernistes-conservateurs, continuent d’entretenir des relations entre eux. La plupart de ces groupes suivent le rite Jean XXIII en latin ou le rite dit d’indult. De façon surprenante, des membres notoires du St.Benedict Center commençent à s’intégrer de plus en plus dans le milieu du moderno-conservatisme mainstream. C’est le cas notable du frère André-Marie qui participera en mai 2019 à une conférence du site Church Militant sur la chevalerie moderne.
Une autre partie, plus minoritaire, du courant feeneyiste, a adopté la position sédévacantiste : il s’agit notamment du Most Holy Family Monastery tenu par les frères Dimond. Également originaires de la côte est américaine, ils viennent à l’origine des milieux feeneyistes de ces régions. Très actifs sur internet et notamment sur Youtube, ces deux individus ont produit un certain nombre de vidéos apologétiques très bien réalisées et souvent orthodoxes (sur Notre Dame de Fatima, sur le sédévacantisme, contre le protestantisme, etc.) En revanche, ils ont également produit un certain nombre de vidéos et d’articles dans lesquels ils défendent l’hérésie feeneyiste de façon obstinée et nient ainsi l’enseignement infaillible du magistère sur ces questions, mais également sur l’existence de l’âme de l’Eglise et sur l’ignorance invincible. Cela est extrêmement grave, car en effet, le canon 4 de la session 7 du Concile de Trente anathémise ceux qui nient le baptême de désir, de même que le canon 3 de la même session anathémise ceux qui affirment une doctrine du baptême contredisant celle donnée par l’Eglise catholique, comme nous le verrons plus bas. Les feeneyistes citent nombre de fois le Magistère pour faire croire à une contradiction entre le baptême de désir et le dogme Hors de l’Église, pas de salut. Suivant l’opinion erronée et contradictoire de Leonard Feeney, les frères Dimond, affirment que le baptême de désir est une hérésie créée par des courants libéraux et modernistes des deux derniers siècles. Il s’agit là d’une confusion misérable, puisqu’ils confondent ainsi un vrai dogme catholique, avec les déformations syncrétistes et œcuménistes des artisans de la révolution Vatican 2. Rappelons que l’hérésie du père Feeney et des adeptes de ses thèses, fut condamnée par le Saint-Office, qui n’est autre que le nom donné à la Sainte Inquisition à partir de 1908. De plus, les décrets de réfutations des erreurs de Feeney citent précisément les sentences infaillibles du Concile de Trente, ou des papes Pie IX et Pie XII, exactement les mêmes que vous pourrez retrouver dans la liste plus bas. En affirmant que le baptême de désir est une hérésie ou qu’il ne correspond pas à l’enseignement catholique, les feeneyistes et les dimondistes en viennent finalement à nier l’infaillibilité pontificale (les Dimond entretiennent également un certain nombre d’autres hérésies ou erreurs dans le domaine de la liturgie ou de la discipline ecclésiastique). Les frères Dimond essayent de masquer leur erreur obstinée en affirmant que baptême de désir ou ignorance invincible n’auraient été enseignés que par des documents magistériels faillibles (sic), ce qui en soi, est purement impossible : qu’il s’agisse du magistère solennel ou du magistère universel, le magistère est par nature infaillible en matière de foi et de morale. Certains feeneyistes se sont obstinés avec un tel orgueil dans leur hérésie qu’ils en sont venus à affirmer que tous les papes depuis Innocent II étaient hérétiques et que le siège apostolique était donc vacant depuis le Moyen-Âge : c’est le cas notoire d’un ancien compagnon de route des Dimond, l’hérétique Richard Ibranyi. En fait, l’erreur feeneyiste procède d’une forme de libre-examen et de littéralisme rebelle vis-à-vis du Magistère et de la doctrine de l’Eglise : convaincus de la doctrine hérétique du père Feeney, leur méthode consiste donc principalement à sélectionner de courts passages d’un texte magistériel affirmant le dogme « hors de l’Eglise, pas de salut », mais sans jamais considérer d’autres enseignements magistériels (se trouvant parfois dans le même document) qui explicitent ce dogme en rappelant les diverses formes du baptême. Un autre aspect de l’erreur feeneyiste consiste à professer une sorte de matérialisme exagéré concernant le sacrement du baptême : selon les feeneyistes, personne ne peut être sauvé à moins de recevoir physiquement le baptême d’eau. Nous allons le voir, non seulement cette exagération littéraliste est contredite par l’enseignement du Magistère infaillible de l’Eglise, mais également par de nombreux exemples de saints qui moururent comme catéchumènes, c’est-à-dire, morts avant d’avoir pu recevoir le baptême d’eau. Ce libre-examen et ce mauvais littéralisme, sont entre autres, justement ce que les pères du Saint-Office ont reproché à Feeney et à ses partisans. Car, tout catholique doué de raison et de cœur, peut instinctivement comprendre qu’une personne ayant découvert et adhéré avec ferveur à la doctrine catholique et ayant le désir de se faire baptiser, si une telle personne, pour quelque raison que ce soit, venait à mourir subitement sans avoir eu la possibilité de se faire baptiser (une personne emprisonnée seule par exemple), il serait absurde de penser qu’une telle personne, en état de contrition parfaite, mériterait la damnation éternelle pour ne pas avoir eu quelqu’un pour procéder au baptême d’eau. C’est pourquoi la doctrine catholique enseigne que dans de tels cas, Dieu, par Son infinie miséricorde, pourvoit à un baptême de suppléance. Or, les feeneyistes sont donc convaincus que de telles personnes –et il y eut beaucoup de saints catholiques des premiers siècles morts dans cet état- sont directement damnées, pour ne pas avoir reçu de baptême d’eau (pour s’obstiner dans leur erreur, ils n’ont pas peur d’affirmer que les martyrologes publiés par les papes sont pleins de fables, exactement comme les modernistes). Or, l’Eglise enseigne évidemment tout autre chose. Le dogme « hors de l’Eglise pas de Salut » est évidemment connu de tous les catholiques. Mais les Papes ont également expliqué ce qu’il voulait exactement dire. Par exemple, le Pape Innocent III enseigne dans Eius exemplo le dogme Hors de l’Église, pas de salut ainsi que le baptême de désir dans Debitum pastoralis officii. De la même façon, le Pape Pie IX, dans l’encyclique Singulari Quidem, enseigne dans la même lettre, le dogme « hors de l’Eglise pas de Salut » et l’ignorance invincible. Pour échapper à ce genre d’exemples frappants, les feeneyistes utilisent un autre recours : ils affirment de façon hérétique que l’infaillibilité pontificale se résumerait aux seuls conciles œcuméniques. Non seulement une telle affirmation est fausse et hérétique, mais de plus, ils sont bien embarrassés quand nous leur montrons que le Concile de Trente, dans plusieurs de ses canons, enseigne le baptême de désir comme nous allons le voir. Là encore, pour tenter de soutenir leur hérésie, les Dimond et leurs partisans ont recours à une argumentation lamentablement mécréante et en viennent finalement à affirmer avec une audace inouïe que le concile de Trente a enseigné l’erreur dans les canons en question.
La chose pathétique dans cette attitude, c’est que par ailleurs, les Dimond n’hésitent évidemment pas à utiliser les enseignements du Concile de Trente, et à les déclarer infaillibles, dès lors qu’il s’agit d’argumenter sur un autre sujet. Par exemple, dans une vidéo (objectivement bonne) contre l’hérétique moderniste Jimmy Akin, ils opposent à ce dernier une sentence de la session 6, chapitre 16, du Concile de Trente. Leur attitude est donc absurde, impie et n’impressionne généralement que les esprits faibles ou orgueilleux, ce qui est terriblement dommage, car au lieu de s’obstiner dans l’erreur feeneyiste, les Dimond et d’autres, pourraient certainement faire de grands biens. Au lieu de cela, en niant ou en rejetant la doctrine catholique du baptême, les Dimond et les autres feeneyistes doivent donc être considérés comme des hérétiques.
