Objection n°14 : Quand bien même on admet que les papes de Vatican 2 ont enseigné l’hérésie lors du concile et dans leurs actes magistériels, on peut légitimement leur résister et refuser d’obéir à ces enseignements tout en reconnaissant ces individus comme vrais papes, car il y a déjà eu des papes hérétiques par le passé. Pour affirmer cela, nous nous fondons sur les exemples d’Honorius, de Libère et sur Adrien VI.
Réponse à l’objection : Cette objection est particulièrement injurieuse à l’endroit du dogme de l’infaillibilité du magistère pontifical, à l’endroit de l’office pontifical et à l’endroit de l’Epouse Immaculée. Affirmer une telle chose revient tout simplement à nier le dogme de l’infaillibilité pontificale. L’affirmation selon laquelle il y aurait eu par le passé des papes ayant enseigné l’hérésie fut utilisée entre le 16e et le 19e siècle par les ennemis de l’Eglise, notamment les protestants, les gallicans, les vieux-catholiques et les modernistes. L’argument fut notamment utilisé par les anti-infaillibilistes à l’époque du Concile du Vatican. Or, ces affirmations sont totalement réfutées par la Révélation divine, par le Magistère de l’Eglise et par le consensus unanime des pères, des docteurs et des théologiens. Autour du Concile du Vatican, des sommités de l’histoire ecclésiastique tels que le cardinal Louis Nazaire Begin (La Primauté et l’infaillibilité des souverains pontifes, 1873) ou l’abbé Constant (L’histoire et l’infaillibilité des papes, 1869, tome 1 et tome 2) publièrent chacun deux énormes sommes réfutant complètement les fables selon lesquelles il y aurait eu des papes hérétiques dans l’histoire. A vrai dire, la liste des preuves est si abondante, qu’on se contentera d’en citer ici quelques-unes de la plus haute autorité en se concentrant sur les cas d’Honorius et d’Adrien VI.
Preuve n°1 : Tout d’abord, non seulement le Magistère anathémise tous ceux qui s’opposent au dogme de l’infaillibilité pontificale, mais de plus, le pape Benoit XV a explicitement pris la défense des papes injustement calomniés.
Et de ces Pontifes, qui osera dire qu’ils aient failli, même sur un point, à la mission, qu’ils tenaient du Christ, de confirmer leurs frères ? Loin de là : pour rester fidèles à ce devoir, les uns prennent sans faiblir le chemin de l’exil, tels les Libères, les Silvère, les Martin ; d’autres prennent courageusement en main la cause de la foi orthodoxe et de ses défenseurs qui en avaient appelé au Pape, et vengent la mémoire de ceux-ci même après leur mort. – Pape Benoit XV, Principi Apostolorum
Preuve n°2 : Les pères du Concile du Vatican ont eux aussi complètement réfuté cette affirmation injurieuse. Ils ont aussi enseigné, conformément à la doctrine catholique, que si un pape devait tomber dans l’hérésie, il cesserait d’être pape, par le fait même.
