Les médias non catholiques aiment à se lamenter des innombrables profanations d’églises et de cimetières qui ont lieu chaque année, et il y a de quoi se lamenter en effet. Il y a de quoi se lamenter aussi des incendies et des destructions d’églises qui ont lieu à rythme soutenu depuis une bonne dizaine d’années en France. Mais il existe un autre type de profanation et de destruction du patrimoine catholique français : ce sont les ventes d’églises par les mairies. Le cas récent de Rouen en est un bon exemple, qui devrait également interpeller les catholiques et leur faire prendre conscience de leurs responsabilités dans le combat politique. A ce titre, nous reparlerons plus loin dans l’article de la nécessité de prendre part à l’action initiée par Civitas pour les prochaines municipales de Mars 2020.
Des églises transformées en cavernes de brigands
La municipalité socialiste de Rouen vient de voter en faveur d’un appel d’offre visant à la vente de quatre églises. Douze projets ont été déposés et le jury doit désigner les gagnants ce mercredi. Parmi ces églises vendues, on trouve l’église Saint Nicaise. Cette église fut fondée en 640 par Saint Ouen lui-même. Elle devint une paroisse au 14e siècle. Au 16e siècle, cette antique église est pillée par les hérétiques calvinistes de la région. Ayant résisté à toutes les épreuves du temps, l’église Saint Nicaise fut toutefois grandement endommagée par un incendie en Mars 1934. Elle sera rebâtie dans un style art déco et rouverte au culte en 1940. Mais la plus grande destruction à laquelle dut faire face Saint Nicaise, fut indéniablement la révolution moderniste de Vatican 2. En quelques décennies, l’apostasie fut telle à Rouen que l’église pluriséculaire fut laissée à l’abandon, faute de fidèles, ceux-ci ayant déserté les « messes » Novus Ordo. Au début des années 2010, elle servait encore au Secours Catholique pour la distribution de repas aux pauvres. En mai 2016, la jeunesse gauchiste de Rouen profane l’église en s’installant à l’intérieur, sans toutefois y causer de dégradations physiques. Les activistes de Nuit Debout n’y resteront qu’un mois, mais déjà, et depuis longtemps, les riverains ne considèrent plus ce lieu autrement qu’une simple ombre du passé, un vague patrimoine à conserver et à reconvertir.
Parmi les douze projets soumis au jury de la mairie de Rouen, celui d’une reconversion de l’édifice pour en faire une vulgaire brasserie semble être en bonne place. On apprend par une dépêche de BFM :
Pierre-Marie Soulat et ses huit associés veulent installer leur deuxième brasserie. Séduits par le clocher en béton, passionnés d’histoire, ils sont prêts à dépenser des millions pour restaurer l’édifice et en faire un lieu ouvert au public : « L’autel est préservé et devant l’autel, vous avez le comptoir assez discret, et les cuves cachées derrière les piliers. La partie en pierre n’a pas été restaurée depuis sa création, les travaux que l’on va faire vont redonner 200 ans d’espérance de vie au lieu. On est vraiment dans une logique de legs ».
Le risque d’une grande braderie
L’association citoyenne « La boise de Saint-Nicaise » fut créée en 2016 pour veiller à la conservation de ce patrimoine rouennais. L’esprit de cette association n’est pas catholique, mais purement patrimonial. Il s’agit pour eux de s’assurer que ces églises ne tombent pas dans les mains de prédateurs immobiliers. De là, la mairie socialiste assure que les églises ne seront pas vendus aux plus offrants, mais aux projets qui garantissent les meilleures conditions de restauration.
Dans sa démarche générale, le prétexte de la mairie de Rouen est simple : la municipalité ne peut plus payer continuellement les travaux de rénovation de ces édifices. Et il est clair que la vente de ces quatre églises sera suivie d’autres ventes similaires dans les années à venir. Faut-il blâmer cette municipalité non-catholique ? Nous ne pensons pas, du moins, il faut avouer que leur démarche est logique. La grande coupable dans tout ceci, c’est surtout la secte moderniste de Vatican 2, qui en quelques décennies à peine, a transformé la ville aux cent clochers en un lamentable désert d’âmes et de vocations. Il est évident que ces églises, désertées depuis des années, se délabraient, faute d’une communauté de fidèles qui aurait été en mesure de les entretenir par ses dons réguliers. Le simple tourisme patrimonial n’était surement pas un modèle économique viable, surtout pour les églises paroissiales périphériques.
Les ravages de la révolution moderniste de Vatican 2
Toutes les grandes révolutions et persécutions anticatholiques de l’histoire moderne ont causé des désaffections d’églises. Ce fut le cas lors de la révolution protestante, surtout dans nos régions rhénanes. Ce fut également le cas lors de la révolution française, bien qu’à cette occasion, beaucoup d’églises purent être ensuite récupérées. Mais à la suite de la montée en puissance des forces anticatholiques de la 3e République à la fin du 19e siècle, la loi scélérate de 1905 a causé un gigantesque hold-up, en déclarant illégalement les églises construites avant cette date comme propriétés des communes ou de l’état. C’est pour cette raison que les communes actuelles peuvent désormais sans crainte brader ces édifices à n’importe quel individu, pour peu qu’il promette une préservation esthétique minimale du bâtiment.