Toute personne qui après avoir reçu le baptême et tout en conservant le nom de chrétien, nie opiniâtrement quelqu’une des vérités de la foi divine et catholique qui doivent être crues, ou en doute, est hérétique; si elle s’éloigne totalement de la foi chrétienne, elle est apostat; si enfin elle refuse de se soumettre au Souverain Pontife et de rester en communion avec les membres de l’Eglise qui lui sont soumis, elle est schismatique. – Code Canon 1917, canon n°1325, n°2
De plus, ils ont également l’audace de considérer comme nulle et non avenue la condamnation du père Feeney et de ses doctrines, par le jugement du Saint-Office que nous avons mentionné plus haut. Or, une telle attitude est précisément condamnée par le pape Saint Pie X, dans le syllabus Lamentabili Sane du 3 juillet 1917, qui condamne la proposition suivante :
8. On doit estimer exempts de toute faute ceux qui ne tiennent aucun compte des condamnations portées par la Sacrée Congrégation de l’Index ou par les autres Sacrées Congrégations Romaines. – Condamnée. – Pape Saint Pie X, Lamentabili Sane
Voici une donc liste non exhaustive de citations du Magistère, des Pères et des Docteurs de l’Église concernant le baptême de désir, le baptême de sang, l’ignorance invincible et l’âme de l’Église :
1/ Baptême de désir / baptême de sang
Jean, s’adressant à tous, dit : Moi, je vous baptise avec l’eau; mais Il vient, Celui Qui est plus puissant que moi, et dont je ne suis pas digne de délier la courroie de Ses sandales ; Lui, Il vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu. – Luc 3 ; 16
Jésus répondit : En vérité, en vérité, Je te le dis, nul, s’il ne renaît de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. – Jean 3;5
Celui qui croit en Moi, de son sein, comme dit l’Écriture, couleront des fleuves d’eau vive. – Jean 7 ;38
Et je me souvins de la parole du Seigneur, lorsqu’Il disait : Jean a baptisé avec de l’eau; mais vous, vous serez baptisés dans l’Esprit-Saint. – Actes 11 ; 16
Enseignement des papes
A votre demande, nous répondons ceci : Nous affirmons sans hésitation (sur l’autorité des Saints Pères Augustin et Ambroise) que le prêtre dont vous avez dit qu’il avait fini ses jours sans l’eau du baptême, a persévéré dans la foi de la sainte Mère l’Église et dans la profession du nom du Christ, et que conséquemment a été libéré du péché originel et a obtenu la joie de la patrie céleste. Lisez en outre le huitième livre De civitate Dei d’Augustin où on lit entre autres : « Le baptême est administré de façon invisible lorsque ce n’est pas le mépris de la religion mais la barrière de la nécessité qui l’exclut ». Ouvrez également le livre du bienheureux Ambroise De obitu Valentiani qui affirme la même chose. Les questions s’étant donc apaisées, tenez les conceptions des Pères docteurs, et faite présenter constamment dans votre Eglise des prières et des offrandes pour le prêtre que vous avez mentionné. – Pape Innocent II, Lettre Apostolicam Sedem, 1130.
Vous m’avez confié qu’un certain juif, à l’article de la mort, et vivant parmi des juifs seulement, s’était plongé lui-même dans l’eau en disant : « Je me baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, Amen ». Or vous me demandez si ce juif, qui persévère dans la foi chrétienne, doit être baptisé. Nous répondons qu’étant donné qu’il doit y avoir distinction entre celui qui baptise et celui qui est baptisé, comme le montrent à l’évidence les paroles du Seigneur disant aux apôtres : «Baptisez toutes les nations au nom du Père et du Fils et de l’Esprit Saint » (Mt 28,19) le juif dont il est question doit être baptisé à nouveau par un autre, pour qu’il apparaisse qu’autre est celui qui est baptisé, autre celui qui baptise… Cependant, s’il était décédé aussitôt, il aurait rejoint immédiatement la patrie en raison de sa foi au sacrement, même si ce n’avait pas été en raison du sacrement de la foi. – Pape Innocent III, Debitum pastoralis officii, lettre à l’évêque de Metz, 28 août 1206
Par la contrition, même si elle jointe à la parfaite charité et au désir de recevoir le sacrement, hors du cas de nécessité ou du martyre, la faute n’est pas remise sans la réception actuelle du sacrement : Proposition condamnée. – Pape Saint Pie V, Ex omnibus afflictionibus, condamnation des erreurs de Michel de Bajus concernant la nature de l’homme et la grâce.
Peut-on suppléer en quelque manière au défaut du Baptême ? – Réponse : Le défaut du sacrement de Baptême peut être suppléé par le martyre qu’on appelle Baptême de sang, ou par un acte de parfait amour de Dieu ou de contrition joint au désir au moins implicite du Baptême, et ceci s’appelle Baptême de désir. – Catéchisme de Saint Pie X, 1905
Cette assurance solennelle, Nous désirons la renouveler, après avoir imploré les prières de toute l’Église dans cette Lettre encyclique, où Nous avons célébré la louange du « grand et glorieux Corps du Christ », les invitant tous et chacun de toute Notre affection à céder librement et de bon cœur aux impulsions de la grâce divine et à s’efforcer de sortir d’un état où nul ne peut être sûr de son salut éternel; car, même si, par un certain désir et souhait inconscient, ils se trouvent ordonnés au Corps mystique du Rédempteur, ils sont privés de tant et de si grands secours et faveurs célestes, dont on ne peut jouir que dans l’Église catholique. Qu’ils entrent donc dans l’unité catholique, et que, réunis avec Nous dans le seul organisme du Corps de Jésus-Christ, ils accourent tous vers le Chef unique en une très glorieuse société d’amour. – Pape Pie XII, Encyclique Mystici Corporis Christi, 1943.
Si ce que Nous avons dit jusqu’ici regarde la protection et le soin de la vie naturelle, à bien plus forte raison devons-nous l’appliquer à la vie surnaturelle que le nouveau-né reçoit par le baptême. Dans l’ordre présent, il n’y a pas d’autre moyen de communiquer cette vie à l’enfant qui n’a pas encore l’usage de la raison. Et cependant, l’état de grâce, au moment de la mort, est absolument nécessaire au salut. Sans cela, il n’est pas possible d’arriver à la félicité surnaturelle, à la vision béatifique de Dieu. Un acte d’amour peut suffire à l’adulte pour acquérir la grâce sanctifiante et suppléer au manque du baptême. – Pape Pie XII, Discours aux participants du Congrès de l’Union Catholique Italienne des sages-femmes, 29 Octobre 1951
Enseignement du Concile de Trente
Ces paroles font voir que la justification de l’Impie, n’est autre chose que la translation, et le passage de l’état auquel l’homme nait enfant du premier Adam, à l’état de grâce, et d’enfant adoptif de Dieu, par le second Adam Jésus-Christ Notre Sauveur ; et ce passage, ou cette translation depuis la publication de l’Évangile, ne se peut faire sans l’eau de la régénération, ou sans le désir d’en être lavé, suivant qu’il est écrit, que si un homme ne renait de l’eau, et du Saint Esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu (Joan. 3. 5.). – Concile de Trente, Session 6, chapitre 4.
Si quelqu’un dit, que les sacrements de la Loi nouvelle ne sont pas nécessaires au salut, mais superflus, et que sans eux ou leur désir (sine eis aut eorum voto) par la seule foi l’homme obtient de Dieu la grâce de la justification, bien que tous et chacun d’eux ne soient point nécessaires : qu’il soit anathème. – Concile de Trente, session 7, canon 4.
Si quelqu’un dit, que l’Église Romaine, qui est la mère et la maitresse de toutes les Églises, ne tient pas la véritable doctrine touchant le Sacrement de Baptême : qu’il soit Anathème. – Concile de Trente, session 7, canon 3.
Malgré cela, l’Eglise n’est point dans l’usage d’accorder sur-le-champ le baptême à ces sortes de personnes, elle veut au contraire qu’on le diffère pendant un certain temps. Ce délai n’entraîne point pour eux les dangers qui menacent les enfants comme nous l’avons dit plus haut. Doués qu’ils sont de l’usage de la raison, le désir, la résolution de recevoir de baptême, joints au repentir d’avoir mal vécu, leur suffisent pour arriver à la grâce et à la justification, si quelque accident soudain venait les empêcher de se purifier dans les fonts salutaires. – Catéchisme du Concile de Trente, chap. III, §I, 36.