La question fut soulevée par un cardinal, « que faire du pape si celui-ci devient hérétique ? » Il fut répondu qu’un tel cas de figure n’a jamais existé ; le concile des évêques peut le déposer pour hérésie, car à l’instant même où il devient un hérétique, il n’est plus ni la tête, ni même un membre de l’Eglise. L’Eglise n’aurait aucune obligation de l’écouter lorsqu’il se mettrait à enseigner une doctrine que l’Eglise sait être une fausse doctrine, et il cesserait d’être le pape, étant déposé par Dieu Lui-même. Si le pape, par exemple, affirmerait que la croyance en Dieu est fausse, vous n’auriez aucune obligation de le croire, ou bien s’il venait à nier le reste du Credo, « Je crois en Christ », etc. La simple idée [que le pape puisse être hérétique] est une supposition injurieuse, mais elle sert à vous démontrer à quel point cette question a été considérée [à l’occasion de Vatican I, ndt] dans toutes ses éventualités. Si le pape nie n’importe quel dogme de l’Eglise, il n’est pas plus le pape que vous et moi. Ainsi, de ce point de vue, le dogme de l’infaillibilité ne pourrait nullement être invoqué comme un argument relatif au gouvernement temporel ou comme une prétexte pour nier l’évidence de l’hérésie. – Archevêque John Baptist Purcell, extrait traduit d’une conférence donnée par l’archevêque à son retour du premier concile de Vatican, citée in Révérend Père James J. McGovern, Life and Works of Pope Leo XIII, 1903, p.241
La plus grande partie des érudits catholiques, au contraire, tout en admettant l’authenticité des documents, prétendent qu’ils ne prouvent pas du tout l’hétérodoxie d’Honorius. Tels sont Thomassin [1619-1695, prêtre, théologien et historien], Jean Garnier [1612- 1681, jésuite, théologien et historien], Noel Alexandre [1639- 1727, historien ecclésiastique janséniste], le cardinal Orsi [1692- 1761, historien ecclésiastique et théologien dominicain], Muzzarelli [1749-1813, théologien], Bottalla, [jésuite, professeur de théologie au XIX°], Palma, Mgr. Dechamps, Dom Guéranger, les savants rédacteurs de la Civilta Caltolica. Le Pape Honorius est-il tombé dans l’hérésie du monothélisme ? Je réponds NON. Ici je me trouve à avoir pour adversaires une foule d’écrivains hostiles à l’Eglise catholique. D’un autre côté, j’ai pour m’appuyer les hommes les plus éminents par leur savoir et leur érudition.[…] Je résume cette leçon en disant : 1° Que les documents, sur lesquels repose la fameuse question d’Honorius, sont authentiques; 2° Que ce Pontife n’a absolument rien défini dans ses lettres, mais a seulement ordonné le silence sur l’unité ou la dualité des opérations et des volontés en Jésus-Christ; 3° Que ses lettres à Sergius sont inattaquables au point de vue de la doctrine, puisqu’elles énoncent clairement et à plusieurs reprises, la vérité catholique des deux opérations en Jésus-Christ; 4° Qu’il a été condamné par le sixième Concile, non pas pour avoir enseigné l’erreur, ni comme hérétique formel, mais seulement pour ne pas s’être opposé à la propagation du monothéisme avec zèle et l’énergie que réclamaient ses hautes fonctions de chef de l’Eglise. 5° Que, vu les circonstances exceptionnelles dans lesquelles Honorius se trouvait, il parait personnellement très digne d’excuse et même nullement coupable. – Cardinal Louis-Nazaire Begin, La Primauté et l’infaillibilité des souverains pontifes, 1873, Chap. « Le pape Honorius et le monothélisme »
Hérétique, Honorius ne pouvait l’être; car ses propres écrits subsistent pour prouver l’orthodoxie de son enseignement. – Cardinal Henry Manning, cité in Henri Ramière, l’Abbé Gratry et Mgr. Dupanloup, 1870, p.30
Preuve n°3 : Le pape Honorius n’a jamais été hérétique, ni enseigné l’hérésie. Il n’a jamais été condamné comme tel par un quelconque concile, comme certains ennemis de l’Eglise l’ont prétendu. Le seul reproche qui puisse être fait à Honorius est de ne pas avoir été assez vigoureux contre l’erreur monothélite de son temps. Hormis cela, tous les théologiens contemporains d’Honorius ou les papes qui lui ont succédé, ont reconnu ses mérites et l’orthodoxie de sa foi.