Or, personne ne semble s’étonner du fait qu’il n’y jamais eu autant de désacralisations et de désaffections d’églises, que depuis la révolution apostate de Vatican 2, chose qui devrait sembler paradoxale pour tous ceux qui s’imaginent que Vatican 2 fut une entreprise qui émana réellement de l’Eglise catholique. Les prélats modernistes de la « conférence des évêques de France » sont contraints de reconnaître aujourd’hui la réalité de leurs crimes et d’admettre une « accentuation du phénomène de désaffectations depuis une vingtaine d’années ». Le hasard, sans doute.
De là, des réaffectations spectaculaires ont eu lieu dans le même laps de temps. En Espagne, une ancienne église est ainsi devenue un skatepark. A Angers, l’église des Servantes du Saint Sacrement, bâtie au 19e siècle, a été transformée en boite de nuit. Il existe des dizaines et des dizaines de cas similaires, non seulement en France, mais ailleurs en Europe. Pour se rendre mieux compte de l’ampleur du phénomène, le lecteur consultera avec profit l’impressionnante recension de l’Observatoire du Patrimoine Religieux ou encore le très exhaustif blog de Benoit de Sagazan.
La destruction est si complète que même la secte moderniste doit lamentablement brader ses propres bâtiments, c’est-à-dire les horribles temples brutalistes qu’elle a construits un peu partout depuis les années 1960. Ainsi, à Vandœuvre-lès-Nancy, l’église Saint François d’Assise a été vendue en 2012 plus d’un million d’euros par le diocèse moderniste. Plusieurs projets sont envisagés par le promoteur : fast-food, centre commercial, etc.
Il est clair que pour les prélats modernistes, tout comme pour les affairistes de l’immobilier, la destruction du catholicisme en France est un business juteux. En effet, les investisseurs raffolent de ces édifices religieux, chapelles et anciens couvents, qu’ils peuvent transformer en hôtels, appartements, bureaux ou magasins et les revendre à prix d’or. A Foix, dans l’Ariège, la chapelle Saint Jacques, laissée à l’abandon depuis plus de vingt ans, est à vendre pour 400 000 euros. A Cauvigny, dans l’Oise, la chapelle Sainte Restitute, datant du 17e siècle, est à vendre pour 257000 euros. Dans la Somme, à Ablaincourt-Pressoir, l’église paroissiale est laissée à l’abandon depuis 1976, première victime de la révolution liturgique. Elle est désormais à vendre pour 200 000 euros par l’agence « Espaces Atypiques », qui vante sa « rénovation totale par ses nouveaux propriétaires architectes qui, après 4 ans de travaux considérables, en ont fait une habitation étonnante ». A Caluire-et-Cuire, près de Lyon, l’ancienne abbaye de la Rochette, vidée de ses pensionnaires, a été transformée en résistance de prestige, comptant 51 logements, dont un appartement grand luxe (qui est en fait l’ancienne chapelle) et qui comprend une piscine intérieure.
Les exemples pullulent, et nous ne parlons ici que de la France. La nature a horreur du vide. Et ce vide là, fut la conséquence de la terrible déflagration spirituelle que fut la révolution Vatican 2.
Que faire ?
Il convient de dire que les catholiques aujourd’hui ne peuvent pas faire grand-chose face à ce phénomène, tant que les usurpateurs modernistes n’auront pas été chassés du Vatican et/ou tant que les catholiques ne reviennent au sein du gouvernement français. A la rigueur, c’est surtout dans les villes de grande et moyenne taille que des églises devraient être rachetées par les communautés, car ces lieux sont les plus faciles d’accès au grand nombre. Cela n’exclut pas non plus la possibilité, comme on le voit, pour des communautés religieuses ou des prêtres, de racheter des églises ou des chapelles dans des lieux plus isolés, à la campagne. On le voit : les annonces immobilières regorgent de telles offres.
Néanmoins, tout ceci montre aussi à quel point l’action catholique en politique demeure plus importante que jamais. S’il nous serait bien difficile de tout sauver, il y a toutefois clairement bien des manières d’agir, notamment au niveau municipal. En effet, les églises ne sont pas les seules à s’être désertifiées ces dernières décennies. Un grand nombre de municipalités en France ont suivi la même voie, à tel point qu’entre 2000 et 5000 communes en France risquent de n’avoir aucun candidat aux prochaines élections municipales de 2020. Ceci est une opportunité historique pour les catholiques et cette opportunité est directement en rapport avec la question de la vente des églises catholiques. Nous recommandons à nos lecteurs de se reporter aux très bonnes conférences d’Alain Escada sur la question de l’opportunité historique offerte par les municipales de 2020.
https://www.youtube.com/watch?v=zl9FGuf-3go