Maintenant, il est de fide que les hommes sont également sauvés par le Baptême de désir, conformément au Canon Apostolicam « de presbytero non baptizato » et au Concile de Trente, session 6, chapitre 4, où l’on y mentionne que nul ne peut être sauvé « sans le bain de la régénération ou le désir de celui-ci. – Saint Alphonse de Liguori, Theologia Moralis, t. VI, 95. 7
Le Baptême de désir (baptismus flaminis) est une contrition parfaite du coeur, et tout acte de charité parfaite ou de pur amour pour Dieu qui contient, au moins implicitement, un désir (votum) de Baptême […] ces actes suppléent les principaux effets du Baptême de fait, la rémission des péchés. Cette doctrine est clairement établie par le Concile de Trente. Dans la quatorzième session (cap. IV), le Concile enseigne que la contrition est parfois parfaite par la charité, et qu’elle réconcilie l’homme à Dieu, avant la réception du Sacrement de Pénitence. Au quatrième chapitre de la sixième session, traitant de la nécessité du Baptême, il est dit que les hommes ne peuvent obtenir la justice originelle « sans le bain de la régénération ou le désir de celui-ci » (voto). – Catholic Encyclopedia, 1913, tome 2, p.266
Enseignement du Droit Canon
Le baptême, porte et fondement des autres sacrements, est nécessaire, de fait ou tout au moins de désir, au salut de tous ; il n’est conféré validement que par l’ablution avec une eau vraie et naturelle, accompagnée des paroles prescrites. – Code Canon 1917, Canon 737, n°1
Enseignement des Pères et Docteurs de l’Eglise
Nous avons appris que le Christ est le premier-né de Dieu et nous avons déclaré déjà qu’il est le Logos auquel tout le genre humain participe (cf. Jn 1,9). Ceux qui ont vécu selon la raison (Grec, logos) sont chrétiens, eussent-ils passés pour athées, comme chez les Grecs, Socrate, Héraclite et leurs semblables […]. Ainsi ceux qui vécurent avant le Christ sans vivre selon la raison (logos) ont été mauvais, ennemis du Christ, meurtriers de ceux qui vivent selon la raison (logos). Mais ceux qui ont vécu et qui vivent selon la raison (logos) sont chrétiens et ignorent la crainte et le trouble. – Saint Justin, Apologie, I, 46.
De ce qui a été dit, je pense qu’il est clair qu’il y a une seule véritable Église, qui est vraiment ancienne, dans laquelle ceux qui sont justes selon la conception sont inscrits. » De même: « Avant la venue du Seigneur, la philosophie était nécessaire pour justifier les Grecs; maintenant elle est utile pour la piété… car elle mettait les Grecs au Christ comme la loi a fait les Hébreux. – Clément d’Alexandrie, Stromates, 7,17, 1,5.
Il est vrai que nous avons un second baptême, qui est le baptême de sang, mais qui est aussi unique…C’est enfin ce baptême qui supplée au défaut du baptême d’eau, et qui en répare le défaut quand on a eu le malheur de perdre l’effet du baptême. – Tertullien, Sur le baptême, XVI.
Mais quelques-uns en cet endroit, comme s’ils pouvaient par des raisonnements humains anéantir la vérité de l’enseignement évangélique, nous opposent les catéchumènes, et nous demandent si, au cas où l’un d’eux, avant d’être baptisé dans l’Église, serait arrêté pour avoir confessé le Nom du Christ, et mis à mort, il devrait renoncer à l’espoir du salut et à la récompense de sa confession, parce qu’il n’aurait pas auparavant puisé dans l’eau une vie nouvelle. Eh bien, qu’ils sachent, ces partisans, ces fauteurs d’hérétiques, que les catéchumènes en question, tout d’abord, ont la foi entière et la vérité de l’Église, et qu’ils partent du camp divin pour combattre le diable, avec une connaissance entière et pure de Dieu le Père, du Christ, et du saint Esprit; ensuite, qu’ils ne sont même pas privés du sacrement de baptême, vu qu’ils sont baptisés de ce baptême très glorieux et très noble, dont le Seigneur disait qu’il avait un autre baptême à recevoir. Or qu’ainsi baptisés dans leur sang, et sanctifiés par leurs souffrances, ils soient parfaits, et reçoivent la grâce promise par Dieu, c’est ce que le même Seigneur déclare, quand Il parle au larron, qui croyait en Lui et le confessait au milieu de ses souffrances, et qu’Il lui promet qu’il sera avec Lui dans le paradis. Voilà pourquoi nous, qui sommes les gardiens de la foi et de la vérité, nous ne devons point tromper et décevoir ceux qui viennent à la vérité et à la foi, et qui demandent que les péchés leur soient remis, mais plutôt nous devons les corriger, les réformer et les instruire pour le royaume des cieux, en leur apprenant les enseignements célestes. » Mais on dira : Quel sera donc le sort de ceux qui, dans le passé, venant de l’hérésie à l’Église, y ont été admis sans baptême ? La Miséricorde du Seigneur est assez puissante pour leur faire grâce, et ne point priver des avantages de son Église ceux qui, admis de bonne foi dans cette Église, sont venus à y mourir. – Saint Cyprien de Carthage, lettre 73 à Jubianus.
Si quelqu’un n’a pas reçu le baptême, il ne peut être sauvé à la seule exception des martyrs qui même sans le baptême d’eau reçoivent le royaume. – Saint Cyrille de Jérusalem, Cath. 2.10; MG 33, 440; Rouet de Journel, Enchiridion patristicum, n° 811
Je connais aussi un quatrième baptême – celui par le martyr et le sang, lequel dont également le Christ Lui-même a subi; et celui-là est de loin beaucoup plus prestigieux que tous les autres, dans la mesure où il ne peut être taché ultérieurement. – Saint Grégoire de Naziance, Oratio XXXIX
Toute sa vie était une purification pour elle, et un perfectionnement. Elle avait en effet la régénération de l’Esprit, et l’assurance de sa vie précédente. Et, à parler librement, le mystère (baptême) n’était pour elle pratiquement que le joint, pas la grâce. – Saint Grégoire de Naziance, Discours 8, oraison funèbre de Sainte Gorgonie, sa sœur.
Il nous appartenait avant même qu’il ne fut revêtu de notre pliage. Son mode de vie l’a changé. Car, comme beaucoup des nôtres qui ne sont pas avec nous, dont la vie les rend étranger à notre Corps (l’Eglise), tant de ceux qui en sont à l’extérieur nous appartiennent, qui, par leur mode de vie anticipe la foi. – Saint Grégoire de Naziance, Discours 18, oraison funèbre de Grégoire l’Ancien, son père, un converti.
Il est écrit que, lorsque le côté de Jésus a été percé, « de l’eau et du sang se sont écoulés ». Cela a une signification mystique. Puisqu’Il avait dit Lui-même « de son sein couleront des rivières d’eau vivante ». Mais il s’est également écoulé du sang dont les juifs ont demandé à ce qu’il retombe sur eux et leurs enfants. Il s’est écoulé de l’eau, conséquemment, par laquelle les croyants pouvaient être lavés. Il s’est également écoulé du sang par lequel les incroyants pouvaient être condamnés. Toutefois, cela peut être entendu également comme une préfiguration des deux volets de la grâce du baptême, l’un consiste en ce que la grâce est donnée par le baptême d’eau, l’autre par le martyr en versant son sang, puisque les deux sont appelés baptême. – Rufinus, Commentaire sur le Credo des Apôtres
Ne soyez pas surpris que j’appelle le martyr un Baptême, car ici aussi, l’Esprit vient en grande hâte et il y a une rémission des péchés et une merveilleuse purification de l’âme ; et tout comme ceux qui sont baptisés sont lavés dans l’eau, de même ceux qui sont martyrisés sont lavés dans leur propre sang. – Saint Jean Chrysostome, Panégyrique de Sainte Lucie, 2.
Mais pourquoi le Christ dit : « Vous devez être baptisés », quand en fait il n’y avait pas d’eau dans le cénacle ? Parce que la partie la plus essentielle du baptême est l’Esprit-saint, par Lequel l’eau tient son opération; de la même manière que Notre Seigneur est tenu pour avoir été oint, mais non pas qu’Il a été oint avec de l’huile, mais parce qu’Il a reçu l’Esprit-saint. En outre, nous les voyons en fait recevoir le baptême avec de l’eau [et un baptême avec l’Esprit-saint], et cela non pas en même temps. Dans notre cas, les deux se produisent sous le même acte, mais à l’époque ils étaient divisés. – Saint Jean Chrysostome, Homélies sur les Actes des Apôtres, Homélie I.
Et il y a eu auparavant des champions de la véritable religion qui sont morts pour l’amour du Christ, non pas simplement au sens figuré, mais en fait actuel, et qui ont eu besoin de nul des signes externes de l’eau pour leur salut, parce qu’ils ont été baptisés dans leur propre sang. Ainsi, je ne dis pas de dénigrer le baptême d’eau, mais de renverser les arguments de ceux qui s’exaltent eux-mêmes contre l’Esprit-saint; qui confondent les choses qui sont distinctes d’une de l’autre, et qui comparent celles qui n’admettent pas de comparaison. – Saint Basile, Traité sur le Saint-Esprit, Chap. XV
Et parmi les femmes, Herais est morte en étant seulement catéchumène, en recevant le baptême de feu, tel qu’Origène le mentionne lui-même quelque part. – Eusèbe de Césarée, Histoire de l’Église, livre 6, chap. 4.