C’est donc à juste titre et en toute vérité que nous disons et confessons une seule volonté dans l’humanité de sa sainte incarnation, et non pas deux volontés contraires, l’une de la chair et l’autre de l’esprit. C’est en ce sens que notre prédécesseur a répondu à la consultation du patriarche, disant qu’il n’y a pas dans notre Sauveur, c’est-à-dire dans son humanité, deux volontés contraires, parce qu’il n’a rien pris de vicieux de la prévarication du premier homme. […] En disant qu’il n’y eut point en Jésus-Christ, comme en nous autres pécheurs, deux volontés contraires de la chair et de l’esprit, notre prédécesseur répondait à la question qui lui était posée. Aujourd’hui, quelques personnes, dénaturant l’esprit de sa lettre pour l’accommoder à leur propre sens, l’accusent d’avoir enseigné une seule volonté de la divinité et de l’humanité en Jésus-Christ ; cela est entièrement contraire à la vérité. – Pape Jean IV, Dominus Qui Dixit, lettre à l’empereur Constant II
Quel est l’interprète le plus digne de foi de la lettre pontificale ? Celui qui l’a écrite au nom d’Honorius, l’illustre abbé Jean qui vit encore, et qui, outre tant d’autres mérites, a répandu sur l’Occident l’éclat de sa doctrine et de sa piété ; ou bien les Orientaux qui n’ont jamais quitté Constantinople, et qui parlent d’après leurs sympathies, leurs opinions particulières et personnelles? N’est-ce pas le comble du ridicule, ou plutôt n’est-ce pas un spectacle lamentable? Dans leur audace, ils n’ont pas craint de mentir contre le Siège apostolique lui-même. Comme s’ils avaient été de son conseil, ou qu’ils eussent reçu de lui un décret dogmatique, ils ont osé revendiquer pour leur cause le grand Honorius, faisant parade à l’appui de leur folle opinion de la suréminente piété de ce pontife. Et cependant, que n’a pas fait la sainte Église pour les arrêter dans leur voie funeste? Quel pontife pieux et orthodoxe ne les a conjurés par ses appels et ses supplications de renoncer à leur hérésie? Que n’a point fait le divin Honorius et après lui le vieillard Severinus, et son successeur le vénérable pape Jean ? – Saint Maxime le Confesseur, cité in H. Colombier, Études religieuses, IV° art. La condamnation d’Honorius et l’infaillibilité du pape,, mars 1870, p. 374
Il est donc fort à craindre qu’on n’attribue à Honorius ce qu’il n’a pas dit dans ses lettres, et que ses adversaires n’inventent des ruses pour s’en faire un argument favorable à leur opinion qui n’est pas meilleure, en les interprétant faussement dans un sens opposé à son intention, car la raison parle en sa faveur et repousse bien loin toutes les invectives de la calomnie. Ainsi, j’estime que la pensée de ses lettres est à l’abri de tout soupçon. Et voici ce qui affermit encore ma conviction. Un très-saint prêtre, le seigneur abbé Anastase, un des hommes les plus distingués qu’il y ait par sa vertu divine et sa grande prudence, revenant de Rome l’ancienne, a raconté ce qui suit : Il eut un long entretien avec les vénérables prêtres de la grande Église de cette ville à propos de la lettre adressée de chez eux à Sergius ; et comme Honorius y avait introduit le terme une seule volonté, ceux-ci en furent affligés et prirent sa défense ; et parmi eux le seigneur abbé Jean (qui fut le pieux secrétaire d’Honorius et, d’après son ordre, dicta cette lettre en latin), certifia qu’il n’y avait été nullement fait mention d’une volonté numériquement et absolument une, bien que cette expression se lise dans le texte grec où elle a été mensongèrement introduite par les traducteurs, et qu’il n’avait pas du tout voulu supprimer ou exclure la volonté naturelle de l’humanité du Sauveur, mais qu’il avait seulement éliminé et supprimé la volonté viciée qui est en nous et d‘où naissent les discordes et les guerres entre ceux-là même que la communauté de race unit. Par là ils voulaient prouver que la chair du Verbe a été prise exempte de tout péché, comme l’enseignent les saints Livres et les écrits des Pères. – Saint Maxime le Confesseur, Lettre au prêtre Marin, Migne, Patrol. grec., t. XCI, p. 227 sqq., ex Collect. Anastas.