Hélas ! me dites-vous, notre frère est mort sans avoir reçu le sacrement de baptême ! Laissez-moi répondre à ce scrupule de votre piété. Qu’est-ce qui dépend de nous, en cette vie, sinon le désir et la volonté ? Or il eut le désir ardent, la volonté ferme de recevoir le baptême. Avant son départ pour l’Italie, il m’avait manifesté son intention ; il l’a renouvelée deux fois depuis. Il m’appelait dans les Gaules pour recevoir de mes mains l’eau régénératrice. Donc la grâce qu’il attendait du baptême sacramental, il l’a reçue par le baptême du désir. « Le juste peut être prévenu par la mort, dit l’Écriture, son âme n’en reposera pas moins dans la paix du Seigneur. » Autrement il faudrait dire que, sans être baptisés, les catéchumènes qui versent leur sang pour Jésus-Christ n’obtiennent point la couronne du ciel ! Vous savez le contraire ; vous savez que le baptême du sang remplace celui de l’eau ; de même que le baptême du désir et de la volonté ouvre les portes des célestes tabernacles ! – Saint Ambroise, oraison funèbre de Valentinien II, cité dans Darras, l’Histoire de l’Église, Volume 11, p. 45.
Tous ceux, en effet, qui meurent pour la confession de Jésus-Christ obtiennent, sans avoir reçu le baptême, le pardon de leurs péchés, comme s’ils avaient été baptisés. Il est écrit, à la vérité, que « personne n’entrera dans le royaume des cieux, qu’il ne renaisse de l’eau et du Saint-Esprit ». Mais l’exception à cette règle est contenue dans ces paroles non moins formelles: « Quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux ». Et ailleurs: « Qui perdra sa vie pour moi, la trouvera ». Voilà pourquoi il est écrit: « Précieuse est devant le Seigneur la mort de ses saints ». Quoi de plus précieux en effet qu’une mort qui efface les péchés et qui accroît les mérites? Car il n’y a pas à établir de parité entre ceux qui, ne pouvant différer leur mort, sont baptisés et sortent de cette vie après que tous leurs péchés leur ont été remis, et ceux qui, pouvant s’empêcher de mourir ne l’ont pas fait, parce qu’ils ont mieux aimé perdre la vie en confessant Jésus-Christ, que d’être baptisés après l’avoir renié. – Saint Augustin, La Cité de Dieu, XIII, 7.
Le même résultat se produit invisiblement lorsque le baptême est rendu impossible, non point par le mépris de la religion, mais par une nécessité instantanée. – Saint Augustin, Œuvres complètes, Livre IV, Chapitre XXII, T. XV, Bar-le-Duc, Louis Guérin Imp. Ed., 1870, p. 127
Sur ces paroles de l’Évangile: « Jésus baptisait plus que Jean, quoique Jésus ne baptisât point, mais ses disciples. » – On demande si ceux qui reçurent le baptême dans le temps où le Seigneur baptisait par ses disciples plus que Jean, recevaient aussi le Saint-Esprit. Car en un autre endroit de l’Évangile il est dit: « L’Esprit n’avait pas encore été donné, parce que Jésus n’était pas encore glorifié. » A cela il y aurait une réponse très-facile : c’est que le Seigneur, qui rendait la vie, pouvait permettre qu’aucun d’eux ne mourût avant d’avoir reçu le Saint-Esprit après sa glorification, c’est-à-dire après sa résurrection et son ascension au ciel. Mais aussitôt vient en pensée le souvenir du larron, à qui il fut dit : « En vérité je te le déclare, tu seras aujourd’hui avec moi en paradis, » et qui n’avait cependant pas reçu le baptême. Il est vrai que Corneille et ceux des Gentils qui avaient cru comme lui, reçurent le Saint-Esprit, même avant d’être baptisés. Cependant je ne vois pas comment le larron aurait pu dire, sans le secours du Saint-Esprit : « Seigneur, souvenez-vous de moi quand vous serez arrivé dans votre royaume : » car, suivant l’Apôtre : « Nul ne peut dire Seigneur Jésus que par l’Esprit-Saint. » Le Seigneur lui-même a fait voir le résultat de cette foi, en disant : « En vérité je te le déclare: tu seras aujourd’hui avec moi en paradis. » Conséquemment, de même que par l’effet de la bonté ineffable et de la justice de Dieu, maître absolu de toutes choses, ce larron, à raison de sa foi, a été censé recevoir le baptême dans son âme restée libre, puisqu’il ne le pouvait dans son corps crucifié : ainsi l’Esprit-Saint était donné d’une manière invisible avant la glorification du Seigneur, et le fut ensuite plus ostensiblement après la manifestation de la divinité. – Saint Augustin, Œuvres complètes, Quatre-vingt-trois questions, T. V, Bar-le-Duc, Louis Guérin Imp. Ed., 1867, p. 456
Assurément je n’hésite pas à préférer à un hérétique baptisé un catéchumène catholique animé de la divine charité; je préfère même dans l’unité catholique un bon catéchumène à un mauvais baptisé. Et cependant je ne crois faire par là aucune injure au sacrement de baptême que l’un appelle de ses vœux et que l’autre a déjà reçu; je ne pense pas non plus préférer par là le sacrement du catéchuménat au sacrement de baptême, quoique j’admette parfaitement qu’un catéchumène peut être plus fidèle et meilleur qu’un chrétien baptisé. Le centurion Corneille, avant son baptême, n’était-il pas meilleur que Simon le Magicien déjà baptisé? Le premier, dès avant son baptême, fut rempli-du Saint-Esprit (Act., X.), tandis que le second, après son baptême, obéissait à l’inspiration de l’esprit immonde (Id., VIII, 13, 18, 19). – Saint Augustin, Sur le Baptême, Contre Donatien, IV, 21.
Dès le moment où Notre Sauveur a dit : « ‘Si quelqu’un ne Renaît pas de l’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume des cieux’, nul ne peut, sans le sacrement du baptême, à l’exception de ceux qui, dans l’Église catholique, répandent leur sang pour le Christ sans avoir reçu le Baptême. – Saint Fulgence, La règle de la Foi, 43.
Le septième est le baptême par le sang et le martyr, baptême dont le Christ Lui-même a subi en notre faveur, Lui qui était trop digne et béni pour être souillé ultérieurement par des taches. – Saint Jean Damascène, exposé de la foi orthodoxe.
Dès lors, croyez-moi, ce serait une tâche difficile de me détourner de ces deux piliers – je parle d’Augustin et d’Ambroise. Je confesse que, pouvant être dans l’erreur ou dans la connaissance, je suis avec eux ; car je crois qu’un homme peut être sauvé par la foi seule, pourvu qu’il désire recevoir le sacrement [du baptême], dans un cas où la mort surpasse l’accomplissement de son désir religieux, ou que quelque autre puissance invincible se trouve sur son chemin. – Saint Bernard, Tractatus de baptismo, II, 8.
Dieu n’oblige personne à faire l’impossible, et, conséquemment, nous devons admettre que le baptême de désir sans le baptême d’eau est suffisant, pourvu que la personne en question ait la volonté de recevoir le baptême d’eau, mais qu’elle en soit empêchée de le recevoir avant de mourir. – Saint Bonaventure, Sent. IV, d.4,P.2,a.I,q.I.
Supposons maintenant un adulte désirant le baptême, et en danger de mort, que le prêtre ne veut pas baptiser sans argent. Il doit, s’il le peut, se faire baptiser par quelqu’un d’autre. Si ce recours lui est impossible, il ne doit aucunement acheter à prix d’argent son baptême, mais plutôt mourir sans l’avoir reçu. Le baptême de désir supplée en effet pour lui ce que le sacrement ne peut lui donner. – Saint Thomas d’Aquin, Somme Théologique, deuxième partie de la deuxième, Question 100, article 2.