En tout cela, ces malheureux (les monothélites) n’ont pas suivi la doctrine du Siège Apostolique; et ce qui est le comble du ridicule, ou pour mieux dire ce qu’il y a de plus lamentable (car c’est la preuve de leur audace), ils n’ont pas craint de mentir témérairement contre le Siège Apostolique lui-même ; et comme s’ils avaient été de son conseil, et qu’ils eussent reçu de lui un dércet, ils ont osé mettre de leur côté le grand Honorius dans leurs écrits en faveur de l’impie Ecthèse, faisant parade aux yeux des autres, à l’appui de leur folle opinion, du mérite éminent de cet homme pour la cause de l’orthodoxie. – Saint Maxime le Confesseur, Lettre à Pierre l’illustre, Migne, Patrol. grec., t. XCI, col. 142
Cette déclaration a été regardée par les hérétiques et quelques écrivains orthodoxes comme l’écueil d’Honorius, une preuve de monothélisme. Ils sont certainement dans l’erreur… C’est précisément ce qu’écrivit Jean IV, dans l’apologie qu’il fit en faveur d’Honorius à l’empereur Constantin II. […] La défense du Souverain Pontife a encore été prise par Saint Maxime, dans son dialogue avec Pyrrhus, et par Anastase le bibliothécaire. […] Cependant nous ne nions pas qu’Honorius ait été coupable en imposant silence à qui parlait d’une ou de deux volontés; quand il s’agit d’erreur, c’est la favoriser que de se taire. Une erreur, il faut l’amener au grand jour et la terrasser : ici est la faute d’Honorius. Au reste il est indubitable qu’il n’embrassa jamais l’hérésie des monothélites, quoiqu’en disent ses adversaires et spécialement Guillaume Cave. Laterem lavant, operam oleumque perdant, quotquot Honorium ob haeresim monothetiticam… hâc lobe eximere allaborant. Ce qui est absolument faux, comme le prouve clairement le savant P. Noel Alexandre. – Saint Alphonse de Liguori, Œuvres Complètes, pp.242-243.
On ne trouve pas que les lettres d’Honorius soient contraires au dogme, ou qu’elles contiennent une doctrine qui favorise l’hérésie. Ce Pape expose dans ses lettres la doctrine de l’Eglise avec assez de précision… C’est précisément la doctrine de l’Eglise qu’on trouve dans les lettres d’Honorius. – Cardinal De Bissy, Instruction Pastorale De Son Eminence Monseigneur Le Cardinal De Bissy, 1728, p. 179
L’orthodoxie d’Honorius fut un fait dogmatique, défini et enseigné par l’autorité légitime des Pontifes, des Conciles, de la sainte Eglise Romaine, de tout l’Occident pendant l’espace de plus de 40 ans avant le Concile; … l’orthodoxie d’Honorius demeure toujours incontestable. – Cardinal Bartolemo d’Avanzo, Le Triomphe de l’Eglise au Concile du Vatican, Lettres et Instructions pastorales, 1872, p.448
Mais si le fait d’Honorius est en dehors de la question de l’infaillibilité, ce fait implique cependant une question d’un grand intérêt historique, surtout pour les enfants de l’Eglise, car il s’agit de la mémoire de leur père. Je maintiens donc aussi ce que j’ai dit sur cette question secondaire, et je démontrerai […] que loin d’enseigner le monothélisme dans des lettres qui ne sont pas des définitions de foi, Honorius enseigne tout le contraire, et que cela est évident. – Mgr. Dechamps, La Question d’Honorius, Lettre au R.P. Gratry, 1870
La lettre d’Honorius ne contient aucune erreur dogmatique, mais elle n’atteste pas non plus beaucoup de sagacité et de pénétration ; c’était, en pratique, une bévue, car les ennemis de la foi allaient s’en servir comme d’une arme, contrairement aux prévisions d’Honorius, qui du reste n’était pas un Léon le Grand. Ajoutons qu’en refusant de donner une solution et en laissant l’affaire indécise, suivant le conseil de Sergius, il servait les intérêts du monothélisme. Dans le principe, on fit peu d’attention au premier (et au second) écrit d’Honorius, qui était d’une nature privée, et ce ne fut qu’après la mort de ce pape et de Sergius que les monothélites l’invoquèrent. Il n’est pas douteux qu’Honorius lui-même se fût élevé contre eux, s’il avait survécu à l’abus qu’on fit plus tard de son autorité et aux progrès de l’hérésie. – Cardinal Joseph Hergenröther, Histoire de l’Eglise, volume 2, 1880, p. 318
Preuve n°4 : Certains prétendent que le pape Saint Léon II aurait condamné le pape Honorius comme hérétique. Ils affirment aussi que le 6e Concile Œcuménique aurait condamné Honorius comme hérétique. Ces deux affirmations sont absolument fausses. Le pape Saint Léon II s’est contenté de regretter qu’Honorius ait été contraint au silence, plutôt qu’à la condamnation radicale des monothélites. Ensuite, le 6e Concile Œcuménique n’a pas condamné Honorius. Au contraire, il condamne comme hérétique quiconque accusera Honorius d’avoir professé publiquement le monothélisme.
[Concernant le monothélisme] Honorius ne s’est pas efforcé de purifier l’Église apostolique par l’enseignement de la tradition des apôtres, il a laissé passer l’impure et hypocrite trahison [de Sergius] qui a souillé la foi immaculée. Honorium, qui hane apostolicam ecclesiam non apostolicm tradilionts doctrina lustravit, ted profana proditione immaculatem fidem subveriere conatus est. – Pape Saint Léon II, Patr, lat., tom. XCVI, col. 408. B.
Sixième proposition de Macaire : « Honorius de Rome a professé notoirement le Monothélisme ». Cette proposition est condamnée comme blasphématoire, fausse, hérétique. – 6e Concile Œcuménique, 11e session, 20 Mars 681, cité in Joseph-Épiphane Darras, Histoire générale de l’Église depuis la Création jusqu’à nos jours, Tome 16, 1872, p. 343
Preuve n°5 : Certaines personnes utilisent une prétendue citation du pape Adrien VI qui est la suivante : « Si dans l’Église Romaine, on considère la tête ou le pontife, il est hors de question qu’un Pape peut errer dans les domaines touchant à la foi. Il le fait quand il enseigne une hérésie par son jugement propre ou par ses décrets. En vérité, beaucoup de Pontifes Romains ont été hérétiques. Le dernier en date était le Pape Jean XXII ». En réalité, cette citation tronquée, incriminant le pape Jean XXII, est tirée du livre qu’un obscur auteur hérétique du nom de Paul Viollet a écrit en 1904 contre le dogme de l’infaillibilité pontificale. Ce livre a été placé à l’Index des livres prohibés par l’Eglise.