Ils ne peuvent pas être sauvés ceux qui n’ont reçu le baptême ni de vœu, ni en réalité ; mais ceux qui ont reçu le baptême de vœu peuvent l’être, quoiqu’ils n’aient pas été réellement baptisés. Il faut répondre que le sacrement de baptême peut manquer à quelqu’un de deux manières : 1° On peut ne l’avoir reçu ni de vœu, ni réellement ; ce qui arrive à ceux qui ne sont pas baptisés et qui ne veulent pas l’être ; ce qui suppose évidemment un mépris du sacrement de la part de ceux qui ont l’usage du libre arbitre. C’est pourquoi ceux qui n’ont pas reçu le baptême et qui sont dans cet état ne peuvent pas être sauvés ; parce qu’ils ne sont ni sacramentellement, ni mentalement incorporés au Christ par lequel seul on peut être sauvé. — 2° On peut n’avoir pas reçu le sacrement de baptême réellement, mais le recevoir de vœu ; comme quand on désire être baptisé, mais que par hasard on est prévenu par la mort avant de recevoir le baptême. Celui qui en est là peut être sauvé (Innocent III le décide formellement (Decretal., liv. 4, tit. 42, chap. 4). D’après saint Liguori, il n’est pas nécessaire que ce vœu soit explicite, il suffit qu’on soit en général dans la disposition de faire tout ce que Dieu a prescrit.) ; sans le baptême actuel, à cause du désir qu’il a de le recevoir. Ce désir vient de la foi qui opère par l’amour, et par cette foi Dieu dont la puissance n’est pas liée aux sacrements visibles, sanctifie l’homme intérieurement. C’est pourquoi saint Ambroise, en parlant de Valentinien, qui était mort catéchumène, dit (Lib. de orth. Valentin.) : J’ai perdu celui que je devais régénérer, mais il n’a pas perdu la grâce qu’il a demandée. – Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, Troisième partie, Question 68, article 1.
En ce qui concerne les catéchumènes il y a une plus grande difficulté, parce qu’ils sont fidèles et peuvent être sauvés s’ils meurent dans cet état, et pourtant hors de l’Église personne n’est sauvé, […] les catéchumènes sont dans l’Église, bien que non en fait réel, sinon au moins en résolution; par conséquent, ils peuvent être sauvés. – Saint Robert Bellarmin, De Ecclesia Militante.
Ainsi, le baptême, tiré d’un mot grec qui signifie ablution ou immersion dans l’eau, est distingué entre Baptême d’eau (fluminis), de désir (flaminis, courant d’air) et de sang. Nous parlerons plus bas du baptême d’eau, lequel a très probablement été institué avant la Passion du Seigneur Jésus-Christ, lorsque le Christ fut baptisé par Jean. Or, le baptême de désir est la parfaite conversion à Dieu par la contrition ou l’amour de Dieu au-delà de toutes choses, accompagné d’un désir explicite ou implicite pour le vrai baptême d’eau, qu’il remplace dans sa fonction de rémission des péchés, toutefois, non en tant qu’impression du caractère baptismal ou en tant que rémission de toute dette de châtiment. Il est appelé « d’air » (flaminis) parce qu’il prend place par l’impulsion du Saint Esprit qui est désigné comme un courant d’air (flamen). Ainsi, il est DE FIDE que les hommes sont également sauvés par le baptême de désir, en vertu du canon Apostolicam, « de presbytero non baptizato » et du Concile de Trente, Session 6, chapitre 4, où il est écrit que personne ne peut être sauvé « sans le bain de régénération ou le désir de celui-ci ». Le baptême de sang est le versement du sang de quelqu’un, à savoir la mort, offert pour la Foi ou pour une autre vertu chrétienne. Ainsi, ce baptême est comparable au vrai baptême car, comme le vrai baptême, il permet la rémission des péchés et des châtiments, comme ex opere operato. Je dis « comme », car le martyre n’agit pas comme une stricte causalité [non ita stricte] à la manière des sacrements, mais par un certain privilège, en vertu de sa ressemblance avec la Passion du Christ. Ainsi, le martyr concerne également les enfants, étant donné que l’Eglise vénère les Saints Innocents comme de vrais martyrs. C’est pourquoi Suarez enseigne à juste titre que l’argument contraire [c’est-à-dire, l’opinion selon laquelle les enfants ne peuvent bénéficier du baptême de sang, ndt] est téméraire, au minimum. Chez les adultes, toutefois, l’acceptation du martyr est requise, au moins habituellement, dans le cadre d’un motif surnaturel. Il est clair que le martyr n’est pas un sacrement, parce qu’il n’est pas un acte institué par le Christ, et pour la même raison, ne le fut pas le baptême de Jean : il ne sanctifiait pas un homme, mais le préparait seulement pour la venue du Christ. – Saint Alphonse de Liguori, Theologia Moralis, t. VI, 95. 7
Enseignement des théologiens
Baptême de désir : Contrition ou charité parfaite, avec au moins le désir implicite du baptême, qui, chez l’adulte, suppléé au baptême d’eau pour la rémission des péchés. – Cet enseignement est certain. Explication : a) Un désir implicite pour le baptême, c’est-à-dire, un désir compris dans un but général d’obéir à tous les commandements de Dieu, est de l’avis de tous, suffisant chez celui qui se tient dans l’ignorance invincible de la loi du baptême. De la même façon, selon l’opinion la plus courante, chez celui qui connait la nécessité du baptême. B) La charité parfaite, avec le désir du baptême, remet le péché originel et les péchés présents, and ainsi, infuse la grâce sanctifiante ; toutefois, cela n’imprime pas le caractère baptismal et, en soi, n’annule pas tout châtiment temporel dû aux péchés ; d’où, lorsque cela est possible, il incombe à celui qui est ainsi sanctifié l’obligation de recevoir le baptême d’eau. – Père A. Tanquery, Dogmatic Brevior, Article 4, section 1 ; 2, 1945.
De ceux pour qui le baptême d’eau peut être suppléé, Sur les divers baptêmes : selon le Tridentinum et selon les autres sources citées, il est fermement affirmé que le baptême est necessaire, de fait ou de désir ; c’est ainsi qu’il peut être suppléé en des cas extraordinaires. De plus, selon la doctrine catholique, il existe deux choses par lesquelles le sacrement de baptême peut être suppléé : notamment, un acte de charité parfaite accompagné du désir du baptême, et la mort en martyr. Vu que ces deux choses sont une suppléance pour le baptême d’eau, elles sont également nommées baptême, afin qu’elles soient entendues sous un seul nom générique, de telle façon que l’acte d’amour accompagné du désir du baptême est appellé baptismus flaminis (Baptême de l’esprit) et martyrium (baptême de sang). – Mgr. J.H. Hervé, Manuale Theologiae Dogmaticae, Volume 3, chapitre 4, 1931.
Le baptême de l’esprit (flaminis) désigne la parfaite charité ou contrition, dans laquelle le désir effectif de recevoir le sacrement de baptême est compris. Aussi, charité parfaite et contrition parfaite ont le pouvoir de conférer la grâce sanctifiante. – Père H. Nolden et Père A.Schmit, Summa theologiae moralis, volume 3, De Sacramentis, Livre 2, Quaestio prima, 1921.
Le baptême d’esprit (flaminis) est un acte de charité parfaite ou de contrition parfaite, dans la mesure où il contient au moins le désir tacite du Sacrement. Ainsi, il ne peut que concerner les adultes. Il n’imprime pas un caractère, mais il retire tout péché mortel avec la sentence de damnation éternelle, selon qu’il est écrit : « Celui qui M’aime, est aimé de Mon Père » (Jean 14 ;21). – Père Arthur Vermeersch, Theologiae Moralis, volume 3, tractatus 2, 1948.
Le baptême de l’esprit (flaminis) qui est aussi appelé de repentance ou de désir, n’est autre qu’un acte de charité parfaite ou de contrition parfaite incluant le désir du sacrement, selon ce qui a été dit plus haut, notamment que le cœur de chacun est suscité par l’Esprit-Saint à croire, à aimer Dieu et à se repentir pour ses péchés. – Cardinal Louis Billot, De Eccleasiae Sacrammentis, Volume 1, Quaestio 66, Thesis 24, 1931.
Le baptême, porte et fondation des Sacrements, de fait ou au moins de désir, est nécessaire à chacun pour le salut. Par le baptême d’eau, qui est appellé de rivière (Baptismus fluminis), par le baptême de l’esprit (Baptismus flaminis) et le Baptême de sang, par lesquels le baptême, à proprement parler, peut être suppléé, en cas d’impossibilité. Le premier est une conversion entière à Dieu par la contrition parfaite ou la charité parfaite, dans la mesure où ceci inclut au moins un désir implicite ou explicite de recevoir le baptême d’eau. Baptême d’esprit (flaminis) et baptême de sang sont appellés baptême de désir (in voto). – Père Aloysia Sabetti et Père Timotheo Barett, Compendium Theologiae Moralis, Tractatus 12, De baptismo, chapitre 1, 1926.