La Sacrée Congrégation des Éminentissimes et Révérendissimes cardinaux de la Sainte Église, préposés et délégués par Notre Très Saint Père le Pape Pie X et le Saint-Siège apostolique à l’indication des livres contenant une doctrine mauvaise, à leur proscription, à leur expurgation et à la permission de les lire dans tout l’univers chrétien, réunie dans le palais apostolique du Vatican, le 5 avril 1906, a condamné et condamne, a proscrit, et a ordonné et ordonne d’ajouter à l’Index des livres défendues les ouvrages suivants : Paul Viollet, L’infaillibilité du Pape et le Syllabus, Etude historique et théologique, Besançon-Paris, 1904. C’est pourquoi, que nul, de n’importe quel grade ou condition, n’édite à l’avenir, en n’importe quel lieu et en n’importe quelle langue, les oeuvres susdites, condamnés et proscrites, ne les lise et n’ose les garder, sous les peines indiquées dans l’Index des livres défendus. Sur l’ordre de Notre Saint Père le Pape Pie X, je, secrétaire, ai relaté tout ce qui précède. Sa Sainteté a approuvé le décret et a ordonné de le promulger. – Saint Office, Cardinal André Steinhuber, 5 avril 1906
Preuve n°6 : De plus, la citation en question ne provient pas d’un quelconque enseignement magistériel du pape Adrien VI, mais d’un livre qu’il aurait écrit alors qu’il n’était pas encore pape, mais simple professeur de théologie, à une époque où la question du pape hérétique était encore une matière relativement libre chez les théologiens. Néanmoins, l’origine même de cette citation est douteuse, car elle fût rapportée par Jean de Launoi, un gallican radical du 17e siècle.
En vérité, c’est chez les ennemis de l’Église qu’on trouve citée cette (prétendue) déclaration d’Adrien VI. Ainsi dans la justification des évêques schismatiques d’Utrecht : « Déclaration des évêques de Hollande adressée à toute l’Église catholique et acte d’appel des bulles d’excommunication lancées contre eux par Léon XII les 25 août 1825 et 13 janvier 1826 ». En vérité, ces révoltés ne mettent pas dans la bouche d’Adrien VI le nom de Jean XXII, que l’auteur canadien [il s’agit de Paul Viollet, ndlr] place à l’intérieur de ses guillemets. On trouve encore le texte latin de cette « citation » dans une histoire protestante des dogmes chrétiens (celle d’Eugène Haag) et ce texte latin porte : plures enim fuerunt pontifices romani hæritici, ce qui en vérité veut dire plusieurs, et non pas beaucoup. En vérité, on retrouve cette citation chez les gallicans de tout poil, trop contents de l’aubaine. En vérité, aucun de ceux qui citent ce texte ne fait référence à un acte pontifical. Il semble plutôt qu’ils l’attribuent à un livre publié par Adrien VI (Adriaan Florensz) De ministro Confirmationis (sent. iv, art. 3) que d’ailleurs ils citent de seconde main (au mieux) à travers l’historien Jean de Launoi, qui fut le maître ès gallicanismes de Bossuet au collège de Navarre, et un précurseur des encyclopédistes. Pour ma part, je n’ai rien trouvé de semblable ni d’approchant dans mon Grand Bullaire Romain. – Abbé Belmont, Bulletin Notre Dame de la Sainte Espérance, n°219
Preuve n°7 : D’autres personnes s’appuient régulièrement sur le cas du pape Libère, et affirment qu’il aurait souscrit aux hérésies ariennes ou semi-ariennes, et qu’il aurait avalisé la condamnation de Saint Athanase. Ceci est une horrible calomnie. Le cas du pape Libère relève de l’histoire ecclésiastique et parce qu’il serait particulièrement long de le traiter ici, nous renvoyons le lecteur aux travaux du cardinal Bégin et de l’abbé Constant cités précédemment, et nous reproduisons ci-après une liste impressionnante de grands théologiens ayant totalement réfuté ceux qui ont accusé le pape Libère, lequel, contrairement à ce qu’affirment certains catholiques mal informés, fut un opposant radical aux ariens et semi-ariens, et connut des souffrances indescriptibles pour la gloire de l’orthodoxie catholique pendant son pontificat.
Le moins que l’on puisse dire en ce qui concerne la liste des auteurs qui ont défendu l’orthodoxie de Libère, c’est qu’elle est l’une des plus impressionnantes que nous ayons pu voir jusque-là. Elle inclut l’historien byzantin médiéval Georgio Cedrenos, fidèle transmetteur des traditions de la chrétienté d’Orien ; Stilting ; Zaccaria ; Palma ; Dom Guéranger ; le cardinal Hergenröther, fameux défenseur de l’orthodoxie catholique contre les attaques de Döllinger à l’époque du 1er Concile de Vatican ; Jungmann, dont les travaux sur le sujet recoupent 80 pages d’arguments précis et dont les conclusions se suffisent à elles-mêmes ; Grisar ; Freis ; Flavio ; Corgne ; Rohrbacher, dont l’Histoire Universelle de l’Eglise catholique a été louée à juste titre comme « sublime » et « monumentale » et comme la meilleure histoire de l’Eglise écrite depuis le 16e siècle ; Dom John Chapman dans son article de l’Encyclopédie Catholique en 1913 ; Alzog dans son Histoire universelle de l’Eglise catholique, volume 1, p. 542 ; Darras dans son Histoire Générale de l’Eglise catholique, p.456 ; Reinerding ; Schneeman ; Wouters ; Barthélémy dans ses Erreurs et mensonges historiques qui lui valurent l’accolade papale ; Harrold dans The American Catholic Quarterly Review, 1883 ; le père Luke Rivington dans The Primitive Church and the See of Peter ; Dumont ; Menochius, le grand et renommé exégète de l’Ecriture ; le grand historien et théologien Ballerini ; Galland ; le Bréviaire Romain lui-même (16 décembre) ; et le fameux évêque gallican Bossuet qui argua tout d’abord en faveur de la capitulation de Libère, mais qui, selon son secrétaire D. Ledieu, aurait souhaité que ce qu’il avait écrit sur le sujet soit expurgé de ses travaux. De même, comment pourrions-nous ne pas citer le célèbre Enchiridion Symbolorum édité par le Père Heinrich Denzinger et plus tard complété dans ses éditions par divers auteurs érudits, puisqu’au n°93, est incluse la lettre dans laquelle Saint Athanase chante les louanges du pape Libère sous le titre « De orthodoxia Liberii Papae », c’est-à-dire « De l’orthodoxie du Pape Libère ». – John Daly, Michael Davies – An Evaluation, 1989
Preuve n°8 : Saint Alphonse de Liguori confirme la chose la plus simplement du monde et l’abbé Toussaint de Béchillon montre le mépris qu’il faut avoir pour ces calomnies contre ces papes du passé.
Il y a des personnes qui se sont efforcées de prouver, mais en vain, que quelques pontifes sont tombés dans l’hérésie. Si Dieu permettait qu’un pape fût notoirement hérétique et contumax, alors il cesserait d’être pape, et la chaire apostolique serait vacante. Mais si ce pape était occultement hérétique, et qu’il ne proposât pas à l’Eglise de faux dogmes, dans ce cas, il ne nuirait pas à l’Eglise. Mais nous devons présumer, dit le cardinal Bellarmin, que Dieu ne permettra jamais qu’aucun des pontifes romains, même comme simple particulier, devienne hérétique, ni notoirement, ni secrètement. – Saint Alphonse de Liguori, Œuvres Complètes, Tome 17 bis, Du Pontife Romain, chapitre 1, p. 9
Or, d’après l’enseignement des meilleurs théologiens, la question que nous voulons résoudre ne devrait même pas être posée. Comment, diraient-ils, vous voulez prouver que le Pape saint Libère n’a jamais fait naufrage dans la foi, qu’il n’a jamais signé de formule hérétique ? Mais à quoi bon ce travail ? Pourquoi discuter sérieusement l’affirmation téméraire et impossible des ennemis de la papauté ? Jésus-Christ n’a-t-il pas promis l’infaillibilité doctrinale à saint Pierre et à ses successeurs ? Cela n’est-il pas démontré par l’Écriture sainte et par la tradition qui en a été l’interprète ? Tous les Papes sont divinement infaillibles ; saint Libère n’a donc pas pu abandonner le symbole catholique. – Abbé Toussaint de Béchillon, Dissertation sur la prétendue chute du pape Saint Libère, 1855, p.4
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