Le baptême d’esprit (flaminis) consiste en un acte de charité parfaite ou de contrition parfaite, par lequel est toujours impliquée une infusion de grâce sanctifiante. Tous deux sont appellés « de désir » (in voto). Necessité de charité parfaite, car cela implique toujours le désir, au moins implicite, de vouloir recevoir le sacrement absolument nécessaire au salut. – Père Eduardus Genicot, Theologiae Moralis Institutiones, volume 2, tractatus 12, 1902.
2/ Ignorance invincible
Enseignement des Papes
L’Église déclare ouvertement que l’unique espérance de salut pour l’homme est placée dans la foi chrétienne, qui enseigne la vérité, dissipe les ténèbres de l’ignorance par l’éclat de sa lumière et opère par la charité, et que cette espérance est placée dans l’Église catholique, qui, en maintenant le vrai culte, est le solide asile de cette foi et le temple de Dieu, hors duquel personne, à moins d’avoir l’excuse d’une ignorance invincible, ne peut avoir l’espoir de la vie et du salut. – Pape Pie IX, Encyclique Singulari Quidem, 1856.
Nous devons de nouveau rappeler et blâmer la très grave erreur où se trouvent malheureusement quelques catholiques, qui adoptent la croyance que les personnes vivant dans les erreurs et en dehors de la vraie foi et de l’unité catholique peuvent arriver à la vie éternelle. Cela est péremptoirement contraire à la doctrine catholique. Nous savons et vous savez que ceux qui ignorent invinciblement Notre très sainte religion, et qui, observant avec soin la loi naturelle et ses préceptes, gravés par Dieu dans le cœur de tous, et disposés à obéir à Dieu, mènent une vie honnête et droite, peuvent, avec l’aide de la lumière et de la grâce divine, acquérir la vie éternelle ; car Dieu, qui voit parfaitement, scrute et connaît les esprits, les âmes, les pensées et les habitudes de tous, ne permet pas, dans sa souveraine bonté et clémence, que celui qui n’est pas coupable de faute volontaire soit puni par les supplices éternels. Mais il est aussi très connu, ce dogme catholique : que personne ne peut se sauver hors de l’Église catholique, et que ceux-là ne peuvent obtenir le salut éternel qui sciemment se montrent rebelles à l’autorité et aux définitions de l’Église, ainsi que ceux qui sont séparés de l’unité de l’Église et du Pontife romain, successeur de Pierre, à qui a été confiée par le Sauveur la garde de la vigne. – Pape Pie IX, Encyclique Quanto conficiamur mœror, 1863.
Mais celui qui, sans qu’il y ait de sa faute, se trouverait hors de l’Église, pourrait-il être sauvé ? – Réponse : Celui qui, se trouvant hors de l’Église sans qu’il y ait de sa faute ou de bonne foi, aurait reçu le Baptême ou en aurait le désir au moins implicite ; qui chercherait en outre sincèrement la vérité et accomplirait de son mieux la volonté de Dieu, bien que séparé du corps de l’Église, serait uni à son âme et par suite dans la voie du salut. – Catéchisme de Saint Pie X, 1905.
3/ Existence de l’âme de l’Église
Enseignement des Papes
Mais celui qui, sans qu’il y ait de sa faute, se trouverait hors de l’Église, pourrait-il être sauvé ? – Réponse : Celui qui, se trouvant hors de l’Église sans qu’il y ait de sa faute ou de bonne foi, aurait reçu le Baptême ou en aurait le désir au moins implicite ; qui chercherait en outre sincèrement la vérité et accomplirait de son mieux la volonté de Dieu, bien que séparé du corps de l’Église, serait uni à son âme et par suite dans la voie du salut. – Catéchisme de Saint Pie X, 1905.
Enseignement des Pères et des Docteurs
Il nous appartenait avant même qu’il ne fut revêtu de notre pliage. Son mode de vie l’a changé. Car, comme beaucoup des nôtres qui ne sont pas avec nous, dont la vie les rend étranger à notre Corps (l’Église), tant de ceux qui en sont à l’extérieur nous appartiennent, qui, par leur mode de vie anticipe la foi. – Saint Grégoire de Naziance, Discours 18, oraison funèbre de Grégoire l’Ancien, son père, un converti.
Si d’autres que des Juifs ont prophétisé le Messie, c’est pour nous un surcroît de preuves; mais nous n’avons pas besoin de leur témoignage. En effet, nous ne l’alléguons que pour montrer qu’il y a eu probablement parmi les autres peuples des hommes à qui ce mystère a été révélé, et qui ont été poussés à le prédire, soit qu’ils aient participé à la même grâce que les prophètes hébreux, soit qu’ils aient été instruits par les démons, que nous savons avoir confessé Jésus-Christ présent, tandis que les Juifs ne le connaissaient pas. Aussi je ne crois pas que les Juifs mêmes osent soutenir que nul, hors de leur race, n’a servi le vrai Dieu depuis l’élection de Jacob et la réprobation d’Esaü. A la vérité, il n’y a point eu d’autre peuple que le peuple israélite qui ait été proprement appelé le peuple de Dieu; mais ils ne peuvent nier qu’il n’y ait eu parmi les autres nations quelques hommes dignes d’être appelés de véritables Israélites, en tant que citoyens de la céleste patrie. S’ils le nient, il est aisé de les convaincre par l’exemple de Job, cet homme saint et admirable, qui n’était ni juif ni prophète, mais un étranger originaire d’Idumée, à qui l’Écriture néanmoins accorde ce glorieux témoignage que nul homme de son temps ne lui était comparable pour la piété. – Saint Augustin, La Cité de Dieu, XVIII, 47.
L’Église est une, non pas double, et cette unique vraie Église [catholique] est l’assemblée d’ hommes unis dans la profession de la même foi chrétienne et dans la communion des mêmes sacrements, sous la règle de pasteurs légitimes, et en particulier celle du Vicaire du Christ sur la terre, le Pontife romain. La première partie exclut tous les infidèles, ceux qui n’ont jamais été dans l’Église, comme les Juifs, les Turcs et les païens, ou ceux qui jadis étaient en elle et qui plus tard sont tombés, comme les hérétiques et les apostats. La seconde partie exclut les catéchumènes et les excommuniés, car ceux-là [catéchumènes] ne sont pas admis aux sacrements et ceux-ci [excommuniés] en sont exclus. Il faut pourtant remarquer, avec saint Augustin (Breviculum collationis, coll. 3) que l’Église est une unité vivante ayant une âme et un corps ; ce sont les dons internes du Saint-Esprit qui font l’âme : la Foi, l’Espérance, la Charité, etc. La profession de la foi et la communication des sacrements font le corps. D’où certains sont de l’âme et du corps de l’Église et ainsi unis intérieurement et extérieurement au Christ son chef. Ceux-ci sont dans l’Église de la façon la plus parfaite, car ils sont, pour ainsi dire, des membres vivants dans le corps, encore que parmi ceux-ci d’aucuns participent plus à la vie, d’autres moins, et d’autres encore n’ont qu’un début de vie, comme le sens sans le mouvement, par exemple ceux qui ont la foi seule sans la charité. Certains sont de l’âme et non du corps : c’est le cas des catéchumènes, voire des excommuniés au cas où ceux-ci ont la foi et la charité, ce qui n’est pas impossible. – Saint Robert Bellarmin, De Ecclesia Militante, Lib. III, Cap. 2.
Le fondement de cette opinion est que l’hérétique manifeste n’est aucunement membre de l’Église, c’est-à-dire ni de son corps ni de son âme, ou, en d’autres termes, ni par union interne ni par union externe. Car les catholiques, même mauvais, sont unis et sont membres de l’âme par la foi, et du corps par la confession de la foi et la participation des sacrements visibles ; les hérétiques occultes sont unis et membres seulement de l’union externe, alors qu’en revanche les bons catéchumènes sont de l’Église seulement par union interne, mais pas externe, et les hérétiques manifestes d’aucune manière, comme il a été déjà prouvé. – Saint Robert Bellarmin, De Romano Pontifice, Lib. II, cap. Xxx.
4/ Les Saints canonisés sans avoir reçu le Baptême d’eau
23 janvier : A Rome, sainte Emérentienne, vierge et martyre. Encore catéchumène elle fut lapidée par les païens tandis qu’elle priait au tombeau de sainte Agnès dont elle avait été la sœur de lait. – Martyrologe Romain, publié par l’ordre de Grégoire XIII, revu par l’autorité d’Urbain VIII et de Clément X, augmenté et corrigé en 1749 par le pape Benoît XIV, édition de 1959, p. 63.
12 avril : A Braga, en Lusitanie (auj. le Portugal), saint Victor martyr. N’étant encore que catéchumène, il refusa d’adorer les idoles, confessa le Christ Jésus avec une fermeté inébranlable et, après beaucoup de tourments, eut la tête tranchée, méritant ainsi d’être baptisé dans son sang. – Martyrologe Romain, publié par l’ordre de Grégoire XIII, revu par l’autorité d’Urbain VIII et de Clément X, augmenté et corrigé en 1749 par le pape Benoît XIV, édition de 1959, p. 150.
28 juin : A Alexandrie, dans la même persécution de Sévère, les saints martyrs Plutarque, Sérène, Héraclide catéchumène, Héron, néophyte, un autre Sérène, avec les saintes femmes Rhaide catéchumène, Potamienne, vierge, et Marcelle sa mère. Entre ces saints brilla d’un plus grand éclat la vierge Potamienne, qui, ayant soutenu de fréquents et de rudes combats pour sa virginité, endura pour la foi des tourments inouïs, et fut enfin brûlée avec sa mère. – Martyrologe Romain, publié par l’ordre de Grégoire XIII, revu par l’autorité d’Urbain VII et de Clément X, augmenté et corrigé en 1749, par le pape Benoit XIV, d’après l’exemplaire imprimé à Rome en 1854, sous les auspices et le patronage du souverain pontife Grégoire XVI, p. 203.
Sources :
– Notre-Dame des Anges, Contre l’hérésie feeneyiste, 17 février 2015, https://notredamedesanges.wordpress.com/2015/02/17/contre-lheresie-feeneyiste/
– Congregation of Mary Immaculate Queen (CMRI), Baptism of Blood and of Desire, From the teachings of the Popes, the Council of Trent, the 1917 Code of Canon Law, the Roman Martyrology, the Fathers, Doctors and Theologians of the Church, http://www.cmri.org/02-baptism_blood-desire_quotes.shtml
[1] https://web.archive.org/web/20160322082307/http://www.romancatholicism.org/feeney-condemnations.html
[…] Les feeneyistes tirent leur nom d’un prêtre hérétique américain, le Père Leonard Feeney, directeur du St. Benedict Center, dans le New Hampshire, dans les années 1940. Celui-ci niait le baptême de désir et le baptême de sang ainsi que l’ignorance invincible, des doctrines pourtant enseignées par le Magistère, par les pères, les docteurs et les théologiens catholiques de tout temps. Dans les années 1940, le Saint Siège lui a demandé de venir à Rome pour plaider sa cause, ce qu’il a refusé de faire. Il a par la suite été excommunié par le pape Pie XII en 1953 (et expulsé de la Compagnie de Jésus) après que ses doctrines eurent été déclarées hérétiques par un décret du Saint Office du 8 août 1949. Voici ci-dessous, les textes complets des décrets d’excommunication, par l’archevêché de Boston et par le Saint Office. Vous pouvez également en apprendre davantage sur l’hérésie feeneyiste et ses adeptes ici. […]
Naz, Dictionnaire de Droit Canonique, t.II, col.120-121 a écrit:
4° Nécessité du baptême. – Le baptême ou du moins le désir du baptême est nécessaire à tous pour le salut.
[…]
En effet, comme les dispositions intérieures du coeur importent plus que la réalisation extérieure où elles s’actualisent, l’intention toute seule – même implicite – est quelquefois réputée pour le fait : le baptême d’eau est suppléé par le baptême de sang ou le baptême de désir …
– Mais encore :
F. Spirago, Catéchisme catholique populaire, p.471 a écrit:
Quand le baptême d’eau est impossible, il peut être supplée par le désir du baptême (baptême de désir) ou par le martyre pour Jésus-Christ.
Valentinien II s’était mis en chemin pour aller à Milan, recevoir le baptême, mais il fut assassiné en route, et S. Ambroise dit à cette occasion : « Son désir du baptême l’a purifié. » […]
&
P. Deviviers S.J., Cours d’apologétique chrétienne (oeuvre approuvé par le Cardinal Sarto – Pie X), p.496-497 a écrit:
[L]e baptême d’eau, qui est nécessaire à tous ceux qui en connaissent la nécessité et qui peuvent le recevoir, peut être suppléé par le baptême de sang ou par le baptême de désir. Le baptême de désir y suppléé pour ceux qui, connaissent la nécessité du baptême d’eau et ne pouvant le recevoir, n’importe pour quelle cause, en ont le désir explicite, accompagné de la contrition parfaite des péchés graves actuels.
– Cette doctrine fut même incorporée au canon 737, lequel est une loi disciplinaire universelle CIC 1917 Naz ne pouvant contenir aucune trace de doctrine erronée :
Can. 737 :
§ 1 Le baptême, porte et fondement des autres sacrements, est nécessaire, de fait ou tout au moins de désir, au salut de tous; il n’est conféré validement que par l’ablution avec une eau vraie et naturelle, accompagnée des paroles prescrites.
– Voyons Saint Alphonse de Liguori :
Saint Alphonse de Liguori, Theologia Moralis, t. VI, 95. 7 a écrit:
Maintenant, il est de fide que les hommes sont également sauvés par le Baptême de désir, conformément au Canon Apostolicam « de presbytero non baptizato » et au Concile de Trente, session 6, chapitre 4, où l’on y mentionne que nul ne peut être sauvé « sans le bain de la régénération ou le désir de celui-ci ».
– Le Code de Droit canonique est formel, un individu peut se sauver avec le baptême de désir quand il ne peut recevoir le baptême de fait !..
Mais le Code de Droit canonique peut-il contenir une erreur sur la foi ?
Voyons ce que dit le Père Goupil à propos des lois disciplinaires du Code de Droit canonique ?..
R.P. Goupil, La Règle de la Foi, p.68 a écrit:
L’Eglise est infaillible dans ses lois disciplinaires.
Il s’agit […] de lois générales, universelles, au moins pour toute une branche de l’Eglise, ainsi le Code de Droit canonique pour toute l’Eglise latine. […] Il est donc impossible qu’une loi universelle de l’Eglise soit dommageable à la société chrétienne.
– Mais encore avec S.S Pie IX :
Pie IX, Singulari Quidem, 17 mars 1856 a écrit:
L’Eglise déclare ouvertement que l’unique espérance de salut pour l’homme est placée dans la foi chrétienne, qui enseigne la vérité, dissipe les ténèbres de l’ignorance par l’éclat de sa lumière et opère par la charité, et que cette espérance est placée dans l’Eglise catholique, qui, en maintenant le vrai culte, est le solide asile de cette foi et le temple de Dieu, hors duquel personne, à moins d’avoir l’excuse d’une ignorance invincible, ne peut avoir l’espoir de la vie et du salut.
– Pauvre Pie IX, il lui aurait fallu le feeneyiste dégénéré à ses côtés pour lui chuchoter à l’oreille que ce qu’il disait était du grand n’importe quoi … Les feeneystes AURAIT SÉRIEUSEMENT AVANTAGE À CROIRE EN LA POSSIBILITÉ D’OBTENIR LE SALUT POUR CEUX QUI SONT DANS « L’IGNORANCE INVINCIBLE » … PUISQUE C’EST PROBABLEMENT AVEC CE SEUL MOYEN ACTUELLEMENT, ÉTANT DONNÉS SES CROYANCES, QU’ELLE POURRAIT L’OBTENIR !
D. Prummer, Manuale Theologiae Moralis, p.91 a écrit:
Baptismus flaminis [baptême de désir] revera causare gratiam sanctificantem est de fide. Definit enim Concilium Tridentinum (Sess. 6, c. 4) : Iustificatio impii est « translatio ab eo statu, in quo homo nascitur filius primi Adae, in statem gratiae et adoptionis filiorem Dei per secundum Adam Iesum Christum salvatorem nostrum, quae quidem translatio post Evangelium promulgatum sine lavacro regenerationis aut eius voto fieri non potest. »
&
R.P. Abbo et Hannan, the sacred canons, t.I, p.744-745 a écrit:
Canon 737
[…]
Tel que le canon 737 le mentionne, les hommes peuvent être sauvés par le désir du baptême, si cela implique une conversion parfaite à Dieu par la contrition parfaite et un amour de Dieu au-dessus de toutes choses. Il s’agit ici d’une question de foi [catholique et divine] (3).
[…]
(3) […] Conc. Trident. sess. VI, de justificatione, c. 4 …
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R.P. Lehmkuhl, S.J., Theologia Moralis, t.II, p.42 a écrit:
Baptismus est sacramentum necessitate medii necessarium ad salutem […] baptismo Flaminis [baptême de désir] … et baptismo sanguinis [baptême de sang] seu martyrio suppleri possit, in infantibus in solo casu martyrii suppleatur. Trid. sess. 6 can. 4.
– La liste de ceux qui mal interprétent , le Concile de Trente s’allonge toujours …
Or, il s’agit ici d’un point qui non seulement est défini par des décrets d’un Concile oecuménique mais également d’un point enseigné comme appartenant à la foi par le corps enseignant ordinaire de toute l’Eglise dispersée dans l’univers ..
Et puisque le feeneyiste et ses nouveaux potes sont des adeptes de l’absolutisme :
Can. 2200
[…]
§ 2 La violation extérieure de la loi étant posée, le dol est présumé au for externe jusqu’à preuve du contraire.
Can. 2314
§ 1 Tous les apostats de la foi chrétienne, tous les hérétiques ou schismatiques et chacun d’eux:
1° Encourent par le fait même une excommunication;
– Le dégénéré feeneyiste hérétique et excommuniée … jusqu’à preuve du contraire !
R.P. Mothon, Institutions canoniques, t. II, p.I a écrit:
Le sacrement du baptême, reçu en fait, ou du moins en désir, est nécessaire à tous les hommes, pour obtenir le salut éternel.
– Il y a trois sortes de Baptême, mais il n’y a pas trois sacrements de Baptême, car le Baptême d’eau est seul un sacrement … ce qui explique l’erreur des Feeneyistes ! Ils invoquent des documents du Magistère qui stipule effectivement qu’il n’y a qu’un seul Baptême [sacrement] contre la notion des trois sortes de Baptême d’eau, de sang, et désir.
C’est là qu’on se rend compte que les Feeyistes sont des cinglés !
Ils répondent, en invoquant des arguments types Lefebvristes, que ces catéchismes sont dans l’erreur.
Mais qui a raison (c’est encore « très difficile » à dire, n’est-ce pas ?) ? Saint Augustin, Saint Ambroise, Saint Alphonse de Liguori, Saint Thomas d’Aquin, le Pape Innocent III, le chanoine Naz, Mgr Gaume, la législation de l’Eglise, les théologiens, les catéchismes, les canonistes commentant le canon 737 (et un tas d’autres) !?
Qui a raison donc !? Tous ces auteurs, toutes ces prescriptions, tous ces documents … ou le feeneyiste et ses huluberlus américains !? Hmmmm … j’avoue être en train de vivre un sacré dilemme intérieurement !
Il faut savoir ici que les Feeneyistes prétendent que toutes les traductions de ces passages en langues vulgaires approuvées par l’Eglise contiennent une erreur de traduction.
En effet, les Feeneyistes affirment que le « aut » dans le passage : « sine lavacro regenerationis, aut ejus voto, sicut scriptum est, Nisi quis renatus fuerit » fut mal traduit par : « cette translation depuis la publication de l’Evangile, ne se peut faire sans l’eau de la régénération, ou sans le désir d’en estre lavé ».
Donc, selon les Feeneyistes , le passage devrait plutôt s’entendre comme suit : « cette translation depuis la publication de l’Evangile, ne se peut faire sans l’eau de la régénération, et sans le désir d’en estre lavé
Or,
Dictionnaire latin-français, le latin en poche, Henri Goelzer, p.84 a écrit:
aut, conj. Ou, oubien. Ou du moins. Ou plutôt. Ou autrement, sinon. Aut… aut…, ou… ou.
Quicherat, Dictionnaire français-latin, p.969 a écrit:
ou, conj. qui marque l’alternative, aut …
Le « aut » ne signifie aucunement une quelconque addition à la proposition qui précède mais une alternative !
Exemple : si tu ne fais pas tes devoirs, tu ne pourras pas aller jouer dehors ou aller chez grand-mère !
L’entourloupe des Feeneyistes consiste donc à remplacer le « ou » par « et » …
Et donc que le résultat serait : si tu ne fais pas tes devoirs, tu ne pourras pas aller jouer dehors et aller chez grand-mère !
D’où l’erreur dInterprétation du feeneyste [à propos du Concile de Trente] de parler continuellement de réception de fait du baptême d’eau jointe au désir de le recevoir pour obtenir le salut.
Le Saint Concile de Trente Œcuménique et Général célébré sous Paul III, Jules III et Pie IV souverains Pontifes – Traduction nouvelle par M. L’ Abbé Dassance Chanoine honoraire de Paris, Professeur d’Écriture Sainte à la Faculté de Théologie de Paris, et Vicaire général de Montpelliers – DENIS, Archevêque de Paris – Chez Méquignon Junior Libraire de la Faculté de Théologie – Paris – 1842 – Tome.I –p.104 a écrit :
SESSION SEPTIÈME, DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL CANON IV :
Si quelqu’un dit que les sacrements de la loi nouvelle ne sont pas nécessaires au salut, mais superflus, et que sans eux OU sans le désir de les recevoir, les hommes par la seule foi peuvent obtenir de Dieu la grâce de la justification, quoiqu’il soit vrai de dire que tous ne sont pas nécessaires à chacun, qu’il soit anathème.
– On en revient à l’Acte de Foi: Mon Dieu, je crois fermement tout ce que la Sainte Église croit et enseigne, parce que vous me l’avez dit et que vous êtes la vérité même.
Naz, Traité de Droit Canonique, t.III, p.64 a écrit:
Can. 1239
[…]
La sépulture ecclésiastique ne peut être accordée qu’à ceux qui font partie de l’Eglise, mais elle doit l’être à tous les baptisés …
Aux baptisés sont assimilés les catéchumènes, lorsque le baptême leur a fait défaut avant de mourir, sans que ce soit de leur faute. Ils ont reçu au moins le baptême de désir.
Saint-Pie V, Ex omnibus afflictionibus, erreurs [condamnées] de Michel de Bajus concernant la nature de l’homme et la grâce, 1 octobre 1567 a écrit:
Par la contrition, même si elle jointe à la parfaite charité et au désir de recevoir le sacrement, hors du cas de nécessité ou du martyre, la faute n’est pas remise sans la réception actuelle du sacrement.
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DICTIONNAIRE UNIVERSEL DES SCIENCES ECCLÉSIASTIQUES
PAR M. L’ABBE J.-B. GLAIRE
TOME PREMIER, 1868 , p214
VI. BAPTÊME DE SANG. C’est le martyre souffert pour l’amour de Jésus-Christ; martyre qu’en effet on a toujours regardé dans l’Église comme tenant lieu du baptême d’eau pour ceux qui mouraient victimes de leur foi. C’est en vertu de ce principe que les saints Innocents ont été honorés d’un culte depuis que leur sang a été versé. Ce n’est, après tout, que l’application des paroles du Sauveur : « Quiconque donc me confessera devant les hommes, moi aussi je le confesserai devant mon Père qui est dans les cieux » (Matth., x, 32)… « Qui perdra son âme à cause de moi et de l’Évangile, la sauvera »
(Marc, vin, 35). Voy. Tertull., Apoc., c. L; de Baptism., c. xvi. Euseb., Hist. eccles., 1. VI, c. rv. Basil., de Spir. S., c. xv. Cyrill. Hierosol., Catech., iv. Chrysost., Hom.lllin var. Matth. loc. August., de Liber. Arbitr., m, 23. Leo.Serm. de Epiph., i, 3.
D’autant plus que la traduction des Saintes Écritures en langue vulgaire faite par l’abbé Glaire est la seule approuvée par le Saint Siège [après examen fait à Rome par la Sacrée Congrégation de l’Index – 1902] …
Merci pour ces précisions et ces citations Gaston. J’ai eu un échange assez vif avec un feeneyiste, il y a quelques mois, lorsque j’avais publié les extraits du Concile de Trente et de St. Pie V concernant la doctrine du baptême. Il m’avait également ressorti l’argumentaire grotesque des Dimond sur leur fausse traduction de la conjonction « aut ».
Preuve péremptoire que le baptême de désir est un article de foi : https://philosophieduchristianisme.wordpress.com/2018/09/09/le-bapteme-de-desir-est-un-enseignement-infaillible/
[…] article pour présenter les origines de cette hérésie, son passage dans la secte des Dimond et pour montrer tout l’enseignement catholique, pères, docteurs, théologiens et papes, qui réfuten… Le Père Feeney niait le baptême de désir. Qu’on se comprenne, il y a un seul baptême dans […]